La Chronique Matières du Jeudi (6 août 2015)

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La valeur du real, la monnaie brésilienne, face au dollar est à son plus faible niveau depuis 12 ans. D'où une compétitivité accrue des produits agricoles brésiliens, ce qui impacte bon nombre de prix de matières premières car le géant sud-américain domine plusieurs filières (café, sucre, soja, etc…).

 

CACAO

Les opérateurs sur le marché du cacao sont focalisés sur l'impact qu'aura –ou n'aura pas– le phénomène météorologique El Niño sur la production cacaoyère. "Lorsque vous avez un El Niño comme nous en avons un maintenant, on pourrait s'attendre que la production mondiale de cacao soit impactée négativement. Mais, pour l'instant, rien ne prouve que ce soit le cas. Par conséquent, la météo au cours du prochain mois est absolument cruciale", a expliqué à Reuters, Jonathan Parkman qui dirige la division cacao chez le broker Marex Spectron.

Un cacao qui termine la semaine en baisse de $ 34, à $ 3 086 la tonne sur l'échéance septembre à New York et qui a glissé de £ 21 à Londres à £ 2 047 la tonne. Le cacao est en baisse pour la cinquième séance consécutive.

En Côte d'Ivoire, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro auraient totalisé 1 673 000 t entre le 1er octobre et le 2 août, selon les estimations des exportateurs, au coude à coude avec les 1 668 000 t enregistrées à pareille époque la campagne dernière.

Au 15 juillet, le n°1 mondial avait vendu par anticipation 1,3 million de tonnes (Mt) sur sa campagne 2015/16 qui est estimée atteindre 1,7 Mt. Ce niveau de ventes par anticipation est en avance sur le calendrier. Pour la campagne 2015/16, qui démarre le 1er octobre prochain, les coûts bord champ ont été estimés à $ 1,67 le kilo de fèves contre $ 1,42 la campagne dernière.

En Indonésie, les exportations de fèves de Sulawesi, principale région de production, ont fait un bond de 81% en juillet, son volume le plus élevé en deux ans, à 8 264 t contre 4 568 t. Ceci dit, le troisième producteur mondial derrière la Côte d'Ivoire et le Ghana se bat contre les maladies et le mauvais temps, et ses exportations devraient être inférieures à ses niveaux de… 2001 ! Visiblement, les efforts gouvernementaux pour booster la production restent vains. A noter que, vendredi dernier, le ministre du Commerce, Nurlaila Nur Muhammad, a laissé inchangé à 10% la taxe à l'export sur les fèves de cacao pour le mois d'août. A titre de comparaison, la taxe sur l'huile de palme brute demeure à 0%, comme en juillet.

Au Brésil, entre le 1er mai et le 2 août, les arrivages de cacao dans les entrepôts, cacao provenant du Brésil ou d'importations, ont fait un bond de 19% par rapport à la même période la campagne dernière, selon la Bahia Commercial Association. Les arrivages totalisent 93 331 tonnes (t), soit 1 555 512 sacs de 60 kg, contre 78 185 t ou encore 1 303 077 sacs l'année dernière.

CAFE

La faiblesse de la monnaie brésilienne face au dollar joue à plein sur le marché du café, le n°1 mondial étant présent tant sur le segment de l'Arabica que du Robusta. Sur l'échéance septembre, l'Arabica est à $ 1,2540 la livre tandis que la tonne de Robusta est à environ $ 1 665 en cette fin de semaine, soit au-dessus du plus faible en deux mois touché lundi, à $ 1 621.

Au Kenya, aux ventes aux enchères de cette semaine, le prix le plus élevé pour le sac de 50 kg de Grade AA a augmenté, atteignant $ 129 à 268 contre $ 154 à 255 la semaine dernière. Pour l'AB, la fourchette a été de $ 136-218 contre $ 141 à $ 220.

En terme d'offre, l'Organisation internationale du café (OIC) a annoncé vendredi dernier que les exportations mondiales de café se sont élevées à 9,69 millions de sacs (Ms) en juin 2015 par rapport aux 10,02 Ms exportés en juin 2014. Les exportations des neuf premiers mois de l’année caféière 2014/15 (octobre/14 à juin/15) ont chuté de 4,3% par rapport aux neuf premiers mois de l’année caféière précédente. 

