La Chronique Matières du Jeudi (9 juillet 2015)

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Le dossier grec a lourdement pesé sur les marchés de devises, l'euro baissant face au dollar. De façon habituelle, le renchérissement du dollar pèse sur le prix des matières premières.

CACAO

Les opérateurs sur le marché sont dans l'attente des chiffres de broyages européens et américains qui devraient être publiés la semaine prochaine. Ils les attendent en baisse. Mais ceci n'empêche pas la fève de caracoler sur les marchés : certes, cette semaine, le prix demeure plutôt plat, à £ 2 182 la tonne, mais il est proche du plus haut en 4 ans et demi atteint la semaine dernière.

Au Ghana, l'optimisme est de rigueur. Vendredi, dans une communication au Parlement, le ministre adjoint aux Finances, Cassiel Ato Forson, a déclaré que le Cocobod avait déjà acheté 652 986 tonnes de cacao aux planteurs depuis le début de la campagne, début octobre, jusqu'au 26 juin. Ceci, a-t-il souligné, est certes bien inférieur aux achats à pareille époque la campagne dernière mais est déjà suffisant pour rembourser le prêt de préfinancement de la campagne 2014/15 de $ 1,7 milliard contracté l'année dernière. En effet, comme garantie, le Cocobod n'avait vendu par anticipation sur les marchés à terme que 624 500 t.

D'autre part, après que les autorités aient annoncé que 2015/16 serait meilleure, à 900 000 tonnes (t), c'est au tour des planteurs de faire entendre leur voix et de confirmer cette perspective optimiste. Le problème, toutefois, est que le marché a un peu perdu confiance dans les prévisions ghanéennes puisque la campagne actuelle était envisagée atteindre le million de tonnes; or, elle serait plutôt autour des 700 000 t.

Mais certains planteurs ghanéens sont persuadés de leur bonne fortune à venir: les engrais et autres intrants reçus tardivement la campagne dernière pour des raisons financières et organisationnelles, n'ont donc pas pu donner de résultats sur la campagne 2014/15 mais se ressentiront en 2015/16.  En outre, la météo est favorable avec de bonnes pluies en juin.

En Côte d'Ivoire, des planteurs s'inquiètent de l'impact que les fortes pluies tombées auront sur la floraison des cacaoyers et donc pour la production de la campagne prochaine, 2015/16, qui démarre le 1er octobre. Quant à l'actuelle, les arrivages sont en baisse par rapport à l'année dernière à pareille époque, à 1 575 000 t depuis le 1er octobre et au 5 juillet contre 1 605 000 t. Mais, rappelons que la campagne dernière avait été record !

CAFÉ

C'est la fermeté du dollar qui, essentiellement, a mis un frein à la hausse des cours de l'Arabica et du Robusta, comme de toutes les autres matières premières dont les transactions internationales se font avec le billet vert. L'Arabica a terminé la période sous revue à $ 1,2620 la livre après être tombé, mardi, à $ 1,2365, son plus faible prix depuis janvier 2014. Le Robusta, quant à lui, a terminé à $ 1 730 la tonne.

Une faiblesse des cours qui inquiète l'Organisation internationale du café (OIC). Dans son dernier rapport mensuel, elle a rappelé que des prix faibles –l'Arabica est à son plus bas en un an et demi– décourageaient les producteurs à investir dans leurs plantations.

" A long terme, les bas prix enregistrés au cours du dernier trimestre, bien que n’ayant pas encore atteint un niveau critique, n’encourageront pas l’investissement dans le secteur et pourraient occasionner un approvisionnement réduit, les producteurs s’étant retirés du marché", souligne l'OIC dans son rapport de juin.

Côté producteurs, le Brésil a annoncé hier avoir exporté 2,29 millions de sacs de 60 kg (Ms) en juin contre 2,62 Ms en mai, l'impact de la sécheresse se faisant sentir, selon Cecafé. Ceci dit, sur la campagne 2014/15 (juillet à juin), qui s'est donc terminée le mois dernier, le Brésil a exporté 32,99 Ms de café vert contre 30,6 Ms un an plus tôt.

