La Chronique Matières premières agricoles au 6 juin 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 6 juin 2019
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Les marchés européens ont été déçus hier que la Banque centrale européenne repousse encore l’horizon d’un premier relèvement des taux directeurs, mais ils ont été soulagés qu’elle ne les abaisse pas. Surtout, l’amélioration de la croissance en zone euro au premier trimestre a été confirmée. Côte Etats-Unis, la Federal Reserve a laissé entendre qu’elle pourrait baisser ses taux, tandis que Donald Trump a déclaré qu’il pourrait ne décider d’un éventuel relèvement des droits de douanes sur $ 300 milliards supplémentaires de produits chinois qu’après le Sommet du G20 fin juin. Face à tout ceci, hier, l’euro a nettement grimpé face au dollar hier, à $ 1,1295, le billet vert tombant à un creux de deux mois face à un panier de devises de référence.

Côté pétrole, les cours ont fait du yoyo hier après être tombés mercredi à leur plus bas depuis janvier sous la pression d’une production américaine qui a atteint un nouveau record.

Les transactions sur les marchés de matières premières agricoles ont été calmes dans de nombreux pays à travers le monde en raison de la célébration de l’Aïd el-Fitr marquant la fin du Ramadan. Autre facteur, la valeur du réal, la monnaie brésilienne, a baissé cette semaine, impactant le cours d e nombreuses matières premières dont le Brésil est un important exportateur, notamment le café, le sucre, etc.

 

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME RIZ SUCRE

CACAO

A Londres, la tonne de cacao a terminé hier soir à £ 1 775 sur l’échéance juillet, partie de £ 1 785 vendredi dernier. A New York, la glissade a été moindre, clôturant à $ 2 397 contre $ 2400 en fin de semaine dernière.

Le Conseil du café cacao (CCC) en Côte d’Ivoire a décidé d’arrêter de vendre du cacao de la campagne principale à venir 2019/20 car il est difficile de mesurer l’impact qu’aura la période de sécheresse qui a été plus longue et plus dure cette année et qui a été suivie par des pluies bien en-deçà des niveaux habituels, a confié deux responsables du Conseil mercredi, sous couvert d’anonymat. Jusqu’à maintenant, 1,3 Mt ont été vendues directement à des exportateurs de rang mondial, le CCC mettant un terme à son système de ventes aux enchères quotidiennes (lire nos informations).

Quant aux arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro chez le n°1 mondial de la fève, ils ont touché le seuil des 2 Mt le 2 juin, et ce depuis le 1er octobre, démarrage de la campagne 2018/19. Ceci est 13,4% de plus qu’à pareille époque la campagne dernière. A noter qu’entre le 27 mai et le 2 juin, les arrivages ont été identiques à ceux sur la même semaine l’année dernière, à 31 000 t. Depuis le début de la campagne intermédiaire, soit entre le 1er avril et le 2 juin, les arrivages ont été de 347 000 t contre 270 000 t.

Au Ghana, les arrivages de fèves gradées et scellées, donc prêtes à l’export, totalisent 743 935 tonnes (t) entre le 1er octobre et le 16 mais contre 738 735 t sur la même période la campagne dernière, a indiqué hier le Cocobod. Rappelons que la production est attendue en baisse cette campagne, à 850 000 t contre 900 000 t l’année dernière, en raison d’une météorologie défavorable et de la maladie du ‘swollen shoot’

CAFÉ

Sur la période sous revue, le Robusta a dégringolé à $ 1 429 hier soir à la clôture à Londres par rapport aux $ 1 478 vendredi dernier sur l’échéance juillet. L’Arabica, quant à lui, termine en dessous du dollar, à 99,20 cents la livre (lb) alors qu’il était à $ 1,046 à la clôture vendredi dernier et avait encore grimpé à $ 1,0615 lundi, à son plus haut en quatre mois.

Dommage ! Car le Robusta avait fait un bon mois de mai et l’Arabica un excellent ! Le premier avait gagné 6,5% après trois mois consécutifs de déclin et l’Arabica + 13,9% sa hausse mensuelle la plus forte depuis deux ans. Cela faisait du bien après la chute vertigineuse en avril, l’Arabica tombant alors à son plus bas en 13 ans et demi, à 86,35 cents la livre. En mai, l’Arabica a été soutenu par une monnaie brésilienne, le réal, plus forte, ce qui incite les Brésiliens à ne pas exporter leur café car il est moins compétitif, ce qui réduit l’offre globale moyenne et soutient les prix.

