La Chronique matières premières agricoles au 5 mai 2022

 La Chronique matières premières agricoles au 5 mai 2022
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Les bourses américaines et européennes, à l’exception de Londres, ont clôturé en baisse hier, la perspective d’une accélération du resserrement monétaire, la crainte d’une récession et les résultats mitigés des entreprises ayant le pris le pas sur l’optimisme suscité la veille par les propos du président de la Réserve fédérale américaine sur l’ampleur du relèvement des prochains taux d’intérêt, indique Reuters. La Fed a relevé mercredi son principal taux d’intérêt d’un demi-point, sa plus forte hausse depuis près de 22 ans, mais son président Jerome Powell, a précisé que des hausses de taux de trois quarts de point n’étaient pas “activement” envisagées par les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) pour lutter contre l’inflation, ce qui a contribué à rassurer les marchés.

“Le risque d’une erreur politique reste élevé : soit la Fed ne durcit pas assez rapidement sa politique monétaire pour combattre l’inflation, soit elle se montre trop agressive ce qui entraînerait la fin du cycle économique actuel”, a expliqué à Reuters David Chao, stratège chez Invesco.

Sur les marchés monétaires, l’euro a terminé hier soir à $ 1,04 en réaction à une baisse plus marquée que prévu des commandes à l’industrie allemande en mars avec la guerre en Ukraine. L’inflation dans la zone euro a atteint 7,5% en rythme annuel en mars, son plus haut niveau depuis la création de la monnaie unique.

Quant au pétrole, le raffermissement du dollar a compensé en cette fin de semaine les craintes liées à l’approvisionnement suite à la proposition de l’Union européenne d’un embargo sur les importations de pétrole russe dans le cadre d’un nouveau train de sanctions contre Moscou.

Le Brent a terminé à $ 109,93 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 107,35.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

 

CACAO

Léger tassement des cours du cacao cette semaine encore (la semaine dernière, New York avait touché un plus bas en deux mois), avec la tonne de fèves qui est passée de £ 1 806 vendredi dernier à Londres sur l’échéance juillet à $ 1 804 hier soir, tandis qu’à New York elle baissait plus sévèrement, passant de $ 2 567 à $ 2 515.

Le marché -comme tous les autres- s’inquiète des conséquences sur la demande de la guerre en Ukraine qui perdure et des mesures de confinements en Chine liées à la Covid qui continuent de peser sur les prix.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 1,807 millions de tonnes (Mt) du 1er octobre au 1er mai, estiment les exportateurs, en baisse de 3,2% sur la même période l’année dernière. Dans les régions de production, les pluies sont en-deçà des moyennes mais demeurent suffisantes pour le développement de la récolte intermédiaire qui court d’avril à septembre.

CAFE

Un Arabica en baisse alors que le Robusta grimpe ! Telle a été la situation sur les marchés mondiaux du café durant la période sous revue, la tonne de Robusta passant de $ 2 107 vendredi dernier à $ 2 143 hier sur l’échéance juillet à Londres après avoir touché en cours de séance son niveau de prix le plus élevé en cinq semaines à $ 2 159 la tonne. L’Arabica à New York, quant à lui, a glissé de $ 2,221 la livre (lb) à 2,2175 sur la période sous revue.

Pourquoi ce décalage ? Car la campagne tire à sa fin au Vietnam, numéro 1 mondial de Robusta, et si la récolte de Robusta (« conilon ») au Brésil qui démarre devrait être plantureuse, ce n’est pas pour autant que le marché mondial bénéficiera de volumes supplémentaires (lire nos informations : Le Brésil monte encore en puissance sur le café Robusta, plus résistant). De nouveaux caféiers ont été plantés ces dernières années et commencent à arriver en production au Brésil. Et cela commence à porter ses fruits. Selon l’agence étatique Conab, la production augmenterait de 4,1% cette année pour atteindre près de 17 millions de sacs de 60 kg (Ms) ; selon certains opérateurs privés, elle pourrait même s’élever à 20 Ms. Dans l’Etat de Rondonia, le deuxième plus important Etat de production de Robusta du pays, on s’attend à une envolée des volumes de l’ordre de 10% pour atteindre 2,5 Ms.

Mais selon Luiz Bastianello, patron de la plus grande coopérative de Robusta du Brésil, Cooabriel, située dans l’Etat d’Espirito Santo, le gros de la récolte de Robusta sera consommé dans le pays et ne sera pas exporté. « Le marché local paie bien », explique-t-il. D’ailleurs, les torréfacteurs locaux brésiliens ont augmenté le pourcentage de Robusta dans leurs mélanges, l’Arabica étant devenu très cher. Selon l’association des exportateurs Cecafé, les exportations de conilon du Brésil ont déjà chuté de 64% en avril par rapport à avril 2021.

Côté Asie, que s’est-il passé cette semaine sur ces marchés du Robusta ? Au Vietnam, les planteurs des Central Highlands ont vendu à un bien meilleur prix cette semaine, entre 41 000 et 42 500 dongs ($ 1,79-1,85) le kilo contre 39 000 et 40 000 dongs la semaine dernière. « Les agriculteurs ont vendu la plupart de leurs stocks. Des approvisionnements limités et une hausse de la demande ont poussé les prix à la hausse », a expliqué à Reuters un trader vietnamien. A l’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, a été offert avec une décote de $ 200 à $ 220 la tonne par rapport au marché à terme de Londres, inchangée par rapport à la semaine dernière. Les exportations du Vietnam devraient avoir augmenté de 28,4% au cours des quatre premiers mois de cette année calendaire par rapport à la période correspondante en 2021, à 752 000 t ce qui correspond à 1,25 Ms, selon les chiffres officiels vietnamiens. En revanche, les exportations de Côte d’Ivoire (Robusta) ont chuté de 57,3% à 3740 t de début janvier à fin mars (lire nos informations : Performances décevantes de la Côte d’Ivoire à l’export de cacao, caoutchouc, coton et café).

Quant à l’Arabica, la Colombie produirait moins suite aux fortes pluies qui se sont abattues sur les régions de production et la crainte que cela n’ait impacté la qualité. Sur le seul mois d’avril, sa récolte a baissé de 7% par rapport à avril 2021, à 750 000 sacs de 60 kg. Les exportations le mois dernier ont chuté de 18% à 845 000 sacs contre 1,04 Ms en avril 2021, selon la Fédération nationale. Et il faut se souvenir qu’en 2021, la production colombienne avait déjà baissé de 9% à 12,6 Ms, la seconde année consécutive de recul des volumes.

Côté entreprise, Starbucks a annoncé mardi un bénéfice par action en baisse de 3% environ à 59 cents au titre de son deuxième trimestre 2021-22 (les analystes s’attendaient à 60 cents), avec une marge opérationnelle ajustée réduite de trois points à 13%. En cause ? Ses ventes en Chine ont chuté de 23% reléguant au second plan la hausse de 12% enregistrée sur le marché nord-américain. Suite à l’annonce de ses résultats, le géant américain du café a suspendu ses prévisions annuelles. Ceci dit, ses revenus ont tout de même augmenté de 15% pour atteindre $ 7,6 milliards, avec une progression de 7% à surface comparable, croissance due à une augmentation de 3% du nombre de transactions et à une hausse de 4% du ticket moyen, rapporte boursorama.

CAOUTCHOUC

Parti de 249,6 yens ($ 1,9) le kilo vendredi dernier à la bourse d’Osaka, le caoutchouc naturel a terminé hier en hausse sur la période sous revue, à 251,7 yens ($ 1,93) sur l’échéance octobre. Les nouvelles ont été rares cette semaine car le marché au Japon était fermé pour fêter la Semaine d’or qui ne l’avait pas été depuis trois ans à cause de la Covid.

Un marché qui, comme sur les autres matières premières, est très préoccupé par la situation liée au confinement en Chine, notamment à Shangaï, suite à la Covid ainsi que par l’inflation au Japon et dans le monde. Signe de cette situation préoccupante en Chine, les Chinois auraient dépensé 43% de moins durant leurs vacances de 5 jours du 1er mai par rapport à il y a un an…

COTON

Et de trois ! Après avoir grimpé durant les deux semaines précédentes, les cours du coton sur le marché à terme de New York ont très légèrement gagné cette semaine encore. Mais on peut plutôt parler de faire du sur-place car ils sont passés de 148,87 cents la livre (lb) vendredi dernier à 148,76 cents hier.

Mais à regarder de plus près l’évolution cette semaine, quelles montagnes russes ! Lundi, la fibre gagnait 3% sur fond de sécheresse dans les zones de production en Inde, puis perdait 1% mardi, pour repartir de plus belle mercredi, le contrat juillet gagnant encore près de 3% pour atteindre son prix le plus élevé en plus d’une décennie (mai 2011), mais les reperdre hier. Un marché du coton sous la pression à la fois d’un dollar fort -ce qui renchérit l’achat de coton qui se fait en billet vert- et d’un marché des actions en baisse hier. Le marché cotonnier s’inquiète au plan intérieur américain de l’impact de l’inflation galopante sur la demande nord-américaine en produits textiles, mais aussi de la situation en Chine : le premier consommateur de fibre naturelle américaine a enregistré 7 822 nouveaux cas de la Covid le 1er mai, de sources nationales.

