La Chronique Matières premières agricoles au 6 décembre 2018

 La Chronique Matières premières agricoles au 6 décembre 2018
Partager vers

Les marchés sont sur le qui-vive avec la chute des cours du pétrole suite à une absence de décision de réduire les quotas à la fin d’une première journée de réunion (apparemment la Russie ne voudrait réduire que de 150 000 bj au maximum s aproduction sur le premier trimestre 2019), mais aussi après l’arrestation au Canada d’une dirigeante de l’équipementier de télécoms chinois Huawei pour avoir violé les sanctions contre l’Iran instaurées par Washington. Ceci pourrait faire remonter d’un cran les tensions entre Washington et Pékin. D’autre part, il semblerait que la Réserve fédérale américaine envisage d’adopter une attitude pragmatique après la hausse attendue des taux le 19 décembre, la poursuite du resserrement de la politique monétaire pouvant plutôt dépendre de l’évolution de la conjoncture. Un sentiment qui pèse sur le dollar.

 

CACAOCAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

 

CACAO

La tonne de cacao à Londres a chuté, terminant hier soir à £ 1 579 contre £ 1 620 vendredi dernier ; elle avait déjà perdu 5,2% au cours du mois de novembre. Sur la place boursière new-yorkaise, les fèves ont clôturé à $ 2 128 la tonne, partie de $ 2,203 en fin de semaine dernière et alors qu’elles avaient baissé de 2,2% en novembre.

En Côte d’Ivoire, un harmattan sec se lève mais, pour l’instant, le taux d’humidité demeure bon. Rappelons que la saison sèche chez le n°1 mondial de la fève, va de novembre à février.

Côté portuaire, les arrivages ont atteint 689 000 t du 1er octobre, démarrage de la campagne 2018/19, au 2 décembre, en hausse de 35% par rapport aux 510 000 t arrivées sur la même période la campagne dernière. Sur le mois d’octobre, soit au démarrage de l’actuelle campagne, les arrivages ont totalisé 325 247 t, en hausse de 48% par rapport à octobre 2017.

CAFÉ

Le Robusta a terminé hier soir à Londres à $ 1 563 la tonne, parti de $ 1 599 vendredi dernier. Sur novembre, il avait déjà perdu 4,5%. Quant à l’Arabica, il a clôturé à New York à $ 1,0595 la livre (b) contre $ 1,0755 il y a une semaine ; en novembre, il a perdu 7,8%.

Un marché qui demeure focalisé sur des prévisions de récolte 2019 au Brésil que le plus grand transformateur brésilien, 3coraçoes estime à 55 millions de sacs de 60 kg (Ms), dont 35 Ms d’Arabica par rapport aux 44 Ms en 2018, et 20 Ms de Robusta contre 16 Ms. Ceci dit, étant donné la baisse des cours, on ne sait pas comment les producteurs vont réagir.

Quant à la Colombie, sa production d’Arabica lavé est estimée demeurer aux alentours des 14 Ms en 2019, selon la Fédération des planteurs, contre 213,8 à 13,9 Ms en 2018. Elle pourrait atteindre 17 Ms d’ici 2024, soit 20% de plus qu’actuellement, si le pays poursuit son programme de rénovation du verger, a souligné le ministre de l’Agriculture hier. Ce programme implique de rénover 100 000 ha par an contre 80 000 ha cette année.

Sur les marchés asiatiques du Robusta cette semaine, on a proposé aux producteurs 34 200 à 34 300 dongs ($ 1,47) le kilo contre 35200 dongs la semaine dernière. Depuis novembre 2017, les prix ne sont jamais parvenus à franchir la barre des 40 000 dongs. A l’export, les traders ont offert le Grade 2 5% grains noirs et brisures avec une décote sur Londres de $ 40 à $ 65 la tonne sur l’échéance mars, contre $ 50 à $ 70 la semaine dernière. Deux spécialistes, Phang Hiung Anh de Daklak et Simexo ont révisé leurs estimations de production sur 2018/19, à 1,75 Mt conte 1,85 Mt avancé précédemment. Cependant, le Département américain de l’Agriculture (USDA) a, quant à lui, révisé à la hausse de 2% ses pronostics de production, à 30,4 Ms. Les exportations sur 2018/19 ont aussi été revues à la hausse, à 25,5 Ms sur 2018/19 contre 25,2 Ms précédemment, car les conditions météorologiques ont été favorables.

