La Chronique Matières premières agricoles au 3 octobre 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 3 octobre 2019
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Les principales bourses européennes ont terminé jeudi en ordre dispersé face à la perspective d’une baisse supplémentaire des taux aux Etats-Unis. “La question maintenant est de savoir si la Réserve fédérale va intervenir et quand. Avec quelle ampleur ? Nous savons que la Fed se prépare à assouplir sa politique et les statistiques lui donnent un argument supplémentaire”, commente Neil Wilson chez Markets.com.

Quant au conflit commercial entre Washington et Bruxelles, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a annoncé aujourd’hui que l’Union européenne allait prendre des mesures de rétorsion en réponse aux droits de douanes que prévoient d’imposer à la mi-octobre les Etats-Unis sur $ 7,5 milliards d’importations européennes

Le dollar a cédé hier soir 0,27% face à un panier de devises de référence, conséquence de l’anticipation d’une baisse de taux de la part de la Fed. Les cours pétroliers sont en repli, proche de leur plus bas de deux mois, en raison des inquiétudes que fait peser le ralentissement de la croissance mondiale sur la demande de brut. Le contrat décembre sur le Brent évolue autour de $ 57,33  et le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perd 1,04% à $ 52,09.

 

CACAO

Hier soir, la tonne de cacao a clôturé en hausse de $ 38 la tonne sur la séance, à $ 2 520, et en progression aussi sur vendredi dernier lorsqu’il avait terminé à $ 2 499. La tonne de fèves avait atteint $ 2 514 en cours de séance il y a une semaine, son plus haut depuis le 25 juillet. Londres a terminé, quant à elle, à £ 1 891 la tonne contre £ 1 886 vendredi dernier.

Une semaine bien chargée en actualité cacao avec l’ouverture mardi 1er octobre de la campagne 2019/20 en Afrique de l’Ouest. Les prix minimums garantis aux planteurs de Côte d’Ivoire et du Ghana ont été relevés et le gouvernement ivoirien a annoncé vouloir plafonner à 2 Mt sa production (cf. La campagne cacao 2019/20 lancée en Côte d’Ivoire et au Ghana, avec un prix en hausse de 8 à 10%).

Le prix de la fève continue donc de grimper alors qu’on s’attend à une récolte record 2019/20 en Côte d’Ivoire. Pourtant, au plan mondial, la perspective d’une campagne 2019/20 déficitaire se dessine de façon de plus en plus claire, même si les chiffres de broyages du 3ème trimestre en Europe (qui devraient être publiés le 16 octobre) permettront de confirmer ou non cette perspective. Rappelons qu’au deuxième trimestre, ils avaient baissé de 3,2% (cf. Les broyages de cacao grimpent partout sauf en Europe).

En Côte d’Ivoire, les exportations de fèves du 1er octobre 2018 à fin août ont totalisé 1 534 427 tonnes (t), selon les données provisoires portuaires publiées hier, en hausse de 9% sur la même période la campagne dernière. Quant aux produits semi-transformés du cacao, que ce soit le beurre, la poudre et le chocolat, les exportations ont grimpé de 4% sur cette même période du 1er octobre à fin août, totalisant 412 577 t.

En Indonésie, les exportations de fèves de la province de Lampung ont chuté à 11,7 t en septembre contre 51 t en août et 3 045 t en septembre 2018.

CAFE

L’Arabica termine en hausse sur la période, à $ 1,0205 la livre (lb) contre $ 1,0120 vendredi dernier à New York, tandis que le Robusta à Londres perd du terrain, clôturant hier soir à $ 1 312 la tonne contre $ 1 317 en fin de semaine dernière.

