La Chronique matières premières agricoles au 10 décembre 2020

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Les marchés financiers ont terminé sur une note hésitante hier soir. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a évoqué des progrès dans les discussions sur un nouveau plan de relance mais l’impact de cette annonce a été atténué par l’information d’une  hausse plus forte qu’attendu des inscriptions au chômage aux Etats-Unis la semaine dernière, à 853.000, leur plus haut niveau depuis près de trois mois.

Côté européen, les annonces de la Banque centrale étaient attendues. Il s’agit de de nouvelles mesures de soutien à l’économie et au crédit, à commencer par une augmentation de € 500 milliards  de son programme d’achats de dettes, prolongé en outre de neuf mois. Mais elle a aussi revu à la baisse sa prévision de croissance économique pour la zone euro en 2021, à 3,9% contre 5% prévu en septembre

L’euro a grimpé face au dollar, terminant hier soir à € 1,2117.

Quant au pétrole, l’optimisme sur les vaccins l’a emporté, occultant au moins temporairement les craintes d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, pourtant nourries mercredi par l’annonce d’une envolée des stocks de brut aux Etats-Unis, souligne Reuters. Le Brent a franchi la barre des $ 50 pour la première fois depuis mars, clôturant à $ 50,81 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 47,45.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

C’est la dégringolade ! A Londres, la tonne de cacao a clôturé hier soir à £ 1 727 la tonne, quasiment £ 50 de moins que vendredi dernier (£ 1 775). A New York, elle a perdu près de $ 90, passant de $ 2 654 en fin de semaine dernière à $ 2 567 hier. Le négoce s’attend à ce que la tendance baissière se poursuive notamment à cause des bonnes pluies cette semaine en Côte d’Ivoire qui améliorent les perspectives de la campagne intermédiaire à partir du 1er avril.  Seule la faiblesse des stocks certifiés sur les marchés à terme maintient les cours.

Un marché qui est resté une bonne partie de la semaine dans l’attente des résultats de l’élection présidentielle qui s’est tenue lundi au Ghana, n°2 mondial du cacao. Le résultat est tombé mercredi, le président sortant Nana Akufo-Addo recueillant 51,59% des voix mais l’opposition conteste le scrutin.

Côté international, le bras de fer entre la Côte d‘Ivoire et le Ghana d’un côté et la multinationales Hershey de l’autre s’est un peu calmé cette semaine, laissant espérer la reprise de ventes à l’origine.  La Côte d‘Ivoire a, en effet, annoncé lever la suspension du schéma de durabilité que le géant américain a mis en place en Afrique de l’Ouest après que ce dernier ait déclaré reconnaitre l’importance du différentiel de revenu décent (DRD ou LID) de $ 400. Hershey s’est donc engagé à payer le LID. Mais en réalité, il l’a toujours accepté en principe, comme toutes les autres multinationales et autres acteurs puisque c’est la condition sine qua non pour acheter du cacao de cette campagne. Ce qui posait -pose- problème est qu’il achète moins de fèves en Côte d’Ivoire et au Ghana pour ne pas payer ce différentiel. D’ailleurs, l’accord avec la Côte d‘Ivoire suscite des doutes. En est pour preuve que le Cocobod au Ghana n’a pas encore rendu sa décision.

Les broyages ivoiriens ont totalisé 98 000 t à fin novembre et depuis ele1er octobre contre 96 000 t sur la même période l’année dernière. En novembre, les volumes ont été identiques à ceux de novembre 2019.

CAFE

L’Arabica est au-dessus des $ 1,20 la livre (lb), clôturant hier soir à New York à $ 1,2105 contre $ 1,1755 vendredi dernier. Il a réagi à la hausse de 1% de la valeur du réal, la monnaie brésilienne, après que la banque centrale ait laissé entendre qu’elle pourrait réviser sa politique monétaire de taux bas jusque-là suivie. Rappelons que le Brésil est le premier producteur et exportateur d’Arabica et que le renchérissement de sa monnaie conduit au renchérissement de son café, ce qui en général réduit ses volumes mis sur le marché car son café est moins compétitif et, de ce fait, renchérit le prix du café arabica sur le marché mondial.  

Quant au Robusta, son prix a légèrement glissé, passant de $ 1 355 la tonne en fin de semaine dernière à $ 1 351 hier soir sur l’échéance mars. La récolte au Vietnam est aux trois-quarts achevée sous une météo favorable ; elle devrait s’achever fin janvier soit plus tard que d’habitude. Mais la baisse de production sur cette campagne pourrait être moins élevée qu’anticipée initialement. Ceci a fait baisser les prix intérieurs au Vietnam. Les planteurs se sont vus proposer 31 500 à 32 000 dongs la tonne ($ 1,37-1,38) contre 32 700 à 33 400 dongs la semaine dernière.  A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a obtenu une prime de $ 110 à $ 120 la tonne par rapport au contrat de mars, contre $ 100 la semaine dernière.