Quant à l’Indonésie, où la récolte a pris fin en septembre, la prime sur Londres pour un Grade 4, 80 défauts, été de $ 20 à $ 30 cette semaine, soit un niveau équivalent à la semaine dernière. A noter que les exportations de Sumatra ont chuté de 43% en novembre par rapport à l’année dernière, à 7 582 t , de sources gouvernementales.

En Côte d’Ivoire, les exportations de café Robusta totaliseraient 56 723 t sur les 10 premiers mois de l’année, en hausse de 53,3% sur la même période l’année dernière, selon les donnée provisoires portuaires.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc cette semaine a été assez volatil à la suite de l’annonce de la trêve entre les Etats-Unis et la Chine. Mais les craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale ne se sont pas pour autant dissipées tandis que les fondamentaux du marché –

demande atome et stocks dans les usines de pneumatiques élevés -demeurent faibles. Sur la semaine sous revue, les cours ont perdu plus de 15 yens par kilo pour clôturer jeudi à 144,9 yens le kilo à Tokyo. Vendredi dernier, les cours avaient atteint leur plus haut niveau en près de trois semaines à 161 yens le kilo enregistrant leur premier gain hebdomadaire depuis huit semaines.

Les principaux producteurs de caoutchouc, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie, se réuniront le 16 décembre pour discuter des moyens de soutenir les prix , y compris une éventuelle réduction des exportations, a annoncé mercredi Iman Pambagyo, directeur général des négociations commerciales internationales au ministère du Commerce de l’Indonésie. Les représentants des trois pays qui composent le Conseil international tripartite du caoutchouc (ITRC) se réuniront à Putrajaya, en Malaisie. Le Vietnam a été invité à se joindre aux discussions compte tenu de la croissance de son offre sur le marché mondial du caoutchouc. Outre la réduction des exportations, l’ITRC envisagera aussi d’utiliser davantage de caoutchouc dans les routes et les projets de construction de grande hauteur afin d’absorber l’offre excédentaire a précisé Iman Pambagyo.

En Côte d’Ivoire, les exportations de caoutchouc se sont élevées 579 221 tonnes su les dix premiers mois de l’année, en hausse de 6,3% par rapport à la même période en 2017 (cf. nos informations).  

COTON

Le marché du coton a aussi été caractérisé par une certaine volatilité consécutive à la suspension durant trois mois des hostilités commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Le marché a alors poussé un soupir de soulagement au début de la semaine, les cours rebondissant pour dépasser la barre symbolique des 80 cents la livre. Mais, il a été incapable de poursuivre sur sa lancée. Jeudi les cours ont perdu 3% dans le sillage des cours du pétrole et des bourses, pour clôturer à 79,08 cents la livre soit quasiment au même niveau que vendredi dernier (78,91 cents). Le marché du coton est incertain et les acteurs sont plutôt inquiets (voir nos différents articles sur la conférence de l’ICAC à Abidjan).

La trêve entre les deux pays est fragile. Mais d’ores et déjà, le département américain de l’Agriculture (USDA) a déclaré que les exportations de coton des États-Unis vers la Chine avaient chuté de près de 50% au cours des deux premiers mois de la campagne de commercialisation 2018/19, “entravées” par la guerre commerciale entre les deux pays. Les exportations de coton américain en Chine ont atteint à 29 330 tonnes en août et septembre 2018.

Dans ce même rapport, l’USDA a révisé à la hausse son estimation des importations de coton de la Chine à 1,5 million de tonnes, soit de 25% de plus que dans sa précédente estimation. Pour répondre à cette demande, les importateurs chinois devraient obtenir plus de coton du Brésil et de l’Australie et tirer davantage parti des stocks abondants. D’ici la fin de la campagne de commercialisation 2018/20, les stocks de la Chine devraient tomber à 6,7 millions de tonnes  (Mt), contre 10 Mt au début de 2017/18, indique le rapport.