En Colombie, la production a atteint 1,24 Ms d'Arabica lavé en juin, en hausse de 31% sur juin 2014, selon la Fédération nationale des planteurs de café. Cependant, elle s'inquiète de l'impact d'El Nino: certaines régions caféières sont beaucoup plus sèches que d'habitude. Ceci n'impacte pas les prévisions de récolte de 12,5 à 13 Ms car, à fin juin, la production sur 12 mois s'élève à 12,8 Ms, en hausse de 12% sur les 12 mois précédents. Mais ces conditions très sèches augmentent la crainte de voir les insectes se développer.

Pour sa part, la faible valeur de sa monnaie, le rupiah, et une récolte abondante sont en train de dynamiser les livraisons de Robusta d'Indonésie vers l'Europe. En juin, ces expéditions sont 22,1% plus élevées qu'en juin 2014, et cette tendance devrait se poursuivre en juillet, selon des négociants européens interrogés par Reuters.

Côté entreprise, Sucre & Denrées a annoncé hier avoir achevé le processus d'acquisition de Nedcoffee B.V. Amsterdam, lui permettant ainsi d'étendre ses activités café.

CAOUTCHOUC

Le marché à terme de Tokyo a été victime des soubresauts de la bourse de Shanghai, très volatile, et qui reprenait son souffle jeudi après avoir dévissé de près de 6% mercredi. En moins d’un mois l’indice boursier s’est effondré de 30%.  Mercredi, les cours du caoutchouc touchaient un plus bas de deux mois et demi, perdant 11,7 yens pour clôturer à 200,5  yens  ($1,66) le kilo pour le contrat de décembre.

L'indice de référence du TOCOM avait gagné environ 28% depuis son plus bas en  avril (194 yens) et son plus haut de 16 mois début juin. Mais depuis il a perdu près de 20%. "Fondamentalement, l'indice de référence a perdu la plupart des gains qu'il avait gagné", a déclaré Hiroyuki Kikukawa, directeur général à Nihon Unicom Inc. "Les préoccupations croissantes sur la Chine avec l'incertitude sur la crise de la dette grecque devraient continuer à peser sur les prix du caoutchouc," a-t-il dit.

Selon le dernier rapport publié Association of Natural Rubber Producing Countries (ANRPC), la production de caoutchouc naturel s’est élevé à près de 4,12 millions de tonnes au cours des cinq premiers mois de cette année, en baisse de 2,3% par rapport à la même période en 2014. Sur l’année 2015, la  production mondiale de caoutchouc naturel devrait atteindre 11,3 Mt. Sur les cinq premiers mois de 2015, les exportations de caoutchouc naturel ont diminué de 2,8 % sur une base annuelle.

COTON

Les cours du coton ont clôturé mercredi a leur plus bas niveau en deux semaines à 65,30 cents la livre pour le contrat de décembre. La veille, ils avaient enregistré leur plus grande perte journalière en trois semaines, plombé par un dollar plus fort et un mouvement général baissier sur les matières premières.

La Chine devrait lancer demain, vendredi 10 juillet,  les ventes de ses réserves de coton. La demande pourrait être faible selon les traders compte tenu des stocks disponibles sur le marché et des prix d’État relativement élevés. Dans le sillage de la dégringolade de la bourse de Shanghai, le contrat à terme du coton de septembre à  Zhengzhou (CCFU5) a  chuté du montant de sa limite maximale, clôturant à 12 205 yuans la tonne. Depuis la mi-juin, les actions chinoises ont plongé de plus de 30% et les investisseurs se retirent des marchés des produits de base, plus liquides que le marché des actions et faisant face moins de restrictions gouvernementales, afin d’obtenir des liquidités.  Une situation qui a contribué à pousser les cours à terme du coton chinois à un rabais important par rapport aux prix de référence de la  réserve, ce qui rendra les ventes de fibres difficiles.  

Les ventes qui démarrent demain se dérouleront jusqu’au 31 août. Beijing va offrir 330 000 tonnes de coton chinois de la récolte 2011 avec un prix plancher de 13 200 yuans par tonne, 470 000 tonnes de coton domestique à partir de 2012 à 14 200 yuans par tonne, et 200 000 tonnes de coton importé de la récolte 2012 à 15 500 yuans par tonne.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme se sont repris jeudi de leur plus bas de six semaines atteint la veille dans le sillage de la plongée de la bourse chinoise et de la crise grecque. Une reprise dictée par les attentes des investisseurs sur le rapport du Malaysian Palm Oil Board, qui devrait annoncer un déclin de la production  d’huile de palme compris entre 1,5 et 2% en juin par rapport au mois précédent. Cela pourrait contribuer à baisser les stocks surtout que les exportations sont en augmentation. En effet, elles ont progressé de 9,4% en juin selon SGS à 1,686 Mt.

SUCRE

Une fois de plus, sur le marché du sucre, les yeux sont tournés vers le ciel brésilien. Il pleut dans le centre-sud du pays, ce qui ralentit le processus de récolte chez le n°1 mondial. Sur le marché, cela se traduit par la montée en puissance d'une prime météo : mardi, le sucre roux  a grimpé à son plus haut en six semaines et demi, à 12,69 cents la livre sur le marché à terme de New York. Sur le marché du blanc à Londres, toujours mardi, la tonne a flirté avec son niveau d'il y a deux mois, à $ 379,60.

Les marchés se sont stabilisés hier mais la tendance demeure ferme et ce d'autant plus que la demande en éthanol au Brésil augmente. Aussi, davantage de canne à sucre sera dédiée à la production énergétique plutôt qu'au sucre alimentaire.

Ceci dit, le sucre demeure à des niveaux de prix très bas et les disponibilités sont abondantes.

Côté entreprises, l'entreprise kényane Mumias Sugar, la plus importante du pays, vient de nommer un nouveau directeur général. Errol Johnson a déjà dirigé la société de 1998 à 2001. La société est  aux prises à d'importantes difficultés financières mais a reçu une aide de $9,93 millions, moyennant quoi la société devait nommer un nouveau dirigeant, des enquêtes étant menées à l'égard des anciens.  

De son côté, l'allemand Suedzucker, premier raffineur européen, a annoncé aujourd'hui une chute de moitié de ses bénéfices trimestriels. Ses bénéfices nets ne sont que de € 20,8 millions sur le trimestre à fin mai, contre 48,9 millions un an plus tôt. Suedzucker s'attend à une baisse de ses bénéfices annuels, entre € 50 et 150 millions.

RIZ

Brisant la longue série de baisse, les prix du riz thaïlandais ont rebondi cette semaine portés par les achats des pays africains ainsi que les préoccupation sur les impacts de la sécheresse sur la production agricole en Thaïlande. En revanche, au Vietnam les prix sont stables avec une demande toujours faible.

Avec la sécheresse qui sévit, la Thaïlande a réduit ses prévisions de production de 9,2% à 24,13 millions de tonnes. Mercredi, le ministère de l’Intérieur annonçait que 13 des 76 provinces souffraient de la sécheresse. Ce qui a entraîné une hausse de la demande sur les marchés domestiques et permettant au gouvernement de vendre 1,15 million de tonnes (Mt) lors du dernier appel d’offre, un montant plus important que lors des offres précédentes. Le Thaï 5% s’échangeait à $380-$385 la tonne contre $370 les deux dernières semaines. «Les achats ont légèrement repris avec une hausse de  la demande pour le riz étuvé, ce qui pousse également à  la hausse les prix du riz non décortiqué et le riz blanc » a déclaré un trader basé à Bangkok. Ajoutant que "Les pays africains sont à l’achat car avec la sécheresse et la baisse de la production, ils pensent que les prix vont augmenter ».

