La Chronique matières premières agricoles au 12 mars 2020

 La Chronique matières premières agricoles au 12 mars 2020
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Les places boursières européennes auraient connu jeudi la pire journée de leur histoire, s’ajoutant à celle de lundi, la mobilisation des gouvernements et des banques centrales ne suffisant pas à rassurer face à la montée en puissance du coronavirus érigé en pandémie cette semaine par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et par son impact sur la croissance mondiale. La goutte qui a fait déborder le vase a été l’annonce par le président américain Donald Trump de la fermeture des frontières des Etats-Unis aux ressortissants des 26 pays membres de l’espace Schengen. Les mesures annoncées par la Réserve fédérale américaine et par la Banque centrale européenne (€ 120 milliards) ne sont pas parvenues à rassurer, voire ont déçu. Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau va être placé en isolement pendant 14 jours après que son épouse ait été testée positive.

Sur la seule journée d’hier, Wall Street a perdu près de 10%, le CAC 40 français 12,28%, le Dax à Francfort 12,4%, le FTSE à Londres 10,87%, Tokyo 6,08% et le CSI 300 chinois 2,07%. Aux Etats-Unis, le Nasdaq Composite a reculé de 9,43%. Mais rappelons que les marchés financiers étaient il y a seulement à des pics historiques. Il faut donc relativiser la perte de 24% des indices S&P500 et Nasdaq depuis leurs sommets.

Les cours du pétrole, quant à eux, ont enregistré leur pire semaine depuis la crise financière de 2008 face à la crainte d’une forte baisse de la consommation, notamment avec de nombreux arrêts de trafic aérien qui se conjugueraient avec la guerre des prix que se livrent l’Arabie saoudite et la Russie. Le baril de Brent a terminé hier soir à $ 33,71 le baril et le WTI à $ 31,65.

INDICE S&P GSCI AGRICULTURE

 

CACAO

Avec le reste des matières premières et des marchés financiers, le cacao a baissé cette semaine. Il termine à Londres à £ 1 869 la tonne parti de £ 1 886 vendredi dernier, tandis qu’à New York, il a chuté à $ 2 495 contre $ 2 561 en fin de semaine dernière.

La crainte d’une baisse de consommation sur le premier marché mondial de chocolat, l’Europe, a impacté les fèves. A ceci s’est greffée la perspective de hausse du prix de la tablette en raison de la répercussion sur le consommateur du renchérissement du coût de la matière première avec l’application en Côte d’Ivoire et au Ghana du différentiel de revenu décent de $ 400 la tonne pour le cacao disponible à partir du 1er octobre 2020.

En outre, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a révisé à la baisse ses estimations d’excédent sur la campagne 2019/20, un déficit qui ne serait plus que de 85 000 t contre les 105 000 t énoncées précédemment. La situation pourrait même virer à l’excédent si la consommation baisse. Les estimations de production sont révisées en hausse de 79 000 t, à 4,83 Mt, avec des broyages également plus élevés de 56 000 t à 4,86 Mt. La production en Côte d’Ivoire est prévue augmenter de 26 000 t à 2,18 Mt, l’impact des fortes pluies et des maladies ayant été moins fort qu’initialement craint. Au Ghana, la production atteindrait 850 000 t contre 812 000 t en 2018/19.

Les broyeurs en Côte d’Ivoire ont transformé 235 000 t de fèves de cacao à fin février, en hausse par rapport aux 226 000 t sur la même période la campagne dernière. Rappelons que la capacité industrielle de broyage installée est de 712 000 t.

Selon le Conseil du café-cacao (CCC) ivoirien, les arrivages des fèves aux ports ont atteint 1,553 Mt entre le 1er octobre et le 29 février, en hausse de 0,7% par rapport à la même période la campagne précédente. les exportateurs, quant à eux, estiment à 1,545 Mt les arrivages entre le 1er octobre et le 1er mars, contre 1,426 Mt sur la même période en 2018/19.

CAFE

Le coronavirus ne semble pas perturber le moment café ! A Londres, la tonne de café Robusta n’a guère changé par rapport à la fin de la semaine dernière, clôturant hier soir même en légère hausse à $ 1 249 la tonne contre $ 1 245 vendredi dernier. Même tendance sur l’Arabica qui a terminé à $ 1,0885 la livre(lb) contre $ 1,0740 en fin de semaine dernière.  

