Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 12 octobre 2022

 Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 12 octobre 2022
Partager vers

Cette semaine, nous avons voulu attirer l’attention sur plusieurs initiatives très intéressantes comme le lancement de la première plateforme d’échange de gaz certifié au monde, CG Hub, ou encore la première cargaison d’huile végétale partie du Kenya pour le bioraffinage en Italie par ENI. Parallèlement, le Sénégal poursuit le développement de son éclairage public solaire et sa production d’énergie solaire de façon générale. Initiative intéressante, le Togo a lancé un appel à sa diaspora pour financer des kits solaires ruraux. Enfin, les organisations internationales demeurent toujours très présentes sur la scène pour attirer l’attention de l’enjeu colossal que constitue ce dossier de l’énergie renouvelable pour l’Afrique avec cette semaine au premier rang  l’Organisation météologique mondiale.

 

FINANCES

CG Hub, la première plateforme d’échange de gaz certifié au monde, est lancée aujourd’hui pour favoriser une plus grande transparence des émissions de gaz naturel. Les principaux producteurs, négociants et acheteurs mondiaux d’énergie qui participeront à la plateforme révolutionnaire seront bientôt annoncés, incitant à des réductions drastiques des émissions mondiales de méthane, rapporte l’agence PRNewswire. Le CG Hub, géré par la plate-forme de commerce d’énergie basée sur le cloud COMET, est lancé en collaboration avec MiQ. L’organisme à but non lucratif a créé la norme de certification des émissions de méthane, qui  certifie déjà 15 milliards de pieds cubes par jour et dispose actuellement de 1,2 milliard de certificats disponibles sur son registre numérique.

ORGANISATION MÉTÉOROLOGIQUE MONDIALE

Le manque d’investissements dans le domaine des énergies renouvelables et dans la collecte de données pourrait non seulement compromettre la lutte contre le réchauffement planétaire mais aussi réduire nos futures ressources en énergies propres, notamment hydrologiques et nucléaires, selon un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié hier. Ce rapport, élaboré par 26 organismes de l’OMM, livre des conclusions alarmantes sur l’avenir climatique. Il faut tripler les investissements et doubler l’offre d’électricité provenant de sources d’énergie propre au cours des huit prochaines années si on veut limiter le réchauffement de la planète, prévient-t-il.

L’énorme potentiel encore sous exploité de l’Afrique est, une fois de plus, souligné. Pour l’OMM, cette priorité, en particulier pour l’énergie solaire, essentiel à l’objectif de 2050, constitue une opportunité pour l’Afrique, qui, en tirant partie de son potentiel inexploité, pourrait devenir l’un des acteurs principaux sur ce marché. Ce continent reçoit 60% des meilleures ressources de la planète en matière d’ensoleillement mais ne dispose que de 1% de la capacité photovoltaïque mondiale.

En 2019 et 2020, l’Asie de l’Est et la région Pacifique, et essentiellement la Chine et le Japon, ont reçu la grande majorité des investissements dans les énergies renouvelables, suivies par l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord, tandis que les pays en développement sont particulièrement sous représentés pour ces financements.

Alors qu’une action climatique audacieuse pourrait, selon les propos du Secrétaire général de l’ONU, se traduire par des bénéfices économiques de $ 26.000 milliards d’ici à 2030, les investissements dans les énergies renouvelables restent trop limités.

Mais le rapport souligne avant tout la menace que représente le changement climatique pour la sécurité énergétique de la planète. Ainsi en 2020, 87% de l’électricité mondiale produite par des systèmes thermiques, nucléaires ou hydroélectriques dépendaient directement des ressources en eau disponibles. Or, 33% des centrales thermiques qui dépendent des ressources d’eau douce disponibles pour le refroidissement se trouvent dans des zones soumises à un stress hydrique élevé.

Il en va de même pour 15% des centrales nucléaires existantes, un pourcentage qui devrait augmenter pour atteindre 25% dans les 20 prochaines années. De plus, 11% des capacités hydroélectriques sont également situées dans des zones soumises à un fort stress hydrique. Enfin, les lieux d’implantation d’environ 26 % des barrages hydrauliques existants et 23 % des barrages prévus se trouvent dans des bassins versants exposés à un risque de pénurie d’eau considéré comme moyen à très élevé.

