La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 octobre 2017

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 octobre 2017
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Le dollar est actuellement à son niveau le plus élevé en 10 semaines face aux autres devises car les dernières statistiques montrent la plus forte hausse des salaires aux Etats-Unis depuis décembre 2016. Des salaires en hausse peuvent signifier une hausse des taux d’intérêt d’ici la fin de l’année, ce qui fait toujours grimper le billet vert. Or, un dollar fort pèse généralement sur le prix des matières premières. Sur le marché pétrolier, les cours baissent aujourd’hui après avoir fortement grimpé hier, portés par la perspective d’une éventuelle prolongation de l’accord d’encadrement de la production entré en vigueur au début de l’année sous l’impulsion de l’Opep et de la Russie.

Notons enfin la réunion, hier à Paris, des ministres de la zone Franc, alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre la monnaie commune. Les ministres ont réitéré leur attachement à cette monnaie, “facteur de stabilité et de développement”.

CACAO – CAFÉ – CAOUTCHOUC – COTON – HUILE DE PALME – RIZ – SUCRE

CACAO

Le cacao sur le marché de Londres a clôturé hier soir en forte hausse, à £ 1 579 la tonne contre £ 1 516 vendredi dernier. Il est à son plus haut depuis le 8 août, stimulé notamment par les achats d’opérateurs qui ont voulu profiter de la faiblesse de la livre sterling. New York lui a emboîté le pas, terminant aussi en hausse, à $ 2 084 la tonne (t) contre $ 2 043 il y a une semaine A noter que l’échéance décembre a affiché hier soir une décote de $ 5 par rapport à l’échéance mars alors que deux jours avant, elle était à prime de $ 17, l’explication se trouvant essentiellement dans le jeu des transactions spéculatives, estiment les analystes.

Pour mémoire, le cacao à Londres a perdu 40% de sa valeur depuis juillet 2016 lorsqu’il était à son niveau de prix le plus haut en six ans, à £ 2 578 ; New York est en baisse aussi de 40% mais par rapport à décembre 2015

Quant aux fondamentaux, l’offre et la demande à venir, les analystes hésitent. Selon certains, l’excédent mondial sur 2017/18 pourrait être plus faible qu’anticipé, de l’ordre de 50 000 t seulement. Selon un sondage Reuters, l’excédent serait plutôt de l’ordre de 100 000 t. Rumeurs spéculatives ou non ? Difficile à dire étant donné que la nouvelle campagne 2017/18 vient seulement de commencer en Côte d’Ivoire, au 1er octobre, et celle au Ghana ne démarrera que vendredi prochain 13 octobre. Pour étayer la thèse d’un excédent moindre, on évoque une baisse attendue de 10% de la production en Indonésie, les producteurs réduisant leurs superficies cacaoyères étant donné la faiblesse des prix et se tournant vers la culture du poivre ou encore du maïs, plus rémunérateurs; le désintérêt pourrait être plus fort encore l’année prochaine. En outre, un pays comme la République dominicaine aurait une récolte moindre suite aux récents ouragans.

Mais la révision à la baisse de l’excédent découlerait aussi d’une demande plus forte en chocolat puisque le cacao est meilleur marché. Mardi, le président de la division cacao et chocolat du géant Cargill, Harold Poelma, a estimé que la demande asiatique de cacao devrait augmenter de 3% à 4% en 2017/18 alors que la demande mondiale progresserait de 2 à 3%. La demande de l’Asie en poudre de chocolat ferait un bond de 5%, a-t-il confié à Reuters.

La Côte d’Ivoire a démarré dimanche dernier 1er octobre sa campagne principale 2017/18 (octobre/mars), avec un prix garanti au planteur à FCFA 700 le kilo (€ 1 064 la tonne), soit le même prix que celui de la dernière campagne intermédiaire (lire nos informations). Une annonce qui a déçu nombre de planteurs car la semaine dernière il avait été fait état d’une volonté politique ivoirienne de faire grimper ce prix autour de FCFA 750. Pour compenser la faiblesse de ce prix, la taxe d’enregistrement a été éliminée. A noter que le nombre de licences d’exportation est moins élevé que la campagne dernière, à 72.

