La Chronique Matières premières agricoles au 12 mai 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 12 mai 2022
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La semaine a été marquée par une très forte volatilité sur les marchés financiers qui ont évolué au gré des poussées inflationnistes et des craintes de récession.  L’indice Standard & Poor’s 500 à Wall Street a fini hier soir bien au-dessus de son plus bas de séance, qui a marqué son plus faible niveau depuis près de 15 mois ; les analystes s’attendent à un regain d’appétit pour le risque. En Europe, les bourses ont terminé hier en baisse.

En Chine et donc dans le monde, on reprend espoir avec la possible décision ces prochains jours des autorités municipales de Shanghaï de commencer à progressivement lever les restrictions de déplacement et à rouvrir les magasins, a déclaré le maire-adjoint Wu Qing. La ville aurait atteint une situation “zéro Covid”.

Ceci dit, l’inquiétude demeure face au ralentissement peu convaincant des prix américains, la contraction du PIB britannique en mars ou encore l’avertissement de Nissan sur la stagnation de ses profits cette année. “Ce que nous constatons, c’est que l’inflation commence à ralentir mais le rythme n’est pas aussi rapide qu’espéré. Je pense donc que les marchés sont toujours dans la crainte de l’inflation”, a déclaré Gene Goldman, directeur des investissements chez Cetera Investment Management. D’ailleurs, dans un entretien à Marketplace, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, dont le Sénat a approuvé jeudi la reconduction à la tête de la banque centrale, a déclaré que le combat contre l’inflation ne serait pas indolore mais que laisser les prix déraper serait pire encore, rapporte Reuters.

Dans la zone euro, l’inflation évolue à 7,5% en rythme annuel. “Nous nous attendons à ce que les données sur l’inflation restent une préoccupation centrale pour les décideurs politiques et les investisseurs au cours des prochains mois”, selon Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth Management.

Côté monétaire, l’euro a terminé hier à son plus bas niveau depuis janvier 2017 face au dollar, à $ 1,0383.

Le pétrole, quant à lui, est affecté par les craintes d’une récession qui prennent le pas sur les inquiétudes sur l’offre et les tensions géopolitiques. Le Brent a terminé à $ 107,95 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 106,64.

CACAO – CAFÉ – CAOUTCHOUC – COTON – HUILE DE PALME – RIZ – SUCRE

CACAO

Le cacao a fondu cette semaine… Partie de £ 1 787 sur le marché de Londres vendredi dernier, la tonne a clôturé hier soir à £ 1 766 sur l’échéance juillet tandis qu’à New York, elle évoluait de $ 2 492 à $ 2 433.

Un affaiblissement lié, sans doute, aux bonnes conditions météorologiques en Côte d’Ivoire : le leader mondial de la fève connait actuellement de bonnes pluies coupées d’un généreux soleil dans ses zones de production, ce qui de très bon augure pour sa campagne intermédiaire qui se déroule maintenant jusqu’à fin septembre.

Quant aux arrivages aux ports ivoiriens, ils ont totalisé 1,77 Mt entre le 1er octobre et le 30 avril, selon le Conseil du café cacao (CCC), en baisse de 3,2%. Pour leur part, les exportateurs annoncent des arrivages qui ont diminué de 4%.entre le 1er octobre et le 8 mai à 1,804 Mt.

Au Ghana, les arrivages ont totalisé 579 000 t entre le 1er octobre et el 5 mai, selon le Cocobod. C’est une dégringolade de 33% par rapport aux 861 000 t sur la même période la campagne dernière.

A noter que les stocks certifiés de l’ICE de New York sont en hausse. Le marché est en report, signifiant que les contrats actuels sont moins chers que les contrats sur les échéances éloignées, ce qui est une situation plutôt normale sur les marchés à terme mais témoigne de l’amplitude des volumes actuels.

Cette semaine, le parlement européen a fait monter d’un cran la pression exercée sur la Commission européenne afin qu’un accord soit négocié avec la Côte d‘Ivoire et le Ghana pour que les cacaoculteurs soient rétribués correctement pour leur cacao, tendant ainsi à combattre à la racine les problèmes de travail des enfants et de déforestation (Lire  : Le Parlement européen plaide un Pacte pour un cacao durable de Côte d’Ivoire et du Ghana).

CAFÉ

L’Arabica a perdu la tête cette semaine, chutant mardi à son plus faible prix en 6 mois pour ensuite grimper de près de 8% sur la seule séance de mercredi à New York. En définitive, sur la période sous revue, l’Arabica est passé de $ 2,1045 la livre (lb) vendredi dernier à $ 2,153 à la clôture hier soir. En revanche, le Robusta, quant à lui a perdu : parti de $ 2 083 en fin de semaine dernière, la tonne sur l’échéance juillet à terminé à $ 2 058 hier soir à Londres. Selon le négoce, l’invasion russe de l’Ukraine aurait un plus grand impact sur le marché du Robusta que de l’Arabica.