A tout ceci s’ajoute la montée en spirale des cours du pétrole qui fait grimper la fibre naturelle, sa concurrente, la synthétique étant un produit dérivé des carburants.

HUILE DE PALME

L’huile de palme a quelque peu glissé cette semaine sur des prises de bénéfices après les hausses records (+11,8%) la semaine dernière, le marché ayant accusé le choc de l’annonce par l’Indonésie qu’il suspendait ses exportations pour calmer son marché intérieur. En outre, les chiffres d’exportation de Malaisie ont déçu.  Ainsi, sur le marché à terme de Kuala Lumpur, le contrat juillet est passé de 7 105 ringgit ($ 1 632,58) vendredi dernier à 6 756 ringgit le kilo à la clôture hier.

Parmi les facteurs pesant sur les cours cette semaine, on trouve la perspective d’exportations de Malaisie en forte baisse en avril, de l’ordre de 13,9% à 16%. A ceci se greffe un ringitt plus ferme ce qui renchéri l’huile de palme. En outre, si l’annonce indonésienne a fait sursauter le marché, on s’est rendu à l’évidence cette semaine que l’impact ne serait pas si grand. Par exemple, l’association européenne de l’industrie des oléagineux Fediol a souligné que le marché européen disposait de stocks d’huile de palme pouvant couvrir la demande sur 4 à 6 semaines. En outre, l’UE importe environ 335 000 t d’huile de palme d’Indonésie en moyenne par mois, ce qui représente environ 40% de ses importations totales de cette huile, le reste provenant de Malaisie, de Papouasie Nouvelle Guinée et de quelques pays d’Amérique latine. Comme on estime que la mesure indonésienne sera vraiment provisoire, le marché se détend.

A noter que les importations d’huile de palme en Europe ont totalisé 4,08 Mt entre le mois de juillet 2021 (démarrage de la campagne) et le 1er mai 2022. Ceci représente une baisse par rapport aux 4,49 Mt enregistrées sur la même période la campagne précédente.

RIZ

Une demande en hausse pour toutes les catégories de riz de la part des pays d’Asie et d’Afrique a fait grimper le prix du riz indien cette semaine alors que les disponibilités au Vietnam se contractent. Ainsi, le premier exportateur mondial, l’Inde, a vendu à l’export sa tonne de 5% brisures parboiled entre $ 363 et $ 367 contre $ 361-365 la semaine dernière.

Le Vietnam, quant à lui, a vendu ses brisures 5% à $ 420 la tonne contre $ 415 auparavant. A noter que sur les quatre premiers mois de l’année, ses ventes à l’international ont grimpé de 4,4% à 2,05 Mt mais ses recettes à l’export ont baissé de 6% par rapport à la même période l’année dernière.

Les brisures 5% de Thaïlande ont également légèrement augmenté durant la période sous revue, à $ 435-445 la tonne contre $ 432-435. Cette semaine, « Il y avait plus de demande de l’Irak, avec beaucoup d’affréteurs envoyés pour acheter du riz et ceci à fait grimper les prix », indique à Reuters un trader basé à Bangkok. Les disponibilités en riz baissent, la Thaïlande abordant sa saison des pluies.

SUCRE

Le sucre a déchanté cette semaine. Le roux coté à New York, est passé de 19,35 cents la livre (lb) vendredi dernier à 18,69 cents hier soir sur l’échéance juillet, tandis que le sucre blanc à Londres glissait de $ 529,40 à $ 520,60 la tonne à Londres sur l’échéance août.

Ce sont sans doute les importants volumes exportés par l’Inde qui empêchent les cours de s’envoler. Les raffineries chez le géant asiatique ont signé des contrats pour exporter 8,2 à 8,3 millions de tonnes (Mt) durant l’année en cours et ce, sans subventions, a indiqué hier l’Indian Sugar Mills Association. Jusqu’à maintenant et depuis le début de l’actuelle campagne 2021/22, les raffineries ont produit 34,2 Mt de sucre contre 30 Mt à pareille époque la campagne dernière.

Au Brésil, la récolte dans le centre-sud du Brésil démarre plus lentement que prévu, alors que les raffineries sont davantage orientées vers la fabrication d’éthanol que de sucre à partir de la canne.

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