La Chronique Matières Premières Agricoles au 7 juin 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 7 juin 2018
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L’euro se raffermit face au dollar, la monnaie unique continuant ainsi de profiter des anticipations de resserrement progressif de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) au lendemain des déclarations de son économiste en chef, Peter Praet, et du président de la Bundesbank, Jens Weidmann, suggérant que l’institution pourrait arrêter d’ici la fin de l’année ses achats de titres sur les marchés. La faiblesse du billet vert contribue à la hausse des cours des matières premières, également nourrie par des craintes de tension sur l’offre: sur le marché pétrolier, le Brent et le brut léger américain (WTI) gagnent plus de 1,75% face aux craintes d’une chute des exportations du Venezuela, et sur celui des métaux de base, le cuivre a touché un plus haut de quatre ans et demi alors que la première mine du monde, celle d’Escondida au Chili, est menacée d’une grève.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTON – HUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Une fève en chute libre ! Sur le marché à terme de Londres, la tonne de cacao a perdu £ 60 la tonne depuis vendredi dernier, clôturant hier soir à £ 1 679. Même scénario à New York où la baisse a été de $ 130, partie de $ 2 458 à la clôture vendredi dernier pour terminer hier soir à $ 2 328.

On s’inquiète du temps sec en Côte d’Ivoire qui pourrait impacter le reste de la récolte intermédiaire. Si cela devait se refléter dans les volumes exportés, ce serait un facteur de soutien des prix. Ceci dit, certains traders interrogés par Reuters, estiment que certes, le temps est sec, mais rien encore de grave.

Chez le n°1 mondial, les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro totaliseraient 1,713 million au 3 juin et ce, depuis le 1er octobre, en baisse de 2,2% par rapport à la même période la campagne dernière (1,753 Mt), estiment les exportateurs.

En Indonésie, la province de Lampung à Sumatra a exporté 609 t de cacao en mai alors qu’il n’avait rien fait en mai 2017. En revanche, par rapport à avril 2018, les volumes ont chuté de 20%. Rappelons que si Lampung est un petit producteur en volume, ses fèves sont de belle qualité. Durant l’année calendaire 2017, Lampung avait exporté 2 559 t.

Quant au Brésil, les entrepôts ont réceptionné 50% de moins de cacao entre le 1er mai et le 27 mai par rapport au même mois 2017, des livraisons qui proviennent tant des zones de production nationales que des importations.

CAFÉ

Avec la fin de la grève des camionneurs au Brésil, l’attention du marché s’est refocalisée sur l’abondance des volumes de café. Conséquence, l’Arabica a clôturé à $ 1,157 la livre (lb) à New York hier soir contre $ 1,2275 vendredi dernier. Le marché spot est bien parti pour accuser sa plus forte chute hebdomadaire depuis le début de l’année, perdant 5% de sa valeur entre lundi et hier soir.

La baisse de la monnaie brésilienne, le real, face au dollar a fait pression sur les prix, la compétitivité accrue de l’Arabica brésilien incitant les acteurs de la filière à vendre, mais de façon limitée. En effet, il n’y a plus beaucoup d’Arabica dans les entrepôts au Brésil et donc plus grand-chose à vendre.

Toujours en Amérique, au Guatemala, l’association du café Anacafé a estimé mercredi que l’irruption du volcan cette semaine pourrait avoir un impact de 0,9% sur la production.

Cette semaine, les marchés en Asie se sont inscrits à la hausse. La prime pour le café d’Indonésie, le Grade 4 80 défauts, a grimpé à $ 50 la tonne par rapport à la cotation de Londres, contre $ 40 la semaine dernière. Au Vietnam, le prix au planteur a été plus élevé, à $ 1,60-1,62 le kilo, les producteurs étant hésitants à vendre car leurs stocks seraient faibles. A l’export, la décote par rapport à Londres a glissé à $ 60-70 pour le Grade 2 5% brisures et grains noirs contre $ 80 la semaine dernière.