Quel vent a animé le marché de l’Arabica ? Un vent froid au Brésil, apparemment, le marché craignant toujours les gelées durant l’hiver austral. Rappelons qu’elles avaient sévi lourdement l’année dernière, faisant grimper les cours du café à leurs plus hauts niveaux depuis 2011. Ceci dit, le froid actuel ne devrait pas occasionner de gelées. Du moins, pas encore.

Sur le seul mois d’avril, les exportations brésiliennes de café ont chuté de 24,3% par rapport à avril 2021, à 2,56 Ms, selon l’association des exportateurs Cecafé. Les expéditions d’Arabica ont été réduites, à elles seules, de 20,4% à 2,4 Ms en avril.

Rappelons que 2022 devrait être « l’année haute » du cycle caféier biannuel au Brésil, mais les traders anticipent déjà sur 2023 et s’attendent alors à une très belle production. Teddy Esteve, trader chez Ecom et interrogé par Reuters, estime même que la récolte 2023 pourrait avoisiner une récolte record si la météo est de la partie. Pourtant, ce devrait être l’« année basse » du cycle végétal.

Selon les prévisions gouvernementales, la récolte 2022 serait de 55,7 Ms, soit bien au-delà des 47,7 Ms de 2021, mais le plus faible volume pour une « année haute » depuis 2016.

Autre raison de la folie du marché cette semaine : le sentiment parmi les traders que le marché a été survendu de plus de 10% le mois dernier.

En Colombie, n°1 mondial de l’Arabica lavé, la production devrait baisser cette année et se situer entre 12 et 12,5 Ms à cause des fortes pluies liées au phénomène météorologique de La Niña. Mais, à y regarder de plus près, il semblerait que le pays a une bonne raison chaque année d’enregistrer une baisse de production : des 14,8 Ms en 2019, on a glissé de 6% en 2020 à 13,9 Ms puis de 9% en 2021 à 12,6 Ms avec 12 à 12,5 Ms attendues cette année. En avril, la production a été en-deçà de 7% par rapport à avril 2021, à 750 000 sacs, le septième mois consécutif de baisse. Cependant, les finances du pays ne devraient guère se ressentir de cette baisse de volumes car le prix de l’Arabica a fortement augmenté et le peso colombien s’est affaibli, améliorant la compétitivité du café national. Selon le patron de la Fédération colombienne du café, Roberto Velez, les exportations pourraient totaliser entre 11,5 et 12 Ms cette année, générant $ 3,67 milliards pour le pays.

Sur le front du Robusta, en Asie, le commerce a été ralenti cette semaine. Au Vietnam, la campagne tire à sa fin et les planteurs n’ont plus guère de volumes à vendre. Dans les Central Highlands, ils ont propsoé cette semaine leur kilo de café à 40 500-41 400 dongs le kilo ($ 1,75- $ 1,79) contre 41 000-42 500 dongs la semaine dernière. A l’export, les traders ont offert le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote sur le marché de Londres de $ 200 à $ 250 la tonne contre $ 200 à $ 220 la semaine dernière.

Notons que le Vietnam a exporté 739 046 t sur les quatre premiers mois de l’année, en hausse de 26,2% par rapport à début 2021, selon les données statistiques douanières. Les recettes d’exportation ont bondi de 57,1% pour atteindre $ 1,7 milliard sur cette même période alors que les exportations de café ont chuté de 25,4% sur le seul mois d’avril à 157 451 t.

CAOUTCHOUC

La politique de confinement et de zéro Covid en Chine, premier consommateur mondial de caoutchouc, pèse sur le marché. Les cours sur l’Osaka Exchange ont chuté à un plus bas de huit semaines hier sur l’Osaka Exchange à 244,4 yens ($1,90) le kilo contre 251,7 yens vendredi dernier, alourdis par la baisse du Nikkei et les prix du pétrole. Sur le marché de Shanghai, les cours ont clôturé hier à 12 730 yuans ($1878,52) la tonne contre 12 745 yuans vendredi dernier.

Avec le maintien des restrictions pour lutter contre la Covid-19 en Chine, le sentiment des opérateurs en Chine est toujours baissier. Toutefois, les fortes pluies qui s’abattent dans les régions du sud de la Thaïlande contraignent la production et apportent un certain soutien au marché, l’empêchant de tomber plus bas.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a légèrement diminué, -2,7%, par rapport au mois de février, pour atteindre 28 030 tonnes en mars 2022, selon le Département malaisien des statistiques (DoSM). En revanche, par rapport à mars 20021, elle recule de 22,3%. Les stocks totaux de caoutchouc naturel ont diminué de 4,4% à 310 332 tonnes  en mars contre 324 659 tonnes en février. Les exportations sont en hausse de 12,5% à 53 328 tonnes avec la Chine toujours comme principal client (environ 50%).