Côté Ghana, en début de semaine, le chef de l’Etat a annoncé que le prix au planteur demeurerait inchangé en 2017/18, à 7 600 cedis (€ 1 476) la tonne, un prix donc nettement supérieur, d’environ € 400 la tonne, à celui de la Côte d’Ivoire (lire nos informations). Pour limiter la contrebande de fèves, la Côte d’Ivoire a annoncé renforcer les contrôles aux frontières, minimisant l’écart de prix par la volatilité du cedi face au franc CFA adossé à l’euro.

Côté commerce, 398 334 t de produits semi transformés du cacao ont été exportées de Côte d’Ivoire en août, en hausse de 10% sur août 2016, selon des données statistiques provisoires du port.

Côté entreprises, le géant suisse du chocolat et des produits dérivés du cacao Barry Callebaut a déclaré hier avoir achevé l’acquisition de l’italien D’Orsogna Dolciaria. Il l’avait annoncé fin juillet. Le montant de la transaction n’a pas été rendue publique. L’entreprise, présentée comme un fournisseur majeur d’éléments de décoration et d’inclusion, a vendu l’année dernière 12 000 t de produits et généré un chiffre d’affaires de € 52 millions ; il emploie 300 personnes dans les Abruzzes. Cette acquisition permettra à Barry Callebaut d’accélérer sa croissance dans le domaine spécialités et décorations, D’Orsogna Dolciaria s’adressant particulièrement aux clients industriels dans les secteurs glaces, produits laitiers et boulangerie.

CAFÉ

C’est à $ 2 000 tout rond que la tonne de Robusta a clôturé hier soir à Londres, en hausse par rapport aux $ 1 968 à la clôture vendredi dernier. La “spec” est en train de liquider des positions longues, estimant qu’aucun indicateur ne laisse présager d’un approvisionnement étroit du marché cette campagne.

Sur les marchés du physique en Asie, marchés du Robusta, l’activité demeure léthargique. La récolte vietnamienne, qui vient de démarrer, ne devrait pas arriver sur le marché de sitôt. Cette semaine, des producteurs dans la région de Daklak, ont vendu du café à 43 500-43 800 dongs le kilo ($ 1,91-1,93), en légère hausse par rapport aux 42 000-43 000 dongs la semaine dernière. Les transactions à l’international ont été faibles, les exportateurs offrant le café au même prix que la cotation à Londres tandis que les importateurs voulaient une décote de $ 30 à $ 40 pour du Grade 2, 5% grains noirs et brisures. En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts de la province de Lampung s’est vendu cette semaine avec une prime de $ 10-$ 20 par rapport à l’échéance novembre à Londres, contre +$ 10 la semaine dernière. Les volumes sont faibles, les exportateurs ne faisant qu’exécuter les contrats en cours car il n’y a plus de café.

Quant à l’Arabica, il a terminé hier soir en hausse sur la veille, à $ 1,272 la livre mais après être tombé en cours de séance au plus bas en trois mois, à $ 1,243. Il cotait $ 1,2805 vendredi dernier. Une évolution hésitante des prix, le marché ayant les yeux rivés sur le ciel brésilien et les pluies attendues.

La Côte d’Ivoire a exporté 30 423 t de Robusta en grains sur les 8 premiers mois de 2017, en chute de 42% par rapport à la même période en 2016, selon les données portuaires provisoires. Quant au Vietnam, ses exportations de Robusta ont atteint 1,49 Mt sur la campagne 2016/17, qui vient de s’achever, en baisse de 14,3% sur la précédente, suite aux violentes pluies qui se sont abattues durant la récolte.

En Colombie, la production d’Arabica lavé a atteint 1,22 Ms en septembre, en hausse de 19% par rapport à septembre 2016 ; ses exportations ont progressé de 12%, à 1,136 Mt, selon la Fédération nationale du café. Malgré la grève de 45 jours des camionneurs et l’impact d’El Niño, la production a atteint 14,23 Ms sur la campagne 2016/17.

Au Honduras, les exportations d’Arabica Doux ont bondi de près de 37,3% sur la campagne 2016/17, à 7,06 Ms, selon l’Institut du café Ihcafé, tandis que les exportations du Costa Rica ont baissé de 10%, à 1,11 Ms, son café étant une qualité recherchée par les amateurs.

Le Coffee Board en Inde estime que la production en 2017/18 devrait augmenter de 12,3%, à 350 400 t, en raison d’un accroissement des superficies. La production de Robusta progresserait de 14%, à 247 300 t, tandis que celle d’Arabica augmenterait de 8,5% à 103 100 t. Ses principaux marchés sont l’Italie, l’Allemagne et la Belgique qui l’achète avec une surcote par rapport au prix mondial.