En revanche, on s’inquiète des disponibilités d’Arabica dans les stocks de café filiérisés, c’est-à-dire dans les entrepôts des marchés à terme. Les stocks ont commencé le mois dernier à se contracter. Actuellement, ils sont de l’ordre de 2,1 millions de sacs de 60 kg (Ms) dans les stocks certifiés de l’ICE mais certains traders estiment qu’ils chuteront à 1,1 Ms d’ici la fin septembre. A noter le rôle majeur du Honduras qui ne représente que 10% de la production mondiale d’Arabica mais qui représente environ les trois-quarts des stocks certifiés de l’ICE. Notons que les prix de l’Arabica ont grimpé de 25% au dernier trimestre 2019 lorsque les stocks ont chuté de 10% puis ont plongé de 20% en janvier lorsqu’ils se sont regonflés de 7%.

En Asie, alors que les cas de coronavirus régressent en Chine, on continue de s’inquiéter. Les producteurs dans les Central Highlands au Vietnam se sont vus offrir 31 100 dongs ($ 1,34) le kilo contre 31 500 dongs il y a une semaine. A l’export, les traders ont vendu leur Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une surcote de $ 160 la tonne par rapport à la cotation de Londres contre $ 145 à $ 155 la semaine dernière. Notons que le Vietnam a vendu 173 789 t de café en février, en hausse de 19,8% par rapport à janvier, selon les chiffres de la douane. Mais sur les deux premiers mois de l’année, la progression  n’a été que de 1%, totalisant 319 207 t.

En Indonésie cette semaine, on offrait $ 300 à $ 350 la tonne de plus que la cotation sur l’échéance mai à Londres pour du Robusta de Sumatra. L’activité demeure calme avec une récolte qui ne devrait démarrer qu’en avril ou mai.

Au Brésil, n°1 mondial du café, les exportations de café vert ont chuté de près de 26% au mois de février par rapport à il y a un an, pour totaliser 2,4 Ms, selon l’association des exportateurs de café Cecafé. En cause, une réduction dans l’approvisionnement local et un mois plus court. De ce total, les Arabica ont représenté 2,2 Ms, en baisse de près de 28%.

En Colombie, les producteurs devraient bénéficier de la baisse de la valeur du peso face au dollar mais également d’un prix interne du café qui est en hausse sans oublier le versement d’une prime élevée de $ 0,45 la livre (lb), a souligné le patron de la Fédération nationale des planteurs de café. Mercredi, le prix interne du café était de 1,12 million de pesos pour les 125 kg alors que les coûts de production, essentiellement la main d’œuvre et les engrais, sont de 800 000 pesos.

En Afrique, en Angola, l’Institut national du café a distribué 15 000 plants de café Arabica dans chaque municipalité de la province de Huambo ; 30 familles d’agriculteurs devaient en recevoir dans chaque village. Dans une deuxième étape, 10 000 autres plants seront distribués. Rappelons qu’en 1974, ce pays était le troisième producteur mondial de café et le n°1 à l’export en 1975.

Côté entreprises, le géant américain Starbucks a annoncé investir $ 130 millions dans une usine de torréfaction à Kunshan en Chine en 2022, cas emblématique d’une zone franche chinoise qui connait une croissance spectaculaire. Starbucks qui a lancé lundi son test expérimental NextGen de tasses biodégradables avec pour objectif qu’elles soient recyclables et utilisables pour le compost.

CAOUTCHOUC

Les deux krachs boursiers de lundi et jeudi, la chute des cours du pétrole corrélée avec une intensification de la guerre des prix entre les pays producteurs, et la propagation de la désormais pandémie du coronavirus à l’Europe et aux Etats-Unis,  ont fait plongé le marché du caoutchouc. Sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom), les cours ont chuté à 160,1 yens ($1,6) le kilo, soit plus de 8 yens de moins par rapport à vendredi dernier (168,3 yens). Même tendance à Shanghai, mais moins prononcée, les cours clôturant  hier à 10 460  yuans ($1499) la tonne contre 10 900 yuans vendredi dernier. La baisse des nouveaux cas de coronavirus en Chine pouvant alimenter l’espoir d’une reprise de la demande intérieure.

En Chine, les constructeurs automobiles demandent au gouvernement de les aider après que les ventes aient chuté de 79% en février, soit la plus forte baisse mensuelle jamais  enregistrée. Toujours en Chine, les importations de caoutchouc naturel et synthétique se sont élevées 1, 056 million de tonnes (Mt) en janvier-février, en hausse de 6,7% par rapport à la même période en 2019.

Au Japon, les importations chinoises de caoutchouc ont augmenté de 6,7% en janvier-février par rapport à l’année précédente, selon les données commerciales préliminaires publiées par l’administration générale des douanes du pays.