Les exportations d’Arabica pendant les 12 mois écoulés entre juillet 2014 et juin 2015 se sont élevées à 67,31 Ms par rapport à 69,34 Ms pendant la période correspondante de l’année précédente, et les exportations de Robusta se sont établies à 43,12 Ms par rapport à 44,66 Ms l’année précédente.

Au Brésil, selon la fondation de recherche sur le café Procafe, la récolte 2015/16, qui est déjà aux deux-tiers récoltée, serait de 20 à 30% inférieur aux prévisions faites en mars qui avançaient le chiffre de 41 Ms. Selon des opérateurs sur le marché interrogés par Reuters, la récolte serait de 48 à 50 Ms, soit bien supérieure aux chiffres de Procafé, et ce, malgré l'impact de la sécheresse.

En Colombie, on s'attend à récolter 13 Ms cette campagne, soit dans la fourchette haute des prévisions des producteurs. Auparavant, le chiffre avancé était de 12,5 à 13 Ms. En réalité, la dévaluation du peso colombien face au dollar a permis aux producteurs de maintenir leurs revenus et de ne pas subir, ou peu, la chute de 25% du prix de l'Arabica le mois dernier.

Sur le front des Robusta, les prix élevés demandés par le Vietnam et l'Indonésie repoussent visiblement les acheteurs. Le Vietnam offre son grade 2,5% de grains noirs et brisés à $ 60-70 la tonne en prime sur le marché à terme de Londres sur l'échéance novembre, pourtant en baisse contre la prime de $ 70 à 85 la semaine dernière. Il est estimé que le Vietnam aurait vendu 115 000 t de ce type de café utilisé pour fabriquer du café instantané, soit un volume en hausse de 29,8% par rapport juillet 2014.

Quant à l'Indonésie, son screen 16, l'équivalent du Robusta Grade 1 vietnamien, a été proposé cette semaine avec une prime de $ 70 la tonne sur le marché de Londres. A noter qu'El Niño ne devrait guère impacter la production dans le Lampung, que ce soit celle-ci ou la prochaine. Environ 15 à 20% de la production est encore sur les arbres mais ce sont déjà de grosses cerises. Par conséquent, l'impact d'éventuels aléas climatiques seraient, de toute façon, mineur, estime un trader.

CAOUTCHOUC

La faiblesse du yen par rapport au dollar a donné un petit coup de fouet au cours du caoutchouc jeudi  pour la deuxième séance consécutive et ce en dépit des prix du pétrole qui sont bas et plus généralement de la faiblesse des matières premières. Le contrat de janvier a clôturé à 197,2 yens le kilo. En début de semaine, le caoutchouc avait accusé trois séances consécutives de baisse et touché un plus bas de 6 mois et demi.

Les importations de caoutchouc naturel  d’Inde ont chuté de près de 15% en juillet par rapport à juillet 2014 s’établissant à 36 828 t, les fabricants de pneumatiques restreignant leur importation dans l’attente d’une nouvelle baisse de prix.

COTON

Les contrats à terme sur le marché de New York ont chuté pour la troisième journée consécutive, mercredi, mais sont restés dans la fourchette de négociation de la session précédente. Les cours ont clôturé à 63,52 cents la livre. Le coton suit le mouvement baissier des matières premières, l’indice Thomson Reuters CRB ayant atteint lundi son plus bas niveau depuis avril 2003.

Dans sa dernière note de marché, le Comité consultatif international du coton (CCIC) estime que les stocks demeureront importants en 2015/16 bien que, pour la première fois depuis 5 ans ils vont baisser de 5% pour se situer juste en dessous de 21 millions de tonnes (Mt). La production mondiale devrait chuter de 9% , à 23,8 Mt –les baisses se situant entre 2 et 16% dans les cinq principaux pays producteurs – tandis que la consommation devrait progresser de 2% à 24,9 Mt.

