07 août 2008 - 00:00 |

Chronique : le Rendez-vous Matières du Jeudi

L’Afrique approvisionne de plus en plus la Malaisie en fèves de cacao

(07/08/08)

Depuis un mois, le prix des matières premières baissent, de façon très volatile, mais la tendance est bien là : le baril de pétrole qui, en général donne le « La » à l’ensemble des marchés, a perdu 20% depuis le 11 juillet. Ceci, tout en se maintenant à des niveaux très élevés historiquement parlant. Toutefois, cette glissade a incité certains investisseurs à sortir des marchés des matières premières. Des perspectives de moindre demande pour les softs, un billet vert qui se raffermit ce qui renchérit le prix des produits cotés en dollar. A Chicago, les graines de soja ont perdu 17% en juillet, le maïs 7% et le blé 2%. Sur ce même mois, l’indice Reuters-Jefferies CRB a fait sa plus importante chute en 28 ans. Mais rappelons que ce même indice avait réalisé en juin sa plus forte hausse sur 3 mois en 35 ans ! Une très forte volatilité est bien ce qui caractérise les marchés.

CACAO. Après avoir baissé pendant plusieurs jours, le cacao a terminé hier en hausse à New York, suite au rapport de l’analyste Hans Killian qui révise à la baisse les estimations de la récolte intermédiaire en Côte d’Ivoire, et attise les craintes sur la prochaine campagne principale, à la suite des fortes pluies qui se sont abattues sur le pays.
En Côte d’Ivoire, les arrivages entre le 1er octobre 2007 et le 3 août totalisent 1 287 000 t contre 1 169 622 t à pareille époque l’année dernière. Selon les exportateurs, 5 000 t auraient été livrées aux ports entre le 28 juillet et le 3 août contre 4 071 t sur la même semaine l’année dernière.
Etant donné la perte de vitesse de l’Indonésie en matière de cacao, liée à un verger vieillissant et donc plus sensible aux maladies et aux ravageurs, mais aussi à des récentes pluies persistantes, la Malaisie se tourne de plus en plus vers l’Afrique et vers la Papouasie Nouvelle Guinée pour son approvisionnement. Rappelons que l’Indonésie continue à fournir 70% des fèves de cacao importées par la Malaisie, mais ceci est en chute libre par rapport aux 90% il y a quelques années. Or, la Malaisie compte 10 unités de broyage avec une capacité installée de 360 000 t : les broyages devraient augmenter de 1,2% cette année pour atteindre 305 000 t, selon le directeur général du Cocoa Board de Malaisie, Azhar Ismail.
A noter que l’Indonésie va investir $ 175 millions pour revitaliser ses plantations cacaoyères et combattre les maladies et parasites.

CAFE. Sans grande surprise, l’activité est calme sur le marché du café physique en cette période estivale. Pourtant, les mouvements de prix sont assez violents, avec des gains suivis de pertes pouvant brutalement aller jusqu’à $ 100. Des opérations liées quasi exclusivement à aux fonds spéculatifs.
Au niveau des Arabica, on manque de produit lavé. « La soudure est difficile », souligne un trader. Une situation qui n’affecte, toutefois, guère l’Europe car les stocks d’Arabica y sont importants, en tous les cas plus élevés qu’aux Etats-Unis. Quant aux prix, ils ont un peu bougé. Ils sont élevés mais rappelons que le marché du café a connu des plus hauts encore !
Côté Robusta, certains manquent comme des Vietnam Grade 1 ou encore des Afrique de l’Ouest.

CAOUTCHOUC. Le caoutchouc termine la période sous revue en hausse après être tombé à son plus bas en deux mois en début de semaine, sur le marché de Tokyo. Pourquoi cette reprise malgré la baisse du prix du baril qui influe sur le grand concurrent du caoutchouc naturel, le synthétique? Car cela a été la tendance sur l’ensemble des marchés de matières premières hier, mais aussi parce que, bien que les prix du caoutchouc naturel soient à leurs plus hauts niveaux en un demi siècle, les producteurs asiatiques, qui « font » le marché, ont décidé de raison garder. Ils n’augmenteront pas leurs superficies consacrées à l’hévéa et ce malgré les prix très incitatifs, car ils se souviennent encore très bien qu’il y a une dizaine d’années, la très bonne tenue des cours les avaient incité à planter, provoquant une surabondance d’offre et donc une chute durable des cours.
Autre facteur haussier, malgré les craintes suscitées par la lenteur de la croissance économique, la Chine n’aurait pas beaucoup de stocks de latex et devrait donc acheter, même si cela se fait par petite quantité, rapporte un trader.

COTON. Les contrats à terme de la Bourse de New York pour le coton ont fini en hausse mercredi, près de 69 cents et ne devraient pas connaître de forte variation en attendant le rapport de l’USDA sur l’offre et la demande mensuel à paraître la semaine prochaine. Il devrait aussi livrer les premières données sur les perspectives de la production 2008/2009 (août/juillet).
Le coton ne s’est pas encore entièrement remis de l’effondrement de la semaine dernière provoqué par la chute du maïs, de la graine de soja et du pétrole selon un trader.

SUCRE. Comme sur les autres marchés de matières premières, ceux des sucres blanc et roux ont enregistré une grande volatilité entre le 30 juillet et aujourd’hui 7 août. La baisse des cours du pétrole en début de période a laissé, dans un premier temps, le sucre assez désorienté. Puis est arrivé le rapport de FO Licht et ses estimations de stocks mondiaux qui pourraient augmenter cette année à 20 Mt. S’en sont suivis des jours de fluctuations importantes. Mais, globalement, le sucre s’est mieux tenu que d’autres matières premières ces derniers jours.
En Afrique, la production mozambicaine de sucre devrait atteindre 295 000 t cette année, soit une hausse de 21%. Les investissements réalisés portent leurs fruits et les conditions météorologiques ont été favorables. Sur ces 295 000 t, 165 000 t sont destinées au marché local, le reste étant exporté.
Côté entreprise, le sud-africain Tongaat-Hulett a annoncé lundi une hausse de 44% de ses bénéfices au premier semestre mais il a avertit que ses résultats annuels seraient en baisse. A noter que sur ses bénéfices de 443 millions de rands ($ 61,02 millions), 141 millions sont venus de ses opérations au Mozambique, en Swaziland et au Zimbabwe, ce qui est en hausse.

THE. Les prix aux ventes aux enchères à Mombassa (qui vend aussi des thés venant du Burundi et de RD Congo) ont grimpé cette semaine sur des volumes plus faibles et la crainte des opérateurs sur le redressement de la production. Rappelons que la production kényane a chuté de 21% au premier semestre, à 157 000 t contre 198 000 t, suite aux gelées et à un manque de pluies. « A moins qu’il ne pleuve en novembre ces prix devraient être soutenus jusqu’à l’année prochaine », selon un exportateur interrogé par Reuters.

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