11 octobre 2008 - 00:00 |

Chronique : le rendez-vous Matières du jeudi

Les matières plongent encore

(10/10/08)

C’est le marasme le plus complet sur le marché des matières premières, à l’image de ce qui se passe sur les marchés financiers. Toutefois, plus d’un analyste et négociant déclarent qu’il faut attendre que la spéculation sorte, que le plus bas soit touché puis les marchés des matières premières regrimperont car, quoi qu’il en soit, les fondamentaux demeurent bons. Mais quand ? Tout le monde l’ignore. Et où se situe « le fond du fond » également.

Cacao. Le cacao a terminé la semaine en chute, touchant son plus faible niveau en six mois, dans le contexte global d’une débâcle sur toutes les matières premières à la suite de l’effondrement des marchés financiers.
Dans les pays producteurs, le comité intérimaire ivoirien gérant le secteur cacao a diminué aujourd’hui de plus de 60% les droits finançant auparavant la BCC et les autres organisations de la gestion de la filière. Les droits qui pesaient sur les industries de la filière sont donc passés de FCFA 25,26 le kilo de cacao l’année dernière, à FCFA 10,06 cette année qui s’ouvre. Le droit unique de sortie (DUS) est, pour sa part, maintenu à FCFA 220 le kilo ainsi que la taxe sur l’enregistrement portuaire qui est de 10% de la valeur CAF des exportations.
Aujourd’hui aussi le comité a approuvé 50 licences d’exportateurs pour la campagne cacaoyère qui a démarré officiellement dimanche dernier, 5 octobre.
Il s’agit des entreprises suivantes :
ADM Cocoa Sifca-ADM Cocoa (USA), Armajaro (UK), ATMC SA, Barry Callebaut (Suisse), Belko Trading, Cacao Origine, CAFCACI SA, Cargill Cocoa SARL, Cargill West Africa-Cargill (USA), CEMOI CI-Cantallou (France), Choco-Ivoire (Saf Cacao), CIPEXI-Continaf (Pays-Bas), Cocaf Ivoire-Noble (Hong Kong), COEX CI, CONDICAF, DAFCI, DINCOMCI, Helios Export , IVCAO, Ivoire Torrefaction, Novel, Nestle CI-Nestle (Suisse), Outspan Ivoire-Olam (Singapour), Pronibex, SACO-Barry Callebaut (Suisse), SAF CACAO, SDTM, SHB, SAT, SIACO, SN CHOCODI, Sucso, TROPICAO, UNICAO-ADM Cocoa (USA), Zamacom-Ecom Trading (Suise), RAZCOM, SNCO Intercom, Sonemat et TNCI .
Les coopératives ayant reçu des licences sont : CABF, Cokagnan, CPCM, CPCPA, SCAL, SOCAS, ECOOKIM, ROPCI, CAPROMES et COOPADIS.

Café. L’Arabica a terminé la période en hausse, contrairement à la plupart des autres matières premières, car il a été perçu comme survendu. Toutefois, signe des temps, les stocks de café vert aux Etats-Unis ont été annoncés en hausse de 42 880 sacs sur le mois d’août par rapport à juillet.
Toutefois, le Robusta a baissé à Londres. Rien d’étonnant au vu de la situation de l’ensemble des marchés mais aussi parce la récolte démarre ce mois ci au Vietnam. Les producteurs ont déclaré qu’ils pourraient commencer à récolter vers le 20 octobre.
Dans les pays producteurs africains, la santé de la filière est bonne. L’Ouganda a annoncé aujourd’hui des recettes caféières qui se sont envolées de 52% sur la campagne 2007/08, à $ 388,4 millions sur la campagne précédente car les prix ont été très fermes et les volumes de Robusta élevés, en hausse de 18,8%, à 3,2 millions de sacs de 60 kilos (Ms) en raison d’une météorologie favorable.
Pour sa part, le Kenya devrait produire cette année 60 000 t, selon les autorités contre 42 000 t en 2007/08. Rappelons que son record a été de 130 000 t en 1987/88.

Caoutchouc. Le caoutchouc naturel s’est effondré à Tokyo aujourd’hui, perdant 7%, sa limite de marché. Il a chuté à son plus faible niveau en 2 ans sur fond de crise profonde du secteur automobile, de baisse du pétrole rendant moins onéreux le caoutchouc synthétique son concurrent. Pourtant, les stocks au Japon ont chuté de 10, à 4 358 t, sur les 10 jours au 20 septembre, leurs plus faibles volumes jamais enregistrés. Mais cette nouvelle n’a pas eu d’effet sur le marché à terme totalement déprimé.

Coton. Le coton à New York a terminé aujourd’hui à son plus faible niveau en un an et demi, accusant le manque de confiance prévalant dans un marché affecté par la plus grave crise financière au monde depuis 80 ans. Une morosité largement affichée lors du dîner annuel de l’Association française cotonnière (AFCOT) qui s’est tenue à Deauville hier, jeudi.
L’USDA estime que la consommation mondiale de coton baissera à 122,31 millions de bales de 480 lb en 2008/09 alors qu’il avait annoncé un chiffre prévisionnel de 123,7 millions le mois dernier. Les stocks sont estimé maintenant atteindre 55,45 millions de bales contre 52,32 millions avancés il y a un mois.
Les cotonculteurs américains recevront $ 384 millions en subventions pour 2007 car les cours du marché ont été inférieurs que le prix indicatif, a annoncé aujourd’hui le Département américain de l’Agriculture (USDA).

Sucre. Les liquidations de position des fonds ont entrainé le sucre roux sur le marché à terme de New York à son plus faible niveau en quatre mois. Toutefois, le négoce n’est pas véritablement pessimiste. Il estime qu’il faut laisser le temps au marché de s’assainir et que ceux qui veulent sortir sortent. Ensuite, estiment-ils, le marché reprendra. Car, fondamentalement, malgré la crise, on voit des signes d’intérêt de la part des consommateurs. L’Inde n’a-t-elle pas déjà acheté 350 000 t de sucre roux au Brésil ? Et elle pourrait encore se porter sur le marché pour 800 000 t supplémentaires. Parallèlement, la demande pour du produit physique demeure bonne en Chine et en Russie.

Thé. Mardi, lors des ventes aux enchères de thé à Nairobi, les prix étaient mitigés. La demande était relativement soutenue notamment de la part d’acheteurs du Royaume Uni, d’Afghanistan, mais aussi du Pakistan, Kazakhstan, Soudan, Yémen et les pays du Proche-Orient. Selon des premières estimations annoncées la semaine dernière, le Kenya devrait avoir touché cette année une somme record de $ 649 millions de son secteur thé !
De son côté, le Burundi enregistrerait une hausse spectaculaire de 62% de ses recettes d’exportation de thé sur les neuf premiers mois de l’année, étant donné la faiblesse de son offre liée à la crise au Kenya au premier trimestre et à la sécheresse au Burundi entre juin et septembre. D’autre part, la qualité s’est améliorée suite à la remise en marche de deux usines rénovées. De janvier à septembre, il a perçu $ 11,2 millions de la vente de 4 959 t de thé alors que sur la même période l’année dernière, il avait obtenu $ 6,9 millions de ses 5 147 t vendues.
La Tanzanie s’attend à ce que sa production, de juin 2008 à juin 2009, atteigne 37 000 t, en hausse de 13%. Les conditions météorologiques s’annoncent bonnes et 2 000 ha, ainsi que trois usines, ont été réhabilitées.

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