La Chronique Matières Premières Agricoles au 4 janvier 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 4 janvier 2018
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Les prix de nombre de matières premières ont démarré 2018 en fanfare, dès la réouverture des marchés le 2 janvier, stimulés par la faiblesse du dollar, la plupart des prix des denrées  sur le marché mondial se payant en billet vert.

Côté pétrole, le  marché termine la période sous revue en baisse mais après avoir touché ces derniers jours des niveaux de prix qu’il n’avait plus enregistrés depuis plus de deux ans et demi : l’augmentation de la production aux Etats-Unis a favorisé des prises de bénéfice après un bond de près de 10% en trois semaines. Au-delà, le marché pétrolier est très ferme, l’Opep, la Russie et d’autres pays se tenant à leurs engagements pris il y a six mois de restreindre leur offre de brut.

Quant aux marchés financiers, ils ont bouclé 2017 sur une note positive, l’amélioration de la croissance mondiale ayant stimulé les bénéfices des entreprises et les cours de certaines matières premières notamment industrielles. Rappelons que la Réserve fédérale américaine a relevé ses taux à trois reprises en 2016 et le Congrès a voté fin décembre la plus importante réforme fiscale aux Etats-Unis depuis les années 1980. Mais sur 2017, le billet vert a reculé de 9,7% face à un panier de six autres grandes devises, sa plus forte perte depuis 2003. L’euro en a profité, gagnant 14% sur l’année.

 

CACAO

Avec pour toile de fond un approvisionnement abondant de fèves au plan mondial, le cacao démarre l’année par une forte glissade, enregistrant hier en cours de séance son plus faible prix depuis le 12 décembre, à £ 1 322 la tonne. Il a repris des couleurs avant de clôturer à £ 1 367 et $ 1 905 à New York. Nous l’avions laissé il y a quinze jours, le 22 décembre, respectivement à £ 1 379 et $ 1 809, avant les fêtes de fin d’année.

Les négociants pointent du doigt les ventes persistantes des fonds spéculatifs face à des arrivages plus importants que prévus aux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro, mais aussi une demande atone de l’industrie mondiale. Si un nouvel excédent important se dégage de cette campagne 2017/18 en cours, le marché aura fort à faire pour digérer tout ce cacao qui se greffera à deux récoltes précédentes abondantes.

Selon les données portuaires de Côte d’Ivoire, les exportations auraient grimpé de 18% en octobre et novembre par rapport à ces deux mêmes mois en 2016, à 170 158 tonnes (t). Les exportateurs, quant à eux, estiment que les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro, d’octobre à fin décembre, sont de 841 000 t contre 895 000 t l’année précédente.

La Côte d’Ivoire qui est en pleine saison sèche (de mi-novembre à mars) mais les planteurs s’inquiètent du temps particulièrement chaud et sec . Il estiment que d’importants volumes continueront d’être expédiés aux ports jusqu’à fin janvier mais ensuite le rythme pourrait fortement décéléré. Surtout, les cabosses pourraient être plus petites et pas d’aussi bonne qualité.

L’Indonésie a annoncé, jeudi dernier, abaisser à zéro sa taxe à l’exportation sur les fèves de cacao sur le mois de janvier contre 5% en décembre. Rappelons que Jakarta impose à l’export le cacao lorsque son prix de référence dépasse les $ 2 000 la tonne.

CAFE

L’Arabica a démarré 2018 en fanfare en enregistrant mardi sa plus forte hausse en une seule séance depuis 5 mois, stimulé par des achats de couverture de positions courtes par les fonds, la faiblesse du dollar qui stimule toujours les prix des matières premières et, par conséquent, la force de la monnaie brésilienne, le real, qui dissuade toujours les  exportateurs locaux à exporter puisque leur marchandise est moins compétitive.

L’Arabica a terminé hier, sur le marché à terme de New York, à $ 1,2955 la livre (lb) après avoir fortement grimpé durant 5 séances consécutives, touchant son prix le plus élevé depuis le 10 octobre à $ 1,3135. Le Robusta, pour sa part, a clôturé à $ 1 728 la tonne. Le 22 décembre, date de notre dernière chronique, nous avions laissé l’Arabica à $ 1,204 la lb et le Robusta à $ 1 712 la tonne.

Le négoce explique cette poussée de fièvre de l’Arabica par l’action des fonds d’investissements qui ont voulu se couvrir à court terme face à la baisse de 11% des exportations brésiliennes en décembre par rapport à décembre 2016,  et la perspective d’une récolte moins abondante qu’initialement escomptée chez le n°1 mondial du café. En effet, les mauvaises conditions météorologiques ces derniers mois, pourraient conduire à une récolte inférieure aux 60 millions de sacs (Ms) initialement attendus.

En décembre, le Brésil a exporté 2,58 millions de sacs de 60 kg (Ms) de café, toutes variétés confondues, contre 2,91 Ms en décembre 2016 ; 2,69 Ms avait été expédiés en novembre. La Colombie a produit 1,55 Ms d’Arabica lavé sur ce même mois de décembre, en hausse de 18% sur décembre 2016, selon la Fédération nationale des producteurs de café. Toutefois, ses exportations ont baissé de 5% à 1,37 Ms.

Sur les marchés du café en Asie, l’activité est demeurée faible, nombre d’acteurs étant encore en vacances. En Indonésie, le contrat sur mars était à prime de $ 160, soit au même niveau que la semaine précédente, mais aucune transaction n’a été enregistrée. L’Indonésie où les expéditions de café de l’importante province de production, Lampung, ont chuté de 71% en décembre par rapport à décembre 2016, selon les statistiques du gouvernement local, à 8 649 t.

Au Vietnam, alors que  la récolte est quasiment achevée dans la ceinture des Central Highlands, les transactions ont également été très modestes en raison de la période festive mais aussi parce que les producteurs attendent que les prix augmentent davantage pour vendre. Ils ont proposé leur café à 37 000-37 300 dongs le kilo, soit en légère hausse par rapport à la semaine précédente (36 500-37 000 dongs). Le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est vendu avec une décote de $ 60 à $ 65 la tonne par rapport au cours de Londres, contre $ 50-70 de décote la semaine précédente. A noter que les exportations vietnamiennes de café ont chuté de 20,1% en 2017 par rapport à 2016, selon le Bureau général des statistiques, à 1,4 Mt ou encore 23,3 Ms. Ses recettes baissent de 3,7% à $ 3,2 milliards.

Les exportations de café en Inde ont progressé de 17% en valeur ($ 958,8 millions contre $ 818,6 millions en 2016) et de 8% en volume, a annoncé le Coffee Board. Toutefois, les exportateurs estiment que 2018 pourrait ne pas être aussi bonne car les prix sont plus faibles et la production nationale pourrait baisser. D’autre part, la demande nationale est forte, la consommation indienne de café soluble ayant doublé l’année dernière. Rappelons que l’Inde est le troisième producteur et exportateur de café en Asie, offrant de l’Arabica, du Robusta et du soluble.

Côté entreprise, la société d’investissement privé allemand JAB Holding, qui s’est fortement développé dans le café ces dernières années, recherche des financements pour réaliser de nouvelles acquisitions. Le groupe entend aussi renforcer sa position sur les cosmétiques. JAB est un des principaux acteurs mondiaux du café avec des marques comme Jacobs, Senseo ou encore Tassimo.  D’autre part, la chaîne israélienne de supermarchés Rami Levi reprend 20% de la chaine de cafés et snacks du groupe Cofix, a annoncé ce dernier le 1er janvier.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc n’a pas réitéré l’exploit de 2016, bien au contraire. Les cours, plombés par l’abondance de l’approvisionnement dans les principaux pays producteurs et la faiblesse de la demande, ont perdu environ 20% de leur valeur sur le Tokyo Commodidty Exchange en 2017. Jeudi, à l’ouverture après trois jours de congé, le contrat pour une livraison en juin a clôturé à 206,9 yens ($1,84) le kilo, soit sensiblement le même niveau que le 28 décembre (206,9 yens). Sur Shanghai, il cédait 205 yuans pour clôturé à 14 115 yuans ($2 172) la tonne, contre 14 105 yuans vendredi dernier.

Les trois pays membres de l’International Tripartite Council (ITRC) – la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie  – ont démarré la réduction de leurs exportations de caoutchouc. Les trois pays devraient réduire de 350 000 tonnes leurs exportations entre le 22 décembre et le 31 mars  selon le plan dénommé “Agreed Export Tonnage Scheme”. Les trois pays ont également convenu de développer leur consommation intérieure du caoutchouc.

Au Cambodge, les exportations de caoutchouc ont progressé de près de 36%  en 2017 à 190 000 tonnes selon Pol Sopha, directeur général de la direction caoutchouc au ministère de l’Agriculture.

Au Vietnam, environ 25% du capital de l’entreprise publique Vietnam Rubber Group (VRG) devrait être introduit en bourse en février avec la cession de 475,1 millions d’actions.  Avec un prix de départ fixé à $0,59  par action,  VRG prévoit de  lever près $273,1 millions. La vente des actions n’est autorisée qu’aux investisseurs nationaux.

En Chine, les importations de caoutchouc naturel se sont élevées à 245 844 tonnes en novembre 2017, en baisse de près de 15%. Toutefois sur les 11 premiers mois de l’année, elles progressent de 13,6% à 2,449 millions de tonnes par rapport à la même période en 2016.

COTON

Le coton a affiché la meilleure performance des matières premières en 2017 en gagnant 25% sur l’année. Du jamais vu depuis 2010 et avec des prix proches d’un plus haut de 3 et demi vendredi à la clôture à 78,63 cents la livre pour le contrat de mars. Le dernier trimestre a été particulièrement spectaculaire avec une progression de près 20% alignant dix gains consécutifs hebdomadaire. La hausse de la demande pour le coton américain, l’appétit des investisseurs  et le rebond des prix du pétrole ont alimenté la hausse de la fibre blanche. Jeudi, les cours  progressait encore pour clôturer à 79,25 cents la livre.

Selon les dernières estimations du Comité consultatif international du coton (CCIC), la reprise de la production mondiale de coton en 2017/18 se confirme avec une croissance projetée de 11% à 25,4 millions de tonnes (Mt). La production progresserait de 25% aux Etats-Unis (4,7 Mt), de 8,7% en Inde (6,2 Mt), de 7,1% en Chine (5,2 Mt), de 11,9% au Pakistan (1,9 Mt)  et de 18% en Turquie (829 0000 tonnes).La demande devrait aussi améliorer de 3% en 2017/ 18 à 25,2 Mt avec une hausse de 3% en Inde, de 4% au Pakistan et un bond de 12% au Vietnam.

HUILE DE PALME

Dure année pour l’huile de palme dont les cours ont perdu environ 20% de leur valeur en 2017. Vendredi, les cours ont baissé à 2 503 ringgits ($618,94) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, perdant 3,8% sur la semaine. L’augmentation des taxes sur les importations de l’Inde pèse sur la demande. Même si la production  d’huile de palme en Malaisie a baissé en décembre (-6,6% à 1,82 Mt) par rapport au mois précédent, les stocks en Malaisie devrait atteindre un plus haut de deux ans en décembre selon un sondage réalisé par Reuters.  Les stocks devraient augmenter de 5,1% sur le mois pour atteindre 2,69 millions de tonnes (Mt), soit le niveau le plus élevé depuis novembre 2015. En revanche, on observe une reprise des exportations. Ainsi, elles ont progressé de 9,8% en décembre selon  SGS et de 6,7% selon ITS par rapport au mois de novembre. La demande devrait poursuivre son amélioration dans les semaines qui suivent avec le retour de la Chine qui reconstituera ses stocks avant les célébrations sur Nouvel An Lunaire. Si les cours ont subi une correction technique jeudi, ils ont tout de même progressé de 3,3%  depuis le début du mois de janvier pour clôturer jeudi à 2 585 ringgits ($645,44) la tonne.

RIZ

Les prix du riz ont augmenté cette semaine chez le  premier exportateur  mondial, l’Inde, soutenus par une forte demande du Bangladesh et à la hausse de la roupie, tandis les prix fléchissaient ou étaient stables en Thaïlande et au Vietnam.

Le Bangladesh, est devenu en 2017 un importateur majeur de riz, suite aux inondations qui ont endommagé ses cultures de riz. De juillet à décembre,  ses importations de riz se sont élevées à 2,3 millions de tonnes (Mt), selon le ministère de l’Alimentation.

En Inde, le prix du riz étuvé 5%  a augmenté de $3 par tonne pour atteindre $421-$424 la  tonne cette semaine. «Les commerçants bangladais achètent agressivement les nouvelles récoltes dans l’Est de l’Inde, ce qui soutient les prix car la demande africaine est faible“, a déclaré un négociant basé à Pune, dans l’Etat du Maharashtra.

Les agriculteurs ont cultivé du riz d’hiver sur 1,63 million d’hectares à la fin de décembre, soit 41% de plus qu’il y a un an. Les exportations de riz non basmati du pays ont augmenté de 35% en avril-novembre par rapport à la période correspondante de l’année précédente, pour atteindre 5,57 millions de tonnes (Mt).

La roupie s’appréciant, les exportateurs  sont obligés d’augmenter les prix pour maintenir leur marge intacte.

En Thaïlande, le Thaï 5% a  baissé à $393-$396 contre $398-$400 la semaine dernière, une baisse attribuable à des variations monétaires selon les négociants. La Thaïlande qui a exporté un montant record de riz en 2017 à 11,25 Mt, en hausse de 14,77% par rapport à 2016, selon les chiffres du ministère du Commerce.  En valeur, la croissance est d’environ 15% à $4,97 milliards  (168 milliards de bath)

Au Vietnam, le Viet 5%  se maintient à $390-$395 la tonne dans un marché calme avec peu d’échanges.

SUCRE

A l’instar du cacao, le sucre roux s’est vaillamment ressaisi à la clôture du marché à terme de Londres hier soir, terminant à 15,25 cents la livre (lb) après être tombé en dessous des 15 cents en cours de séance et avoir touché 14,85 cents.  Mercredi, le roux avait grimpé à 15,35 cents, son prix le plus élevé depuis le 28 novembre. Le sucre blanc, quant à lui, a clôturé à $ 398,70 la tonne. A noter que le sucre roux cotait 14,6 cents/lb le 22 décembre, date de notre dernière chronique, et le blanc à $ 385,50 la tonne.

Après la performance médiocre de l’édulcorant en 2017, les négociants s’attendent à ce que les fonds indiciels reviennent sur le sucre et achètent ces prochains jours quelque 50 000 à 60 000 lots afin de rééquilibrer leurs investissements.

Les prix ont également été soutenus hier par la fermeté de la monnaie brésilienne. Un real fort dissuade les producteurs à vendre sur le marché international sur lequel les transactions se font en dollars.

L’analyste matières premières Green Pool a révisé à la hausse mercredi ses prévisions d’excédent mondial pour 2017/18, à 10,43 Mt contre une prévision précédente de l’ordre de 9,8 Mt.  “Il demeure une déconnexion entre les cours actuels du marché et l’éventualité d’un excédent de la taille qu’on prévoit”, souligne le spécialiste dans un rapport publié mercredi.

Le Brésil a exporté 1,52 Mt de sucre roux en décembre contre 2,08 Mt en décembre 2016 et 1,83 Mt en novembre 2017, selon le ministère du Commerce. Notons que la loi qui devrait fortement accroître la production de biocarburants et donc l’utilisation de la canne à cette fin et non à la production de sucre, a été promulguée au journal officiel brésilien mercredi dernier.

En Inde, la production de sucre sur octobre-décembre a grimpé de 26% par rapport à la même période en 2016, selon l’industrie.

Côté entreprise, la Commission de privatisation au Kenya envisage de vendre 51% de Nzoia Sugar Company. Le gouvernement garderait 24% pour les planteurs et les salariés. Une fois que l’entreprise aura renoué avec les bénéfices, 25% autres pourcents feront l’objet d’une offre publique d’achats. La transaction devrait être achevée d’ici le mois d’août 2018.

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