SIETTA 2018 : la double industrialisation recherchée dans la filière cajou en Côte d’Ivoire

 SIETTA 2018 : la double industrialisation recherchée dans la filière cajou en Côte d’Ivoire
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Quelque 7 500 participants venus de 37 pays étaient présents, de jeudi à samedi, à la troisième édition du Salon international des équipements et des technologies de transformation de l’anacarde (Sietta) qui a eu lieu au Palais de la culture de Treichville, à Abidjan. En marge du salon s’est tenue également la douzième Conférence annuelle de l’African Cashew Alliance (ACA). Au cœur de la thématique tant de la filière chez le n°1 africain de l’anacarde que du Sietta : la transformation locale génératrice de valeur ajoutée opportunités pour la jeunesse.

Un “Sietta de transition”

La transformation des noix piétine, n’a pu que constater le Vice président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, à l’ouverture du Salon. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on ne transforme toujours que 10% de la récolte qui aujourd’hui, à la mi-campagne 2018/19, atteint 736 000 tonnes (t), 78 000 t devant encore être récoltées. L’objectif, a-t-il rappelé, est d’atteindre un taux de transformation de 50% d’ici 2020. Dans un peu plus d’un an….

Maigre consolation, la Côte d’Ivoire n’est pas seule sur le continent à connaître cet état de fait : l’Afrique représente plus de 90% de l’offre mondiale de noix brutes, mais n’en transforment que 6% contre 120% en Amérique du Sud et plus de 220% pour l’Asie, a précisé vendredi Adama Coulibaly, directeur général du Conseil coton-anacarde et Commissaire général du Sietta.

Ceci dit, les choses pourraient bouger. Le Projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde (PPCA) s’est vu dynamiser cette année par le prêt de $ 200 millions sur cinq ans (2018-2023) de la Banque mondiale (lire nos informations Coup de pouce à la transformation de la noix de cajou en Côte d’Ivoire). Pour mémoire, ce projet d’appui au PPCA devrait bénéficier à environ 225 000 producteurs mais aussi aux entreprises, des petites unités de transformation jusqu’aux installations industrielles d’une capacité annuelle de 3 000 à 10 000 tonnes, en passant par les petites et moyennes entreprises qui s’occupent du stockage des noix de cajou brutes.

La politique des quotas

Parallèlement, des mesures très concrètes sont prises par le Conseil du coton et de l’anacarde pour accélérer la transformation. Tout d’abord, des quotas de production réservés à la transformation locale sont décidés : pour 2018, les exportateurs devront justifier d’avoir vendu 15% de leur récolte à des opérateurs locaux, avant d’obtenir l’autorisation d’exporter. Deuxièmement, est mis en place un mécanisme de garantie, par le biais d’un dépôt auprès des banques, selon le montant de l’emprunt, pour faciliter l’accès des transformateurs au financement pour l’acquisition de la matière première.

Troisième point, un mécanisme de régulation du prix de vente de la noix brute aux unités de transformation a été mis en place : au-delà de FCFA 850 le kilo de noix brut, la différence est subventionnée par l’Etat par le biais du Droit unique de Sortie (DUS) sur l’exportation de noix brut. Quatrièmement, dès 2019, quatre zones industrielles à Bouaké (centre), Korhogo (nord), Bondoukou (est) et Séguéla (nord-ouest), seront “viabilisées, stabilisées” et “disponibles” pour la transformation.

L’émergence d’équipementiers locaux

L’émergence d’une industrie de la transformation doit être accompagnée d’une industrie de la production locale des équipements“, affirme Adama Coulibaly. Et c’est pourquoi le responsable s’est félicité du nombre croissant d’équipementiers locaux présent au Siett cette année, au nombre de 17 sur une vingtaine présent contre 6 sur 29 lors de l’édition précédente.

La volonté de la Côte d’Ivoire d’aller résolument vers la transformation n’est pas compatible avec une politique basée uniquement sur des équipements exogènes importés. Le succès de notre politique de transformation doit être soutenue par une politique d’encouragement de l’émergence d’une industrie locale de fabrication d’équipements et de l’émergence de nouveaux corps de métiers dotés de la capacité technique d’entretien et de réparation des machines et autres outils de production. C’est pourquoi nous considérons que le Sietta 2018 est un Sietta de transition.

Du banquier au pépiniériste

Quant au financement, rapporte Fraternité Matin, des “subventions à coûts partagés” sont mis en place, a expliqué Adam Coulibaly qui est rentré dans les détails devant 300 producteurs rassemblé verndredi au Sietta.

Trois guichets sont prévus, rapporte Fraternité Matin : le guichet A qui entend renforcer les garanties des PME/PMI pour mettre en service 20 entrepôts construits par 20 coopératives avec une capacité de stockage de 20 000 t, des subventionnés à hauteur de FCFA 150 millions ;  le guichet B, axé sur les subventions de contrepartie des PME/PMI et des organisations professionnelles agricoles (Opa), permettant de réhabiliter 320 petits entrepôts pour un coût de FCFA 125 millions ; le guichet C qui alloue des subventions à des micro-projets, notamment pour les femmes et les jeunes.

Le Programme national de recherche sur l’anacarde (PNRA) s’attachera à travailler sur l’augmentation des rendements qui, en  2018 est de 524 kg/ha. Or, avec  l’utilisation de génotypes à haut rendement, on peut atteindre 1800 à 2200 kg/ha, a-t-il été précisé. Il faut aussi “épauler” les agents de l’Anader sur le terrain, rapporte encore Fraternité Matin, l’Agence nationale d’appui au développement rural ayant déjà été recruté pour 2019 : des pépiniéristes, des agents de  certification, des livreurs mais aussi de nouveaux corps de métiers. Au moins 300 000 producteurs seront formés dont 15% de femmes et 32 500 vergers réhabilités, souligne notre confrère.

Enfin, rien ne sert à développer une filière si on ne peut évacuer la marchandise. Aussi, 21 000 km de routes rurales seront réhabilitées ou entretenues, a promis le responsable.

Rappelons que la production ivoirienne de cajou a atteint 711 236 t en 2017, soit 23 % de la production mondiale, avec des exportations qui se chiffraient à $ 800 millions, l’anacarde étant le troisième produit d’exportation de la Côte d’Ivoire, après le cacao et les produits pétroliers raffinés, loin devant le caoutchouc, le coton et le café. Dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest en 2017, la production avait été de 1,612 Mt.

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