La Chronique Matières premières agricoles au 8 mars 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 8 mars 2019
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L’atmosphère sur les marchés européens était plombée hier sous l’effet conjugué des annonces faites par la Banque centrale européenne (BCE) de reporter de six mois à 2020 au plus tôt une éventuelle remontée des taux d’intérêt et d’abaisser sa prévision de taux de croissance de la zone euro à 1,1% cette année contre 1,7% estimé antérieurement, mais aussi d’une médiocre statistique commerciale chinoise. Des  événements qui augurent mal du contexte économique mondial. L’euro a touché hier 1,1176 dollar, son plus bas niveau depuis juin 2017. Il perdait, à hier soir,1,5% depuis le début de la semaine.

 

CACAO

La fève est en baisse cette semaine, la tonne terminant hier soir à Londres à £ 1 651 contre  £ 1690 vendredi dernier. A New York, le scénario est le même, ayant clôturé à $ 2 182 contre $ 2 257 la tonne.

La mauvaise conjoncture économique européenne, avec une révision à la baisse des prévisions de croissance et un report par la Banque centrale européenne (BCE) de sa hausse des taux, fait craindre un affaiblissement de la demande mondiale du premier consommateur mondial de chocolat. Pourtant, selon une étude de l’américain Beroe, le marché mondial du cacao pourrait atteindre une valeur de $ 10 milliards d’ici 2026, et enregistrerait une croissance annuelle en valeur de 3,4%. A la clef, une demande croissante de beurre de cacao alors que les conditions climatiques pourraient impacter la production en Afrique de l’Ouest. En terme de volumes, la demande augmenterait de 30% d’ici 2020, selon l’analyste, la production de chocolat étant le driver majeur. La demande en liqueur de cacao pourrait être particulièrement forte, de l’ordre de 4,5% par an jusqu’en 2020.

Toujours au rayon des projections, Lindt & Spruengli  estime que le marché mondial sera globalement à l’équilibre cette campagne, avec un léger excédent de 130 000 t. Quant à celui du chocolat, il progresserait de 2% cette année.

En Côte d’Ivoire, des planteurs s’inquiètent des températures élevées et du temps très sec, ce qui pourrait impacter la récolte intermédiaire. Ceci dit, le leader mondial a de l’avance en terme de volumes. Ainsi, du 1er octobre au 3 mars, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens ont totalisé 1,547 millions de tonnes (Mt), en hausse de 10% sur la même période la campagne dernière.

Côté entreprise, le britannique Tresco a annoncé que le cacao qu’il sourcerait pour la fabrication des chocolats de Pâques de sa propre marque serait 100% durable, certifié Rainforest Alliance.  L’alliance est donc scellée alors qu’une récente enquête au Royaume Uni souligne que 80% des clients de supermarchés aimeraient voir ces derniers offrir plus de produits sourcés de façon responsable et durable. Rappelons qu’en novembre 2018, Tesco et le WWF avaient établi un partenariat à long terme afin de réduire de 50% l’impact du panier du consommateur britannique sur l’environnement.

Pour sa part, la division Europe de l’américain Cargill envisage d’acquérir le belge Smet.

Enfin, toujours dans l’actualité des entreprises, le spécialiste Redavia a été choisi par Barry Callebaut pour créer un parc solaire au sein de son usine de Tema, au Ghana (lire nos informations Redavia équipera en solaire les usines de Barry Callebaut au Ghana).

CAFE

A l’instar du cacao, le café Robusta s’est aussi inscrit à la baisse cette semaine, terminant hier soir sur le marché à terme de Londres à $ 1 505 la tonne contre $ 1 537 vendredi dernier. L’Arabica a fait de même, dégringolant hier à New York à 96,85 cents la livre (lb) contre 99,15 cents en fin de semaine dernière.

Pourtant, au Vietnam, premier producteur mondial de Robusta, les arbres ont soif. Le pays est en pleine saison sèche et la menace d’une sécheresse pointe dans la ceinture caféière des Central Highlands. Cependant, le Département américain de l’Agriculture (USDA) a révisé à la hausse ses prévisions de production vietnamienne de café  sur cette campagne 2018/19, à 30,4 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre 29,9 Ms estimés précédemment. Un sondage de Reuters réalisé cette semaine conforte cette tendance : la production serait de 30 millions de sacs de 60 kg (Ms) sur cette campagne 2018/19, soit supérieure aux 28,5 Ms de la campagne dernière

Les producteurs vietnamiens ont vendu leur café cette semaine à 33700-34000 dongs le kilo ($ 1,45-1,47) contre 34000-34300 la semaine dernière et les traders ont proposé le café à l’export avec une décote plus élevée, de l’ordre de $ 50 à $ 60 la tonne de Grade 2,5% brisures et grains noirs, sur l’échéance mai, contre $ 20 de décote la semaine dernière.

En Indonésie, l’activité reprend doucement, avec une mini récolte dans le sud de Sumatra. Certains planteurs dans le West Lampung ont commencé à récolter mais en faibles quantités Les acheteurs demeurent purement locaux. Ceci dit, la prime pour le Robusta indonésien est au rendez-vous, aux mêmes niveaux que la semaine dernière, à $ 70-80 sur l’échéance mai à Londres. Certains traders auraient même obtenu une surcote de $ 169 à $ 170. Notons que les marchés en Indonésie étaient fermés hier.

CAOUTCHOUC

Mauvaise semaine pour le caoutchouc naturel. Parti vendredi dernier d’un niveau de prix le plus élevé depuis janvier 2018, à 204 yens le kilo, il a clôturé aujourd’hui en dessous de la barre des 200 yens, à 197 le kilo. Sur la semaine, il a perdu 3,4% de sa valeur, sa chute la plus forte depuis septembre 2018. Un marché plombé par des cours du pétrole plus faible, ce qui accroît la compétitivité de son grand concurrent, le caoutchouc synthétique.

Pourtant, les pays producteurs mettent en pratique leur volonté de réduire l’offre afin de faire remonter les cours. Le Conseil international tripartite  (ITRC), qui comprend la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie (70% de la production mondiale), a décidé de réduire de 240 000 t ses exportations pendant 4 mois à compter du 1er avril. Rappelons que c’est la sixième fois que le Conseil impose des restrictions de volumes à l’export depuis que les cours internationaux sont tombés à leur plus bas en deux ans en novembre dernier. L’Indonésie, pour sa part, a annoncé que sa baisse serait de 98 000 t.

COTON

Parti de 73,85 cents la livre (lb) vendredi dernier, sur le marché à terme de New York, le coton a clôturé hier soir en baisse sur la semaine à 73,11 cents. En cause, des chiffres hebdomadaires décevants à l’export des Etats-Unis essentiellement en raison du dollar plus fort.

Côté Asie, les traders indiens auraient signé des contrats avec la Chine pour lui livrer 800 000 balles de coton en mars et avril, à environ 81 cents la livre (lb) base C&F, ont -ils indiqué à Reuters en marge de la conférence Cotton India qui s’est tenue cette semaine à Mumbai. Rappelons que depuis la campagne 2018/19, qui a démarré le 1er octobre, l’Inde a déjà vendu 600 000 balles à son voisin, New Delhi profitant de la guerre commerciale sino-américaine. L’industrie chinoise est friande du coton indien car moins cher de quelque 10% par rapport à l’approvisionnement local. La Chine s’est également portée à l’achat ces derniers jours de fibre blanche brésilienne.

Notons que malgré cette bonne demande de la Chine, les exportations indiennes pourraient chuter de 27,5% cette campagne, à 5 millions de balles, le niveau le plus bas en une décennie, en raison d’une baisse de sa production.

En Chine, on estime que les stocks de fin de campagne 2018/19 seraient de 6,58 Mt contre 7,43 Mt fin 2017/18. Rappelons que mi-février, le ministère de l’Agriculture avait estimé la production nationale à 6,04 Mt, en hausse par rapport à ses précédentes prévisions de l ‘ordre de 5,94 Mt. Ses importations étaient estimées à 1,6 Mt, toujours en 2018/19, contre le chiffre de 1,5 Mt avancé auparavant.

Selon l’Association du coton du Bangladesh, les importations en 2019 pourraient baisser de 15% par rapport aux 7,2 millions de balles en 2018. L’association souligne que, malgré cette situation, les achats de coton indien pourraient aussi baisser en raison de la faible qualité de la fibre.

HUILE DE PALME

Partie de $ 537,57 la tonne vendredi dernier, l’huile de palme sur le marché de Kuala Lumpur a clôturé aujourd’hui en chute libre à $ 519,93. Les faibles perspectives de demande mondiale l’ont fait glisser durant trois sessions consécutives cette semaine. Pire encore, cette baisse de 2,9% sur l’ensemble de cette semaine, s’ajoute à sa mauvaise performance déjà la semaine dernière.

