L’Afrique subsaharienne connaîtrait un recul de son autosuffisance alimentaire d’ici 2030, selon l’OCDE et la FAO

 L’Afrique subsaharienne connaîtrait un recul de son autosuffisance alimentaire d’ici 2030, selon l’OCDE et la FAO
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À moins de 10 ans de l’échéance fixée à 2030 pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, les gouvernements doivent redoubler d’efforts s’ils veulent réaliser les cibles mondiales en matière de sécurité alimentaire et d’environnement, a précisé hier l’OCDE à l’occasion de la publication des Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2021-2030.

Car la demande mondiale de produits agricoles – notamment pour l’alimentation humaine et animale, les combustibles et les intrants industriels – devrait croître de 1,2% par an au cours des dix prochaines années, un rythme annuel toutefois plus lent que lors de la décennie précédente. Les tendances démographiques (8,5 milliards d’habitants sur Terre en 2030), le remplacement de la viande rouge par la volaille dans les pays riches et dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, ainsi que la montée en flèche de la consommation de produits laitiers par habitant en Asie du Sud devraient façonner la demande future.

D’ici 2030 au niveau mondial, 87% des augmentations attendues en productions agricoles devraient provenir de la croissance des rendements, 6% de l’expansion de l’utilisation des terres et 7% de l’augmentation de l’intensité de culture.

A noter, s’agissant de l’ASS, l’inquiétude manifestée par l’OCDE et la FAO à l’égard d’une hausse véritable des rendements, ce qui est la clef de l’augmentation de la production alimentaire. Or, cette augmentation des rendements devrait résulter de l’amélioration des semences, d’une utilisation accrue d’engrais et de pesticides, d’une plus grande mécanisation et du recours aux services de vulgarisation, ce qui, à son tour, dépend des dépenses publiques en faveur de l’agriculture. Or, sur la période 2014-2018, ces dépenses se sont élevées en moyenne à 6% des dépenses publiques totales contre l’objectif des 10% inscrits dans le Programme global de développement de l’agriculture en Afrique sur la période 2004-2018.

En Afrique subsaharienne, les bailleurs représentent 36% des financements de l’agriculture, 25% de ces financement allant aux infrastructures (routes, systèmes d’irrigation, hors exploitation), avec un taux d’exécution des dépenses plus faibles que les dépenses nationales et une volatilité plus prononcée ce qui rend la réalisation effective des projets plus compliquées.

L’Afrique de plus en plus dépendante des importations alimentaires

Le commerce continuera de jouer un rôle essentiel au regard de la sécurité alimentaire mondiale, de la nutrition et des revenus agricoles. En moyenne à l’échelle mondiale, environ 20% de la consommation intérieure est actuellement importée. En Afrique sub-saharienne (ASS), la part des importations dans la disponibilité totale de calories s’est établie à 19% sur 2018-2020 mais atteindrait 23% d’ici 2030 car l’augmentation de la production intérieure ne pourra suivre le rythme de la forte croissance démographique. Les importations nettes de l’Afrique subsaharienne devraient bondir de 75% du fait de la hausse des achats de blé, de riz (+90% dans les 10 années à venir, l’Inde exportant vers le continent l’essentiel de son excédent), de maïs et de soja.

Au niveau mondial, les disponibilités alimentaires totales devraient augmenter de 4% au cours de la prochaine décennie pour dépasser légèrement les 3 000 calories par personne et par jour. La consommation de graisses par habitant devrait connaître la croissance la plus rapide parmi les principaux groupes d’aliments, en raison d’une consommation accrue d’aliments transformés et prêts à l’emploi et d’une tendance plus marquée à manger à l’extérieur de chez soi, ces deux évolutions s’expliquant par l’urbanisation en cours et par la plus grande participation des femmes au marché du travail.

Dans les pays à faible revenu, les disponibilités alimentaires devraient augmenter de 3,7%, ce qui représente 89 calories par personne et par jour, consistant principalement en des produits de base et des édulcorants. Les contraintes économiques limiteront la hausse de la consommation de produits animaux, de fruits et de légumes. Sous l’effet du resserrement des revenus (en Afrique subsaharienne, les revenus moyens par habitant n’augmenteraient que de 1,2% par an), la consommation de protéines animales par habitant devrait enregistrer une légère baisse en ASS, une région dont l’autosuffisance dans les principaux produits alimentaires accuserait un recul d’ici 2030.

S’agissant des fruits et légumes (hormis les racines, tubercules et légumineuses), les quantités disponibles par habitant en Afrique subsaharienne sont les plus faibles au monde. L’OCDE et la FAO l’expliquent par des problèmes de production (faible productivité, lutte insuffisante contre les ravageurs), un manque d’installations de stockage et de conditionnement. On peut, toutefois, s’interroger sur les statistiques prises en compte pour établir cette situation).

Quant aux produits laitiers, la production en Afrique subsaharienne dépend surtout des petits ruminants avec de faibles rendements. Donc même si la croissance de la production atteint 33%, les volumes de production en ASS sont inférieurs aux autres régions du monde.

Les prix des produtis agricoles devraient baisser

Quid de l’évolution des prix mondiaux des produits alimentaires ? Si l’indice FAO a fortement progressé au cours des 12 derniers mois, on s’attend à ce que cette tendance haussière soit suivie d’une période d’ajustement à la baisse. Selon les projections, les prix des denrées alimentaires reprendront une courbe progressivement descendante, en valeur réelle, compte tenu du ralentissement de la croissance de la demande et des gains de productivité attendus.

 

 

 

 

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