La Chronique Matières Premières Agricoles au 12 avril 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 12 avril 2018
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Les investisseurs n’ont pas su où donner de la tête cette semaine. Mercredi,  le président américain prévenait  la Russie que “les missiles arrivent” tandis que jeudi il modérait son discours, laissant entendre qu’une attaque contre l’armée syrienne n’était pas forcément imminente. Ce changement de ton inattendu a rassuré une partie des investisseurs, favorisant la remontée des actions, du dollar et des rendements obligataires. Il a aussi eu pour effet un recul marqué des cours des matières premières, que ce soit le Brent, le cuivre ou encore l’or 1,11%. Côté Europe, le compte rendu de la réunion de la Banque Centrale européenne des 7 et 8 mars, qui montre que les membres du Conseil des gouverneurs ont exprimé leurs inquiétudes quant au risque de guerre commerciale et évoqué l’impact que pourrait avoir la vigueur de l’euro. 

 

CACAO

Et le cacao a toujours le vent en poupe ! A Londres, il a gagné £ 76 entre vendredi dernier et la clôture de mercredi, passant de £ 1 685 à £ 1 761 la tonne. New York a connu la même tendance, gagnant $ 127, de $ 2 453 vendredi à $ 2 564 la tonne.

Mercredi, des achats spéculatifs ont été effectués après que le marché soit tombé à son plus bas en trois semaines. Un marché qui est en attente de l’annonce, la semaine prochaine, des chiffres de broyages en Europe. Un opérateur  les estime la hausse entre 2 et 4%, rapporte Reuters. L’Amérique du Nord devrait publier ses propres chiffres le 19 avril.

En Côte d’Ivoire, les arrivages de cacao aux deux ports ivoiriens ont glissé de 4% durant la campagne principale qui court du 1er octobre au 31 mars, a annoncé mardi le Conseil du café-cacao (CCC), à 1 441 874 t (lire nos informations).Les exportations en mars ont chuté de 34%. La campagne intermédiaire, en revanche, commence très fort, enregistrant des arrivages de 19 000 t aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er et le 8 avril, contre 8 000 t cette même semaine la campagne dernière.

L’annonce par Barry Callebaut de ventes en hausse de 8% sur les premiers six mois de son exercice a soufflé comme un vent d’optimisme sur le marché qui y a vu un signe d’une demande en cacao qui se dynamisait (lire nos informations). Toutefois, Antoine de Saint Affrique, le patron de Barry Callebaut, a précisé que la demande mondiale, quant à elle, n’a augmenté que de 2,5% sur cette même période et que pour son propre groupe, les ventes ne devraient pas connaître le même dynamisme au deuxième semestre.  Le patron de Barry Callebaut estime, par ailleurs, que la récolte s’annonce plutôt bonne, d’une belle qualité.

De son côté, mardi, UBS a rétrogradé la notation de Hershey de “neutre” à “vendre”, estimant le portefeuille du géant américain de la confiserie sur-exposé  à des produits dont la consommation baisse, à une concurrence accrue et aux prix en hausse du cacao (lire nos informations).  

CAFÉ

L’Arabica a gagné quelques points sur la période sous revue, terminé jeudi soir, sur la place de New York, à $ 1,20 la livre contre $ 1,1745 à la clôture vendredi dernier. Le Robusta s’est également inscrit en légère hausse, à $ 1 736 jeudi soir contre  $ 1 730 vendredi dernier. Depuis le 1er janvier, l’Arabica a perdu 10% de sa valeur.

