Alarmante perte de la biodiversité dans le monde : l’agriculture et la surpêche sur la sellette

 Alarmante perte de la biodiversité dans le monde : l’agriculture et la surpêche sur la sellette
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Le changement d’utilisation des sols causé par l’agriculture et la surpêche est la première cause de la perte de la biodiversité dans le monde. C’est le constat fait par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémique (IPBES) dans le premier rapport scientifique sur l’état de la nature publié depuis 2005, fruit du travail de 450 experts durant trois ans.

Présenté hier à Paris dans sa version synthétique, le rapport est alarmant sur l’état de la biodiversité dans le monde : environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité́. « Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées » indique le rapport. Des pertes qui sont la conséquence directe de l’activité humaine,  75% du milieu terrestre et 66 % du milieu marin étant sévèrement altérés par les activités humaines.

Le rapport récence cinq facteurs directs qui affectent la nature. Le premier d’entre eux sont les changements d’usage des terres et de la mer. Aujourd’hui, plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont destinées à l’agriculture ou à l’élevage. Depuis 1970, la production agricole a progressé de 300%. Mais, en parallèle 23% des terres ont vu une réduction de leur productivité en raison de la dégradation des sols. Une expansion de l’agriculture qui s’est faite au détriment de la forêt tropicale intacte, en particulier en Amérique Latine et en Asie du Sud-Est. Une agriculture aussi génératrice d’environ 25% des émissions de gaz à effet de serre. Si le rapport souligne que les petites exploitations agricoles (inférieures à 2 hectares), qui contribuent à environ 30% de la production agricole et à l’offre alimentaire mondiales sur 35% des superficies agricoles, et bien plus en Afrique, sont garantes d’une biodiversité riche, il pointe aussi que 68 % des capitaux étrangers allant aux secteurs du soja et de viande bovine (principale transformation de l’Amazonie) transitent par des paradis fiscaux et que les pays de l’OCDE apportent leur soutien à hauteur d’environ $100 milliards à un type d’agriculture potentiellement nocif pour l’environnement.

Les autres facteurs contribuant à la perte de la biodiversité sont l’exploitation directe de certains organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes.

Un déclin qui peut être encore arrêté

Si le déclin de la biodiversité a été impressionnant et rapide ces dernières années, rien n’est inéducable et l’IPBES propose un certain nombre de mesures pour enrayer cette perte avec un principe commun avoir une approche intégrée. Pour l’agriculture, le rapport met notamment l’accent sur la promotion de bonnes pratiques agricoles et agroécologiques, la planification paysagère multifonctionnelle et la gestion intégrée intersectorielle. Tout en soulignant que tous les acteurs du système alimentaire – des producteurs aux consommateurs – doivent s’engager.

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