Caoutchouc : Michelin sur la sellette, via son partenaire indonésien, sur la déforestation

 Caoutchouc : Michelin sur la sellette, via son partenaire indonésien, sur la déforestation
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Le fabricant français de pneumatique Michelin s’est rendu complice en la dissimulant d’une déforestation à l’échelle industrielle de plus de 2 500 hectares de forêt tropicale en Indonésie, affirme Mighty Earth dans un rapport publié le 6 octobre « Complice. Une enquête sur la déforestation liée au projet royal Lestari Utama de Michelin à Sumatra en Indonésie ». 

La mise en cause de Michelin se fait donc via son partenaire indonésien Barito Pacific Group avec qui il a créé en mai 2015 une joint-venture Royal Lestari Utama (RLU) pour produire du caoutchouc naturel éco-responsable et engager la reforestation de trois concessions sur une superficie totale de 88 000 hectares ravagés par une déforestation incontrôlée (Lire : Michelin se lance dans la reforestation et les cultures vivrières). Dans la foulée, le leader mondial du pneumatique s’engage en juin 2016 dans une politique d’approvisionnement zéro déforestation basée sur l’approche High Carbon Stock où les forêts secondaires et les tourbières sont respectées. Rappelons que Michelin achète pas moins de 900 000 tonnes de caoutchouc naturel par an.

« Nous pouvons prouver que des milliers d’hectares de forêt tropicale très riches en biodiversité, ont été défrichés industriellement dans la province de Jambi avant l’accord du projet RLU conclu à la fin de l’année 2014. Michelin était au courant de cette terrible destruction et n’en a pas fait assez pour l’arrêter. L’entreprise a plutôt choisi de fournir une couverture verte au projet afin d’attirer les investisseurs en obligations vertes qui ont depuis injecté des millions de dollars dans ce programme», indique Mighty Earth.

Si effectivement la destruction des forêts a bien eu lieu avant la création de RLU, elle est l’œuvre des filiales du partenaire de Michelin dans la joint venture. Or, l’organisation souligne que le projet RLU a bénéficié d’un financement de $95 millions d’obligations vertes et du soutien de plusieurs organisations internationales, banques et institutions financières comme Tropical Landscapes Finance Facility (TLFF), BNP Paribas, Sail Ventures, ADM Capital/ADM Capital Foundation, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le Centre mondial de l’agroforesterie (ICRAF), l’Initiative internationale pour le climat et les forêts de la Norvège (NICFI), le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), USAID, Partnership for Forests financé par le gouvernement britannique, Green Fund, Unilever, Vigeo Eiris et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

En conclusion, Alex Wijeratna, directeur de campagne à Mighty Earth et auteur du rapport, estime « Vous ne pourrez cesser la déforestation et l’accaparement des terres si vous ne savez pas qui en est responsable. Ce manque de transparence est un problème qui ne touche pas seulement Michelin, mais affecte l’ensemble du secteur du caoutchouc. Michelin ne veut même pas divulguer le nom des entreprises auprès desquelles elle s’approvisionne en caoutchouc. Si Michelin veut être à la hauteur de ses ambitions en matière de lutte contre la déforestation et de respect des droits humains, la société doit faire toute la lumière sur ce qui s’est passé à Jambi et mettre à profit sa position de leader du secteur pour devenir promotrice d’une plus grande transparence dans toute la chaîne d’approvisionnement du caoutchouc. »

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