En Indonésie, les Robusta de Lampung ont été achetés avec une prime allant de $ 230 à $ 270 sur le contrat d’avril, contre $ 200 sur le contrat de janvier.  

Au Brésil, les exportations de café vert ont grimpé de 36% en novembre par rapport à il y a un an, à 4,025 millions de sacs de 60 kg (Ms). C’est son record de tous les temps sur ce mois de novembre, selon l’association des exportateurs brésiliens Cecafé. De ce total, les exportations d’Arabica ont totalisé 3,69 Ms, en hausse de 34%, tandis que les volumes de Robusta ont atteint 333 887 sacs, en progression de 64%. Il faut rappeler que les expéditions de café augmentent toujours à cette période de l’année car il fait plus froid dans l’hémisphère nord et on boit donc plus de café. Rappelons aussi qu’en 2020, le Brésil a enregistré une récolte quasi record, de l’ordre de 68 Ms.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc a glissé cette semaine, passant de 255,1 yens le kilo vendredi dernier à 229,9 yens à la clôture aujourd’hui d’Osaka ; Shangaï a évolué de 14 880 yuans ($ 2 277) à 14 495 yuans la tonne sur mai. C’est la première fois en trois semaines que le caoutchouc perd sur la semaine, les marchés étant inquiets face au nombre croissant de cas de Covid aux Etats-Unis et de l’absence encore d’accord sur le plan de relance. L’activité économique est fortement touchée et la demande en caoutchouc pourrait encore s’en ressentir.

Depuis le début de la pandémie, plus de 68 millions de personnes ont été infectées et le nombre de décès dépasse 1,5 million.

Côté industrie, la Thaïlande entend porter des 15% actuellement à 20% sa part de marché des gants en caoutchouc au cours des cinq prochaines années, a déclaré le président de la Thai Rubber Glove Manufacturers Association (TRGMA), Veerasith Sinchareonkul, l’objectif à terme étant les 40%. Cet objectif élevé résulte de la hausse de 20% de la demande mondiale en gants depuis le déclenchement de la pandémie de la Covid, à 3,6 millions de paires. La demande devrait encore grimper de 10% l’année prochaine, estime-t-il. Rappelons que la Thaïlande est le deuxième exportateur mondial avec 19 fabricants qui ont une capacité de production annuelle de 46 milliards de gants ; 90% est exporté.

COTON

Le coton a gagné du terrain cette semaine, clôturant hier soir à New York à 74,06 cents la livre (lb) sur l’échéance mars et allant jusqu’à toucher 74,60 cents en cours de séance, son plus haut depuis mai 2019. Il était, vendredi dernier, à 72,07 cents.

Le dernier rapport mensuel du Département américain de l’Agriculture (USDA) révise à la baisse les productions américaine et mondiale ainsi que les estimations de stocks de fin de campagne 2020/21. Ainsi, il a abaissé de 1,1 million de balles la production aux Etats-Unis estimée maintenant à 15,9 millions, essentiellement à cause du Texas où la production baisserait de 900 000 balles. La production mondiale, quant à elle, ne serait que de 113,9 millions, soit 2,2 millions de balles de moins que ses précédentes estimations. D’où la réduction des stocks de 3,9 millions de balles avec 97,5 millions en fin de campagne. Les stocks américains sont également revus à la baisse de 1,5 million et totaliseraient 5,7 millions.

En revanche, l’USDA estime que la demande mondiale en coton sera plus forte que ce qu’elle estimait jusque là, à 115,6 millions de balles ce qui est 1,6 million en plus que ces prévisions en novembre.

L’Australie recherche de nouveaux clients, comme le Vietnam, la Thaïlande et des pays asiatiques autres que la Chine pour son coton qu’il commencera à récolter en avril pour sa campagne 2020/21. En effet, la tension entre la Chine et l’Australie ne désarme pas depuis que Sydney a refusé l’accès de Huawai de son réseau de la 5G en 2018 et s’est amplifiée quand l’Australie a demandé une enquête sur l’origine du coronavirus. Ceci a des conséquences sur l’ensemble du commerce extérieur australien avec l’interdiction faite par Pékin en octobre à ses filatures d’importer du coton australien.

HUILE DE PALME

Après deux semaines de hausse et après avoir atteint vendredi dernier son prix le plus élevé depuis 2012, à 3 437 ringgits ($846,97), l’huile de palme a glissé cette semaine sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. La tonne clôture la période sous revue à 3 407 ringgit ($ 841,23) sur l’échéance février.

Face au niveau élevé des cours mondiaux, l’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, a relevé hier ses droits à l’exportation d’huile de palme brute afin de préserver son marché national et surtout sa politique de biodiésel. Selon le prix de référence, la taxe s’échelonne de $ 55 à $ 255 la tonne d’huile de palme brute (CPO). Auparavant, elle était au taux unique de $ 55 la tonne, quelque soit le prix de marché.  

