La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 juillet 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 juillet  2018
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Depuis 04h01 GMT ce vendredi, les Etats-Unis appliquent des droits de douane sur $ 34 milliards de marchandises chinoises. Si la mise en œuvre de ces tarifs était attendue, les investisseurs redoutent désormais une escalade du conflit entre les deux premières puissances économiques mondiales. Donald Trump a averti qu’à terme, plus de $ 500 milliards (€430 milliards) de marchandises chinoises pourraient ainsi être taxées, rappelle Reuters. Cette somme représente environ la valeur des produits chinois importés par les Etats-Unis l’année dernière. De nouveaux droits de douane portant sur $ 16 milliards de produits chinois devraient s’appliquer dans deux semaines, a indiqué le président américain.

Pourtant, hier soir, Wall Street a terminé en hausse et les places boursières asiatiques enregistraient un rebond. Les places européennes sont attendues en hausse ce matin. Face au dollar, l’euro a terminé hier soir en hausse de 0,37% par rapport à la veille, repassant le seuil de $ 1,17 pour la première fois depuis le 26 juin, réagissant à la hausse de 2,6% des commandes à l’industrie en Allemagne en mai après quatre mois de baisse ; jeudi dernier, l’euro était à $ 1,15. Du côté du pétrole, les cours ont nettement glissé après l’annonce d’une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

L’affaiblissement du dollar et des achats d’options ont stimulé les cours du cacao durant cette dernière séance de notre période sous revue, conduisant la tonne de fèves à £ 1 813 à Londres et à $ 2 482 à New York jeudi soir. Toutefois, sur l’ensemble de la période sous revue, les fèves ont perdu du terrain ; elles cotaient £ 1 834 à Londres et $ 2 512 à New York vendredi dernier. Pourtant, le marché s’attend à des chiffres trimestriels de broyages plutôt bons à travers le monde, chiffres qui devraient être publiés un peu plus tard ce mois-ci.

En Côte d’Ivoire, l’alternance de pluie et de soleil augurent bien de la prochaine récolte qui démarrera début octobre. Quant à la campagne en cours, du 1er octobre au 1er juillet, les exportateurs estiment que les arrivages ont totalisé 1,767 million de tonnes (Mt), en baisse de 3% par rapport la campagne dernière, sur la même période, lorsque les volumes ont été de 1,825 Mt.

CAFÉ

Sur le marché à terme de New York, l’Arabica a terminé à $ 1,0915 la livre (lb) après être tombé en cours de séance à $ 1,0855, son plus bas depuis décembre 2013; il avait terminé à $ 1,151 vendredi dernier. Le Robusta, pour sa part, a clôturé hier soir à $ 1 639 la tonne, au plus bas depuis juin 2016, parti de $ 1 690 il y a une semaine. Autant dire que le café se porte mal !

Sur les marchés asiatiques, les échanges ont été plutôt ralentis cette semaine, personne ne voulant vendre à de tels prix. Dans les Central Highlands du Vietnam, on payait $ 1,52 à $ 1,54 pour un kilo de grains, son plus faible niveau de prix depuis mai 2016. D’où la rétention. En outre, la demande à l’export était faible car la période estivale et de vacances commence à se faire sentir mais aussi parce que l’offre émanant du Brésil et d’Indonésie est importante. D’autre part, les conditions météorologiques sont plutôt favorables à l’évolution des caféiers qui seront récoltés plus tard cette année.

A l’export au Vietnam, la décote par rapport au prix de l’échéance septembre à Londres a été plus importante cette semaine par rapport à la précédente, à $ 70-90 la tonne contre $ 60-$ 70 pour du Grade 2, 5% brisures et grains noirs.

Selon les traders, le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, exporterait 110 000 à 140 000 t (1,8 à 2,3 Ms) en juillet contre 150 000 t en juin. Selon le département américain de l’Agriculture (USDA), sa production de café atteindrait 29,9 Ms en 2018/19, en hausse de 2% contre les 29,3 Ms estimés avoir été atteints cette campagne 2017/18. La consommation vietnamienne de café grimperait de 3,8%, à 2,99 Ms.

Quant à l’Indonésie, le Grade 4 80 défauts s’est vendu cette semaine avec une prime, par rapport à Londres, inchangée par rapport à la semaine dernière, de l’ordre de $ 70, selon un exportateur.

A noter que la province de Sumatra a enregistré une chute de 80% de ses exportations de Robusta en juin, à 3 517,3 t, selon des sources commerciales locales. Les expéditions sont également en baisse de 21% par rapport au mois de mai.

Au Brésil, les exportations de café vert (Arabica et Robusta cumulés) ont grimpé à 2,16 Ms en juin contre 1,91 Ms en juin 2017, selon les statistiques du ministère du Commerce.

Au Honduras, les exportations de café ont baissé de 4,8% en juin par rapport à juin 2017, à 875 930 sacs de 60 kg contre 919 652 t en juin 2017, a annoncé lundi un groupe industriel. En cause ? Les compagnies maritimes. Sur l’ensemble de la campagne, le pays exporterait entre 7,28 et 7,36 Mt, en baisse par rapport aux 7,7 Ms annoncé en début de campagne. Une baisse attribuable à des conditions météorologiques peu favorables et à une pénurie de main d’œuvre, ce qui a compliqué le travail de cueillette. Rappelons qu’en 2016/17, les exportations ont totalisé 7,3 Ms.

Au Costa Rica, les exportations ont bondi de 35% en juin par rapport un an auparavant, à 166 495 sacs de 60 kg, selon les données provisoires de l’Institut national du café Icafe. Sur les 9 premiers mois de la campagne, les expéditions ont totalisé 981 978 sacs, en hausse de 10% par rapport aux même 9 premiers mois de la campagne 2016/17.

Côté entreprises, Lavazza a déclaré lundi avoir acheté l’australien Blue Pod Coffee. Rappelons que l’italien a acheté l’année dernière la marque française Carte noire et le danois Merrild, ainsi que la société canadienne de café bio Kicking Horse, le français ESP et le fabricant italien de capsules et de machines Nims.

CAOUTCHOUC

La timide reprise de la semaine dernière a été de courte durée sur le marché du caoutchouc. Nouvelle semaine noire avec des cours qui se sont contractés passant de 176,3 yens vendredi dernier à 169,5 yens ($1,53) le kilo jeudi à la clôture sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) à la suite de quatre séances de baisse. Un plus bas depuis 2 ans ! A Shanghai, la chute est moins brutale : de 10 445 yuans la tonne vendredi, les cours ont atteint jeudi 10 405 yuans ($ 1 569) la tonne.

Toujours en toile de fonds, l’accumulation des stocks dans les principaux pays consommateurs, et notamment en Chine,  et bien sur les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine avec l’approche de la date du 6 juillet, date d’application par les Américains des droits de douane, et la riposte attendue de la Chine.

Au Japon, le Tocom a annoncé jeudi qu’il prévoyait de lancer des contrats à terme sur caoutchouc techniquement spécifiés (TSR) sur la bourse vers le 9 octobre après avoir obtenu l’approbation du gouvernement.

Toujours au Japon, l’enquête trimestrielle de la Banque du Japon sur la confiance des grands groupes manufacturiers japonais montre qu’elle est au plus bas de plus de trois ans au deuxième trimestre.

COTON

Les inquiétudes grandissantes sur le conflit commercial entre les Etats-Unis, 1er exportateur mondial de coton, et la Chine, 1er consommateur mondial, créant un climat attentiste ont pesé sur le coton cette semaine, qui a à nouveau glissé. Avec un jour de moins de cotation, le 4 avril pour l’Independance Day, le coton est passé de 83,92 cents la livre vendredi dernier à 81,96 cents la livre jeudi veille de la mise en application des taxes américaines.

Pour la banque néerlandaise Rabonbank, le conflit commercial sino-américain est un facteur important de baisse à court terme car la hausse de 25% des droits de douane sur les importations de coton américain, menace directement environ 15% de la demande américaine, la Chine ayant acheté jusqu’à présent 2,45 millions de balles de coton américain en 2017/18. « La préoccupation immédiate, à partir du 6 juillet, est de savoir si les acheteurs chinois chercheront à annuler le coton acheté cette saison – un facteur baissier s’il se concrétise, car la Chine a engagé 400 000 balles qui doivent être encore exportées », indique la banque. Mais à plus long terme, les offres d’autres pays se substitueront aux Etats-Unis pour l’approvisionnement de la Chine. Globalement, Rabobank estime que passé le dernier trimestre, les cours de coton se redresseront en 2019 avec une demande soutenue.

Du côté des fondamentaux, le Comité consultatif international du coton (CCIC) estime que les stocks mondiaux de coton vont croître en 2017/18, après deux campagnes de baisse, pour s’établir à 19,3 millions de tonnes (Mt). En revanche, en 2018/19, avec une hausse de 5% de la consommation à 27,9 Mt et une production à 25,9 Mt, les stocks devraient décroitre à 17,9 Mt.

HUILE DE PALME

La non reprise de la demande, conjuguée aux tensions commerciales  entre la Chine et les Etats-Unis, n’a pas permis à l’huile de palme de se redresser, bien au contraire. Nouvelle semaine de baisse, les cours passant sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange de 2 326 ringgits la tonne vendredi dernier à 2 284 ringgits ($565,21) la tonne à la clôture jeudi. Les prix de l’huile de palme ont chuté 4% le mois dernier, atteignant un creux de deux ans, et ont diminué encore de 1,8% jusqu’à présent. Les exportations d’huile de palme en juin ont baissé de 10,3% pour AmSpec Agri Malaysia et de 11,8% pour SGS.