Les exportations du Brésil, dont la production devrait augmenter significativement en 2018/19, vers la Chine et d’autres pays asiatiques où les Chinois détiennent des usines textiles devraient augmenter en partie en raison des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, indique  l’USDA, qui estime qu’elles s’élèveront à 6 millions de balles, contre 4,2 millions de balles en 2017/18. En outre, ajoute l’USDA, un autre facteur serait ” l’amélioration continue du classement et de la qualité des produits brésiliens“. De son côté, le président de l’Association nationale des exportateurs de coton (Anec)  s’attend à ce que le Brésil exporte 1,7 Mt de fibres en 2019 après avoir exporté 1,25 Mt en 2018, soit une hausse de 35%. Quant à la production, elle devrait atteindre 2,5 Mt en 2018/2019, contre 2,1 Mt en 2017/2018.

En Inde, la production de coton pourrait chuter de 12% et atteindre son plus bas niveau depuis neuf ans à 32,5 millions de balles en 2018/2019 en raison de précipitations limitées dans les deux principaux Etats producteurs, le Gujarat et le Maharashtra, qui ont réduit les rendements, a déclaré à Reuters Chirag Patel, directeur général de Jaydeep Cotton Fibers Pvt Ltd. L’Inde a produit 37 millions de balles en 2017/18.

La baisse potentielle de la production entrainerait une diminution des exportations de l’Inde et permettrait à ses concurrents, comme les États-Unis, le Brésil ou l’Australie, d’augmenter leurs exportations notamment vers l’Asie, la Chine et le Pakistan. Cela pourrait également soutenir les prix mondiaux, qui ont chuté de 16% depuis leur sommet de quatre ans en juin.

Au Bangladesh, la production de coton est estimée à 7,8 millions de balles en 2018/19, soit 8% de moins que l’estimation précédente et 5% du niveau de production de l’année précédente, essentiellement en raison de la réduction des superficies. L’insuffisance des approvisionnements intérieurs sera comblée par les importations, estimées à 3 millions de balles, selon l’USDA.

Au Bangladesh, l’USDA estime que les importations s’élèveront à 8 millions de balles en 2018/19, contre 7,588 millions de balles en 2017/18.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme sont restés globalement inchangés cette semaine, avec une certaine volatilité, clôturant jeudi à 2005 ringgits ($481,74) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, toujours à un plus bas de trois ans. Les prix du soja et du pétrole ont été les variables d’ajustement tandis que la perspective d’une hausse des stocks en Malaisie et de la modification des règles indonésiennes en matière de prélèvement à l’exportation pèsent sur le marché.

Un sondage effectué mercredi par Reuters a montré que les stocks d’huile de palme de la Malaisie à la fin novembre devraient atteindre la barre des 3 millions de tonnes (Mt), leur plus haut niveau en près de 18 ans, la chute des exportations ayant dépassé la production réduite. La production de novembre devrait baisser de 2,1% à 1,92 Mt, tandis que les exportations devraient chuter de 10,6% à 1,41 Mt.

L’Indonésie a assoupli les règles sur les prélèvements sur l’huile de palme et les produits dérivés a annoncé mercredi le ministère des Finances. Il ne percevra pas de taxes des exportateurs lorsque les prix sont inférieurs à $570 la tonne, mais facturera entre $10 et $25 la tonne lorsque les prix se situeront dans une fourchette de $570 à $619 la tonne. La taxe atteindra $20 à $50 lorsque les prix dépasseront $619 la tonne. Avec une suppression de la taxe, l’huile de palme indonésienne est plus compétitive ce qui pourrait freiner la demande pour l’huile de palme de Malaisie et encore accroître les stocks pléthoriques.