En Russie, les ventes d’automobiles neuves ont chuté de 78,5% en glissement annuel en avril, accusant un dixième mois consécutif de baisse. Les ventes se sont élevées à 32 706 voitures en avril représentaient moins d’un quart de celles vendues un an plus tôt, a annoncé mercredi l’Association des entreprises européennes (AEB). Une baisse qui s’explique par une pénurie de voitures dans les entrepôts, la hausse des prix et des taux prohibitifs sur les crédits automobiles. Les ventes de voitures neuves cette année devraient diminuer d’au moins 50 %, a déclaré l’AEB le mois dernier, après une augmentation de 4,3 % en 2021.

COTON

Toujours très ferme, le marché du coton a gagné encore quelques cents cette semaine avec une clôture sur l’ICE hier à 145,53 cents la livre contre 143,61 cents vendredi dernier. Le marché est toujours soutenu par les importantes ventes sur appel à fixer. Et le soutien devrait perturber jusqu’au mois de juillet même si le marché sera volatil.

Le rapport sur l’offre et la demande des produits agricoles, WASDE, du département américain de l’Agriculture (USDA) publié hier donne une orientation plutôt haussière avec une révision à la baisse de la production de coton en 2022/23 chez le premier exportateur mondial, les Etats-Unis, reflétant la sécheresse qui sévit notamment dans la première région productrice, le Texas dans sa partie ouest. Au niveau mondial, la production est revue à la hausse, plus 2,6 millions de balles, en progression notamment en Chine, Inde, Turquie et dans une moindre mesure en Ouzbékistan, au Pakistan et au Mexique. Mais avec des stocks d’ouverture plus faibles, les approvisionnements mondiaux en 2022/23 devraient être inférieurs à ceux de l’année précédente.

La consommation mondiale a été aussi revue à la baisse, moins un million de balles,  une baisse sous-estimée selon plusieurs spécialistes compte tenu de l’environnement macroéconomique mondial et des prix élevés de la fibre.  Une destruction de la demande en Chine avec les confinements imposés pour lutter contre la pandémie de la Covid-19. L’USDA a diminué de 500 000 balles la consommation chinoise. Mais la consommation devrait aussi baisser en Inde, aux Etats-Unis et en Ouzbékistan parmi les dix premiers consommateurs mondiaux.

Les stocks mondiaux de clôture en 2022/23 devraient chuter de 1% et le commerce mondial progresser de 2 millions de balles grâce en partie au rebond des importations de coton de la Chine.

Le Bangladesh, un important acheteur du coton ouest-africain, devrait importer un montant record de coton à 9 millions de balles cette année porté par la hausse de la demande de fils et de tissus selon une déclaration de Mohammad Ali Khokon, président de la Bangladesh Textile Mills Association (BTMA). En 2021, le Bangladesh a importé 8,5 millions de balles de coton pour un coût de plus de $3 milliards.

Au Burkina Faso, le prix au producteur pour la campagne 2022/23 a été fixé à FCFA 300 le kilo et une production de 700 000 tonnes est attendue, contre 518 000 tonnes réalisées en 2021/22 (Lire : Le Burkina Faso affiche de fortes ambitions pour la campagne cotonnière 2022/23).

Au Togo, le prix au producteur de coton a aussi  été fixé pour la campagne 2022/23 à FCFA 300 le kilo et les intrants sont subventionnés (Lire : Au Togo, net coup de pouce aux producteurs de coton).

En Afrique du Sud, les rendements du coton en 2021/22 devraient chuter de 13% suite aux pluies et à la grêle qui ont endommagé les champs de certains cotonculteurs, selon la Cotton South Africa.  La filière, dont les superficies ensemencées s’étalent sur 14 044 terres pour la saison, prévoit un rendement de 4 140 kg par hectare sous irrigation à partir de coton graine et de 1 523 kg par hectare sur les terres arides. La saison précédente les rendements se sont établis respectivement  à 4,515 kg par hectare et 2 552 kg par hectare. Cotton South Africa estime que la production s’établira 67 668 balles contre 77 600 balles en 2020/22.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est volatil sujet aux décisions des deux premiers producteurs mondiaux, l’Indonésie et la Malaisie, et fini légèrement en baisse à 6 342 ringgits ($1 443,99) la tonne contre 6 406 ringgits vendredi dernier, après une chute de 9,8% la semaine dernière. En cause la hausse des stocks en Malaisie au mois d’avril mais aussi la diminution de la demande de la Chine suite au ralentissement de son économie et au confinement imposé pour lutter contre la pandémie de la Covid-19.