Au Vietnam, le Viet5% s’échangeait à $350-$355 la tonne, quasiment inchangé par rapport à la semaine dernière, avec une demande toujours faible, la Chine achetant des petits volumes. Le Vietnam a exporté «Ã© ?71 Mt de riz sur le premier semestre 2015, en baisse de 9,7% par rapport à la même période en 2014, selon la Vietnam Food Association.

Nouveau recul des cours mondiaux du riz sur le mois de juin, en moyenne de 1%, note Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel Osiriz. Les baisses les plus importantes touchent les prix thaïlandais et outre-Atlantique. Les expéditions des exportateurs sont ralenties, certains enregistrant une  baisse de 20% par rapport à l’année dernière.  Mais, observe Patricio Mendez del Villar, un regain de la demande d’importation pourrait venir du Sud-Est asiatique en raison du possible retour du phénomène climatique El Nino. Outre, les Philippines devraient lancer un appel d’offres pour 250 000 tonnes dans le courant du mois de juillet tandis que des acheteurs du Moyen-Orient et d’Afrique commencent à revenir sur le marché. Des éléments qui pourraient booster les cours dans les prochaines semaines conclut Osiriz.

Du côté de l’Indice FAO des prix du riz, on observe aussi un recul pour les dixième mois consécutif, perdant 1% par rapport au mois de mai. La faiblesse du marché domine tous les segments de marché et pratiquement toutes les origines. Le riz aromatique a été le plus touché, en baisse de 1,7%, en raison des importants excédents de production et d'une demande d'importation toujours faible. Les prix du riz Indica et Japonica sont aussi en recul. En Thaïlande, le Thaï 100% B se situait à $ 385,3 la tonne en juin, en baisse de 2,2% par rapport au mois de ma ($394/t). Les prix ​​thaïlandais pour riz étuvé et le riz parfumé se sont aussi abaissés tandis qu’ils sont demeurés stable pour le A1 Super. La forte concurrence continue des marchés a provoqué également une chute des prix en Inde et au Vietnam, ainsi qu’aux Amériques, y compris en Argentine, au Brésil,  aux États-Unis et en Uruguay.

Selon l'indice FAO des prix du riz  sur les six premiers mois de l’année 2015, les prix internationaux sont inférieurs de  7,3 % par rapport à la même période en 2014. Les prix ont baissé pour toutes les catégories, à l'exception du riz Japonica, qui est  en moyenne de 4% plus élevé.

Au niveau du commerce mondial, la FAO estime qu’il pourrait atteindre 42 millions de tonnes de riz blanchi en 2015, en baisse de 1,9% par rapport à 2014.

La production mondiale de riz paddy est estimée 749,1 Mt en  2015, une estimation revue à la baisse en raison des pluies tardives et insuffisantes provoquées par le phénomène climatique El Nino.

L'Inde, premier exportateur mondial de riz en 2014 avec 11,5 Mt expédiées, devrait exporter 10 Mt cette année. Quant à la Thaïlande, les exportations devraient reculer de 2,7% en 2015 pour s’établir 10,9 Mt et devrait donc regagner sa place de premier exportateur mondial. Les exportations du  Vietnam diminuent également (-2,6%) à 6,3 Mt.

Les importations de riz par la Chine sont maintenues à 3,2 Mt en 2015, tandis que la production chinoise s’élèverait à 209,5 Mt,  en hausse  de 1 Mt, par rapport à 2014.  Les importations des Philippines devraient augmenter pour atteindre  2 Mt, Manille constituant des stocks sur fond d'inquiétudes quant à l'impact d'El Nino sur la production. Enfin, le Bangladesh pourrait importer 1 Mt en 2015.

 

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