AFRIQUE

La première cargaison d’huile végétale pour le bioraffinage produite par le groupe italien Eni au Kenya a quitté le port de Mombasa, en route vers la bioraffinerie de Gela en Italie, annonce aujourd’hui le groupe italien. Cela marque le début du système de transport et de logistique qui soutiendra la chaîne de valeur dans le pays, en commençant par une production de 2 500 tonnes (t) d’ici la fin de 2022 pour passer rapidement à 20 000 t en 2023.

L’huile végétale est produite dans l’agri-hub de Makueni, l’usine de pressage ouverte par l’entreprise en juillet 2022 et qui traite des graines de ricin, de croton et de coton. Eni a lancé le projet au Kenya en 2021. « Ce sont des matières premières agricoles, qui ne sont pas en concurrence avec la chaîne alimentaire, cultivées en zone dégradée, récoltées sur des arbres spontanés ou issues de la valorisation de sous-produits agricoles, offrant des opportunités de revenus et un accès au marché à des milliers d’agriculteurs », indique le communiqué. Le centre fabrique également des aliments pour animaux et des bio-engrais à partir de la composante protéique des semences, au profit de la production animale et contribuant ainsi à la sécurité alimentaire.

Eni Kenya, sa chaîne d’approvisionnement et toutes les matières premières agricoles développées sont certifiées selon le programme de durabilité ISCC-EU (International Sustainability and Carbon Certification), l’une des principales normes volontaires reconnues par la Commission européenne pour la certification des biocarburants (RED II) . Eni a été la première entreprise au monde à certifier le ricin et le croton.

L’initiative prévoit la construction d’autres pôles agricoles, le second devant être opérationnel en 2023. En plus de l’huile végétale, Eni prévoit également d’exporter l’huile de cuisson usée (UCO) collectée auprès des chaînes hôtelières, des restaurants et des bars de Nairobi.

Le Kenya ouvre la voie aux initiatives d’Eni dans la chaîne agro-industrielle, qui comprend actuellement le Congo, le Mozambique, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Rwanda et le Kazakhstan. Pour ces pays, ainsi que pour l’Italie, des études de faisabilité ont déjà été lancées.

SÉNÉGAL

Le groupe panafricain Axian, issu de l’initiative Global Compact des Nations Unies, a annoncé jeudi avoir créé sa filiale NewEnergyAfrica (NEA) avec pour objectif de développer les énergies renouvelables en Afrique. Pour l’instant, elle est positionnée au Sénégal et à Madagascar. NEA Sénégal intervient dans le cadre du projet Minersol en cours de construction au port minéralier de Bargny Sendou. Il s’agit d’une centrale solaire sur 14 ha avec plus de 35 000 panneaux photovoltaïques pour une production d’énergie renouvelable de plus de 15MW, précise le communiqué.

Après la Côte d’Ivoire en juillet dernier, c’est au Sénégal que le groupe Ragni (150 salariés, CA : 50 M€), l’un des leaders français de la conception et de la fabrication de solutions d’éclairage public basé à la Gaude, ouvre sa nouvelle filiale Ragni Novéa. Avec sa filiale Novéa Energies, basée à Angers, Ragni fabriquera 36 000 lampadaires solaires pour le compte de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables au Sénégal. Ce projet doit permettre de généraliser l’utilisation de l’éclairage public solaire sur l’ensemble du territoire national. Le recrutement et la formation se feront localement. Le déploiement des équipements se fera sur 24 mois.

TOGO

Le programme d’électrification des zones rurales togolaises dénommé « Cizo », lancé par le gouvernement en 2017, a franchi une nouvelle étape, a indiqué fin septembre l’Ambassade du Togo en France. En effet, du partenariat conclu entre Bboxx et EDF (voir nos précédentes chroniques) découle la possibilité pour les membres de la diaspora togolaise partout dans le monde d’acheter des kits de production d’électricité solaire décentralisée pour leurs proches résidant en zone rurale au Togo, indique le communiqué. Il est précisé que la livraison et l’installation du kit se fait dans les 15 jours suivant la souscription du membre de la diaspora via la plateforme diasporaenergie.com

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *