Des perspectives économiques mitigées pour l’Afrique de l’Ouest

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Les perspectives économiques de l'Afrique sub-saharienne dans son ensemble sont plutôt moroses, estime la Banque mondiale dans son rapport Perspectives économiques mondiales 2015 publié aujourd'hui. Le PIB ne serait que de 4,2% en 2015 contre 4,6% en 2014. A 4,2%, elle retrouverait son niveau de 2013 mais serait bien en-deçà de la moyenne annuelle de 6,4% enregistrée entre 2002 et 2008. L'activité repartirait en 2016 avec un taux de croissance attendu à 4,6% en 2016 jusqu'à 5% en 2017.

 

Afrique de l'Ouest : prévisions de croissance du PIB 
  2012 2013 2014 (e) 2015 (p) 2016 (p)
Afrique sub-saharienne 4,1 4,2 4,6 4,2 4,6
Bénin 5,4 5,6 5,5 4,6 4,6
Burkina Faso 9,5 6,5 4,5 5 6,2
Cap-Vert 1,2 0,5 1,3 3 3,4
Côte d'Ivoire 10,7 8,7 8 8 7,7
Gambie 5,9 4,8 -0,2 3 5,1
Ghana 9,3 7,3 4,2 3,5 5,9
Guinée 3,9 2,3 0,4 -0,3 2,3
Mali 0 1,7 6,8 5,6 5,1
Niger 11 4,1 6,2 4,5 5,5
Nigeria 4,3 5,4 6,2 4,5 5
Sénégal 3,5 2,8 4,5 4,8 5
Sierra Leone 15,2 20,1 6 -12,8 8,4
Togo 5,9 5,1 5,5 5,1 4,9

Source : Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales 2015

(e) estimations: (p) prévisions

 

En cause, tout d'abord  la chute du prix du baril de pétrole, une chute de plus de 40% entre juin 2014 et avril 2015. Le Nigeria a dû réviser à la baisse son estimation de prix du baril dans sa loi de finances 2015, à $ 53 contre une estimation initiale de $ 65 ; l'Angola, quant à lui, est même descendu à $ 40 contre les $ 81 mis en avant au préalable.  A fin 2014, le fonds souverain pétrolier nigérian, le Excess Crude Account, ne totalisait que $ 2 milliards; ses réserves brutes en devises ont chuté de 20% à $ 34,25 milliards, soit 6% du PIB, la banque centrale ayant dû tirer sur ce compte pour soutenir la monnaie, le naira.

Une réduction de la voilure

Cette situation a obligé le gouvernement d'Abuja à réduire la voilure, notamment en abaissant ses dépenses d'investissement, ce qui impacte la croissance des secteurs autres que pétrolier, les auteurs du  rapport de la Banque mondiale ne précisant pas comment serait affecté le secteur agricole. La croissance hors pétrole s'établit à 5,6% au premier trimestre 2015 contre 6,4% début 2014.

Cette situation a entrainé une dépréciation des monnaies et une baisse des réserves en devises. La Banque centrale du Nigeria a relevé son taux directeur, de 12% à 13% en novembre dernier. Ce qui n'a d'ailleurs pas empêché le naira de continuer à se déprécier car les cours du baril ont poursuivi leur glissade. Le bon déroulement des élections au Nigeria a permis de soutenir, quelque peu, le naira. Le cedi du Ghana, quant à lui, a été impacté par ses déboires économiques et son inflation à deux chiffres.

Franc CFA et Ebola

Quid du franc CFA, rattaché à l'euro ? Le Rapport l'évoque uniquement par rapport au pétrole, sans évoquer l'impact sur les produits agricoles d'exportation et leur éventuelle compétitivité accrue sur les marchés mondiaux. "Avec la dépréciation de l'euro face au dollar, le franc CFA s'est également déprécié par rapport au dollar. Ceci a permis de lisser l'ajustement au choc du prix du pétrole pour ces pays [Cameroun, Tchad, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Ndlr.], en boostant les recettes d'exportation en monnaie locale."

La Banque mondiale évoque également l'impact d'Ebola sur la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone, soulignant l'affaiblissement de l'activité économique qui s'est ensuivi, notamment dans le secteur agricole.

La Côte d'Ivoire et le Sénégal caracolent

Quant  aux perspectives, la faiblesse du prix du pétrole continuera de peser sur le pouvoir d'achat des pays exportateurs de brut mais réduira l'inflation dans les pays importateurs de pétrole, augmentant ainsi le pouvoir d'achat des populations. Ce qui devrait être un bon signe pour les produits agricoles à un moment où les marchés nationaux se développent.

Le ralentissement des investissements chinois et la faiblesse des prix des matières premières laissent supposer, selon le Rapport, que les investissements directs étrangers ne viendront guère soutenir la croissance. Ceci dit, si les pays exportateurs de pétrole devraient réduire la voilure en terme d'investissements, les pays importateurs de brut vont, au contraire, dégager des marges de manœuvre et accélérer leurs investissements notamment dans l'électricité et les routes. Ceci aura, nécessairement, un impact positif sur l'agriculture.

En Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire et le Sénégal devraient enregistrer de forts taux de croissance, stimulés par les investissements dans les infrastructures, ce qui ne peut qu'avoir un effet positif sur l'agriculture mais la Banque ne l'évoque pas dans le Rapport. En revanche, les auteurs notent que, parmi les pays à faible revenu, ceux "qui exportent des matières premières agricoles ont enregistré une plus faible détérioration de leurs termes de l'échange" par rapport aux autres.

 

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