COTON

Comme sur nombreux marchés,  la propagation du coronavirus en Europe et aux Etats-Unis et les krachs boursiers ont fait chuter les cours du coton, qui ont marqué une certaine volatilité cette semaine. De 62,79 cents la livre vendredi dernière, ils ont clôturé sous la barre des 60 cents hier à 59,7 cents. Le sentiment  de risque pèse sur les investisseurs amplifié par la décision de Donald Trump de restreindre les  voyages de l’Europe aux États-Unis pendant 30 jours et le manque de clarté sur la réponse de santé publique des États-Unis, associé à l’absence de mesures de relance ciblées, a ajouté à l’incertitude.  “Si nos politiciens ne parviennent pas à un accord sur un plan de sauvetage, les choses pourraient vraiment tourner au vinaigre et nous (le marché du coton) pourrions nous diriger vers le milieu des 50 cents la livre”, a déclaré John Payne, courtier principal chez Daniels Trading.

Une évolution qui a éclipsé le rapport sur l’offre et la demande mondiale des produits agricoles (WASDE)  du département américain de l’Agriculture (USDA)  réduisant ses estimations de la production américaine et des stocks de clôture pour la campagne de commercialisation 2019/20. Toutefois, l’USDA prévoyait aussi une baisse de la demande de coton dans le monde, dont une réduction d’un million de balles en Chine. Et au niveau mondial, la production et les stocks sont révisés à la hausse tandis que la consommation l’est à  la baisse. La grande inquiétude concerne le niveau de consommation. Plexus Cotton rappelle que lors de la crise mondiale de 2008, l’utilisation de coton a chuté de près de 14 millions de balles.

L’Ouzbékistan a entièrement libéralisé sa  filière coton mettant fin à plusieurs décennies d’un système de quotas de production obligatoires. Le décret, signé par le président Shavkat Mirziyoev le 6 mars dernier, supprime également les obligations des agriculteurs de participer à la production de coton. La mesure prend effet pour la campagne 2020.  L’Ouzbékistan a été mis à l’index pour le travail forcé et le travail des enfants dans les champs de coton.

HUILE DE PALME

En dépit de l’amélioration des exportations avant le mois du Ramadan et de la baisse des stocks en février, l’huile de palme n’a pas pu résister à la vague déferlante de  l’expansion de la pandémie du coronavirus et à la chute des cours du pétrole. Dans un marché volatil, les cours sont tombés à 2 278 ringgits ($534,87) la tonne hier contre 2 328 ringgits vendredi dernier.

Et pourtant, des prémices d’une reprise de la demande étaient tangibles. Les stocks d’huile de palme en Malaisie ont chuté de 4,2% en février à  1,68 million de tonnes (Mt), un plus bas depuis juin 2017 selon les données publiées mardi par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Une baisse consécutive à une hausse plus forte de la consommation intérieure (+17,6%) par rapport à l’augmentation de la production (+10%). En revanche, les exportations ont chuté en février de 11% à 1,082 Mt,  un plus bas de 5 ans,  en raison de l’épidémie de coronavirus en Chine et des restrictions des importations indiennes d’huile de palme raffinée. Les exportations vers le principal acheteur, l’Inde, ont chuté de 54% par rapport à janvier pour s’établir à 21 130 tonnes. Les expéditions vers la Chine, deuxième acheteur, ont chuté de 11% par rapport à janvier pour s’établir à 156 805 tonnes par rapport à janvier.

La Malaisie s’est fixée un objectif d’un mois pour résoudre son différend commercial avec l’Inde concernant l’huile de palme, a déclaré son nouveau ministre des Produits de base, ajoutant qu’il souhaitait envoyer une délégation en Inde dès que possible. D’ores et déjà la Malaisie  fait tout pour apaiser le conflit diplomatique. Ses achats de sucre à l’Inde ont depuis le début 2020 presque triplé par rapport à la même période en 2019.

Côté entreprise, Bill Gates, via son Breakthrough Energy Ventures, a investi $20 millions dans la start-up C16 Bioscience, qui produit une huile de palme synthétique donc sans déforestation (Lire : Bill Gate investit $20 millions dans une start-up qui produit de l’huile de palme synthétique).

RIZ

Les conditions de sécheresse en Thaïlande ont alimenté les inquiétudes d’une pénurie d’approvisionnement et ont fait grimper les prix à l’exportation à plus  haut de 6 ans et demi cette semaine, tandis que la forte demande intérieure au milieu d’une épidémie de coronavirus a poussé les taux vietnamiens à un pic d’un an.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpé à $470- $495 la tonne, soit leur plus haut depuis août 2013, contre $460- $467 la semaine dernière. En cause, la sécheresse qui touche de nombreuses parties de la zone rizicole.  Une sécheresse qui pourrait s’étendre cette année au-delà de la période habituelle d’avril à juin, selon une déclaration du gouvernement thaïlandais.  “De nombreuses rizeries refusent de vendre en raison de l’incertitude sur l’approvisionnement pendant cette saison sèche”, a déclaré un négociant en riz basé à Bangkok.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont aussi augmenté à $400- $405, leur plus haut depuis novembre 2018, contre $390- $400 la semaine précédente. La demande intérieure a été forte au cours de la semaine, les familles se précipitant pour stocker du riz avec la propagation du coronavirus et obligeant les exportateurs à augmenter leurs prix face à la rareté des approvisionnements.

