Coronavirus : la banane impactée par les fermetures d’écoles et le télétravail

 Coronavirus : la banane impactée par les fermetures d’écoles et le télétravail
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L’Italie et maintenant la France, entre autres pays, prennent des mesures drastiques face à la montée en puissance du coronavirus. Les établissements scolaires ferment, le télétravail est prôné, les marchés sont menacés. Ce qui a un impact sur la consommation de produits frais, notamment la banane.

CommodAfrica a interrogé aujourd’hui le spécialiste français Denis Loeillet, économiste au Cirad, responsable de l’observatoire des marchés du Cirad-Persyst (UR26) et rédacteur en chef de la revue “FruiTrop”.

Quel pourrait être l’impact de la fermeture des établissements scolaires en France après ceux en Italie sur le marché de la banane, un des fruits préférés à glisser dans le cartable des écoliers ?

Il est difficile de se prononcer sur l’impact car c’est la première fois que nous sommes confrontés à ce type de situation.Ceci dit, il n’y a pas que la fermeture d’écoles qui va avoir un impact mais aussi la généralisation du télétravail en Italie comme en France, sans oublier les marchés de plein vent qui vont être moins fréquentés.

Par exemple, les cantines d’entreprises ont déjà commencé à beaucoup réduire l’offre et ils vont sans doute rapidement passer à des produits en barquettes, etc. Avec le télétravail, les gens vont moins sortir car ils ont fait des stocks de pâte et de riz : depuis le début de l’année, les ventes de ces produits ont augmenté d’environ 20%. Les gens ne vont sans doute pas repartir dans les magasins pour acheter seulement des produits frais.

S’agissant plus particulièrement de la banane, ce n’est pas de chance car on pensait passer un premier trimestre tranquille avec des prix plutôt bons depuis le début de l’année, avant que ne démarre la montée saisonnière de la banane dollar notamment avec l’offre équatorienne.

Quand arrive-t-elle ?

La banane équatorienne est toujours présente mais il y a un pic de production qui est classique et qui sera plus fort cette année. Depuis longtemps, la filière avait anticipé que le marché européen allait être plus compliqué à partir du mois d’avril. Or, en définitive, il est devenu compliqué bien avant. Non pas tant à cause de la problématique de la consommation qui, habituellement, est le facteur déterminant mais plutôt à cause des perturbations dans les arrivages, les retards au déchargement en raison des problèmes dans les ports italiens ; il y avait aussi le problème de disponibilités des conteneurs car nombre d’entre eux sont bloqués en Asie. Mais, jusqu’à maintenant, face à cela, la consommation était bonne.

Maintenant, on va donc cumuler les facteurs logistiques avec ceux de la consommation de bananes comme des autres produits frais, que ce soit à l’école, en restauration hors foyer, sur les marchés plein vent, etc.. Le télétravail va aller croissant et dans ce cas, on consomme chez soi et pas les mêmes choses que lorsqu’on est à l’extérieur. On bascule vers des produits alimentaires de longue conservation. Tous les produits frais devraient être impactés.

Et le marché de la banane a des particularismes ?

Oui car l’offre mondiale de bananes est en forte augmentation, saisonnière et structurelle. Là on risque d’avoir des collisions spacio-temporelles difficiles !

L’Equateur n’est pas confronté aussi au problème de fret ?

La situation est un peu différente car il semble que ce soit la fin de la période des poulpes, des crevettes, etc. de l’hémisphère sud et les changeurs seront ravis de charger de la banane. Donc même s’il y a des difficultés, ils trouveront des navires.  Sur les flux Afrique-Europe, la situation est un peu différente car on est quasiment que sur des circuits fermés. Mais de façon générale, les bananes vont être chargées à un moment ou un autre et les problèmes logistiques vont provoquer des à-coups, ce que le marché n’aime pas.

Quelle incidence a la fermeture de l’Italie pour le marché européen des bananes ?

Beaucoup de bananes sont déchargées en Italie et partent au nord de l’Europe. Comme l’Italie devient compliquée, des chargeurs ont décidé de faire plusieurs jours de mer en plus et éviter de décharger en Italie. Les lignes maritimes s’adaptent.

Donc le volume en banane va être là et cela va créer une perturbation. On sera perdant-perdant. Il n’y aura pas moins de bananes ; ce seront les prix qui vont baisser.

En Roumanie, par exemple, ils s’attendent d’ici quelques semaines à tomber à des niveaux de € 5 à 6 le carton contre € 10-11 actuellement ; mais je pense que c’est exagéré.

Et en France ?

On est autour de € 12-13 le carton, ce qui est correct. Cette semaine, très conjoncturellement, cela s’est bien maintenu en définitive mais on est en-dessous de l’année dernière et on a commencé la descente bien trop tôt. L’année dernière, à pareille époque, on était au-dessus de € 13. Le mois de mars est traditionnellement un pic en terme de prix. Il faut savoir que els opérateurs de la banane font le plus gros de leur chiffres d’affaires au premier semestre, voire aux deux premiers bimestres, puis ils ne font que perdre après.

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