Sur les 11 premiers mois de la campagne 2016/17 (octobre/septembre), les exportations mondiales ont progressé de 5,8%, à 113,28 Ms. Les exportations d’Arabica ont grimpé de 9%, à 71,7 Ms, tandis que celles de Robusta ont légèrement cru, de 0,8%, à 41,58 Ms.

CAOUTCHOUC

Les contrats à terme de caoutchouc sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont diminué jeudi, mettant fin à trois séances de hausse, alors que les investisseurs ont ajusté leurs positions avant la publication vendredi des données sur l’emploi aux Etats-Unis, un week-end de trois jours au Japon et le retour des investisseurs chinois lundi après une semaine de vacances. Le contrat de mars a clôturé jeudi à 208 yens ($1,85) le kilo, au dessus de la clôture de vendredi 29 septembre où les cours avaient perdu 4 yens à 201,8 yens dans le sillage du marché de Shanghai. Shanghai où les prix du caoutchouc ont perdu plus de 20% sur le mois de septembre.

Après avoir accusé une perte de 4,1% la semaine dernière et de 7,7% sur le mois de septembre sur le Tocom, les cours du caoutchouc ont rebondi en début de semaine enregistrant trois séances de hausse consécutives grâce à la remontée de l’indice Nikkei au Japon et à des bonnes perspectives économiques pour la Chine, l’activité manufacturière s’accélérant à nouveau en septembre.

Côté entreprises, l’américain General Motors, qui affiche l’ambition de s’approvisionner en caoutchouc naturel durable et écologique, devrait lancer lors du COMMOT !Forum près de Washington du 10 au 12 octobre une initiative pour mettre en place dès la fin de l’année un partenariat avec ses fournisseurs pour utiliser du caoutchouc naturel durable, écologique –avec la volonté de réduire la déforestation – et qui préserve les droits humains et du travail. «Nous encourageons tous les constructeurs automobiles, les concurrents, les pairs et les fournisseurs à participer à cet effort pour accélérer ces progrès», a déclaré Steve Kiefer, vice-président principal des achats mondiaux et de la chaîne d’approvisionnement chez General Motors. Le groupe Michelin s’est engagé dès juin 2016 dans une politique d’approvisionnement « zéro déforestation » basée sur l’approche High Carbon Stock où les forêts secondaires et les tourbières sont respectée (cf. nos informations).  

Le fabricant de pneus Pirelli a fait son retour à la Bourse de Milan le 4 octobre deux ans après sont rachat par China National Chemical Corporation (ChemChina) en 2015.

COTON

Le marché su coton a sensiblement peu évolué par rapport à la semaine dernière, le contrat de décembre clôturant jeudi à 68,27 cents la livre contre 68,45 cents la livre vendredi dernier. Le marché a toutefois frissonné mercredi gagnant près de 2%, avec la tempête tropicale Nate qui a frappé l’Amérique centrale et qui potentiellement pourrait toucher à nouveau les Etats-Unis.

Dans sa dernière revue du marché du coton en date du 1er octobre, le Comité consultatif international du coton (CCIC) indique que les stocks mondiaux devraient légèrement augmenter en 2017/18 à 18,5 millions de tonnes (Mt), compte tenu de la hausse de 10% de la production mondiale de coton (24,5 Mt) et d’une croissance plus modérée de la consommation – plus 2,7%- à 25,2 Mt. Toutefois, tandis que les stocks en Chine devraient baisser de 1,8 Mt en 2017/18, ils progresseraient de 1,85 Mt hors de Chine. En ce qui concerne le commerce, le CCIC estime qu’il devrait atteindre 8 Mt, avec les Etats-Unis toujours premier exportateur mondial avec une part d’environ 40%, soit 3,1 Mt d’exportations. Le Bangladesh demeurera le plus grand importateur en 2017/18 représentant 18%, soit 1,4 Mt d’importations.

L’Association française cotonnière (Afcot) a tenu son traditionnel diner annuel à Deauville le 3 octobre réunissant 330 participants des producteurs africains de coton aux négociants en passant par les banques, les transporteurs et les associations cotonnières (cf. nos informations : l’Appétit pour le coton africain va-t-il durer ? ).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme qui avaient perdu 1,5% la semaine dernière se sont légèrement raffermi clôturant jeudi à 2720 ringgits ($643,48) la tonne contre 2695 ringgits la tonne vendredi dernier.

Un léger regain des cours qui devrait se maintenir jusqu’au retour des Chinois lundi prochain, le Dalian Commodities Exchange étant fermé toute la semaine pour les vacances de la Journée nationale.

Les cours ont été soutenus le complexe du soja qui était plutôt haussier. On anticipe également une hausse plus modérée qu’attendu des stocks en Malaisie. Selon un sondage de Reuters, les stocks à la fin septembre atteindraient 2 millions de tonnes (Mt), en hausse de 3,2% par rapport au mois d’août. Quant à la production, elle atteindrait son niveau le plus élevé en deux ans, à 1,84 Mt, tandis que les exportations progresseraient de 7,8% à 1,6 Mt. Les statistiques officielles du Malaysian Palm Oil Board seront publiées le 10 octobre.

RIZ

Les principaux producteurs de riz en Asie pourraient obtenir une nouvelle augmentation de la demande alors que le Bangladesh continue d’acheter du riz pour renforcer ses stocks épuisés.

La Bangladesh a réitéré son intention de conclure de nouveaux accords intergouvernementaux pour s’assurer des stocks décents. Il devrait également lancer d’autres appels d’offres.

En Thaïlande, le Thaï 5% a augmenté à $385-$390 la tonne contre $375-$385 la semaine dernière. Une hausse soutenue par la hausse de la demande et un éventuel accord avec l’Irak. Ce dernier cherche à importer 30 000 tonnes de toute origine.

En outre, les négociants en Thaïlande espèrent qu’ils pourront capter la baisse anticipée des exportations de l’Inde cette année. « Nous ne nous attendons pas à ce que l’Inde importe du riz en dépit de la baisse attendue de la production. Cependant, ils peuvent exporter moins. Il est probable que cela créera plus de demande pour d’autres pays producteurs de riz comme la Thaïlande », a déclaré un négociant basé Bangkok.

En Inde, le prix du riz étuvé 5% a diminué de $3 la tonne à $402-$405 en raison de la faiblesse de la demande. Selon un exportateur, le riz indien n’est pas compétitif par rapport à la Thaïlande ou au Vietnam.

La production de riz de la récolte semée en été devrait baisser de 2% à 94,48 millions de tonnes en 2017/ 18 en raison d’une pluviométrie inférieure à la moyenne.

Au Vietnam, le Viet 5% de riz s’est légèrement abaissé à $385-$390 la tonne contre de $385-$395 la semaine dernière.

SUCRE

Les opérateurs craignent un approvisionnement étroit sur le court terme, faisant grimper brutalement hier le prix du sucre blanc à un plus haut en sept mois sur la première échéance décembre. La tonne a atteint $ 379,80 en cours de séance, glissant à $ 377,60 à la clôture. Décembre est $ 2,30 plus chère que l’échéance mars alors que deux jours avant, elle affichait une décote de $ 3. Quant au sucre roux, il a terminé hier soir en hausse, à 14,39 cents la livre (lb). Vendredi dernier, le blanc avait clôturé à $ 362,20 et le roux à 14,1 cents.

Une certaine inquiétude se fait ressentir sur le marché du sucre blanc car la récolte européenne -le marché à l’export est, rappelons-le, libre depuis le 1er octobre- n’est pas encore sur le marché et la faiblesse des prix fait craindre que nombre de producteurs attendent pour vendre que les prix remontent. Les sucres blancs de Thaïlande et d’Amérique centrale se font également attendre, et le Brésil raffine moins en ce moment car les marges sont réduites.

Notons que les biocarburants sont actuellement le point d’achoppement des négociations commerciales entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur, un round de négociation s’étant tenu toute cette semaine. Le Brésil a annoncé qu’il ne signerait pas si l’UE n’accordait pas des quotas d’importations plus généreux pour plusieurs produits agricoles, notamment l’éthanol et le bœuf. L’UE a proposé un quota de 600 000 t d’éthanol dont 200 000 t de fuel de transport, un volume qui a déplu tant aux Brésiliens qu’aux producteurs européens. Rappelons que le Brésil est le troisième exportateur mondial de produits agricoles, ses exportations ayant totalisé $ 80 milliards en 2015, derrière l’UE ($ 585 milliards) et les Etats-Unis ($ 163 milliards).

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