Les exportations de riz du Vietnam au cours des deux premiers mois de cette année ont augmenté de 31,7% par rapport à l’année précédente pour atteindre 928 798 tonnes, selon les données des douanes.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont  légèrement baissé à $363- $367 la tonne, contre $367- $371 la semaine dernière, pénalisés par la dépréciation de la roupie malgré l’amélioration de la demande des pays africains.

En Côte d’Ivoire, face aux résultats insuffisants de la filière riz, le gouvernement a révisé sa Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) en misant notamment sur la riziculture irriguée, la réhabilitation des parcelles et des semences à haut rendement (Lire : La Côte d’Ivoire revoit sa stratégie nationale sur le riz).

SUCRE

C’est la dégringolade ! Le sucre roux a terminé hier soir à New York à 11,62 cents la livre (c/lb) contre 13,02 c/lb en fin de semaine dernière sur le marché à terme de New York. Le sucre blanc à Londres a suivi les mêmes vicissitudes, clôturant à $ 354,10 la tonne contre $ 370,30. Rappelons que vendredi dernier, il avait touché son plus bas depuis le mois de janvier à $ 369,50.

Rien d’étonnant au regard de ce qu’il se passe au Brésil. Hier, Petrobas, la société pétrolière étatique, a réduit de près de 10% le prix de l’essence, sa première coupe depuis la chute des cours du pétrole cette semaine. Une décision qui va inciter les  raffineries à consacrer davantage de canne à la fabrication de sucre que d’éthanol. Par rapport à 2019/20, le Brésil pourrait augmenter sa production de sucre de 4 à 5 Mt, ce qui propulserait le marché mondial en situation d’équilibre.

Une annonce qui a fait chuter de plus de 5% le prix du sucre à New York. Selon l’analyste du marché du sucre chez S&P Global Platts, Claudiu Covrig, la consommation d’éthanol en 2020 au Brésil baisserait de 2,4% ; ainsi 40% de la canne irait à la production de sucre. Rappelons que ces deux dernières campagnes, le Brésil a retiré du marché mondial quasiment 20 Mt de sucre pour les consacrer à la production d’éthanol, permettant d’absorber l’excédent sucrier et de faire regrimper les prix. On pourrait être à l’aube d’un nouveaux revirement de tendance.

Ceci dit, la situation en Thaïlande demeure problématique et c’est autant de sucre qui n’arrivera pas sur le marché. Quant à l’Indonésie, le gouvernement a émis des permis d’importation pour 1,44 Mt de sucre roux alors qu’en décembre on s’attendait à importer 3,2 Mt.

En Inde, les raffineries auraient déjà signé des contrats pour exporter 3,5 Mt de sucre sur la campagne 2019/20, notamment vers l’Iran, la Malaisie, la somalie et le Sri Lanka. Ceci lui permettra d’alléger ses stocks et de maintenir ses prix sur le marché local.

Côté demande, les Etats-Unis pourraient manquer de sucre. Le département américain de l’Agriculture (USDA) a demandé au ministère du Commerce d’augmenter les importations car les niveaux des stocks ont considérablement baissé en un mois : le ratio stock/consommation  a chuté à 7,2% contre 12,4% le mois précédent. Une baisse liée à des prévisions en baisse de la production mexicaine (à 5,2 Mt, soit 471 686 t de moins que dans les prévisions de l’USDA il y a un mois) et des betteraves sucrières aux Etats-Unis.

Côté entreprise, Tereos, n°3 mondial, a demandé à ses fournisseurs réguliers des réductions de 7% et de 10% sur les prix pour pouvoir faire face à la dégringolade des cours. Comme ses confrères européens, le français se trouve coincé entre des cours mondiaux qui rechutent et des approvisionnements plus abondants, essentiellement le fuit de l’élimination par l’Union européenne (UE) des quotas de production. Tereos a affiché des pertes financières sur les deux dernières années. Le mois dernier, il avait annoncé une amélioration de ses résultats à fin mars grâce au redressement des cours et à la forte demande en éthanol. Une situation favorable mise à mal par le coronavirus ces derniers jours. Au 31décembre dernier, la dette de Tereos s’élevait à € 2,91 milliards contre € 2,69 milliards un an auparavant (lire nos informations Le groupe sucrier Tereos limite ses pertes avec la reprise des cours du sucre).

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