Les éleveurs ouest-africains ne sont pas malades de la Covid-19 mais sont destructurés par les mesures

 Les éleveurs ouest-africains ne sont pas malades de la Covid-19 mais sont destructurés par les mesures
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La 37ème réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) s’est ouverte aujourd’hui virtuellement pour deux jours autour du thème « Femmes, conflits et enjeux alimentaires et nutritionnels ».

A ceux qui se disent que le sujet a déjà été évoqué tant de fois, restez avec nous encore quelques instants.

Car la réunion est l’occasion, entre autres, de restituer les enseignements de l’étude du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) au Canada sur les effets de la Covid-19 sur le secteur de l’élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre. On y lit que « la quasi-totalité des éleveurs interrogés connaissent l’existence de la pandémie mais peu d’entre eux ont été directement confrontés à la maladie ». En revanche, « tous ont, d’une façon ou d’une autre, été affectés par les mesures de protection sanitaire prises par les pouvoirs publics » qu’il s’agisse des restrictions aux déplacements des troupeaux, de la fermeture des marchés (animaux sur pied, lait mais aussi petit commerce et autres activités génératrices de revenus). Ceci a impacté leurs revenus. En outre, la fixation des troupeaux sur les terroirs d’attache et la sédentarisation des familles ont perturbé leur vie communautaire, ébranlant les schémas organisationnels des sociétés avec la cohorte de conséquences qu’on connait.

Quid des plans « de riposte » à la Covid-19 ? L’étude souligne qu’ils ont privilégié la fourniture de denrées alimentaires d’origine végétale « au bénéfice de l’ensemble de la population (dont les agropasteurs) » ou qu’ils ont porté sur des mesures d’allègement des charges financières ce qui a faiblement bénéficié aux agropasteurs « du fait de l’inadaptation de ces mesures ». En revanche, « ces plans contiennent peu et dans certains pays pas du tout de mesures spécifiques de soutien au secteur agropastoral (il s’agit principalement dans ce cas de subventions à l’aliment de bétail). »

Comment les pouvoirs publics et bailleurs ont pu passer à côté de ceci ? Car, nous indiquent les chercheurs du CRDI, les organisations d’éleveurs ont été très peu impliquées dans la conception des plans de riposte au niveau national et dans leur mise en œuvre au niveau local.

En conclusion, l’étude permet de rappeler que si la Covid-19 n’est pas -loin de là- le seul facteur de « vulnérabilisation » des agropasteurs, la pandémie est venue « renforcer les effets négatifs d’une situation difficile connue depuis plusieurs années par les agropasteurs et notamment due aux conséquences de l’insécurité et des changements climatiques ».

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