Alors, pourquoi ce renversement cette semaine ci, première semaine de juin ? Sans doute un facteur de correction technique des marchés. Mais aussi,  parce que les fondements de la hausse étaient fragiles : les conditions météorologiques -un facteur hautement spéculatif- se sont améliorées et le real, dont la valeur avait fortement grimpé, a baissé cette semaine. Evoquant ce dernier revirement monétaire, un trader a confié à Reuters: “Tout le monde est un peu choqué par ce changement agressif. Peut-être allons-nous flotter pendant un certain temps, mais certains suggèrent que les fonds ont couvert leurs positions courtes et pourraient revenir à la vente sur le marché.” Ce qui pèsera sur le réal et incitera la filière à vendre à l’export son café.

D’autre part, le gouvernement brésilien a publié lundi ses statistiques d’exportation. On constate que les exportations de café, Robusta et Arabica confondus, ont totalisé 3 157 270 sacs de 60 kilos, en hausse sur avril (2 684 380 sacs) et surtout rien de comparable avec les 1 413 317 sacs en mai 2018.

Sur les marchés d’Asie cette semaine, les producteurs au Vietnam se sont vus offrir 33 000 dongs ($ 1,41) hier pour leur kilo de café, en baisse de 3% par rapport à ce qui leur était proposé mercredi, mais en hausse par rapport à la semaine dernière lorsque la fourchette était de 32 000 à 32 700 dongs.

La baisse des prix liée à l’évolution du marché mondial est considérée comme une correction technique nécessaire. Mais je ne crois pas que les prix peuvent baisser davantage car les disponibilités nationales sont faibles“, explique un trader dans la province de Dak Lak. Il estime que les producteurs ont vendu plus de 80% de leur récolte 2018/19, la campagne 2019/20 ne démarrant pas avant octobre. “Il est difficile de prévoir la production pour la prochaine campagne, mais les conditions météorologiques sont bonnes pour les caféiers sur lesquels il y a, actuellement, beaucoup de jeunes grains“, estime un autre trader interrogé par Reuters.

Un café Robusta vietnamien qui, cette semaine encore, est vendu à prime sur Londres, une prime de l’ordre de $ 100 la tonne contre $ 80 à $ 120. Quant à l’Indonésie, il n’ y a quasiment pas eu d’activités cette semaine en raison des fêtes pour l’Aïd el-Fitr.

En Ethiopie, le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que le leader africain du café devrait exporter un record de 4 millions de sacs (Ms) en 2019/20, soit 0,5% de plus que ce qui est attendu sur l’actuelle campagne 2018/19. La production accuserait une hausse plus importante, de l’ordre de 1,4% à 7,35 Ms. La consommation nationale, traditionnellement très élevée dans ce pays, berceau du café, devrait encore grimper de 2,4% en 2019/20 par rapport à la campagne actuelle.

Une filière café dans laquelle le gouvernement met de l’ordre avec la mise à l’écart de certains opérateurs ayant fait défaut et une réglementation plus sévère. La bonne performance déjà cette année est due à de meilleures rendements grâce aux bonnes pluies et moins de maladies. Ceci dit, l’USDA note que les rendements de 0,82 t/ha sont en-deçà de l’objectif gouvernemental des 1,1 t/ha.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc a décollé cette semaine sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) en dépassant jeudi la barre symbolique des 200 yens le kilo. Jeudi, les cours ont gagné 7 yens en une séance pour clôturer à 202 yens ($1,87) le kilo contre 194,2 yens vendredi dernier. Les fonds étrangers ont en effet accéléré leurs achats, aidés par un rallye des contrats à terme sur le marché de Shanghai ainsi que des prix physiques soutenus en Thaïlande. Le prix de la feuille de caoutchouc fumé de référence de la Thaïlande (RSS3) a atteint son plus haut niveau en 21 mois à $1,90 le kilo franco à bord. L’offre est aujourd’hui restreinte chez le premier producteur et exportateur mondial avec le temps sec alors que la demande est constante. Durant la période sèche – mars à mai environ – les hévéaculteurs sont encouragés à cesser le saignement des arbres qui ont perdu leurs feuilles. En outre, les politiques gouvernementales encouragent l’utilisation nationale de caoutchouc ce qui limite les exportations sur le marché mondial. De plus, La Thaïlande a bien commencé – à partir du 20 mai – à limiter ses exportations de caoutchouc dans le cadre de l’accord signé en mars au sein du Conseil tripartite international du caoutchouc (ITRC) (voir notre Chronique du 8 mars 2019). La mesure sera poursuivie jusqu’au 19 septembre.

