L’étau se resserre autour de l’huile de palme

 L’étau se resserre autour de l’huile de palme
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Après avoir été durant plusieurs années accusée de déforestation à grande échelle et de destruction de l’habitat, l’industrie de l’huile de palme fait face aujourd’hui à des allégations croissantes de violations des droits de l’homme et du travail.

La décision l’année dernière par les Etats-Unis d’interdire les importations d’huile de palme des deux premiers producteurs mondiaux d’huile de palme, les malaisiens FGV (en octobre) et Sime Darby Plantation (Lire : Le géant de huile de palme Sime Darby interdit aux Etats-Unis et Les Etats-Unis en guerre commerciale tous azimuts), en raison du recours au travail forcé, est un coup dur pour l’huile de palme malaisienne et sa réputation sur la durabilité, Sime Darby Plantation étant le chef de file dans la production d’huile de palme certifiée durable. La Malaisie compte sur plus de 330 000  travailleurs migrants en provenance de pays comme l’Indonésie, l’Inde et le Bangladesh pour récolter les fruits du palmier.

Aujourd’hui les acheteurs évitent les deux entreprises. «Nous avons demandé à tous nos fournisseurs dans le monde de retirer Sime Darby et FGV de notre chaîne d’approvisionnement; et nous avons émis des ‘ordres de non achat ‘ sur les deux fournisseurs», a déclaré General Mills dans un communiqué envoyé à Reuters. Plusieurs acheteurs auraient aussi demandé aux fournisseurs de réduire ou d’exclure les produits FGV et Sime Darby pour les fournitures entrant non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe, en Australie et au Japon. Le chocolatier Hershey a affirmé que ses fournisseurs nord-américains avaient retiré tous les volumes de Sime Darby conformément à la demande américaine. Certains acheteurs, dont Nestlé, Unilever et Hershey, avaient suspendu FGV depuis 2018 après que la Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) ait identifié des pratiques de travail «d’exploitation» dans l’entreprise.

Néanmoins, toutes les sociétés ne se sont pas empressées de suspendre leur approvisionnement  auprès de Sime Darby Plantations. Ainsi certains acheteurs, comme  Kraft Heinz, Nestlé et Unilever,  ont déclaré qu’ils étaient en pourparlers avec Sime Darby au sujet de l’allégation américaine. « Nous sommes en contact permanent avec Sime Darby en ce qui concerne les griefs relatifs aux droits de l’homme qui lui ont été reprochés, et des mesures supplémentaires que Kraft Heinz prendra pour garantir qu’il n’y a pas de violations des droits de l’homme dans notre chaîne d’approvisionnement, y compris la possibilité de mettre fin à la relation commerciale» a notamment déclaré Kraf.

Les Etats-Unis ne se situent qu’au septième rang des importateurs mondiaux d’huile de palme avec 1,5 million de tonnes (Mt) en 2019/20 tandis que l’Inde, la Chine ou l’Union européenne importe chacune 4,5 fois plus (environ 7 000 Mt  chacune par an). L’US Customs and Borders Protection (CBP) a mentionné que les Etats-Unis avaient importé pour environ 410 millions de dollars d’huile de palme brute de Malaisie au cours de l’année jusqu’en septembre 2020, représentant un peu plus de 30% du total des achats d’huile de palme aux Etats-Unis. Le marché mondial de l’huile de palme est estime à $65 milliards.

L’union fait la force

Réalisant près de 85% de la production de l’huile de palme mondiale, l’Indonésie et la Malaisie se sont rapprochées pour lutter ensemble contre la discrimination faite à l’huile de palme. Vendredi dernier après leur rencontre, le Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin et  le président indonésien Joko Widodo ont convenu de combattre ensemble la campagne négative contre l’huile de palme et coopérer pour faire progresser le développement durable. «Nous sommes préoccupés par la campagne actuelle contre l’huile de palme, en particulier en Europe, en Australie et en Océanie», a déclaré Muhyiddin Yassin.  Ajoutant “Cette campagne est sans fondement et ne reflète pas la durabilité de l’industrie mondiale de l’huile de palme et elle va à l’encontre des engagements de l’UE et de l’OMC concernant les pratiques de libre-échange.

Avec l’Union européenne, la bataille se joue au niveau de l’impact de l’huile de palme sur la déforestation, l’UE classant l’huile de palme dans les biocarburants non durables, ce qui conduira à une réduction progressive de l’utilisation d’huile de palme dans les biocarburants européens à partir de 2023 pour atteindre zéro en 2030. Après l’Indonésie, la Malaisie a demandé officiellement à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) l’ouverture de consultations avec l’UE dans le cadre du mécanisme de règlement des différends (Lire : Huile de palme : la Malaisie engage une action en justice à l’OMC contre l’UE).

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