Au Vietnam, n°1 mondial du Robusta, le marché demeure atone : la nouvelle campagne 2019/20 a démarré mardi 1er octobre mais il n’y a quasiment plus de café à vendre et il faut attendre au moins jusqu’à début novembre pour que la nouvelle récolte commence à être disponible. Cette semaine, les caféiculteurs dans les Central Highlands ont vendu à 34 000 dongs ($ 1,47) environ leur kilo de café, en légère baisse sur la semaine dernière. Quant aux traders, ils ont offert leur Grade 2, 5% brisures et grains noirs, à $ 180-200 au-dessus du prix de l’échéance novembre sur le marché à terme de Londres, soit un niveau identique à celui de la semaine dernière. Notons que les exportations vietnamiennes ont chuté de 12% sur les neuf premiers mois de la campagne 2018/19 par rapport à la même période la campagne dernière, à 1,27 million de tonnes (Mt) ou encore 2,12 millions de sacs de 60 kilos (ms), selon les données statistiques gouvernementales. 

En Indonésie, où la récolte principale est achevée, le Grade 4, 80 défauts, a été offert avec une prime de $ 210 à 215 sur l’échéance novembre à Londres contre $ 200 la semaine dernière. Selon les données statistiques locales, les exportations de Robusta de Sumatra ont fait un bond de 75% en septembre par rapport à septembre 2018, à 21 041 t, soit 45% de mieux qu’en août alors que les cinq mois précédents avaient enregistré des baisses. En effet, de nombreux exportateurs avaient gardé des stocks pour honorer des contrats déjà conclus.

Toujours concernant les pays producteurs de Robusta, la Côte d’Ivoire a exporté 64 474 t de café sur la période janvier à août, soit 45% de plus que sur la même période en 2018, selon les données portuaires provisoires.

Au Brésil, les exportations ont totalisé 2,69 Mt en septembre contre 2,97 Mt en août et 2,99 Mt en septembre 2018, selon les statistiques gouvernementales. Même tendance en Colombie où les exportations ont chuté de 7% en septembre, à 1,02 Ms, par rapport à septembre 2018. Toutefois, le pays a enregistré 4% de plus d’Arabica lavé en septembre qu’un an auparavant, à 1,09 Mt, selon la Fédération nationale du café ; rappelons que le pays a produit 13,6 Ms d’Arabica lavé en 2018, soit 4,5% de moins qu’en 2017.

En Amérique centrale, le Honduras a accusé une baisse de 5,5% de ses exportations d’Arabica Doux durant la campagne 2018/19 et devrait connaître encore un recul cette saison, a annoncé mardi l’Institut national du café (Ihcafe).  Des ventes sur le marché international qui ont totalisé 6,8 Ms, générant $ 950 millions; en début de campagne, le pays avait estimé exporter 8,1 Ms. Une performance médiocre que les analystes attribuent à la faiblesse des cours mondiaux qui ont dissuadé les planteurs. Pour cette campagne 2019/20, Ihcafé estime que les exportations chuteront de 4,6%, les caféiculteurs continuant à abandonner leurs fermes : l’Institut estime que la superficie en caféiers a baissé de 5,2% cette campagne, passant de 356 696 ha à 337 953 ha.

Les exportations du Costa Rica ont chuté de 12,8% en 2018/19, à 1,06 Ms, par rapport à la campagne précédente, a annoncé mercredi l’Institut national du café (Icafé). Sur le seul mois de septembre, ses ventes à l’international se sont effondrées de 40% par rapport à septembre 2018.

Rien d’étonnant alors que l’Organisation internationale du café (OIC) ait réduit ses prévisions  de production de café pour 2018/19 dans son dernier rapport mensuel paru hier, à 168,87 Ms contre les 169,73 Ms avancés précédemment. L’excédent ne serait plus que de 4,05 Ms contre les 4,96 Ms estimés avant. En outre, la consommation de café a été révisée à la hausse, à 164,82 Ms contre 164,77 Ms sur 2018/19. Quant à 2017/18, l’Organisation estime maintenant l’excédent à 1,43 Ms et non 2,05 Ms.