A noter que lundi, l’Indonésie et l’Association européenne de libre-échange (AELE) ont signé un accord de libre-échange abaissant de 20 à 40% les droits de douane sur l’huile de palme produite de manière durable et traçable.

En Malaisie, les importations ont considérablement augmenté, de 148%, en novembre par rapport à octobre, à 112 663 t, selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Le marché s’attendait à de tels achats étant donné l’exemption de taxe et la baisse de 13,51% de la production nationale en novembre par rapport à octobre, à 1,49 Mt, son plus faible niveau depuis le mois de mars. Les exportations, quant à elles, ont baissé de 22,1%, à 1,3 Mt, leur volume le plus faible en sept mois. En effet, les achats de la Chine et de l’Union européenne ne sont pas parvenus à compenser la chute de 50% des importations indiennes, son plus gros client. Ainsi, à fin novembre, les stocks en Malaisie sont tombés à leur plus faible niveau en trois ans, à 1,56 Mt.

Quant à la Thaïlande, les conditions météorologiques continuent d’être très défavorables ce qui ne va pas aider la production qui est déjà en baisse de 11,2% sur les 10 premiers mois de l’année, à 2,43 Mt.

Côté entreprises, l’entreprise publique malaisienne Federal Land Development Authority (Felda) a indiqué mardi augmenter sa participation dans le géant de l’huile de palme FGV Holdings. Son objectif à terme est d’en prendre le contrôle total.

RIZ

Pour la troisième semaine consécutive, les prix du riz indien à l’export ont augmenté cette semaine et atteignent leurs niveaux le plus élevés en plus de deux mois. Ceci est lié à l’appréciation de la roupie et à une demande soutenue de clients d’Asie et d’Afrique. Le 5% brisures et parboiled a atteint $ 378-383 la tonne, son prix le plus élevé depuis le 24 septembre et en hausse de $ 2 à $ 3 sur la semaine dernière.

En revanche, les prix du riz vietnamien sont demeurés inchangés cette semaine face à une demande atone, le 5% brisure trouvant preneur à $ 479-490 la tonne. Le marché s’attend à une reprise de la demande au premier trimestre tant des Philippines que de l’Afrique et de la Chine.

Quant à la Thaïlande, ses brisures 5% ont grimpé à $ 485-516 la tonne contre $ 480-516 la semaine dernière car l’offre est étroite. Des prix qui dissuadent les acheteurs, les volumes échangés étant en baisse cette semaine.

SUCRE

Le sucre roux a encore grimpé, terminant hier soir à New York à 14,74 cents la livre (lb) contre 14,44 cents vendredi dernier. Selon des traders interrogés par Reuters, le sucre roux devrait continuer à s’échanger dans cette fourchette de 14 à 15 cents tout en soulignant que les pluies actuelles dans le centre-sud améliorent les perspectives de production du n)1 mondial.

Le sucre blanc, quant à lui, est passé au-dessus de la barre des $ 400, clôturant hier soir à Londres à $ 401,60 la tonne contre $ 397,30 en fin de semaine dernière.

Cette semaine, le marché était en attente d’une annonce de l’Indonésie de son programme de licences d’importation. Rappelons que ce pays est un des plus grands consommateurs mondiaux de sucre.

Au Brésil, les raffineries tournent à tour de bras. Dans le centre-sud, elles ont produit 427 000 t de sucre durant la deuxième quinzaine de novembre, soit 22% de plus qu’il y a un an. Mais la campagne tire à sa fin : ainsi, leur production est en chute de 60% par rapport à la première quinzaine de novembre.

Le Département américain de l’Agriculture (USDA) a révisé à la baisse ses prévisions de production américaine de sucre sur 2020/21, à 8,96 Mt. En novembre, l’USDA avait avancé le chiffre de 9 Mt et en octobre, celui de 9,26 Mt. La production de betterave sucrière aux Etats-Unis, quant à elle, baisserait à 4,859 Mt. Ainsi, l’USDA estime que les importations atteindront 3,42 Mt (valeur brute) contre 3,02 Mt estimé précédemment, provenant essentiellement du Mexique. Il révise aussi à la hausse ses projections de ratio stock/utilisation de sucre pour la campagne 2020/21 qui est passée de 10,6% estimé en novembre à 13,5% maintenant.

Côté entreprise, le sud-africain Tongaat se félicite aujourd’hui de sa stratégie suivie ces deux dernières années ce qui lui permet de réduire ses pertes financières sur le premier semestre de son exercice, à fin septembre. Rappelons que l’agro-industriel a vendu des actifs, a licencié et a fait une augmentation de capital pour pouvoir maintenir le cap. Il a précisé que l’impact de la Covid sur ses opérations sucrières était limité. Mercredi, le groupe a finalisé la vente pour $ 353 millions de ses activités amidon à Barloworld.

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