Sur les marchés asiatiques, la concurrence se fait ressentir. La prime sur le cours de Londres du Robusta indonésien Grade 4, 80 défauts, s’est réduit à $ 120 contre $ 130 la tonne la semaine dernière, car le café abonde, la récolte intermédiaire battant son plein. Quant au Vietnam, sa décote face à Londres pour son Robusta Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est accrue, se situant dans une fourchette de $ 50 à $ 100 contre $ 50 la semaine dernière, face à une demande atone. A noter que les exportations vietnamiennes en mars ont atteint 200 000 à 210 000 t, en hausse de 54% par rapport à février et dépassant l’estimation du gouvernement qui était de 180 000 t. Ceci dit, les traders soulignent que ces volumes élevés d’exportation portent sur des contrats signés antérieurement et que les expéditions devraient décroître ces prochains mois. Ils estiment entre 100 000 et 140 000 t les expéditions d e café en avril.

Les exportations de café vert au Brésil au mois de mars sont tombées à leur plus faible volume en six ans, reflétant les faibles ventes des producteurs et la faiblesse de l’approvisionnement durant cette période précédant le démarrage de la nouvelle campagne, a souligné Cecafé.  Les exportations ont chuté de 10,6% à 2,19 millions de sacs de 60 kg (Ms). Ceci dit, ce n’est pas une surprise : on s’attendait à cette baisse. En outre, on s’attend aussi à une forte récolte prochaine -estimée à 56 Ms selon Cecafé, à 60,5 Ms selon le consultant Safras & Mercado- qui démarrera en juillet et donc à un rebondissement des exportations. Les premiers lots arriveraient dans les entrepôts dès le mois de mai.

Aux ventes aux enchères au Kenya cette semaine, le prix maximum a grimpé par rapport à la semaine dernière, se situant dans une fourchette allant de $ 101 à $ 341 le sac de 50 kg contre $ 71 à $ 323 aux précédentes ventes.

CAOUTCHOUC
Le marché du caoutchouc s’est redressé cette semaine avec 4 séances de hausse. Les cours ont clôturé jeudi à 183 yens ($1,71) le kilo contre 179,3 yens vendredi dernier. Toutefois la faiblesse du marché de Shanghai, ainsi que l’accroissement des stocks notamment en Chine avec une demande fragile face à une offre abondante continuent de peser sur les cours.

La demande mondiale pour le caoutchouc naturel a progressé de7,6% au 1er trimestre 2018 à 3,123 millions de tonnes (Mt) tandis qu’en parallèle l’offre mondiale n’a augmenté que de 3,3% à 3,152 Mt indique l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC).

COTON
Le marché du coton est toujours marqué par une certaine nervosité de la part des opérateurs. Vendredi dernier, les cours ont clôturé à 82,54 cents la livre contre 83 cents la livre jeudi brisant six séances de hausse après le rapport de l’USDA montrant des ventes américaines de coton très en retrait la semaine dernière.

Dans son rapport sur l’offre et la demande mondiale (WASDE), l’USDA confirme la forte dynamique des exportations américaines de coton. En hausse, elles sont estimées à 15 millions de balles pour 2017/18 avec pour conséquence une réduction des stocks américains de clôture. Une situation largement anticipée par le marché.

En Chine, la production de coton en 2018/19 devrait légèrement s’abaisser à 5,9 Mt contre 6 Mt en 2017/18 tandis que la consommation progresserait à 8,8Mt contre 8,7 Mt en 2017/18, estime l’USDA. La réduction de l’écart entre les prix intérieurs et les prix mondiaux de la fibre a contribué à la reprise de la consommation mais aussi à réduire les importations de fil en 2017/18 indique l’USDA. Avec la poursuite de la vente des réserves chinoises en coton, les stocks de clôture en Chine devraient tomber à 7,4 Mt en 2018/19, soit 3,1 Mt de moins qu’en 2016/17. Si les importations de coton sont attendues inchangées en 2017/18 à 1,1 Mt, elles devraient grimper à 1,4 Mt en 2018/19.