Au Vietnam, le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que la production sera de 29,3 millions de sacs de 60 kilos (Ms) sur la campagne 2017/18, soit 600 000 sacs de moins que les estimations précédentes. En effet, des pluies tardives ont impacté certaines récoltes. Sur 2018/19, l’USDA estime la production à 29,9 Ms, en hausse de 2% grâce à des conditions météorologiques qui ont été favorables lors de la floraison. Aussi, les exportations sur 2017/18 demeureraient stables à 25 Ms et en légère hausse sur 2018/19, à 25,2 M.

Le Robusta, quant à lui, a également terminé hier soir en baisse sur le marché de Londres, à $ 1 733 la tonne contre $ 1 750 en fin de semaine dernière.

Côté entreprises, l’arrivée de Starbucks en Italie fait du remous: le géant américain devrait ouvrir en septembre son premier coffee shop à Milan. Pour faire face à son concurrent géant, Ilycaffe va lancer cet été son café froid, très tendance parmi les jeunes. L’Italie est le quatrième marché au monde en terme de tasses consommées par an. De nombreux torréfacteurs italiens de taille moyenne, dont Illycaffe, vendent leur café principalement au travers de cafés indépendants et de supermarchés.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a alterné hausse et baisse sous la période sous revue pour terminer sensiblement au même niveau  à 189,7 yens ($1,73) à la clôture de jeudi sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et 11 685 yuans ($1 828) la tonne à Shanghai.

Mardi les cours ont chuté à un plus bas de cinq semaines suite au lancement par l’administration américaine d’une enquête de sécurité nationale sur les importations de véhicules, y compris les camions et pièces détachées, qui pourrait conduire à l’imposition de droits de douanes comme ceux imposés sur l’acier et l’aluminium en mars. Une mesure qui pourrait particulièrement toucher les constructeurs automobiles asiatiques, notamment Toyota, Honda, Nissan et Hyundai.

En outre, depuis la défaite électorale de la coalition qui avait dirigé pendant six décennies la Malaisie, le ringgit s’est affaibli. « Les investisseurs craignent que la Malaisie ne vende du caoutchouc avec la chute récente de la monnaie locale, ce qui rend plus difficile l’accord avec les autres pays producteurs de caoutchouc sur les mesures visant à soutenir les prix », estime Toshitaka Tazawa, analyste chez Fujitomi Co.

COTON

Après un début de semaine baissier consécutif à une amélioration des conditions météorologiques au Texas, qui représente environ 25% de la production américaine de coton, et à la baisse des contrats à terme sur le ZCE en Chine, ils ont ensuite rebondi grâce aux achats de fonds et dans l’attente d’une augmentation des importations de la Chine. Sur la période sous revue, les cours du coton finissent sensiblement au même niveau que la semaine dernière clôturant jeudi à $92,79 cents la livre pour le contrat de décembre.

La Chine devrait augmenter ses importations de coton en accordant des quotas d’importation supplémentaires a indiqué lundi l’Association cotonnière chinoise (cf. nos informations). Lors d’une conférence sur les machines textiles, le vice-directeur de la China Cotton Textile Association a indiqué qu’un quota de 1 million de tonnes sera bientôt publié. De son côté, Tim Bourgois, à la tête de la plate-forme coton de Louis Dreyfus, estime que les importations chinoises se situeront entre 10 et 15 millions de balles (2 à 3 Mt) en 2019/20 et à 5 millions de balles en 2017/18. Il a également anticipé une hausse de 1,5 million de balle de l’utilisation domestique du coton en Chine à 41,5 millions de balles en 2018/19.

Toujours en Chine, depuis lundi dernier, seules les entreprises textiles peuvent acheter le coton lors des enchères de la réserve d’Etat. Cette semaine, contrairement aux précédentes, tout le coton offert n’a pas été cédé lors des ventes aux enchères.

Le Comité consultatif international du coton (CCIC) a abaissé vendredi ses prévisions de stocks mondiaux de coton pour la campagne 2017/18 à 18,3 millions de tonnes (Mt). Une baisse consécutive à la Chine, qui voit ses stocks ramenés à 8 Mt, tandis que dans le reste du monde, les stocks progressent à 10,3 Mt. Une nouvelle diminution des stocks mondiaux est attendue pour 2018/19 à 17, 37 Mt. Le CCIC estime que la production de coton pour l’Afrique de l’Ouest sera de 1,2 Mt en 2017/18, en progression de 13% par rapport à la précédente campagne, avec des exportations à 1,04 Mt.

