Le Sahel et l’Afrique de l’ouest face à l’insécurité croissante et aux aléas climatiques

 Le Sahel et l’Afrique de l’ouest face à l’insécurité croissante et aux aléas climatiques
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La situation alimentaire et nutritionnelle dans le Sahel et l’Afrique de l’Ouest reste une préoccupation majeure de la réunion restreinte du dispositif régional de la Prévention et de la Gestion Crises alimentaires (PREGEC), tenue en juin 2019 à Bamako au Mali. Les participants dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont tiré encore une fois la sonnette d’alarme sur les nouvelles menaces d’insécurité et de fortes sécheresses dans la région.

Les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest font face à défis divers et complexes pour assurer la sécurité de leurs populations. Les analystes de la PREGEC font savoir qu’entre juin et août 2019, environ 9,7 millions de personnes sont en état d’insécurité alimentaire sévère aiguë, et nécessitent une aide alimentaire d’urgence dans cette région. A ces chiffres, s’ajoutent plus de deux millions d’enfants à risque de malnutrition aigüe.

Selon les analystes, cette situation est la conséquence de l’insécurité et de l’accroissement des conflits intercommunautaires qui affectent gravement l’agriculture, les moyens d’existence et le fonctionnement des marchés dans plusieurs zones du Sahel. Sont notamment touchés, le nord et l’est du Burkina-Faso, le nord et le centre du Mali, l’est et l’ouest du Niger ainsi que le bassin du Lac Tchad.

Les analystes et partenaires présents à la réunion de Bamako sont restés pessimistes quant à la situation alimentaire dans la région. Et pour cause, des conflits persistent et le nombre de déplacés continue de s’accroître. Ce qui ne favorise pas le bon déroulement des activités agro-pastorales.

Au-delà de la réunion du dispositif de la PREGEC, les prévisions climatiques saisonnières au niveau des centres spécialisés comme Aghrymet font état d’autres défis tels que les risques de sécheresses et les invasions acridiennes au titre la campagne agricole de 2019.

« Dans une région comme le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, il faut maintenir un regard à 360° sur les crises en cours mais surtout sur les menaces qui pourront survenir. Cette approche est nécessaire afin de pouvoir anticiper les aléas ou dégradations de crises et soutenir les populations affectées avec des initiatives de prévention et mitigation qui puissent sauvegarder leurs moyens d’existence et leurs revenus », souligne Coumba Sow, Cheffe de l’équipe sous-régionale Résilience pour l’Afrique de l’Ouest/Sahel (REOWA).

Au cours du premier semestre de 2019, l’attention de tous les acteurs était très focalisée sur l’augmentation de l’insécurité au Sahel, surtout au Burkina Faso. « Selon les données produites par The Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED), les personnes victimes de l’insécurité dans la première moitié de 2019 avaient dépassés les totaux annuels enregistrés depuis 2012 au Sahel. Mais déjà en Avril 2019, on pouvait identifier des nouvelles menaces futures comme les forts déficits pluviométriques qui affectent maintenant plusieurs pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest et risquent de créer des crises ultérieures », analyse Luca Parodi, Expert en Alerte et Intervention Précoces à REOWA.

Que faire face à cette situation ?

Dans ce contexte difficile, il importe de maintenir un suivi continu et proactif sur la situation régionale, car celle-ci évolue très rapidement. Pour ce faire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)emploie différents outils comme le rapport trimestriel d’Alerte et Intervention Précoces. Tous les trois mois, ce rapport analyse les risques pouvant affecter l’agriculture de tous les pays membres de la FAO et propose des actions concrètes à entreprendre. Le dernier rapport couvrant la période de juillet à septembre 2019 met en exergue non seulement une situation alarmante dans les pays (Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria et Cameroun) affectés par l’insécurité, mais aussi les risques d’une sécheresse subséquente dans plusieurs régions du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie.

« Malheureusement, à l’heure actuelle il s’avère que certaines prévisions néfastes pour cette saison de pluie étaient correctes, ajoutant des ultérieurs souffrances aux agro-pasteurs vulnérables de la région. » mentionne Sow.

« Jusqu’à présent, le Cap Vert et plusieurs zones de la Gambie, de la Mauritanie et du Sénégal ont enregistré une mauvaise saison de pluie. Soit à cause d’un démarrage tardif des pluies, soit à cause des longues séquences sèches ou encore des forts déficits pluviométriques. Même si au cours de cette dernière semaine nous avons enregistré des pluies dans plusieurs régions, la situation reste préoccupante. Ce qui menace les moyens d’existence des agro-pasteurs vulnérables. La faible pluviométrie permet difficilement aux pâturages et aux ressources hydriques leur pleine restauration, nuisant aux bétails et aux communautés des pasteurs transhumants.», alerte Sow. Et d’ajouter que« La FAO lancera dans les jours suivants avec les gouvernements de nouvelles évaluations sur le terrainafin de mieux cerner la situation des communautés concernées. »

La situation devient de plus en plus très difficile dans les pays côtiers, car une mauvaise année de pluie s’annonce. Les agro-pasteurs du sud-ouest de la Mauritanie font face à la troisième année de sécheresse consécutive.La sécheresse de l’année dernière en Gambie avait causé une baisse de 50% de la production de riz par rapport à la moyenne quinquennale. Cette nouvelle sécheresse risque d’affecter des moyens d’existence déjà fragilisés par les crises précédentes sans oublier les autres pays affectés par la crise sécuritaire.

« Il faut continuer la mise en œuvre d‘actions précoces pour protéger les moyens d’existence des agro-pasteurs affectés par la sécheresse, et mettre en œuvre des réponses efficaces qui puisse viser les besoins de ceux qui ont perdu leurs biens et renforcer leur résilience face aux prochains chocs. », souligne Coumba Sow.

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