La campagne intermédiaire cacao démarre au Ghana alors que pleuvent les critiques de la Banque mondiale

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Le Cocobod démarre aujourd'hui ses achats de cacao de la campagne intermédiaire. L'autorité ghanéenne a décidé de ne pas modifier son prix d'achat garanti au planteur qui est de 7 600 cedis (€ 1 546) ou encore FCFA 1 014 318 la tonne (t). Rappelons que la Côte d'Ivoire, pour sa campagne intermédiaire qui a démarré le 1er avril, a abaissé à FCFA 700 le kilo son prix au planteur ; il était de FCFA 1 100 durant la campagne principale qui démarre le 1er octobre.

Le Cocobod a prévu d'acheter 70 000 t durant cette campagne intermédiaire qui s'achève, comme toujours, le 30 septembre. Un cacao qui est vendu avec une décote aux broyeurs locaux.

Notons que mardi, le directeur exécutif du Cocobod, Joseph Boahen Aidoo, a souligné que le Ghana pourrait ne pas verser cette année les bonus annuels aux fermiers  étant donné la chute des cours internationaux ces derniers mois qui a représenté un manque à gagner de $ 1 milliard pour le Cocobod (lire nos informations).

Une critique en règle du Cocobod

Une filière ghanéenne  considérée par la Banque mondiale comme étant mal gérée et corrompue, ce qui porte atteinte à la production et aux planteurs, estime la Banque dans un rapport provisoire, selon Reuters. Il faut réformer la filière, insiste la Banque. Cette mauvaise gestion et un prix inéquitable au planteur a conduit la production à baisser d'un record d'un million de tonnes en 2010/11 à 800 000 t ces dernières années. Pour cause, l'opacité de gestion du Cocobod et cette faiblesse des prix ont empêche les planteurs à planifier et entreprendre de nouveaux investissements.

En réalité, constate la Banque, "le Board [Cocobod]n'est pas parvenu à un de ses plus importants objectifs qui consistait à stabiliser le prix au planteur à des niveaux qui lui permettent de dégager un bon retour de sa terre, de son travail et de son capital", souligne le rapport. A la place, le Cocobod s'est concentré à obtenir de meilleures marges sur les exportations, ce qui accroît à court terme les revenus du gouvernement mais fragilise les salaires et investissements des planteurs.

Selon la Banque mondiale, la marge à l'export faite au Ghana est le double de celle faite en Côte d'Ivoire, son voisin et le n°1 mondial du cacao. "Les gouvernements successifs ont donné la priorité à la collecte des revenus, traitant le prix reçu par les planteurs comme une considération secondaire plutôt qu'une priorité", lit l'agence dans le rapport.

En outre, la mauvaise gestion des engrais, pesticides, fongicides et insecticides, gestion dont le Cocobod a la charge, a impacté négativement la production. "La distribution est souvent erratique et sujette à la corruption et à des interférences politiques capricieuses", déclare la Banque. parfois, les planteurs ne reçoivent même pas les intrants, souvent  objet de fraudes et qui sont revendus hors frontières.

Notons que la semaine dernière, lors de la réunion de coopération technique Ghana-Côte d'Ivoire, le président du Cocobod Hackman Owusu-Agyemang, a annoncé que le gouveernement allait procéder courant juin à une pulvérisation massive des cacaoyers

Le chef exécutif du Cocobod Joseph Boahen Aidoo, contacté par Reuters, a souligné que la direction du Cocobod avait connaissance du rapport et qu'elle devrait se réunir afin d'avoir une "compréhension complète" des éléments soulignés.

Un contexte particulier

Ce rapport intervient alors que le Cocobod a mandaté lundi  un groupe de 5 banques pour mettre en place, comme chaque année, son financement annuel de pré-exportation pour la campagne 2017/18 qui démarrera début octobre. Il s'agit de Rabobank, du Crédit agricole, de Natixis, de Standard Bank et de SMBC, sous la houmette de la Ghana International Bank, là aussi, comme d'habitude. Le prêt syndiqué sur 11 mois est totalement souscrit, à 65 points de base au dessus du Libor contre 67,5 points l'année dernière, rapporte GTReview.

Rappelons que le Ghana  est actuellement sous programme du Fonds monétaire international (FMI), un programme de 3 ans, de $ 918 millions, qui a pour objectif de rétablir les équilibres financiers et de réduire une dette publique qui plombe l'économie depuis plusieurs années maintenant.

Le Ghana devrait produire un total de 850 000 t sur l'ensemble de la campagne 2016/17, estime le Board, contre 780 000 t la campagne dernière. L'objectif fixé par le nouveau chef de l'Etat, Nana Akufo-Addo, en fonction depuis janvier, est d'atteindre le million de tonnes d'ici 2020, notamment en améliorant les techniques agricoles et en contrôlant efficacement les maladies. La direction du Cocobod a été changée dès l'arrivée de la nouvelle équipe au pouvoir, avec 11 personnes congédiées dont le CEO Stephen Opuni, remplacé par Jospeh Boahen Aidoo.

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