Sur l’ensemble du mois de février, les prix ont perdu 8%, le marché s’inquiétant de la demande en berne. “Fondamentalement, le marché est baissier. Nous ne voyons pas d’où la demande pourrait venir“, souligne à Reuters un trader à Kuala Lumpur.

Il faudra attendre lundi pour avoir les statistiques officielles du Malaisian Palm Oil Board, mais selon un sondage réalisé par Reuters, les stocks à fin février glisseraient de 1,7% à 2,95 Mt par rapport à janvier, tandis que sa production aurait décliné de 8% à 1,6 Mt. Toutefois, les exportations auraient chuté de 14%, à 1,44 Mt.

Mais l’analyste Fry demeure optimiste. Selon lui, les prix devraient augmenter en 2019 sur fond de production en baisse et de stocks se contractant car la demande en biocarburants est forte et devrait le demeurer. Rappelons qu’en 2018, les stocks d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie, soit 80% de l’offre mondiale en huile de palme, avaient atteint respectivement 3 Mt, leur plus haut en 18 ans, et 4,4 Mt. Selon Fry, la production mondiale augmenterait de seulement 2,8 Mt cette année contre + 5 Mt en 2018, à 70,9 Mt. Les stocks sont estimés baisser de 1 à 1,5 Mt. Or, en Indonésie, la demande progresserait de 1,5 Mt.

RIZ

Cette semaine, les prix du riz ont augmenté tant en Inde qu’au Vietnam, face à une bonne reprise de  la demande. Pour la première fois en quatre semaines, le 5% brisures d’Inde a grimpé à $ 383-386 contre $ 378-383 la semaine dernière. A ceci s’est gréffée une roupie ferme, au plus haut depuis le début de l’année. Le Vietnam aussi a vu son 5% brisure se vendre à $ 355 la tonne contre $ 345 dernièrement, face à une bonne demande. En outre, le gouvernement a annoncé vouloir acheter du riz pour le stocker.

En février, les cours mondiaux du riz ont glissé de 2%, influencés, une nouvelle fois, par la forte baisse des prix vietnamiens (- 6%), tandis que sur les autres marchés d’exportation, les cours n’ont reculé que de 1% environ, souligne Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel sur le riz paru aujourd’hui. Sur janvier et février, les prix vietnamiens ont perdu 15% et se retrouvent les plus bas du marché.  La demande d’importation asiatique et africaine progresse lentement, en particulier celle de la Chine et de l’Afrique de l’Ouest, précise le spécialiste, chercheur au Cirad. La tendance baissière des prix mondiaux devrait se poursuivre au moins jusqu’à la mi-2019 en raison d’une forte concurrence entre exportateurs asiatiques et du ralentissement de la demande d’importation mondiale. En 2019, le commerce mondial du riz pourrait reculer de 2,1%, à 47,1 Mt contre 48,1 Mt en 2018. 

En Afrique subsaharienne, les prix internes sont stables ; les nouvelles récoltes arrivent sur le marché, poursuit le chercheur dans son analyse de marché. La demande d’importation devrait commencer à se réactiver, en particulier en Afrique de l’Ouest où l’on prévoit un accroissement sensible des importations en 2019. Quant à l’Egypte, il a signé des nouveaux contrats d’importation, notamment 68 000 t de riz chinois et 35 000 t de riz indien. Le Vietnam cherche aussi à se placer sur ce marché. Au total, les importations égyptiennes en 2019 pourraient s’élever à 400 000 t, souligne Patricio Mendez del Villar.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir sur le marché de New York en baisse par rapport à vendredi dernier, à 12,14 cents la livre (lb) contre 12,75 cents. Le blanc a suivi la même tendance, clôturant à $ 337,20 la tonne  Londres contre $ 346,10 vendredi dernier.

Un marché qui répond davantage à des facteurs technique que de réelles nouvelles de l’offre et de la demande. En Inde, le gouvernement a alloué $ 471 millions d’incitations aux raffineries pour développer la production d’éthanol étant donné que son prix est actuellement à son niveau le plus élevé depuis mars dernier. Ce qui devrait aider les raffineries indiennes qui connaissent toujours de graves difficultés financières suite à la faiblesse des cours du sucre depuis des années maintenant.

Côté Brésil, la faiblesse du real a pesé sur le prix mondial du sucre cette semaine car les exportateurs brésiliens ont profité de leur compétitivité monétaire. Toutefois, selon un sondage de Reuters, la monnaie du géant latino-américain devrait s’apprécier au fil des prochains mois, ce qui pourrait décourager les raffineries du pays.

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