Le 10 juillet, le gouvernement chinois a commencé à vendre ses stocks. Les ventes totaliseraient 40 000 t à la fin juillet. Le CCIC estime que les stocks de clôture en Inde devraient s’établir à 2,2 Mt en 2014/15, soit le second en volume, après la Chine (11,3 Mt). La Cotton Corporation of India a acheté 1,5 Mt dans le cadre de son programme de soutien et en a vendu environ 650 000 t à la fin juillet. Toutefois, la baisse de 51% des exportations contribue à accroître les stocks. Hors Chine, les stocks mondiaux sont attendus en baisse de 4%, à 9 Mt.

L'objectif du Burkina Faso de produire un record de 800 000 t en 2015/16 est réalisable en dépit des prix mondiaux bas et la menace du phénomène météorologique El Nino, estimait  Ecobank dans une note de recherche publiée vendredi dernier. La production progresserait alors de 13% par rapport à celle réalisée en 2024/15 (707 145 t). "L'objectif de 800 000 t est réaliste, compte tenu des efforts du gouvernement pour soutenir une augmentation de la production", indique la note qui précise qu’en dépit de la baisse de 20% des prix mondiaux du coton depuis l’année dernière, l'Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) a augmenté le prix au producteur à FCFA 235 le kilo (FCFA 225 en 2014/15).  En outre, le prix des engrais a été aussi abaissé. Le Burkina compte ensemencer près de 740 000 ha mais en réduisant les superficies en coton BT qui avait conduit à une baisse de la longueur de la fibre.  "La force de la production dépendra fortement de l'arrivée de la saison des pluies puisque la  filière coton du Burkina Faso, est entièrement pluviale", indique la  note qui ajoute que  "le retour imminent du phénomène climatique El Nino à la fin de 2015 pourrait apporter un temps plus sec à l'Afrique de l'Ouest."

L’Egypte a accepté d'exporter du coton égyptien à l'Ukraine en échange d’importations de blé ukrainien, selon l’agence  MENA. Le ministre de l'Agriculture Salah Helal a signé l'accord avec son homologue ukrainien, Oleksiy Pavlenko lors de sa visite en Egypte.

HUILE DE PALME

Les prix de l’huile de palme ont touché un plus bas de 11 mois mercredi avec toujours en toile de fond l’accroissement de la production face à une demande atone, un état aggravé par la situation en Chine. Depuis le début du mois, les cous ont déjà perdu 4% de leur valeur.

L'huile de palme pourrait décliner jusqu’à 1 900 ringgit ($493)  la tonne à la fin de Septembre en raison de l'abondance des approvisionnements et d’une demande faible estimait jeudi l’analyste Dorab Mistry. Mais, les cours pourraient se redresser pour atteindre entre 2 100 à  2 300 ringgit avant la fin de novembre.

Les prix ont  baissé d'environ 11% cette année avec  les  récoltes record des autres oléagineux ainsi que la faiblesse des prix du pétrole brut qui  limite l’appétit pour le biodiesel. Une chute qui s’enchaine avec la baisse de près de 15% des cours en 2014. La production élevée cette année pourrait progressivement diminuer avec El Niño.  "Dans l'ensemble, la production d'huile de palme en 2015 sera supérieure d’environ 2,5 millions  de tonnes à celle de 2014", a déclaré Dorab Mistry avec des prévisions pour la Malaisie et l'Indonésie respectivement de  20 Mt et 32 ​​Mt.

L'échec de l'Indonésie à mettre pleinement en œuvre sa politique en faveur du biodiesel (incorporation de 10% d’huile de palme dans le diesel), tel que réglementée en 2013, laisse planer un certain doute sur la capacité  du  premier producteur à consommer  de 2,5 à 3,0 Mt  de biodiesel d’huile de  palme d'ici la fin de 2015, en dépit de nouvelles politiques visant à dynamiser le secteur. "Le retard pris chaque mois dans l'exécution du mandat du biodiesel en Indonésie prive l'industrie de près de 200 000 tonnes de la demande", a indiqué Dorab Mistry.