Le Bangladesh confirme sa position de premier importateur mondial de coton avec des importations anticipées à nouveau en hausse en 2018/19 à 7,9 Mt (contre 7,4 Mt en 2017/18) suite à la montée en gamme de son industrie textile et à une croissance de la demande. L’Afrique a gagné des parts de marché se positionnant à la place de deuxième fournisseur en coton du Bangladesh derrière l’Inde et devant l’Ouzbékistan. Environ 80% des vêtements fabriqués au Bangladesh sont en coton.

En Afrique de l’Ouest – Burkina Faso, Mali, Sénégal et Tchad – l’USDA anticipe une hausse de 5% de la production à 2,86 millions de balles et de 3% des exportations en 2018/19 (cf. nos informations ).

HUILE DE PALME
L’huile de palme est sur une pente glissante. La perspective d’une hausse de la production dans les prochains mois pèsent sur les cours qui ont enregistré quatre séances consécutives de baisse. De 2 510 ringgits la tonne vendredi dernier, les cours sont tombés jeudi à la clôture à 2 433 ringgits ($625,29) la tonne.

Les prix mondiaux de l’huile de palme devraient encore baisser de $40- $50 la tonne dans les prochains mois en raison de la hausse de la production prédit Thomas Mielke analyste à Oil World. “Nous anticipons un excédent de la production en avril-septembre ainsi qu’un accroissement des stocks dans le monde, en particulier en Malaisie et en Indonésie” indique l’analyste, qui estime toutefois que les prix pourraient remonter en 2019 et 2020, le marché entrant dans une période de déficit de production.

La production d’huile de palme en Malaisie a augmenté de 17,2% en mars à 1,57 Mt par rapport à février selon les statistiques du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Toutefois, les bons chiffres à l’exportation ont fait baisser les stocks de 6,2% à 2,32 Mt mais la baisse a été plus faible qu’attendue.

Côté distribution, le supermarché Iceland au Royaume-Uni sera le premier à envisager de stopper la distribution de tous les produits contenant de l’huile de palme d’ici à la fin 2018. Actuellement, l’huile est présente dans 130 produits distribués dans le supermarché, y compris 10% dans sa propre branche de produits alimentaires.

RIZ
Situation contrastée sur le marché du riz cette semaine en Asie avec d’un côté une baisse des prix en Inde avec une demande qui ralentit et une roupie faible, de l’autre une hausse des cours au Vietnam soutenus par de récents contrats et d’autres en perspective.

En Inde, le riz étuvé 5% a chuté de $8 à $419-$423 la tonne. Les acheteurs du Bangladesh et du Sri Lanka ne sont pas présents étant dans l’attente d’une baisse des prix pour se porter aux achats.

Au Vietnam, le Viet 5%a grimpé à $435-$440 la tonne contre $425-$430 la tonne la semaine dernière suite aux récents accords avec l’Indonésie et les Philippines. Le Vietnam a exporté 658 818 tonnes de riz en mars, en hausse de 94% par rapport au mois de février. Sur le 1er trimestre, les exportations grimpent de 20% à 1,49 millions de tonnes avec des recettes en hausse de 38,1%.

SUCRE

Le sucre roux est passé en dessous de la barre des 12 cents  mercredi, tombant à 11,93 cents la livre (lb) mais s’est redressé hier, clôturant  à 12,05 cents; il était à 12,34 cents vendredi dernier. Parti de $ 342,40 la tonne en fin de semaine dernière, le sucre blanc a terminé à Londres mercredi soir à $ 349,60. L’édulcorant, quelque soit sa couleur, a renoué avec ses faiblesses d’août-septembre 2015.

En cause les importantes opérations de couverture  de producteurs brésiliens et thaïlandais cette semaine, les Brésiliens voulant aussi profiter de l’affaiblissement du real, la monnaie nationale, pour accroître encore leur compétitivité. En outre, les traders liquident leurs positions sur mai pour se porter sur juillet, l’échéance mai sur le sucre blanc expirant aujourd’hui vendredi.

En toile de fond de ces opérations ponctuelles, toujours une surabondance de matière première.

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