La Chronique Matières Premières Agricoles au 8 novembre 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 8 novembre 2018
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Le dollar est ferme face à un euro (€ 1=$ 1,1415 hier soir) impacté par l’abaissement de prévisions économiques de la Commission européenne, et face à une livre sterling plombée par les incertitudes du Brexit. La Réserve fédérale américaine, mercredi, a laissé inchangé, à 2-2,25%, ses taux, constatant que l’économie était en bonne santé. Mais elle a conforté l’hypothèse d’une hausse en décembre, ce qui affecte les marchés financiers mondiaux en cette fin de semaine. Le pétrole baisse face au bond de la production et des stocks américains, faisant craindre une surabondance mondiale alors que la demande pourrait baisser. Le WTI américain a baissé de 21% depuis son pic à $ 76,90 le baril début octobre, et le Brent a glissé de 18% depuis les $ 86,74 atteints il y a un mois aussi, ce qui était alors son prix le plus élevé depuis 2014. En Inde, le festival des lumières -Diwali- bat son plein.

CACAO CAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Le cacao à Londres a glissé sur la période sous revue, parti de £ 1 675 la tonne vendredi dernier pour terminer hier soir à £ 1 671. En revanche, New York a le vent en poupe : de $ 2 267 en fin de semaine dernière, il a clôturé hier à $ 2 292. Mais cette hausse est liée plutôt à des prises de couvertures courtes, spéculatives, car l’approvisionnement en fèves actuellement est largement abondant.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro se poursuivent à un rythme particulièrement soutenu, avec 327 000 t déjà réceptionnées entre le 1er octobre, début de l’actuelle campagne, et le 4 novembre. C’est 46% de plus que sur la même période la campagne dernière ! Sur la seule semaine du 29 octobre au 4 novembre, 81 000 t sont arrivées contre 56 000 t en 2017.

Donc l’offre est abondante mais l’industrie a confiance que la demande sera robuste ces prochaines années, comme l’a souligné mercredi le patron de Barry Callebaut en annonçant ses résultats. Pour la première fois, ses ventes ont dépassé les 2 millions de tonnes (Mt) sur l’exercice 2017/18 (septembre-août), en hausse de 6,3%. Un record ! Ses bénéfices ont bondi de 35,9%à € 311 millions.(lire Le bénéfice net de Barry Calebaut grimpe de 31% en 2017/18 ). 

L‘Indonésie importerait 280 000 à 300 000 t de fèves l’année prochaine, contre 260 000 t cette année et 226 613 t en 2017, a confié hier à Reutersle secrétaire général de l’Association de l’industrie du cacao, Sindra Wijaya. L’industrie locale devrait transformer 5 à 10% de plus de fèves l’année prochaine car la demande locale en chocolat croît ; l’année dernière, 500 000 t avaient été transformées. L’utilisation de fèves devrait atteindre 150 000 t en 2019 contre 140 000 t attendue cette année. La production nationale de fèves baisserait à 230 000 t contre 260 000 t en 2018 lié aux faibles rendements provenant de vergers vieillissants, certains ayant plus de 30 ans, et de l’impact des maladies.

L’Italien Ferrero essuie un échec en Inde. Installée dans le pays depuis une décennie, il affiche une baisse de 17% de ses revenus sur son exercice clos en mars 2018. Ses revenus ont totalisé Rs. 1 538 crore (€ 186,5 millions) avec des pertes nettes de Rs 89,6 crore (€ 108,6 millions) contre Rs 1 848 crore (€ 224 millions) l’exercice précédent et un bénéfice net de Rs 21 crore (€ 2,5 millions). Ferrero est le deuxième plus grand confiseur en Inde derrière Mondelez qui a 66% de parts de marché.

Le marché du chocolat en Inde représente quelque $ 1,2 milliard. En moyenne, chaque Indien consomme 120 gr de chocolat par an, le plus faible volume des pays émergents. Notons que dernièrement, Mars a annoncé investir Rs 1 005 crore (€ 121,8 millions), Hershey a lancé le mois dernier ses Kisses et Mondelez depuis un an est très agressif avec le lancement de nouveaux produits et une forte pénétration dans les grandes et plus petites villes.

CAFÉ

Le Robusta a clôturé la période sous revue, hier soir, en forte baisse, à $ 1 684 la tonne contre $ 1 729 vendredi dernier. En revanche, l’Arabica a terminé quasiment là où il avait démarré, à $ 1,2020 la livre (lb) contre $ 1,2005 en fin de semaine dernière.

Finalement, la récolte au Vietnam, qui a démarré le mois dernier, pourrait ne pas être aussi élevée que ce à quoi on s’attendait en raison de conditions météorologiques peu favorables , ont expliqué des traders à Reuters. Elle serait estimée maintenant à 27 Ms pour la récolte démarrée le 1er octobre contre les 30 Ms initialement annoncés. Manipulation du marché ou réalité ? Seul l’avenir le dira. En attendant, il est vrai que les pluies qui, normalement, continuent en septembre et octobre, n’ont as été au rendez-vous cette année. Les grains sont donc plus petits.

Cette semaine, les planteurs ont vendu leur café à 37 000 dongs ($ 1,59) le kilo contre 36 300 dongs la semaine dernière. Les traders ont, quant à eux, offert du Grade 2, 5% grains noirs et brisures, avec une décote resserrée et plus élevée, de -$ 90 à -$ 100 contre -$50-90 la semaine dernière.

L’attaché agricole des Etats-Unis à Sao Paulo a révisé en hausse de 5% ses prévisions de production brésilienne de café 2018/19 (juillet à juin), à 63,4 Ms (équivalent vert). Un record. L’Arabica représenterait 46,9 Ms, en progression de 5% par rapport aux estimations précédentes, et le Robusta à 16,5 Ms, en hausse également de 5%. Les chiffres d’exportations demeurent inchangés, à 35,33 Ms, là aussi un record et ce, malgré un manque de disponibilités de conteneurs aux ports. Les producteurs ont d’ailleurs demandé au gouvernement de débloquer des fonds afin d’avoir des aires de stockage additionnels et ne pas devoir se précipiter à exporter à n’importe quel prix. Quant à la campagne 2017/18, qui s’est achevée en juillet, les chiffres n’ont pas été révisés : la production serait de 50,9 Ms.

En Colombie, la production d’Arabica lavé a atteint 1,08 Ms sur le mois d’octobre, en hausse de 1,2% par rapport à octobre 2017, selon la Fédération nationale des planteurs de café. Mais les exportations ont baissé de 4,2%, à 1,07 Ms. En 2017, le pays avait produit 14,2 Ms.

En Indonésie, où il n’y a quasiment plus de café, il a été offert à prime de $ 30 contre $ 20 à 30 la semaine dernière.

CAOUTCHOUC

Des inquiétudes persistantes sur le ralentissement de la demande en caoutchouc naturel a provoqué une nouvelle baisse hebdomadaire des cours du caoutchouc, la cinquième consécutive, avec un plus bas de 26 mois atteint lundi. Depuis le début de l’année, ils ont perdu 20% de leur valeur. Jeudi les cours ont clôturé à 159,4 yens ($1,40) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et à 11 330 yuans ($1 634,85) la tonne sur le marché de Shanghai.

Les dernières données statistiques montrent un ralentissement en Chine. Les importations chinoises de caoutchouc naturel et synthétique ont baissé de 8,8% en octobre 2018, par rapport au mois de septembre, à 547 000 tonnes. Sur l’année, elles demeurent toutefois en progression, de plus 3,2% à 5,667 millions de tonnes. Mais aussi, les ventes automobiles chez le premier marché automobile mondial ont dégringolé de 11,7% en octobre par rapport à l’année dernière, marquant pour la première fois une baisse des ventes sur l’ensemble des dix premiers mois de l’année (-O,1%).

En outre, les stocks sont toujours élevés. Le Tocom a annoncé que les stocks de RSS (ribbed smoked sheet) dans les entrepôts de Tokyo ont augmenté de 331 tonnes à 10 068 tonnes au 31 octobre.

La Banque mondiale estime que les prix du caoutchouc, après avoir chuté de 12% au troisième trimestre, tombant à leur plus bas niveau en 30 mois, devraient baisser de 20% en 2018 et demeurer bas en 2019 (cf. nos informations). 

En Côte d’Ivoire, le Conseil Hévéa-Palmier à l’huile a été officiellement mis en place (cf. nos informations).  

Améliorer la performance socio-économique et environnementale de la chaîne de valeur du caoutchouc naturel est l’objectif de la Plate-forme mondiale pour le caoutchouc durable (Global Platform for Sustainable Natural Rubber –GPSNR) mise en place par l’industrie du pneumatique (TIP) du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD). Elle débutera ses activités en mars 2019 (cf. nos informations).

COTON

Les cours du coton sont restés quasiment inchangés cette semaine avec toutefois des variations journalières significatives. Jeudi, ils ont clôturé à 79,01 cents la livre. L’espoir d’un règlement du différent commercial entre la Chine et les Etats-Unis, suite au tweet de Donald Trump la semaine, semble s’éloigner. Des négociations doivent être engagées encore ce mois ci et une rencontre est prévue entre les deux présidents en marge du G20 en Argentine à la fin du mois. La demande de fibres naturelles est restée faible. En outre, la Chine continue d’annuler les contrats conclus avec les Etats-Unis.

Le rapport sur l’offre et la demande de produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse la production de coton aux Etats-Unis en prenant en compte les dégâts causés par les ouragans. Une baisse partiellement compensée par une réduction des exportations américaines de coton. Au niveau mondial, la consommation a été amputée de 875 000 balles, une coupe jugée insuffisante par de nombreux analystes.

Outre les Etats-Unis, la production a été revue à la baisse en Inde, au Pakistan et au Turkménistan. L’USDA a revu à la baisse les stocks de départ en 2017/18 en raison d’une « révision historique » des exportations du Bénin rehaussées de 375 000 balles.

La Banque mondiale estime que les prix du coton, qui ont très légèrement diminué au troisième trimestre tout en restant supérieurs de 15% à ceux de l’année dernière, devraient gagner 11% en 2018 et demeurer quasiment inchangés en 2019 (cf. nos informations).  Le Mali s’achemine vers une récolte record de 750 000 tonnes (t) de coton durant la campagne 2018/19, en hausse de 2,7% par rapport à 2017/2018 (cf. nos informations Une récolte record de coton de 750 000 t attendue au Mali

La Chine a révisé à la baisse ses prévisions d’importation de coton pour la campagne agricole 2018/2019 à 1,5 million de tonnes (Mt), par rapport à la prévision de 2 Mt du mois dernier, a annoncé jeudi le ministère de l’Agriculture et des affaires rurales.

La production de fibres en 2018/19 a été revue légèrement à la hausse à 5,94 Mt, contre 5,8 Mt le mois dernier, selon les estimations mensuelles de l’offre et de la demande du secteur de l’agriculture en Chine. Les stocks de clôture de coton devraient diminuer à 6,38 Mt, contre 6,74 Mt.

HUILE DE PALME

Une nouvelle mauvaise semaine pour l’huile de palme. Les cours ont clôturé jeudi à 2 088 ringgits ($501,68) la tonne contre 2 153 ringgits la tonne vendredi dernier. Aux facteurs externes, la baisse de l’huile de soja et du pétrole, s’est ajoutée la hausse de la production d’huile de palme, qui a progressé de 8% en octobre par rapport au mois précédent, selon la Malaysian Palm Oil Association. En outre, les stocks devraient atteindre en octobre leur plus haut niveau depuis 3 ans à 2,9 millions de tonnes, selon une enquête réalisée par Reuters.

Vendredi dernier les prix avaient  pourtant rebondi suite aux commentaires des analystes confortés par le budget malaisien. Les principaux analystes réunis vendredi dernier lors d’une conférence industrielle anticipaient une amélioration des prix l’année prochaine avec le ralentissement de la croissance de la production, la modification de la demande chinoise en huile végétale suite au différend commercial qui oppose la Chine aux Etats-Unis et la hausse de l’huile de soja. En outre, dans son budget annoncé vendredi également, le gouvernement malaisien avait relevé ses prévisions de prix pour l’huile de palme l’année prochaine, tablant sur une moyenne de 2 400 ringgits en 2019 contre 2 300 ringgits cette année. Il prévoyait aussi de porter le mandat de la Malaisie sur le biodiesel à un minimum de 10% pour le secteur des transports et de 7% pour le secteur industriel en 2019.

En Indonésie, gouvernement va aller de l’avant et ratifier un accord commercial avec le Pakistan afin de protéger les exportations annuelles d’huile de palme de $1,5 milliard vers ce pays de l’Asie du Sud, a annoncé le ministre indonésien chargé de la Coordination des affaires économiques, Darmin Nasution L’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, bien qu’elle soit le principal exportateur vers le Pakistan,  perd des parts de marché au profit du deuxième producteur mondial, la Malaisie, selon Abdul Rasheed JanMohammed, président de la Pakistan Edible Oil Refiners Association. Cette année, le Pakistan devrait acheter 70% de son huile de palme brute à l’Indonésie, contre 80% ces deux dernières années.

Dans un communiqué, Darmin Nasution a indiqué que l’accord commercial préférentiel avec le Pakistan serait ratifié par le président, sans l’approbation du Parlement. Si l’Indonésie ne ratifie pas l’accord bientôt, « le Pakistan mettra fin à l’accord de libre échange, ce qui fera perdre à l’Indonésie son marché de l’huile de palme brute d’une valeur de $1,46 milliard » indique le communiqué. La Malaisie pourrait alors s’emparer de cette part du marché, a-t-il déclaré.

RIZ

Les prix à l’exportation en Asie ont enregistré de faibles variations cette semaione, le marché est calme dans l’attente de nouvelles commandes, en particulier des Philippines.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%, se sont redressés à $362-$369 la tonne après avoir atteint un plus depuis janvier 2017 la semaine dernière à $361-$367 la tonne. La nouvelle récolte arrive sur le marché mais les prix sont élevés suite au relèvement de 13% en juillet dernier par le gouvernement des prix payés aux agriculteurs pour le riz paddy de qualité commune (1 750 roupies pour 100 kilos).

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont peu varié à $380-$398 la tonne contre $380-$400 la semaine dernière, avec une demande stable et un marché calme dans l’attente d’éventuelles commandes de l’étranger, notamment des Philippines. Des prix qui pourraient probablement baisser vers la fin novembre début décembre avec l’arrivée de la nouvelle récolte, et attirer de nouvelles commandes, estime un négociant basé à Bangkok. Le gouvernement thaïlandais reste convaincu que le pays pourrait atteindre son objectif d’exportation de 11 millions de tonnes de riz d’ici la fin de l’année.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont légèrement augmenté à $415-$420 la tonne contre de $410-$415 la semaine dernière mais comme pour la Thaïlande le marché est calme avec peu d’échanges.

Au Libéria, le président George Manneh Weah a suspendu les taxes sur les importations de riz afin de rendre la denrée alimentaire plus accessible à la population (décret 93).

SUCRE

Le sucre roux est repassé en dessous des 13 cents, se situant hier sur le marché de New York à son plus faible niveau en quatre semaines, clôturant à 12,84 cents la livre(lb) après avoir touché un plus bas à 12,78 cents. Il avait terminé la semaine dernière à 13,44 cents après avoir déjà accusé une baisse de 3% sur la semaine. Même scénario pour le blanc qui a terminé hier à Londres à $ 347,10 sur l’échéance mars, parti de $ 357,70 vendredi dernier.

En cause ? La perspective d’une hausse de la production au Brésil la prochaine campagne et l’Inde qui a trouvé dans le marché chinois la façon d’écouler 2 Mt de sucre roux à partir de l’année prochaine. En revanche, les Etats-Unis ont révisé à la baisse leurs estimations de stocks sur la campagne 2018/19 car la production est attendue moins élevée qu’initialement escomptée.

En effet, hier, dans son rapport mensuel de situation du marché sucrier, le Département américain de l’Agriculture (USDA) a révisé à la baisse ses prévisions de ratio stock/consommation, à 11,3% en 2018/19 contre 12,7% estimé en octobre. Ce ratio était de 16% pour la campagne 2017/18 qui s’est achevée le 30 septembre. La production est estimée à 9,02 millions de tonnes courtes (8,18 Mt) en 2018/19 contre 9,29 Mt la campagne dernière, la baisse de la betterave (4,97 Mt contre 5,24 Mt estimé le mois dernier) n’étant qu’en partie compensée par la hausse de la production de canne (4,041 Mt contre 4,026 Mt), les Etats-Unis produisant les deux. Ce serait la plus faible production de betterave depuis 2014/15 mais la plus haute de canne depuis 2000/01.

L’Indonésie a pour objectif de produire 2,5 Mt de sucre blanc en 2019, selon le ministère de l’Agriculture, contre 2,26 Mt en 2017. De janvier à octobre, ses importations de sucre roux ont atteint 2 Mt, les permis à l’importation pour l’ensemble de l’année étant de 3,15 Mt.

Au Cameroun, la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe français Somdiaa, (74%) a démarré le 30 octobre sa campagne sucrière 2018/19, dans la région du Centre du pays, avec pour objectif de produire quelque 130 000 t, rapporte Investir au Cameroun.

Mercredi, au Kenya, le chef de cabinet du ministère de l’Agriculture a déclaré créer une “force d’intervention” -task force- pour identifier les défis auxquels la filière sucre était confrontée. Il a 30 jours pour rendre son rapport.

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