RIZ

Les prix du riz en Thaïlande se assouplis cette semaine tandis qu’ils étaient inchangés au Vietnam. Le Thaï 5% se négociait entre $ 380-385 la tonne FOB Bangkok contre $ 380-390 la semaine dernière. "C’est la pire situation que nous avons vécu récemment ", indiquait un trader thaïlandais en spécifiant que les exportateurs n’ont reçu aucun ordre depuis 3 semaines !  Les exportateurs sont prêts à vendre le riz à prix coutant afin de  maintenir l'activité de négoce de riz plutôt que de conserver des stocks dans les entrepôts. Rappelons que la Thaïlande détient environ 14,5 millions de tonnes de riz invendu.

Au Vietnam, le troisième plus grand exportateur de riz du monde, la demande de riz était mince, le prix et la qualité du riz vietnamien  n’étaient pas compétitifs par rapport  à ceux de la Thaïlande et de l'Inde. Le Vietnam a exporté 3,7 Mt de riz au cours des sept premiers mois de 2015, en baisse de 3,5% par rapport à la même période en 2014, selon les données du gouvernement.

Les prix du riz poursuivent leur tendance à la baisse engagée depuis septembre 2014 perdant 1%, selon le dernier rapport d’août sur le riz de la FAO. Toutes les principales qualités  reculent à l’exception du riz Japonica. Toutefois à l’inverse de  la tendance générale, le Thai 100% B a progressé de  4% en juillet à $401 la tonne en raison des  préoccupations sur  la sécheresse et des retards dans les plantations sur les trois premières semaines du mois. Toutefois, l’abondance des pluies depuis ont de nouveau poussé les prix à la baisse sur la fin du mois.  Dans les autres pays exportateurs, l'arrivée de la nouvelle récolte sur le marché a poussé les prix vers le bas au Vietnam. Ils ont également diminué au Pakistan, au  Brésil,  en Uruguay et aux États-Unis. En  Inde,  avec la reprise des ventes à l'Afrique, les prix ont progressé. Selon l'Indice de la FAO, les prix internationaux du riz sont inférieurs en moyenne de 8% sur la période de   janvier à juillet 2015 en moyenne 8,0 pour cent de moins que pour la période correspondante par rapport à la même période en  2014. À 211 points, la valeur de l'indice Juillet est le plus bas depuis Juin 2010.

Le gouvernement du Tchad et le fonds Koweitien pour le développement économique arabe (KFAED) ont paraphé le 5 août un accord de prêt d’un montant de 4 millions de dinar koweitien (environ € 12,1 million d’euro), destiné au financement du Projet de développement de la production de riz dans la plaine du Chari-Logone. Actuellement, le Tchad produit environ 110 000 tonnes de riz pour des besoins estimés à 140 000 tonnes par an, selon les chiffres de l’USDA.

SUCRE

Le marché du sucre continue à ployer sous les volumes. Hier, mercredi, le sucre roux, côté sur le marché à terme de New York, est tombé à son plus bas en six and et demi, à 10,65 cents la livre. On n'avait plus enregistré de tels niveaux depuis décembre 2008…

Le temps sec au Brésil laisse augurer une très belle récolte brésilienne avec des niveaux de broyages élevés. En outre, la faiblesse du real, la monnaie brésilienne, rend très compétitif le sucre du n°1 mondial, ce qui laisse penser que Brasilia va inonder encore un peu plus le marché avec des prix du sucre défiants toute concurrence. Sur le court terme, on est en situation de surapprovisionneemnt du marché et ce, d'autant plus que les stocks en Inde et en Thaïlande regorgent de marchandise.

Pourtant, le groupe ASR, le plus important raffineur au monde de canne à sucre, a estimé que le marché mondial serait déficitaire de 2,7 Mt en 2015/16. Rappelons que pour cette campagne, qui s'achève le 30 septembre, il est attendu un excédent de 3,7 Mt

Toujours en Amérique, le quota d'exportation de sucre du Mexique vers les Etats-Unis a été fixé à 983 48 t.

Côté entreprises, Tereos Internacional, qui contrôle un des plus importants groupes brésiliens de sucre et d'éthanol, Guarani, a annoncé mercredi une perte de 141 millions de reals ($ 40 millions) sur son trimestre avril à juin. Rappelons que l'industrie sucrière brésilienne essaie de tourner la page d'une des plus importantes crises de son histoire, avec un prix mondial de sucre au plus bas.

 

 

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