Sésame : une campagne qui s’annonce prometteuse mais avec des risques

 Sésame : une campagne qui s’annonce prometteuse mais avec des risques
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La campagne de commercialisation du sésame vient juste de démarrer avec des prix rémunérateurs et en hausse. Un marché qui devrait donc être porteur avec une offre réduite et une consommation toujours soutenue, en particulier en Chine, mais certains éléments pourraient le perturber, en particulier les problèmes persistants de logistique et l’évolution de la pandémie de la Covid-19. Retour sur la World Sesame Conférence 2021, qui s’est déroulée virtuellement les 26 et 27 octobre dernier. 

Rappelons que l’Afrique a grignoté des parts de marché au cours des dix dernières années. Aujourd’hui, elle représente plus de 45% de la production mondiale de sésame, qui se situe à environ 4,8 millions de tonnes. 

Une offre mondiale en baisse

En 2021/22, l’offre mondiale en sésame devrait être sensiblement réduite avec une baisse de la production pour les principales origines. Chez le premier consommateur et importateur mondial de sésame, la Chine, la production devrait reculer de 30%. La superficie plantée en sésame a fortement chuté passant de 400 000 hectares l’année dernière à 120 000 hectares en 2020, souligne Danny Chen, CEO de Flavor Full Foods Inc. Ainsi la production devrait se situer entre 125 et 150 000 tonnes, en baisse de 30 à 35% par rapport à 2020. Le principal facteur de cette baisse est que les agriculteurs se sont tournés vers d’autres cultures, le maïs et les arachides, plus rémunératrices. 

Alors que l’Inde n’a quasiment pas eu recours aux importations en 2020/21 avec une bonne récolte et une demande moindre d’huile, la production cette année a été affectée par des conditions climatiques défavorables et pourrait être réduite de 20 000 tonnes, selon Tarun Chawla d’ETG.  L’Inde pourrait donc avoir recours aux importations.

En Afrique, la situation est plus contrastée. Au Soudan, Sanjeev d’Olam estime que la production baisserait d’environ 15% et  Tarun Chawla d’ETG de 30 000 tonnes.  En Ethiopie, la superficie diminuerait de 50 000 hectares en 2021 à 600 000 ha. Une baisse qui s’explique par l’instabilité dans plusieurs zones de production du sésame, selon Sisay Asmare, président d’Ethiopian Pulses Oilseeds and Spices Processors Exporters Association. Aucune prévision de production n’a été donnée par Sisay Asmare.  Sanjeev d’Olam estime que la production baisserait d’environ 30% en 2021/22 et  Tarun Chawla d’ETG de 50 000 tonnes. Elle s’est établie à 260 258 tonnes en 2020/21.

Tant au Soudan avec le coup d’Etat par l’armée qu’en Ethiopie avec l’escalade du conflit au Tigré,  la situation politique est précaire et pourrait potentiellement limiter un peu plus l’offre.

En Afrique de l’Ouest, Tarun Chawla estime que la production devrait se réduire de 40 000 tonnes au Burkina Faso, de 60 000 tonnes au Nigeria avec des pertes de superficies, les agriculteurs optant pour d’autres cultures plus rémunératrices. Pour Alok Bhargava de Praramb Agri Trading DMCC, la superficie a été réduite au Nigeria en raison de la compétitivité des autres cultures comme le soja, le sorgho, le millet et le maïs, des pluies tardives dans certaines parties du Nigeria et des délais de plantation dans les Etats du Nord et du Nord-Est. La production devrait chuter de 15 à 20% à 290 000 tonnes.

Tarun Chawla observe que le Niger et le Burkina Faso remplacent l’Ethiopie comme principal fournisseur de la Chine. En 2021, la Chine pourrait importer 290 000 tonnes du Niger, contre 177 000 tonnes en 2020, ce qui est un montant historique souligne Danny Chen. Le Niger se situe en deuxième fournisseur de la Chine après l’Inde (600 000 tonnes).

Globalement, Sanjeev  Sharma estime que la nouvelle récolte en Afrique sera moindre.

Des importations soutenues en Chine

Le premier importateur mondial de sésame, la Chine, a enregistré un record historique à plus d’un million de tonnes en 2020 et elles devraient se maintenir voir légèrement progresser en 2021 souligne Tarun Chawla. « La Chine est le price driver (fixe le prix), sa consommation n’est pas réduite », affirme  Sanjeev Sharma. Le marché dépendra donc fortement des achats de la Chine.

La demande du reste du monde pourrait légèrement baisser en raison des prix élevés et d’une offre restreinte pour s’établir à 850 000 tonnes en 2021 contre 875 000 tonnes en 2020 indique Tarun Chawla. Mais,  le Japon pourrait importer plus en 2022 car les stocks ont été réduits en 2021 tandis que la moindre  récolte en Inde pourrait la contraindre à importer d’Afrique.

Toutefois, et c’est aussi un facteur haussier, les problèmes logistiques demeurent  une forte préoccupation. La chaîne d’approvisionnement du sésame demeure très faible en raison des taux de fret élevés et des perturbations  dans les ports.

Des facteurs baissiers

Si les perspectives du marché du sésame sont haussières, certains éléments pourraient le faire fléchir. Du côté de la demande,  si on observe une reprise de la consommation mondiale post-Covid, elle pourrait être heurtée par de nouvelles vagues et de nouveaux variants. En outre, souligne Sanjeev Sharma, le marché du sésame transformé s’est contracté après l’épisode de l’oxyde d’éthylène et ainsi des produits alternatifs gagnent des parts de marché.

Des stocks élevés dans les ports en Chine à environ 210 000 tonnes, des possibles pressions sur l’offre avec les difficultés d’expédition et des contraintes de trésorerie, et l’excès de récolte au Pakistan, pays proche de la Chine, sont les autres facteurs baissiers mentionnés par Sanjeev Sharma d’Olam.

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