Chronique : le rendez-vous Matières du jeudi
Les marchés des softs ont encore été secoués cette semaine par les remous de la crise financière, suspendus aux aléas du plan Paulson créant une grande volatilité et impactés par la hausse du dollar, qui a fait notamment chuté le cacao, le café et le coton.
L’UBS, qui fait partie du second tiers des banques pour les commodities, derrière les leaders Goldman Sachs et Morgan Stanley, a annoncé qu’elle ne traiterait plus des matières premières, à l’exception des métaux précieux. Globalement, le mois de septembre a été mauvais pour la majorité des indices de matières premières qui ont enregistré en pourcentage des retraits à deux chiffres.
(02/10/08)
BOIS Conjoncture morose pour les bois tropicaux souligne le dernier Tropical Timber Market de l’ITTO. En effet, certains marchés ont commencé à être impactés par le déclin de la demande en bois tropical et du retournement de l’économie mondiale. Ainsi, les exportations brésiliennes ont chuté de 25,8% en août 2008 tandis que le Japon a réduit de près de 30% ses importations en valeur au premier semestre 2008 par rapport à celui de 2007.
En Afrique de Ouest le commerce du bois est faible. Cependant les prix demeurent relativement stables, mais ne devraient pas s’améliorer sur le moyen terme. La Chine est peut-être le facteur majeur de stabilité, souligne l’ITTO.
Cependant, le Ghana a enregistré au second trimestre 2008 une croissance de 25% (par rapport au premier trimestre 2008) de ses exportations de bois à 196 201m3 selon le Timber Industry Developement Division (TIDD).
CACAO Avec la remontée du dollar, les cours du cacao ont terminé le 1er octobre en baisse après avoir essuyé de lourdes pertes en début de semaine. Le contrat de décembre à New York a perdu $47 à $2 511 la tonne et celui à Londres a cédé 19 livres à 1 486 la tonne . Chez le premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire la campagne 2008/09 n’a pas été ouverte, comme habituellement au 1er octobre. Les exportateurs sont dans l’attente de la publication de la liste des exportateurs et du niveau des taxes. La nouvelle structure, le comité de gestion provisoire de la filière café-cacao, mise en place devrait donner ces indications dans les jours qui viennent. Un coutier souligne la dégradation générale des plantations en Côte d’Ivoire où les vergers sont abîmés, peu entretenus et dont les arbres sont vieillissants. Nombreux sont ceux qui ont entre 25 et 40 ans, entraînant une baisse des rendements. Ce non renouvellement des arbres et le manque d’entretien pourraient à long terme faire baisser la production de 10 à 15 000 tonnes par an souligne-t-il. A ceci s’ajoute les maladies, la pourriture brune et la dégradation des pistes rurales. Assiste -t’on à un désengagement dans le secteur du cacao, au profit d’autres matières comme le palmier à l’huile ?
CAFÉ Les cours du café ont perdu du terrain le 1er octobre avec la remontée du dollar. Le contrat décembre pour l’Arabica à New York a chuté de 1,35 cent à $1,2910 et novembre pour le Robusta à Londres a reculé $28 à $1.964 la tonne.
Selon Mario Cerutti, directeur du département des achats à Lavazza, les prix internationaux du café devraient demeurer stables car les fondamentaux tant du côté de la demande que de l’offre sont solides. Cependant, la spéculation peut provoquer d’amples mouvements journaliers de prix. “L’Arabica devrait se négocier entre $1,30 et $1,50 la livre pour quelques mois. Quant au Robusta, les prix pourraient glisser lentement dans les mois à venir de $ 1900 la tonne à $ 2200 ou plus ($2400) avec quelques fluctuations à court terme” souligne-t-il. .
CAOUTCHOUC Les contrats à terme de la Bourse de Tokyo pour le caoutchouc – le contrat mars a perdu les 16 cents maximum à 250,9 yens le 30 septembre – reflètent la crainte que la crise mondiale du crédit ne tasse la demande industrielle. Et c’est notamment le cas pour l’industrie automobile où les résultats des groupes américains sont en recul, notamment Ford Motor qui a annoncé une baisse de 34% des ses ventes pour le mois de septembre.
Selon l’International Rubber Study Group, avec la hausse de la production de caoutchouc naturel, le déficit mondial est ramené à 8 000 tonnes dans l’année qui s’est achevée à mai 2008, contre 83 000 tonnes en 2007. Mais étant donné les perspectives économiques mondiales sombres, un ralentissement de la consommation pourrait toujours aboutir à un surplus en fin d’année, poursuit le groupe dans une étude récente.
Sur le marché physique, les échanges sont lents à cause de la fête musulmane de l’Aid El Fitr en Indonésie, Malaisie et à Singapour. Les marchés financiers en Chine, le plus grand consommateur mondial de caoutchouc, sont aussi fermés cette semaine pour cause de fête nationale.
COTON Le marché à terme de New York pour la fibre de coton a clôturé en terrain positif le 1er octobre suite à des rachats de découvert, ayant rebondi après avoir lourdement chuté la séance précédente. La livraison de référence décembre a pris 1,09 cent à 58,34 cents la livre tandis que Mars est monté de 1,02 cent à 62,77 cents. Lundi, les cours ont fini en forte baisse suite aux liquidations massives des investisseurs, clôturant à 57,78 cents la livre.
Le dernier rapport mensuel de l’International Cotton Advisory Committee (ICAC) souligne que l’indice Cotlook A a fortement chuté au mois de septembre passant de 78 cents la livre au 1er septembre à 68 cents la livre au 30 septembre. Par ailleurs, l’organisation estime que les stocks mondiaux de coton devraient chuter de 11% en 2008/09 pour s’établir à 10,9 millions de tonnes (Mt) contre 12,20 Mt en 2007/08. Une baisse qui sera sensible aux Etats-Unis. Cependant, en dépit du ralentissement de la production américaine, les exportations des Etats-Unis devraient se maintenir à environ 3 Mt en raison des stocks importants accumulés.
Selon ses dernières estimations, l’ICAC prévoit que la production mondiale devrait baisser de 6% en 2008/09 à 24,7 Mt en raison principalement de la concurrence d’autres cultures. C’est le cas pour les Etats-Unis, mais des baisses de production sont aussi attendues en Turquie, au Brésil et en Egypte. En revanche, la production devrait croître en Australie et au Pakistan.
Du côté de la demande, l’ICAC estime que la demande mondiale des filatures devrait décliner de 1% en 2008/09 à 26 Mt en raison du ralentissement de la croissance économique mondiale et des prix élevés du coton par rapport au polyester.
HUILE DE PALME Les cours de l’huile de palme en Malaisie sont tombés à un plus bas de 18 mois le 30 septembre à Jakarta à 1 988 ringgit la tonne pour le contrat de décembre. Le marché était fermé le 1er et le 2 octobre pour Aid El Fitr marquant la fin du ramadan. Selon un trader, les prix restent bas et devraient demeurer autour de leur niveau actuel, à moins que le pétrole chute davantage. Les exportations d’huile de palme de Malaisie se sont établies à 1 209 265 tonnes en septembre, en recul de 18,8% par rapport à août (1 488 640 t), selon les chiffres de la Société Générale de Surveillance. Sur une base annuelle, les exportations de septembre sont en recul de 14,6%. Selon un industriel, Dorab Mistry de Godrej International Ltd,,les cours déjà en recul de 25% cette année, pourraient chuter encore de 10% d’ici à décembre en raison du retrait des fonds du marché et de la morosité économique qui frappe la demande tandis que l’offre demeure soutenue.