Néanmoins, les stocks malaisiens devraient être ramenés à 2,15 millions de tonnes (Mt) en juin, leur plus bas niveau depuis neuf mois, tandis que la production devrait tomber de 11,1% à 1,36 Mt, son plus bas depuis février, montrent un sondage réalisé par Reuters. Il prévoit également que les exportations chuteraient de 7,8% pour atteindre leur plus bas niveau en trois mois, soit 1,19 Mt en juin.

En Zambie,le gouvernement a déclaré mercredi qu’il allait devenir un exportateur net d’huile de palme une fois que ses projets de production d’huile de palme seront pleinement opérationnels. Le projet Zampalm, fruit d’une joint-venture entre l’Etat et l’entreprise privée Zambeef Productuts Plc, lancé en 2009 dans le Nord du pays, compte actuellement 409 506 palmiers plantés sur une superficie de 2 873 hectares dans la plantation principale. S’ajoutent 39 000 semis. En 2015, la première usine de broyage ($1 million) a été mise en service avec une capacité de broyage de deux à trois tonnes de fruits de palme frais par heure. Aujourd’hui, la Zambie ne satisfait que 30 à 50% de ses besoins en huile végétales évalués à 120 000 tonnes par an.

En France, plusieurs associations environnementales ont annoncé avoir déposé jeudi au tribunal administratif de Marseille un recours contre l’autorisation préfectorale de la raffinerie de Total à La Mède. L’utilisation d’huile de palme est contestée par Les Amis de la Terre, Greenpeace France, France Nature Environnement, FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur, FNE 13 et la Ligue de Protection des Oiseaux PACA, qui dénoncent son impact sur l’environnement, en particulier sur la déforestation, la biodiversité et le réchauffement climatique.

Total a reçu en mai dernier l’autorisation d’exploiter sa future bio-raffinerie de La Mède et d’utiliser jusqu’à 450 000 tonnes d’huile végétale brute par an dont de l’huile de palme, mais également de colza, tournesol, soja, maïs, ainsi que de nouvelles plantes du type carinata. Face à la contestation, le groupe pétrolier s’est engagé en juin à limiter l’approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50% des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site, soit au plus 300 000 tonnes par an.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz chez les principaux producteurs d’Asie ont tous baissé cette semaine.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont diminué de $4 pour s’établir $388 -$392 la tonne. Principale cause de cette baisse la dépréciation de la roupie qui font que les prix à l’exportation sont plus bas. L’Inde a augmenté mercredi les prix payés aux agriculteurs locaux pour le riz paddy de 13% par rapport à l’année dernière à 1 750 roupies ($25,50) par 100 kilos.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont tombés à $425- $430 la tonne contre $450-$455 la semaine dernière. Les prix chutent dans le sillage des baisses dans les autres pays producteurs mais aussi suite à la hausse des approvisionnements, la récolte d’été-autonome ayant démarré dans dans certaines parties du delta du Mékong. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les semaines à venir au fur et à mesure de la récolte.

Le Vietnam a exporté 3,56 millions de tonnes (Mt) de riz au premier semestre de cette année, en hausse de 25% par rapport à l’année précédente, selon le Bureau des statistiques générales du gouvernement. Le ministère vietnamien de l’Agriculture et du développement rural a révisé la semaine dernière son estimation de la production riz de paddy non décortiquée à 43,9 Mt, en hausse de 3% par rapport à l’année dernière.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont faiblement baissé à $385-$388 la tonne contre $385 -$395 la semaine dernière dans un marché calme.

SUCRE

Lundi, le sucre roux est repassé en dessous de la barre des 12 cents la livre. Un seuil psychologique important et ce, d’autant plus qu’il est resté en dessous des 12 cents durant toute la semaine. Hier soir, sur le marché à terme de New York, il a clôturé hier soir à 11,48 cents la livre (lb) tandis que le blanc à Londres terminait à $ 330,20 la tonne ; vendredi dernier, ils clôturaient respectivement à 11,86 cents et $ 343,90 la tonne.

La surabondance de l’offre continue de peser sur le marché mais, curieusement, on constate actuellement un problème de disponibilité livrable. En effet, les producteurs sont plutôt récalcitrants à vendre à de tels prix et donc on trouve peu de marchandise actuellement sur le marché du physique. Ainsi, l’échéance août est en prime par rapport à octobre, de l’ordre de $ 10 la tonne.

En Europe, la Commission a réduit ses estimations de production à 20,1 Mt sur 2018/19 alors qu’elle l’avait initialement estimé à 20,4 Mt ; la production en 2017/18 serait de 21,1 Mt. Quant à l‘Inde, son excédent national serait encore très important la campagne prochaine après les 7 Mt de surplus cette année, selon une note de la banque ING.

Autre facteur baissier, les prix de l’éthanol en baisse au Brésil ce qui incite les industriels à accroître leur production de sucre à partir de la canne, alimentant l’excédent mondial. Au Brésil où les exportations de sucre ont baissé d’un million de tonnes en juin par rapport à juin 2017, les raffineries faisant de la rétention.

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