L’huile de palme au coeur du référendum en Suisse sur l’accord de libre échange avec l’Indonésie

 L’huile de palme au coeur du référendum en  Suisse sur l’accord de libre échange avec l’Indonésie
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L’huile de palme a mauvaise réputation et se trouve au centre de l’actualité suisse ce week-end. En effet, les Suisses se dirigent vers les urnes ce dimanche pour se prononcer sur l’accord de libre-échange entre l’Indonésie et l’Association européenne de libre-échange (CEPA I-AELE) avec pour principal enjeu les baisses des droits de douanes en faveur de l’huile de palme indonésienne, souligne Reuters. L’AELE étant composé de la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.

L’accord a déjà été signé par le parlement suisse en 2019 et prévoit que les parties suppriment progressivement les droits d’importation sur les produits industriels. Cconcernant l’huile de palme la Suisse baissera ses droits de douane de 20 à 40 % sur 12 500 tonnes d’huile de palme par an.

Toutefois, les détracteurs de cet accord ont rassemblé près de 59 000 signatures (50 000 signatures minimum étaient nécessaires selon la loi Suisse) et portent cette question au vote démocratique dans le cadre d’un référendum fédéral.

Divers points de vue s’opposent. D’une part, les défenseurs de l’accord souligne que 77,5 % des exportations suisses entreront en Indonésie sans payer de droits de douanes, et réviser l’accord déjà validé par le parlement entachera la crédibilité du gouvernement suisse au cours de ses prochaines négociations internationales. Cet évènement peut donc relever d’un intérêt géopolitique important dans la mesure où les pays d’Asie témoignent chaque jour qu’ils sont en train de devenir de nouveaux piliers économiques mondiaux. L’Asie dispose d’une forte démographie et d’une des croissances les plus rapides au monde, ainsi l’Indonésie rassemble donc de nombreuses opportunités d’investissements et de partenariats possibles.

D’autre part, le syndicat suisse des agriculteurs Uniterre et le vigneron Willy Cretegny, à l’initiative du mouvement « Stop Palm Oil » et du referendum, reprochent à l’industrie indonésienne de l’huile de palme d’être responsable de la déforestation (notons que la forêt indonésienne est la troisième forêt tropicale au monde en superficie après la forêt amazonienne et la forêt du bassin du Congo), d’incendies et de l’exploitation des travailleurs. Les défenseurs écologiques souhaitent davantage s’appuyer sur les ressources locales – comme l’huile de colza et de tournesol- plutôt que d’être soumis à des importations à bas prix, qui favorisent le « gaspillage des ressources » et qui imposent une « concurrence déloyale » sur le marché.

Il est à noter que l’huile de palme indonésienne représente 0,1 % des exportations de l’Indonésie vers l’AELE et reste soumise à la norme durable ISPO, une norme environnementale plus stricte que la norme mondiale stipulée dans les Objectifs de développement durable (ODD). Ainsi seule l’huile certifiée pourrait bénéficier des réductions tarifaires.

Rappelons que l’huile de palme est utilisée à de nombreuses fins, dans les cosmétiques, les produits alimentaires et les biocarburants notamment, c’est un produit hautement stratégique pour l’Indonésie, dans la mesure où elle soutient les moyens de subsistance de plus 16 millions de petits exploitants indonésiens et représente 8,8 % des exportations totales de l’Indonésie. En 2019, le commerce total entre l’Indonésie et la Suisse s’élevait à $1,44 milliard, un commerce bilatéral déficitaire pour la Suisse de $ 44 millions.

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