L’Union européenne encourage vivement l’Indonésie à revoir sa norme de certification pour l’huile de palme durable (ISPO), la rendre plus responsable et transparente, afin qu’elle soit reconnue par les consommateurs en particulier européens, selon une déclaration d’ambassadeur de l’UE en Indonésie, Vincent Guerend. L’UE est aussi le deuxième importateur de l’huile de palme indonésienne après l’Inde. Après avoir atteint un record en 2017, les importations d’huile de palme en provenance de l’Indonésie vers l’UE sont tombées à deux millions de tonnes au cours des sept premiers mois de 2018. En moyenne sur les cinq dernières années, les importations ont été relativement stables, avec une moyenne de 3,6 Mt pour une valeur de $2,3 milliards par an. La part de marché de l’Indonésie dans l’UE reste la plus importante, avec 49%.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz ont chuté pour la deuxième semaine consécutive en Inde, en raison de l’affaiblissement de la roupie et de la faiblesse de la demande, tandis que des inspections strictes effectuées par les principaux consommateurs chinois ont réduit les exportations vietnamiennes.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se situait entre $364-$368 la tonne, contre entre $366 et $370 la semaine dernière avec l’affaiblissement de la roupie et une demande toujours faible.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont tombés à $400 la tonne contre $408 la semaine, alors que les exportations vers la Chine ont chuté à la suite d’inspections plus strictes et de conditions plus strictes pour le riz vietnamien. “Les exportations vers la Chine sont presque gelées, personne n’ose acheter ou vendre. Certaines personnes qui avaient leur riz prêt au port doivent maintenant le reprendre car elles craignent que la partie chinoise ne les prenne pas“, a déclaré un négociant à Ho Chi Minh Ville. Toutefois, la chute des prix a été limitée en raison de la contraction de l’offre à la fin d’une petite campagne agricole au Vietnam et des commandes en provenance de Philippines.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se situaient à $390-$393 contre $380-$397 la semaine dernière. Une fluctuation des prix imputable à la fluctuation du taux de change. Le marché est calme.

Au Bangladesh, les importations de riz de juillet à novembre se sont élevées à 106 640 tonnes, d’après les données du ministère de l’Alimentation, après que le gouvernement ait imposé une taxe de 28% sur les expéditions afin de soutenir ses agriculteurs.

L’Union européenne (UE) n’est pas parvenue à un consensus sur la décision d’imposer des droits de douane sur le riz en provenance du Cambodge et du Myanmar suite à la demande de l’Italie et de l’Espagne visant à protéger leurs producteurs de riz contre une situation qu’ils qualifient de ”déséquilibre commercial”. Huit pays ont voté contre l’imposition d’une taxe sur le riz parfumé au jasmin et le riz blanc, sept pays ont choisi de s’abstenir. En mars, la Commission européenne a ouvert une enquête afin de déterminer si les importations de riz Indica semi-blanchi et blanchi en provenance du Cambodge et du Myanmar «posaient de graves problèmes aux producteurs de produits similaires ou concurrents de l’Union européenne». Puis, le 5 novembre, la direction générale du Commerce de l’UE a publié ses conclusions, confirmant une forte augmentation des importations de riz en provenance du Cambodge et du Myanmar qui, selon elle, causent un préjudice économique au secteur du riz en Europe.

SUCRE

Le sucre roux a baissé sur la période sous revue, clôturant hier soir à 12,64 cents la livre (lb), parti de 12,84 cents vendredi dernier. En novembre, il a perdu 2,7%. Il en est de même du sucre blanc, côté à Londres : parti de $ 348,20 en fin de semaine dernière, la tonne a clôturé hier à $ 341,69. Il a glissé de 2,1% le mois dernier.

Un marché perturbé hier par la chute des cours du pétrole, de quelque 4%, en l’absence d’annonce par l’Opep de coupe dans sa production à l’issue d’une première journée de réunion. La récente baisse des prix du brut rend moins attractif l’éthanol, chacun s’interrogeant sur le retour des raffineries à une plus grande production de sucre.

Se projetant sur 2019, JSG Commodities estime que les prix du sucre pourraient osciller entre 11 et 16 cents, une fourchette extrêmement large.

 

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *