La Chronique Matières premières agricoles au 3 mars 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 3 mars 2022
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Les informations sur l’intensification des combats en Ukraine, notamment à proximité de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, a déclenché un nouveau mouvement d’aversion au risque avec des monnaies et des marchés en baisse en Europe. Sur le marché parisien, le CAC 40 devrait enregsitrer sa pire performance hebdomadaire depuis octobre 2020 tandis que l’indice large européen Stoxx 600 accuse un repli de 3,57% en quatre séances. L’euro est bien parti pour accuser sa plus forte chute en sept ans face au franc suisse, les investisseurs se détournant de la monnaie européenne qui s’échangeait ce matin à 1,008 francs suisse pour un euro. Il faiblit aussi devant le dollar, s’échangeant à la mi-journée à $ 1,10, son plus bas depuis mai 2020, en baisse de 2,6% sur la semaine.

Les marchés asiatiques ont aussi décroché en début de journée après l’annonce d’un incendie dans un bâtiment annexe de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia , la plus grande d’Europe, au cours de violents affrontements entre les troupes russes et ukrainiennes.

Les retombées économiques et financières du conflit restent elles aussi préoccupantes, la hausse des cours du pétrole, des métaux de base ou encore du blé augurant d’une nouvelle accélération de l’inflation tout en alimentant les craintes d’un ralentissement de la croissance. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré au deuxième jour de ses auditions par le Congrès que la guerre en Ukraine pourrait à la fois nourrir l’inflation et freiner la consommation des ménages comme l’investissement des entreprises, tout en réaffirmant être favorable à une hausse de taux d’un quart de point le 16 mars.

De son côté, le marché pétrolier caracole avec un baril de Brent qui a clôturé hier soir à $ 112,85 après être monté à $119,84 hier, tandis que le brut léger américain (WTI) terminait à  $110,08 après un pic à $ 116,57.

CACAOCAFÉ CAOUTCHOUC COTONHUILE DE PALME RIZ SUCRE

CACAO

Le cacao a perdu de la valeur durant cette période sous revue, la tonne sur le marché à terme de Londres glissant de £ 1 729 en fin de semaine dernière à £ 1 701 hier soir, tandis qu’à New York, on est passé de $ 2 614 à $ 2 562 la tonne.

En Côte d’Ivoire un projet pilote sera lancé en avril pour retracer les fèves de cacao de la ferme au marché, dans le but de s’attaquer à des problèmes tels que la déforestation et le travail des enfants, a rappelé hier le patron du Conseil café-cacao (CCC), Yves Brahima Kone. En effet, à ce jour, le CCC avait un logiciel pour retracer les fèves de cacao des fermes aux centres de stockage, puis aux ports, mais le chaînon manquant était des fermes aux centres de stockage, rapporte Reuters. Le nouveau système permettra aussi aux agriculteurs d’obtenir le prix garanti à la ferme suite à l’intégration d’un système de paiement électronique en partenariat avec le groupe bancaire Visa (lire : La traçabilité café-cacao en Côte d’Ivoire fera un pas de plus en avril).

Toujours en Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,576 Mt depuis le début de la campagne 2021/22, le 1er octobre, et le 27 février, estiment les exportateurs. Ceci représente une hausse de 4,5% par rapport à la même période la campagne dernière. A noter que le temps demeure très chaud et très sec chez le n°1 mondial de la fève, avec un niveau de pluviométrie bien inférieur aux moyennes de ces dernières années, ont indiqué les cacaoculteurs à Reuters. Ceci devrait bien impacter la récolte intermédiaire qui démarre le 1er avril.

Au Ghana, la faiblesse de la campagne en cours se confirme. Du 1er octobre au 10 février, les arrivages de sacs scellés et gradés ont totalisé 733 000 t, en baisse de 41,3% par rapport à la même période en 2020/21, a annoncé hier le Cocobod qui maintient sa prévision de 800 000 t de production totale cette campagne.

La campagne 2021/22 sera déficitaire de 181 000 t, a déclaré en début de semaine l’Organisation internationale du cacao (ICCO). La production baisserait de 5,2% à 4,96 Mt, estime l’ICCO, alors que les broyages augmenteraient de 2,6% à 5,09 Mt grâce à la baisse du prix du cacao et l’allègement des mesures de restrictions liées à la Covid. Les prévisions de production en Côte d’Ivoire sont ramenées à 2,2 Mt, très légèrement en baisse par rapport aux dernières estimations de 2,248 Mt et par rapport à la dernière campagne. Elle demeure à des niveaux records sur une base historique. Au Ghana, la production serait de 822 000 t contre 1,047 Mt en 2020/21.

CAFÉ

A l’instar du cacao, les grains de café ont dégringolé mercredi à leurs plus faibles prix depuis septembre dernier, l’ensemble de la semaine s’inscrivant ainsi en baisse. Partie de $ 2,3865 vendredi dernier, la livre (lb) d’Arabica à New York a clôturé hier soir à $ 2,229, tandis que le Robusta coté à Londres passait de $ 2 178 la tonne en fin de semaine dernière à $ 2 013.

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. Tout d’abord, les fonds spéculatifs ont vendu. Deuxièmement, le commerce de café avec la Russie est impacté car les opérateurs craignent de ne pas être payés et les livraisons devraient baisser : les traders cherchent maintenant à se faire payer à l’avance sur tout nouvel ordre d’achat russe car les sanctions mondiales impactent le système financier du pays. « J’ai de gros clients en Russie », explique à Reuters un trader au Vietnam. « Avec les sanctions actuellement imposées au pays, je me demande si mon café prêt à être expédié pourra être livré et comment mes clients pourront me payer. »

Troisièmement, si la récolte brésilienne est faible, les volumes mis sur le marché par le n°1 mondial sont en hausse, la filière voulant compenser la baisse de valeur par la hausse de volumes : en février, 208 511 tonnes de café vert ont été exportées du Brésil contre 191 099 t en janvier 2021. « De plus faibles livraisons à la Russie pourrait soulager un peu le marché du café qui est étroit à cause de la faible récolte brésilienne », explique Commerzbank dans sa note de marché. Il y a aussi des discussions pour accroître les ventes des caféiculteurs au Brésil face aux prix qui baissent.

En Asie, les prix au Vietnam ont été impactés par la chute des cours mondiaux du café à cause des très fortes turbulences qui agitent touts les marchés mondiaux du fait des sanctions économiques contre le Russie liées à la guerre en Ukraine. Au Vietnam cette semaine, les planteurs des Central Highlands ont vendu leur café entre 38 900 dongs le kilo et 41 000 dongs ($ 1,70-1,80), en baisse par rapport aux 40 600-41 800 dongs la semaine dernière. Au port, du café n’arrive pas à être expédié, le tout attisé par des coûts de fret qui demeurent exorbitants. A l’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, a été proposé cette semaine avec une décote de $ 325 la tonne sur le contre juillet contre -$ 330 à $ 340 la semaine dernière.

Notons que les volumes de café exportés du Vietnam en janvier et février ont augmenté de 3,4% par rapport à la même période l’année dernière, pour totaliser 293 000 t ou encore 4,8 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon les statistiques nationales officielles. Beaucoup plus spectaculaire est la hausse prodigieuse de 35,6% de la valeur de ses exportations qui atteignent ainsi $ 674 millions sur ces deux mois.

En Colombie, la production a chuté de 16% en février, à 928 000 sacs de café Arabica lavé contre 1,1 Ms en février 2021. Les exportations ont également dégringolé de 23% en février à 980 000 sacs. Rappelons que la production de café en Colombie avait déjà baissé de 9% en 2021 à 12,6 Ms, la seconde année consécutive de déclin.

Dans le segment des Arabica Doux, le Honduras a annoncé une hausse de 3,1% de ses exportations de café en février, à 661 580 sacs de 60 kg, ce qui est nettement inférieur à la progression de 12,3% en janvier. Depuis le démarrage de la campagne, début octobre, les exportations ont bondi de près de 19% à 1,64 Ms, selon les chiffres de l’Institut national Ihcafe. Ceci dit, la récolte sera moindre cette année que la précédente et on s’attend à ce que, sur l’ensemble de la campagne, les exportations n’atteignent que 5,07 Ms, en baisse de 12,8% sur la campagne précédente.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a été volatil cette semaine influencé par les développements dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine et finit en légère baisse à 260 yens ($2,25) le kilo hier sur l’Osaka Exchange contre 261,3 yens vendredi dernier. Sur le marché de Shanghai, les cours se sont plus contractés passant de 13 955 yuans la tonne à 13 380 yuans ($2 212,38) hier.  

La flambée des cours du pétrole soutien le marché ainsi que  le resserrement saisonnier de la production avec l’entrée en hivernage de la Thaïlande. Mais la situation économique du Japon pourrait peser sur l’Osaka Exchange. En effet, l’activité du secteur des services au Japon a diminué en février au rythme le plus rapide en près de deux ans et la croissance de l’activité manufacturière a ralenti pour atteindre un creux de cinq mois en février.

L’Australie encourage l’utilisation de granulé de caoutchouc sur les autoroutes de Tasmanie. Le ministre australien des Infrastructure et des transports, Michael Ferguson, a déclaré que le gouvernement investit 4 millions de dollars australiens ($2,9 millions) pour travailler avec l’industrie afin d’établir une usine de granulé en Tasmanie. Selon des informations parues dans la presse locale, le gouvernement prévoit d’utiliser du caoutchouc recyclé à partir de pneus de camion usagés pour le resurfaçage des routes, conformément à son engagement à réduire les déchets et à œuvrer pour une économie circulaire. L’État insulaire de Tasmanie se débarrasse d’environ 1,3 million de pneus chaque année, dont la plupart finissent dans des décharges ou des stocks.

Côté entreprise, le ministère du Commerce international et de l’Industrie (Miti) a révélé que la perte estimée subie par Top Glove Corporation lors des restrictions imposées par les douanes et la protection des frontières (CBP) des Etats-Unis de juillet 2020 à septembre 2021  était de 3,6 milliards de ringgits ($ 860 millions).

Le fabricant de pneumatique finlandais Nokian Tyres a transféré la production de certaines de ses principales gammes de produits de la Russie vers la Finlande et les États-Unis afin de se préparer à d’éventuelles nouvelles sanctions suite à l’invasion russe de l’Ukraine. Tout en faisant fonctionner son usine près de Saint-Pétersbourg à pleine capacité, Nokian a commencé à transporter des pneus hors de Russie vers des entrepôts plus proches de ses clients. Le fabricant de pneus a augmenté sa production en Finlande et aux États-Unis pour répondre à la demande croissante, mais produit toujours environ 80 % de sa capacité annuelle de 20 millions de pneus en Russie, où il emploie environ 1 600 personnes, a déclaré le porte-parole.

COTON

Le coton a joué au yoyo cette semaine tout en restant dans une fourchette étroite, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines. Les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 119,8 cents la livre pour le contrat de mai contre 118,63 cents vendredi dernier.

Les ventes  américaines de coton sont toujours aussi bonnes. La difficulté réside, mais ce n’est pas nouveau, dans l’expédition du coton.

« Le premier mois serpente dans une fourchette de 115 à 125 cents depuis plus de six semaines maintenant, coincé entre un support et une résistance solides. Le soutien provient des problèmes potentiels du côté de la production (sécheresse au Texas, pénurie d’engrais, cultures concurrentes élevées) ainsi que du grand nombre de ventes sur appel non fixées, tandis que la résistance provient d’un ralentissement de la demande et de l’incertitude sur le front géopolitique, qui a conduit à des prises de bénéfices par les spéculateurs » indique Plexus Cotton.

En Inde, la Southern India Mills Association (SIMA) estime que le pays va faire face à une pénurie de coton. Jusqu’à présent, le pays produisait du coton excédentaire et exportait vers différents pays, en particulier le Bangladesh. Mais pour la saison en cours, en raison d’une augmentation substantielle de la demande et de l’exportation d’environ 50 lakh balles (5 millions de balles), le pays devrait faire face à une pénurie de 30 à 40 lakh balles de coton a déclaré la SIMA dans un communiqué. Selon son président, Ravi Sam, «Avec les estimations de 75 lakh balles de stock d’ouverture, 350 lakh balles de taille de récolte, 12 lakh balles importées, l’approvisionnement en coton pour la saison serait de 437 lakhs balles. Avec les estimations de 360 ​​lakhs de balles de consommation de coton, 50 lakhs de balles d’exportation de coton (plus de 30 lakhs de balles sont déjà sous contrat pour l’exportation), le stock de clôture ne serait que de 27 lakhs de balles, créant une pénurie de 40 lakhs de balles de coton de bonne qualité pour répondre à la demande de l’industrie et maintenir son taux de croissance “. Il préconise d’autoriser l’importation de 40 lakh balles en franchise de douane.

Le Mali, face aux sanctions de la Cedeao, s’est tourné vers la Mauritanie pour exporter 1600 tonne de coton de la CMDT via le port de Nouakchott (Lire : Face aux sanctions de la Cedeao, le Mali évacue son coton via la Mauritanie).

HUILE DE PALME

L’huile de palme, dans le sillage des autres huiles, est toujours aussi bouillonnante, enchainant record sur record. Cette semaine, les cours ont atteint les 7000 ringgits la tonne.  Hier, les cours sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange ont cloturé à 6 785 ringitts ($1621,46) la tonne contre 5 984 ringgits vendredi dernier.

La pression sur les acheteurs est encore plus forte cette semaine pour trouver des approvisionnements en huile alternatifs à l’huile de tournesol, dont les exportations sont bloquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’huile de palme est une alternative même si elle est passée du statut de l’huile la moins chère des quatre huiles commestibles (soja, tournesaol, colza) à la plus chère.

Le nuage d’incertitudes sur l’exportation d’huile de tournesol de la mer Noire et le resserrement des autres huiles concurrentes – l’huile de soja et l’huile de colza – offrent à l’huile de palme l’occasion de s’accrocher à des prix record“, estime Anilkumar Bagani, du  courtier  indien en huiles végétales Sunvin Group.

En Inde, les importations indiennes d’huile de tournesol ont chuté de 54% en février par rapport au mois précédent, les expéditions en provenance de la région de la mer Noire ayant été touchées, tandis que les importations d’huile de palme ont chuté de 15% en raison de la hausse des prix, ont déclaré quatre revendeurs à Reuters. L’Inde a demandé à l’Indonésie d’augmenter les expéditions d’huile de palme vers le pays et d’abaisser temporairement ses règles de mélange de biodiesel, pour compenser une perte d’approvisionnement en huile de tournesol de la région de la mer Noire.

RIZ

Quasi statu-quo cette semaine des prix à l’exportation en Asie.

Au Vietnam, les prix du VIET 5 % se sont établis  à $400 la tonne contre $395-$400 la semaine  dernière. La Chine vient de rouvrir ses frontières avec le Vietnam laissant penser que les expéditions vers se pays devraient augmenter.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement augmenté pour atteindre $400-$403 la tonne contre $400 la semaine dernière, une légère fluctuation du aux variations du bath. Un négociant a déclaré que la crise n’avait pas eu d’impact sur les exportations de riz thaïlandais car ni la Russie ni l’Ukraine ne figuraient parmi ses principaux partenaires commerciaux.

En Inde,  les prix du riz étuvé 5% sont demeurés inchangés à $370-$376 la tonne alors que la demande de riz s’est améliorée et que la roupie s’est affaiblie, ce qui s’est traduit par des marges plus élevées pour les commerçants des ventes à l’étranger.

SUCRE

Le sucre a bien rebondi cette semaine, le roux passant de 17,99 cents à 18,93 cents la livre (lb) à New-York entre vendredi dernier et hier soir, tandis que le blanc grimpait de $ 492,60 à $ 522,20 la tonne, toujours sur l’échéance mai.

Un marché qui demeure très soutenu par les prix du pétrole qui continuent de flamber. En outre, au mois de février, le Brésil a réduit ses volumes mis sur le marché mondial en n’exportant que 1,72 Mt contre 1,824 Mt en février 2021, selon les statistiques gouvernementales. A noter que le Brésil n’a pas relevé ses prix des carburants depuis le mois de janvier mais la pression monte pour les ajuster à la hausse, ce qui inciterait les raffineurs à consacrer davantage de canne à la production d’éthanol par rapport au carburant. Ceci dit, le prix du sucre augmente aussi… un choix cornélien pour les raffineurs. Car, souligne Goldman Sachs, les prix de l’essence au Brésil seraient 23% en dessous des niveaux de prix internationaux.

En Inde, la production en 2021/22 est estimée à 33,3 Mt, a annoncé aujourd’hui l’Indian Sugar Mills Association (ISMA). Ceci représente une hausse de 6% par rapport aux estimations précédente. Les exportations grimperaient à 7,5 Mt, en hausse de 1,5 Mt. Le géant indien entend bien se positionner sur un marché mondial dont le déficit sucrier serait de 1,93 Mt, a estimé la semaine dernière l’Organisation internationale du sucre (OIS). Selon ISMA, l’Inde exporte essentiellement vers l’Indonésie (29%), l’Afghanistan, le Sri Lanka, la Somalie, les Emirats, la Chine, l’Arabie saoudite et le Soudan.

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