L’agonie de l’industrie cajou au Ghana

 L’agonie de l’industrie cajou au Ghana
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La seule usine de transformation de la noix de cajou au Ghana encore en activité, Usibras Ghana, est menacée, a expliqué son directeur général Tarciso Falcao au ministre du Commerce Ekwow Spio-Garbrah, a rapporté samedi Ghanaweb. L'usine ne tourne qu'à 20% de sa capacité (35 000 tonnes) car elle manque de matière première, l'essentiel des noix étant exportées brutes.

Qu'en est-il ? Le groupe brésilien Usibras a décidé en 2013 d'investir ($ 35 millions) dans une usine de transformation de noix qui a commencé à tourner en novembre. Préférant s'établir au Ghana, jugé en 2013 "plus stable politiquement", le groupe brésilien comptait bien cependant sur un approvisionnement de Côte d'Ivoire, premier producteur africain, avec 700 000 tonnes (t), alors que le Ghana n'en récolte qu'environ 70 000 t par an. D'autres noix viennent aussi du Burkina Faso et du Mali, dont les productions avoisinent respectivement les 60 000-70 000 t et 30 000-40 000 t

Depuis fort longtemps la Côte d'Ivoire a pour principe l'interdiction d'exporter les noix de cajou brutes, précise Pierre Ricaud de Rongead-N'Kalô. Une mesure plus ou moins bien appliquée au fil des années, les exportations frauduleuses (estimées de l'ordre de 40 000 à 50 000 t) ayant toujours eu cours, selon le spécialiste. Cependant, au cours de la campagne 2014/15, les autorités ivoiriennes, à travers le Conseil du coton et de l'anacarde (CCA), ont décidé de renforcer leurs contrôles, envoyant les militaires pour s'attaquer au trafic mafieux. Avec des résultats. "Aujourd'hui, on peut estimer que ce trafic illégal a chuté aux alentours des 5 000 à 10 000 t", estime Pierre Ricaud.

D'où la mise en difficulté des industries de transformation au Ghana. Usibras agonise, celle à Techiman de l'indien Rajkumar Impex ne tourne plus comme celle du néerlandais Mim Cashew ; sur 12 entreprises, 11 étaient déjà fermées en août dernier (lire nos informations).

Pourtant au total, la capacité industrielle installée n'est que de 65 890 t, selon le ministère du Commerce. Et si l'on considère que 150 000 t de noix brutes environ sont exportées du port de Tema, des noix du Ghana mais aussi de l'hinterland, le pays pourrait largement approvisionner ses usines et continuer à exporter quelque 100 000 t de noix brutes.

Rappelons que le Ghana a interdit l'exportation de noix brutes en mars mais est de suite revenu sur sa décision (lire nos informations). En effet, les pressions pour annuler la mesure avaient été très fortes, notamment de la part des exportateurs car les ports ghanéens seraient les moins chers de la région et les marges réalisées sur les exportations conséquentes, mais aussi des producteurs qui ne veulent pas se trouver à la merci des industriels (lire nos informations). "Les autorités ghanéennes doivent jouer franco et interdire une bonne fois pour toute les exportations de noix brutes afin de protéger leur industrie", estime Pierre Ricau.

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