Le Kenya a annoncé un plan de relance de la culture du coton, avec l’appui des OGM, actuellement testés sur neuf sites. Charles Waturu, directeur de Horticulture Research Institute at the Kenya Agricultural and Livestock Research Organization (KALRO) a déclaré samedi « Nous avons l’intention de relancer la production de coton en utilisant des hybrides, ce qui permettra de multiplier par trois le rendement ». Le gouvernement prévoit également d’inciter les investisseurs à construire des usines d’égrenage modernes et des usines de textile dans le cadre de la campagne de relance. « Nous avons l’intention d’augmenter les revenus de l’industrie textile de $35 millions à $20 milliards », a-t-il ajouté. En outre, 50 000 jeunes et femmes seront formés et 5 000 m2 de hangars industriels seront établis dans les régions cotonnières pour stimuler la production.

Aujourd’hui, seulement 30 000 agriculteurs sont impliqués dans la culture du coton avec une production 4 000 tonnes pour une demande du marché de 25 000 tonnes a indiqué Dickson Kibata, conseiller technique sur les cultures de fibres de l’Autorité agricole et alimentaire (AFA).

Au Bénin, avec le doublement en deux ans de la production de coton, qui a atteint un record de près de 600 000 tonnes en 2017/18, une nouvelle unité d’égrenage devrait être mis en place (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Nouvelle glissade des cours de l’huile de palme, qui ont prolongé leurs pertes pour une quatrième séance consécutive jeudi, atteignant leur plus bas niveau en un mois à 2 388 ringgits ($600,75) la tonne, contre 2 433 ringgit à la clôture vendredi dernier. La faiblesse de la demande pèse sur le marché, affaiblit également par les baisses du soja à Chicago.

En effet, les exportations d’huile de palme de la Malaisie ont chuté en mai de 8,8% AmSpec Agri Malaysia et de 9,9% selon SGS par rapport au mois d’avril. Les taxes élevées d’importation ainsi que l’affaiblissement de la roupie en Inde ont affecté la demande du premier importateur mondial d’huile de palme. La reprise des droits d’exportation sur l’huile de palme brute en Malaisie en mai a aussi altéré la demande.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme devraient tomber à leur niveau le plus bas de huit mois en mai, plombés par une baisse de la production, selon un sondage réalisé par Reuters. Ils chuteraient de 3,8% à 2,09 Mt, enregistrant en mai leur cinquième mois consécutifs de baisse. Cela pourrait soutenir les cours de l’huile de palme. La production est estimée à 1,49 Mt en mai, en baisse de 4,4% en raison d’un nombre plus élevé de jours fériés et du Ramadan.

Montée en puissance de la production d’huile de palme en Colombie, qui pourrait produire jusqu’à 2,5 Mt par an au cours des cinq prochaines années, soit une augmentation de 56% par rapport à 2017, a annoncé la semaine dernière le président de la Fedepalma, Jens Mesa. La Colombie deviendrait alors le troisième producteur mondial d’huile de palme, derrière l’Indonésie et la Malaisie, dépassant la Thaïlande (2,28 Mt). En 2017, la production d’huile de palme en Colombie a augmenté de 42 % à 1,6 Mt.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde ont chuté cette semaine à leur plus bas niveau cette année tandis qu’ils atteignaient leur plus haut niveau depuis 2012 au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont fortement chuté perdant $6 à $393-$397 la tonne, soit son plus bas niveau de l’année. Une baisse provoquée par la décision du Bangladesh d’imposer une taxe de 28% sur les importations de riz pour soutenir ses agriculteurs après la relance de la production locale, selon une déclaration du ministre des Finances Abul Maal Abdul Muhith. Cette augmentation des droits devrait faire perdre de la compétitivité au riz indien, estiment les exportateurs indiens, rendant les exportations presque impossibles. En 2017, l’Inde était le plus gros fournisseur de riz au Bangladesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont atteint leur plus haut niveau depuis janvier 2012, à $465-$475 la tonne contre $455-$460 la semaine précédente, en dépit d’une mini-récolte en cours. « Les prix sont trop élevés pour que les transactions soient conclues alors que les approvisionnements restent serrés, bien que la récolte du printemps et de l’été ait commencé », a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville. La production de la récolte en cours est faible tandis que la qualité du riz n’est pas très élevée, selon les commerçants et les agriculteurs du sud du Vietnam.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% a été ramené à $430-$432 la tonne contre $430-$446 la semaine dernière. La demande est stable. Le négoce estime qu’il faudra probablement attendre la fin du Ramadan pour voir émerger une nouvelle demande en provenance d’Afrique.

Le ministère thaïlandais du Commerce a déclaré cette semaine que le pays avait exporté 4,98 millions de tonnes de riz depuis le début de l’année jusqu’au 1er juin.

En Egypte, le Premier ministre Sherif Ismail a annoncé que son pays allait commencer à importer du riz pour augmenter ses stocks et réguler le marché suite à sa décision de réduire sa propre production de riz, traditionnellement excédentaire. L’Egypte a, en effet, réduit cette année la culture du riz, une culture gourmande en eau, pour conserver les ressources vitales du Nil alors que l’Éthiopie se prépare à remplir le réservoir d’ un colossal barrage de $4 milliards qu’elle construit en amont. Selon les négociants, l’Egypte pourrait importer jusqu’à 1 million de tonnes l’année prochaine.

En Côte d’Ivoire, le gouvernement a annoncé que la Côte d’Ivoire avait produit 1,350 million de tonnes (Mt) de riz blanchi, soit 79% de la consommation nationale, estimée à 1,7 Mt (cf. nos informations).

SUCRE

Le sucre roux a terminé la période en baisse, clôturant hier soir à 11,73 cents la livre (lb) après avoir touché 11,70 en cours de séance ; il était à 12,52 cents vendredi dernier. Il aura perdu 6% de sa valeur depuis lundi matin. En cause ? La fin de la grève des camionneurs au Brésil (lire nos précédentes chroniques). En outre la chute du real face au dollar à son plus bas en deux ans et ce, malgré l’intervention de la Banque centrale, a incité les acteurs sur le marché à vendre, suscitant à son tour des ordres automatiques de vente. La spirale… Troisième facteur tirant vers le bas les cours, la perspective d’une baisse des prix de l’éthanol, toujours au Brésil, ce qui mécaniquement incite a privilégier la production de sucre.

Le sucre blanc a emboîté le pas du roux, perdant 3,4%, à $ 335,60 la tonne contre $ 360 en fin de semaine dernière.

Ceci dit, on pourrait être proche du fond du trou en terme de prix et plusieurs traders, interrogés par Reuters, voient des signes de retournement prochain du marché. Un sentiment corroboré par l’Organisation internationale du sucre (OIS) qui, dans son rapport mensuel publié mercredi, souligne l’inquiétude face au temps très sec dans la zone de production brésilienne du centre-sud, ainsi que la forte réduction des positions courtes nettes des spéculateurs sur le marché du sucre.

A noter que l’Inde a annoncé mercredi la création d’un stock de 3 millions de tonnes (Mt) de sucre pour tenter de résorber l’excédent d’approvisionnement, le gouvernement prenant en charge son coût, et l’octroi de prêts concessionnels aux raffineurs pour les inciter à accroître leur production d’éthanol. L’enveloppe globale est de $ 661,4 millions. En outre, un prix plancher sortie usine de 29 roupies le kilo de sucre raffiné a été fixé afin que le prix au détail ne chute davantage.

Rappelons que la production surabondante (36,4 Mt) de l’Inde, n°2 mondial sur le marché du sucre après le Brésil, provoque une chute de prix sur son marché intérieur, rendant exsangue la situation financière des raffineurs qui ne parviennent plus à payer des planteurs ; la dette à leur égard serait de 220 milliards de roupies et pourrait atteindre 250 milliards. En effet, aux 36,4 Mt de l’actuelle campagne se greffe le stock de report de la précédente de 4,9 Mt. Rappelons que la consommation intérieure indienne est de 25 Mt. Les prix intérieurs sont au plus bas en 28 mois.

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