Côté entreprises, l’italien Illycaffé entend ouvrir 200 magasins aux Etats-Unis ces cinq prochaines années. Pour cela, il recherche un partenaire avec l’aide de Goldman Sachs, mais ne veut pas s’allier avec un de ses concurrents sur la scène caféière. L’Italien serait prêt à céder une petite partie de son capital pour financer le projet d’expansion hors de ses frontières.

CAOUTCHOUC

Nouveau plongeon sur le marché du caoutchouc. Vendredi dernier, avant la longue fête  nationale chinoise, le marché a chuté à son plus bas niveau en un mois à 161,5 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) enregistrant une deuxième perte hebdomadaire  de 3,1%.  Et la chute s’est poursuivie cette semaine, les cours enchainant sept séances consécutives de baisse pour clôturer jeudi à 155,6 yens ($1,45) la tonne.  Toujours en toile de fond, les inquiétudes persistantes sur une offre excédentaire, la faiblesse des statistiques économiques américaines, en particulier l’activité manufacturière,  les craintes d’une baisse de la demande.

Et puis, l’annonce par les Etats-Unis de nouveaux tarifs d’importation sur les produits en provenance de l’Union européenne, du vin aux avions en passant par le textile, le fromage peu de temps après la décision favorable de l’OMC dans le dossier des aides à Airbus a accentué la chute. « Les inquiétudes suscitées par l’affaiblissement de l’économie mondiale et la chute des marchés boursiers ont motivé de nouvelles ventes » a déclaré Toshitaka Tazawa, analyste chez Fujitomi Co. Ajoutant « En l’absence de facteurs pour soutenir les prix du caoutchouc, l’indice de référence de Tocom pourrait tester le plus bas de 151,0 yens enregistré l’an dernier ».

COTON

Les cours du coton n’ont guère changé cette semaine, partis de  61,33 cents vendredi dernier ils ont clôturé à 61,33 cents jeudi. Si la perspective d’un nouveau round de négociations entre la Chine et les Etats-Unis  la semaine prochaine à Washington  a apporté un support, il reste modeste. Le monde du coton réunit cette semaine à Deauville pour le diner de l’Association française cotonnière (Afcot) n’était guère optimiste pour les prochains mois après une année où les cours se sont fortement contractés (Lire Le marché du coton va-t-il sortir de sa léthargie ? et Thierry Devilder « le coton d’Afrique bousculé par la chute des cours »).

La Chine a annoncé lundi qu’elle émettrait un contingent à faible taux de droits pour les importations de blé, de maïs, de riz et de coton en 2020 aux mêmes volumes que les années précédentes. Ainsi pour le coton c’est 894 000 tonnes, le montant minimum exigé par l’OMC.

La Côte d’Ivoire a exporté 313 448 tonnes de coton entre janvier et la fin août, en hausse de plus de 6% par rapport à la même période de l’année dernière, selon des données provisoires portuaires publiées jeudi. Le principal port d’Abidjan est également le principal point d’exportation du coton produit dans les pays enclavés du Mali et du Burkina Faso.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est toujours sur une pente descendante. Après avoir cédé plus de 3% la semaine dernière à 2 150 ringgits à la clôture vendredi les cours ont continué à glisser pour atteindre jeudi 2137 ringgits ($510,43) très influencés par les cours du soja.

Du côté des fondamentaux, les données de production de l’huile de palme de Malaisie  pour le mois de septembre sont attendues la semaine prochaine. Le marché s’attend à une augmentation de la production, ce qui pourrait entraîner une hausse des stocks, car les exportations sont restées atones. Selon Intertek Testing Services, les exportations d’huile de palme de Malaisie ont chuté de près de 20% en septembre par rapport au mois d’août.

RIZ

Les prix à l’exportation dans les pays asiatiques ont baissé cette semaine, la faiblesse de la demande et les fluctuations des devises ayant poussé les vendeurs indiens et thaïlandais à réduire leurs prix, tandis que les anticipations de baisse d’intérêt des Philippines pesaient sur le marché vietnamien.

En Thaïlande,  les prix du Thaï 5%  se sont légèrement affaissés à  $396- $417 la tonne contre $400-$420 la semaine dernière. « Les exportateurs doivent baisser les prix pour attirer les acheteurs » a déclaré un négociant en riz basé à Bangkok, ajoutant: « Je ne suis pas en mesure de vendre du riz depuis deux mois maintenant ». Les exportateurs thaïlandais rencontrent des difficultés depuis le début de l’année, car le baht, la devise la plus performante de l’Asie cette année, a maintenu les prix thaïlandais à un niveau supérieur à ceux de ses concurrents, l’Inde et  le Vietnam.

Il pourrait y avoir un accord pour le riz étuvé des marchés africains avant Noël, et peut-être une demande de la Chine et d’autres marchés asiatiques pour le riz au jasmin d’ici la fin de l’année“, a déclaré un autre négociant basé à Bangkok. “Mais à partir de maintenant, il n’y a tout simplement pas de demande majeure en raison de nos prix élevés.”

En Inde, les prix  du riz étuvé 5%  ont également baissé à  $371-$373 la tonne contre $371-$375 la semaine dernière.  La demande est faible.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% étaient compris entre $330 -$340 la tonne contre $335 la semaine précédente. “Nous sommes préoccupés par le déclin des exportations vers les Philippines, qui cherchent à limiter les importations de riz pour protéger les agriculteurs locaux”, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les Philippines, l’un des plus grands importateurs de riz au monde, pourraient envisager d’imposer un droit de sauvegarde sur le riz afin d’atténuer les souffrances des agriculteurs locaux victimes de la poussée des importations.

Les expéditions de riz du Vietnam au cours des neuf premiers mois de 2019 devraient augmenter de 4,5% à 5,1 millions de tonnes, mais les recettes d’exportation devraient chuter de 9,7% au cours de la même période.

La Chine a annoncé lundi qu’elle émettrait un contingent à faible taux de droits pour les importations de blé, de maïs, de riz et de coton en 2020 aux mêmes volumes que les années précédentes Le quota de riz est  de 5,4 millions de tonnes.

SUCRE

Le sucre roux n’a guère évolué sur l’ensemble de la semaine mais demeure au-dessus des 12 cents la livre (lb). Parti de 12,67 cents vendredi dernier à la clôture après avoir touché 12,72, son plus haut depuis le 16 août,  il a terminé hier soir à New York à 12,74 cents. Quant au sucre blanc, il a baissé à $ 340,60 la tonne hier à Londres contre $ 342 en fin de semaine dernière.

Le sucre roux aurait pu grimper davantage si les producteurs ne s’étaient pas portés à la vente pour bénéficier de l’envol des prix. Car le marché mondial devrait bel et bien être déficitaire en 2019/20 : l’analyste Green Pool a même relevé ses prévisions de déficit, l’estimant à 5,17 Mt contre 3,67 Mt précédemment.

Nous sommes quelque peu surpris par le manque de patience dans les ventes des producteurs et des traders”, a souligné l’analyste Tobin Gorey de la Commonwealth Bank d’Australie qui a précisé que les investisseurs devaient encore beaucoup acheter pour couvrir leurs positions nettes courtes. Reste à savoir si les producteurs et les traders vont continuer à vouloir vendre à tour de bras. 

Pour sa part, le Brésil, n°1 mondial du sucre, n’a exporté que 1 554 300 t de sucre roux en septembre contre 1 508 500 t en août et 2 248 400 t en septembre 2018. En Ukraine, la chute est encore plus raide, de l’ordre de 27% sur la campagne 2018/19, à 409 000 t. Il est attendu que le pays exporte 300 000 t en 2019/20.

Côté entreprises, notons que le singapourien Wilmar a sans doute été le seul acheteur d’environ 175 000 t de sucre roux à l’expiration de l’échéance lundi sur le marché à terme de New York.  Ce serait la plus faible livraison de produit physique à l’expiration de l’échéance octobre depuis 2011.

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