Le marché du cacao en pleine ébullition

 Le marché du cacao en pleine ébullition
Partager vers

La tension monte sur le marché du cacao après que le Cocodod ait annoncé que la production de cacao au Ghana ne sera que de 700 000 tonnes en 2017/18, bien en dessous de la prévision initiale de 850 000 tonnes. Alors que les cours s’emballent depuis plusieurs jours suite à la rareté des fèves de qualité et aux craintes portant sur l’approvisionnement ouest-africain, ( cf. notre chronique du 8 mars), ils ont poursuivi leur ascension lundi en clôturant à un plus haut de 16 mois à $2 546 la tonne sur le marché de New York et à un plus haut de 13 mois à Londres à £ 1 791 la tonne. C’est 35% de plus gagné sur le marché de New York depuis le début de l’année.

Lundi, Joseph Boahen Aidoo, directeur général du Cocobod, a déclaré dans une conférence de presse que le Ghana n’atteindra probablement pas son objectif de 850 000 tonnes de cacao en raison du temps sec. Si les pluies récentes peuvent améliorer les rendements de la récolte intermédiaire, qui va de juin à septembre, elles ne suffiront peut-être pas à compenser les pertes subies dans la récolte principale qui se poursuit jusque là, a-t-il ajouté. Jusqu’au 2 mars, les achats de cacao du Cocobod se sont élevés à 650 000 tonnes. « Nous avons acheté la majeure partie de notre cacao pour la récolte principale », a déclaré le directeur du Cocobod dans une interview à Reuters. « Nous espérons obtenir environ 50 000 tonnes ou un peu plus pour la récolte intermédiaire. Cela nous amène à environ 700 000 ou un peu plus de 700 000 tonnes ».

Une annonce qui, soulignons-le, est à rapprocher de celle du ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire qui confiait à CommodAfrica il y a dix jours que la production ivoirienne baisserait d’ici 5 ans, et quasi concomitante à celle du Conseil du café-cacao, toujours en Côte d’Ivoire, signalant une réduction de production d’ici deux ans (cf.nos informations). Des effets d’annonce qui amorcent une stratégie concertée de réduction de la production dans les deux premiers pays du cacao qui représentent 60% des fèves mondiales pour faire remonter les cours ? Tout le porte à croire. Car si le Ghana met en place, lors de là prochaine campagne, un mécanisme assurant 70% du prix au planteur, mettant un terme à son prix garanti, et si la Côte d’Ivoire veut assurer à ses propres planteurs un prix équivalent afin de réduire les volumes de fèves qui passent en contrebande entre les deux pays, ils doivent ensemble agir afin que les cours du cacao remontent vite. Car c’est maintenant que ce font les ventes par anticipation pour la prochaine campagne et qui donnent un aperçu des prix à venir.

La Côte d’Ivoire et le Ghana se sont félicités, au Salon international de l’agriculture à Paris il y a deux semaines, du rapprochement des deux pays pour adresser les problématiques cacao. Car le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly, qui avait invité l’ambassadrice du Ghana à Paris, Anna Bossman, à prendre place à côté de lui à la table des intervenants de la conférence Côte d’Ivoire au SIA, avait souligné : « Nous devons nous poser les bonnes questions pour la durabilité du cacao. Et la problématique de la filière se pose en termes de répartition équitable des fruits tirés de la chaine de valeur », avait-il alors expliqué. Il a rappelé que les $ 100 milliards générés par an au niveau mondial sur l’ensemble de la chaîne de valeur cacao, « de la fève à la plaquette» les pays producteurs n’en tirent que 6%…. Pas les producteurs, mais les pays producteurs », avait-il tenu à préciser, l’ambassadrice acquiesçant. « La part des producteurs est de moins de 2%. C’est la question de fond. »

Mais à plus court terme, la question cruciale qui se pose au Ghana et plus précisément au Cocobod est le remboursement du prêt de $1,3 milliard contracté en octobre (cf. nos informations), alors même que le Cocobod est dans une situation financière critique (cf. nos informations) et que le prix aux producteurs a été maintenu à un niveau élevé (cf. nos informations), en déconnexion avec le marché mondial, ce qui représente une perte d’environ $600 par tonne vendue . « Nous prions seulement pour que nous puissions répondre à nos besoins collatéraux parce que la récolte n’est pas aussi bonne qu’anticipée», a déclaré Joseph Boahen Aidoo. Ajoutant « Nous venons de commencer à payer la première tranche (ndlr du crédit) en février ». L’appui du gouvernement sera surement nécessaire. « Nous discutons toujours avec le gouvernement et nous trouverons des solutions », a déclaré Joseph Boahen Aidoo.

Le projet d’emprunt d’environ $500 millions auprès de la China Eximbank serait mis en attente, la Banque africaine de développement (BAD) étant susceptible d’octroyer un prêt au Ghana couvrant une grande partie des dépenses.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *