$2 milliards de manque à gagner par an pour l’Afrique du café

 $2 milliards de manque à gagner par an pour l’Afrique du café
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Démarrée lundi, la 57ème assemblée générale annuelle de l’Organisation interafricaine du café (OIAC) s’est achevée hier soir à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Avec pour thème le “développement d’une caféiculture durable pour l’émergence de l’économie africaine”, les 25 pays membres ont planché pour une revitalisation de la filière.
La production africaine de café a stagné depuis plus de 20 ans et la part du continent dans l’offre mondiale est passée de 65% à 11-12% à ce jour“, a rappelé Denis Seudieu, chef économiste à l’Organisation internationale du café à ces assises (lire l’interview de Denis Seudieu sur CommodAfrica). Une production africaine qui se situe actuellement aux alentours de 900 000 tonnes (t) contre 1,3 million de tonnes (Mt) à la fin des années 80. L’Afrique regroupait alors le plus grand nombre de pays producteurs et occupait la deuxième place après l’Amérique latine parmi les grandes régions productrices, selon le président en exercice de l’OIAC, Souleymane Diarrassouba, et ministre du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME de Côte d’Ivoire. ” Cette contre-performance a été induite par le retrait de l’Etat dans l’encadrement technique des producteurs et par la réduction des budgets consacrés à l’activité de recherche“, souligne le président de l’OIAC.
L’Afrique doit relever de nombreux défis tels que le vieillissement des vergers du caféier et des caféiculteurs, l’abandon des politiques d’encadrement des paysans depuis les années 1990, la reconversion de la majorité des caféiculteurs dans d’autres cultures pérennes, le manque de moyens financiers de la recherche mais aussi le manque de vulgarisation et de divulgation des résultats de la recherche alors que des plants à haut rendement existent dans les laboratoires et pépinières : le rendement en Afrique, actuellement de 300 kg/ha en moyenne, est dix fois moins que dans les autres zones de production à traves le monde. Sans oublier l’insuffisance de la transformation et de la consommation sur place, en Afrique.

Un Fonds spécial pour le café à la BAD
Selon l’étude de la Banque africaine de développement “Africa’s Coffee Sector : status, challenges and opportunities for growth” publiée en décembre, le déclin de la filière café en Afrique a représenté un manque à gagner annuel de $ 268 millions pour l’Afrique entre 1990 et 2013; entre 2000 et 2002, ce manque à gagner se chiffre entre $0,93 et $ 0,98 milliard. Il atteint même $ 2 milliards par an si l’on se base sur les prix que le café a atteint sur le marché mondial dans les années 70.
Mais tout n’est pas perdu car les opportunités sur ce marché demeurent importantes et le potentiel caféier africain demeure. Et Souleymane Diarrassouba de souligner: “la consommation mondiale de café va en croissant. Selon les estimations, elle devrait atteindre 10,6 millions de tonnes en 2020 contre une production mondiale d’environ 8,6 millions de tonnes. Ainsi, l’industrie caféière africaine, avec le potentiel qu’on lui connait, pourrait être le vivier pour combler le déficit à venir.
L’OIAC, pour sa part, entend encourager le regroupement des petits producteurs en organisations professionnelles agricoles (OPA) afin de mener à bien des travaux collectifs indispensables à la caféiculture. Mais, en parallèle, il s’agit d’inciter les producteurs à diversifier leur exploitation agricole et développer d’autres sources de revenus et d’emplois durant tout le reste de l’année. Pour mener à bien une politique de développement de la caféiculture de qualité en Afrique, il s’agit de créer un Fonds spécial pour le café à la Banque africaine de développement.

Atteindre 200 000 t d’ici 2020 en Côte d’Ivoire
Quant à la Côte d’Ivoire, sa production a chuté à 50 000 tonnes (t) en 2015/2016 et ce, en raison du changement climatique et de la fuite d’une partie de la production ivoirienne vers les pays voisins.
En 2014, date de la fin des évènements en Côte d’Ivoire et de  la restructuration et relance des filières cacao et café, une feuille de route a été établie avec pour objectif d’atteindre une production de 200 000 t d’ici 2020. Pour ce faire, les autorités ambitionnent de réhabiliter plus de 75 000 hectares (ha) dans les grandes zones de production, de former plus de 100 000 producteurs, d’améliorer la productivité et la qualité du café produit, de créer un Fonds d’investissement agricole et de développer des partenariats public-privé. La transformation locale, source de valeur ajoutée, est aussi à l’ordre du jour avec pour objectifs 50 000 tonnes d’ici 2020 et des revenus des caféiculteurs qui passeraient de FCFA 60 milliards à 180 milliards.

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