La Côte d’Ivoire a exporté 252 706 tonnes de caoutchouc naturel du 1erjanvier au 30 avril 2019, soit 10% de plus que sur la même période en 2018.

Au Liberia, le gouvernement soutient la Rubber Planters Association of Liberia (RPAL) avec un financement de €1,5 million (voir nos informations).

Côté entreprise, le groupe allemand Continental a dévoilé le 31 mai son premier pneu vélo fabriqué à partir du caoutchouc à base de pissenlits (taraxagum). C’est le prolongement de la présentation des premiers pneus fabriqués à l’aide du mélange de gomme appelé TaraxagumTM. Au début de l’année, Continental a ouvert un laboratoire, Taraxagum Lab Anklam d’une superficie de 30 000 m2 pour un investissement de €35 millions, destiné à la recherche sur l’agriculture et le processus d’extraction du pissenlit russe comme matière premier alternative au caoutchouc naturel issu de l’hévéa.

COTON

Les cours du coton sont globalement inchangés cette semaine clôturant jeudi à 68,59 cents la livre avec toujours en toile de fonds la guerre commerciale américano-chinoise et son lot d’incertitudes qui pèse sur le marché.

Dans une note, la Société Générale estime “Nous prévoyons que les prix du coton resteront dans la fourchette des prix à 65-70 cents la livre au cours des six prochains mois, conformément à la courbe à terme. Bien que les conditions météorologiques américaines restent un facteur déterminant des prix du coton, nous prévoyons que le marché restera bien approvisionné”.

De son côté, le Comité consultatif international du coton (ICAC) estime que « les prix ont souffert de l’escalade des tarifs, tombant au plus bas de la campagne le 14 mai à 76 cents la livre pour l’Indice A. Bien que la consommation mondiale devrait augmenter de 1% en 2019/20, la production devrait grimper de 7%, ce qui entraînera une augmentation des stocks mondiaux exerçant une nouvelle pression à la baisse sur les prix ».

Au niveau des semis, le rapport d’étape de l’USDA publié mardi indique que les cultures de coton aux Etats-Unis ont été ensemencées à 71% au cours de la semaine précédant le 2 juin, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne quadriennale de 72% et nettement au-dessus des 57% de la semaine se terminant le 26 mai. En Inde, les conditions météorologiques sèches dues aux retards des pluies de mousson ont touché les États du Maharashtra Gujarat, du Tamil Nadu, du Karnataka, de l’Andhra Pradesh, de Telangana et du Madhya Pradesh.

En Côte d’Ivoire, Olhéol Industries à Bouaké, entreprise spécialisée dans la trituration des graines de coton, est à l’arrêt et occupée illégalement. Une des raisons principales est le manque d’approvisionnement en matières premières – les graines de coton – et son corolaire le non respect des engagements du gouvernement ivoirien, selon son président Alexandre Keita (voir La graine de coton, cause de tous les maux d’Olhéol Industries en Côte d’Ivoire ?).

En Inde, l’USDA estime que la production cotonnière sera de 29,3 millions de balles de 480 livres (37,5 millions de balles de 170 kilogrammes / 6,4 Mt) en 2019/20 avec une hausse des superficies à 12,45 millions d’hectares. Elle serait en hausse de 10,5% par rapport à celle de 2018/19 (26,5 millions de balles). Les exportations de coton en 2018/19 reculent de 8% à 4 millions de balles, mais devraient rebondir à 5,2 millions de balles en 2019/20.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme étaient sur une tendance baissière vendredi après la fermeture de la Bursa Malaysia Derivatives Exchange de mardi après-midi à jeudi pour la célébration de la fête de l’Aïd el Fitr tandis que le Dalian Commodity Exchange était fermé vendredi pour le festival des bateaux-dragons. Vendredi à midi les cours se situaient à 2050 ringgits, soit en dessous du niveau de vendredi dernier (2069 ringgits). Sur le mois de mai, les cours de l’huile de palme ont enregistré une perte de 1,2,%, la quatrième perte mensuelle.

Même si les stocks finaux en mai vont être plus bas (qu’en avril), le marché envisage une croissance en baisse de la demande » estime un trader basé à Kula Lumpur.

Les exportations d’huile de palme de Malaisie ont progressé de 6,5 %à 10,2% sur une base mensuelle en mai, selon les données de la SGS, ITS et Services et AmSpec Agri Malaysia. Un sondage réalisé par Reuters montre que les stocks finaux de la Malaisie en mai devraient chuter de 9,7% à 2,46 millions de tonnes.

Le représentant de la délégation de l’Union européenne en Indonésie, Charles-Michel Geurts, a estimé que l’Indonésie et l’Union européenne devaient poursuivre leur coopération sur l’huile de palme durable afin d’atténuer les tensions entre Jakarta et Bruxelles. “L’Indonésie veut produire de l’huile de palme durable et dispose de toute une série de mesures à cet effet, tandis que l’UE veut consommer de l’huile de palme durable. Nos chemins vont donc obligatoirement se croiser entre une production durable d’huile de palme et une consommation durable d’huile de palme” a-t-il déclaré ajoutant ” Pour le moment, nous comprenons parfaitement les inquiétudes et même l’indignation de nos amis indonésiens, car lorsque vous parlez de l’huile de palme, vous parlez de 17 millions de personnes qui dépendent directement ou indirectement de l’huile de palme, produit de base sortir de la pauvreté “. Toutefois, “en tant que l’UE, nous ne voulons pas promouvoir la déforestation et la dégradation des tourbières en subventionnant et en soutenant fortement les biocarburants, comme nous l’avons fait par le passé en créant cet énorme marché” précisant que d’après les données de 2015, 45% de l’expansion de l’huile de palme a été réalisé sur l’étendue de forêts primaires et de tourbières.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde et en Thaïlande se sont raffermis cette semaine, alors que les gains en monnaies locales ont incité les négociants à augmenter leurs prix, tandis que le Bangladesh aura probablement du mal à concurrencer les principaux exportateurs malgré la baisse des prix intérieurs.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont situés entre $366-$369 la tonne contre $364-$367 la semaine dernière. “Ces dernières semaines, la demande est faible. Les acheteurs sont réticents à acheter au niveau de prix actuel”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

La roupie indienne a atteint mercredi le niveau le plus élevé depuis plus de sept semaines, réduisant les marges des exportateurs provenant des ventes à l’étranger.

L’arrivée tardive des pluies de mousson en Inde pourrait également retarder la plantation de riz semé en été, ont indiqué des négociants.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement progressé à $393-$402 la tonne contre $385- $402 la semaine dernière. “Le baht est plus fort et c’est le seul facteur qui influence le prix à l’heure actuelle“, a déclaré un négociant basé à Bangkok. La demande pour la variété thaïlandaise est toutefois restée stable depuis le début de l’année, les négociants ne s’attendant à aucun changement majeur à court et à moyen terme. “Dans le passé, la demande avait tendance à s’accroître vers la fin du mois sacré du ramadan pour les musulmans, mais cette année, il n’y a eu aucun signe de cela“, a déclaré un autre négociant basé à Bangkok.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% se situaient entre $350 et $360 la tonne contre $350 la semaine dernière. “Les prix de la récolte hiver-printemps ont légèrement augmenté en raison de la faiblesse de l’offre, tandis que les prix de la récolte été-automne sont restés stables par rapport à la semaine dernière“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

Le Bangladesh, qui a levé la semaine dernière son interdiction frappant les exportations de riz, aura du mal à exporter le riz car il est peu compétitif par rapport aux autres origines – notamment l’Inde et la Thaïlande – dans un contexte où la demande est faible, selon les négociants. Le Bangladesh ambitionne d’exporter jusqu’à 1,5 million de tonnes afin de soutenir les agriculteurs face à la chute des prix intérieurs.

SUCRE

Le sucre roux continue à cheminer à la hausse, clôturant hier soir à 12,34 cents la livre (lb) contre 12,10 cents vendredi dernier ; il a gagné 0,9% sur le mois de mai, après deux mois consécutifs de déclin. Le sucre blanc suit le même chemin, terminant à $ 338,6à la tonne hier à Londres contre $ 330,60 en fin de semaine dernière. Il a enregistré une belle performance sur mai , avec +6,5% d’enregistré par rapport au mois d’avril.

Ces tous prochains jours, beaucoup dépendra des éléments macro, surtout le real. En plus, il reste encore beaucoup d e ventes de sucre de Thaïlande à faire. Ceci peut mettre une chape sur les prix pour l’instant“, explique à Reuters un trader.

Selon les statistiques publiées par le gouvernement brésilien lundi, les exportations de sucre roux ont totalisé 1 550 359 t en mai, en hausse face aux 1 076 843 t d’avril, mais en baisse par rapport aux 1 813 633 t en mai 2018.

En Inde, l’arrivée de la mousson est attendue pour ce week-end, venant de la côte sud.

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