Toutefois, avec l’interdiction des exportations de l’Indonésie depuis le 28 avril, la demande d’huile de palme pour la Malaisie monte en flèche. Du 1er au 10 mai, les exportations ont grimpé de 45,2% par rapport à la même période en avril.

Des précisions sont attendues sur la politique tant de l’Indonésie que de la Malaisie. Le 28 avril dernier, la décision de l’Indonésie d’interdire les exportations d’huile de palme a mis de l’huile sur le feu (Lire : La Chronique matières premières agricoles au 28 avril 2022). Le pays pourrait revenir sur cette décision. Musdhalifah Machmud, vice-ministre coordinateur de l’Economie, a déclaré que le gouvernement voulait que l’huile de palme soit non seulement disponible, mais aussi abordable. “En tant que gouvernement, nous devons maintenir un équilibre entre les prix internationaux élevés et (contrôler) les prix intérieurs pour répondre à la demande d’huile de cuisson de notre peuple“. La responsable a précisé qu’elle ne pouvait faire aucune promesse concernant la future politique sur l’huile de palme puisque la surveillance impliquait divers ministères et qu’elle “attendait la meilleure décision sur l’huile de palme de notre plus haut dirigeant“. Fadhil Hasan, un responsable de l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI), espère que l’interdiction pourrait être levée d’ici deux semaines à un mois. 

Du coté de la Malaisie, le ministère malaisien des Matières première a proposé de réduire de 50% la taxe à l’exportation et de ralentir la mise en œuvre du programme biodiesel pour aider à combler une pénurie mondiale d’huile comestible.

En Inde, l’augmentation de l’offre locale et la hausse des prix des huiles végétales devraient conduire à une chute pour la troisième année consécutive des importations d’huiles végétales. Selon le directeur exécutif de l’Association des extracteurs de solvants de l’Inde B.V. Mehta, les importations s’élèveraient à 12,9 millions de tonnes (Mt) en 2021/22(jusqu’au 31 octobre 2022) contre 13,3 Mt en 2020/21.

En Malaisie,  les stocks d’huile de palme en avril  ont atteint un sommet de cinq mois à 1,64 million de tonnes (Mt), grimpant de 11,48% par rapport au mois de mars,  selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Une hausse des stocks consécutive à l’augmentation de 3,6% la production à 1,46 Mt tandis que les exportations ont chuté de 17,73% à 1,05 Mt. La chute des exportations reflète l’impact des restrictions persistantes du COVID-19 imposées par la Chine dans les grandes villes et la baisse des expéditions vers le Pakistan, l’Iran et le Bangladesh, a déclaré Sathia Varqa, co-fondatrice de Palm Oil Analytics, basé à Singapour.

RIZ

Les prix du riz exporté d’Inde ont chuté cette semaine avec la baisse de la roupie tandis que le vif intérêt des marchés du Moyen-Orient a fait grimper les prix en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%, ont chuté à $357-$361 la tonne contre $363-$367 la semaine dernière, avec la baisse de la roupie face au dollar permettant aux exportateurs de baisser leurs prix.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  ont légèrement baissé à $415-$420 la tonne contre $420 il y a une semaine. “L’activité commerciale est calme en raison de l’offre intérieure restreinte, mais devrait reprendre à partir de juin avec une forte demande anticipée des Philippines, de l’Afrique, de la Chine et du Bangladesh“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

Les exportations de riz du Vietnam sont estimées à 6,0-6,2 millions de tonnes  (Mt) en 2022, contre 6,24 Mt l’année dernière, selon la Vietnam Food Association.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpé à $432- $435 la semaine dernière contre  $450 la tonne. “Il y a toujours une demande de l’Irak et de l’Iran qui achètent en gros avec leurs propres navires, ce qui fait grimper les prix“, a déclaré un négociant en riz basé à Bangkok. Contribuant également à la hausse des prix, les approvisionnements ont commencé à diminuer progressivement, a déclaré un autre négociant, bien qu’un nouveau lot de cultures de contre-saison soit attendu en juin et juillet.

Le Cambodge a exporté 221 138 tonnes de riz usiné et 1 648 474 tonnes de riz non usiné, pour une valeur totale de $516,21 millions au cours des quatre premiers mois de 2022, selon un communiqué de la Fédération cambodgienne du riz (CRF).

SUCRE

Il n’a pas fait le pas ! Parti de 19,16 cents la livre (lb) en fin de semaine dernière, le sucre roux n’est pas passé au-dessus des 20 cents mais s’est plutôt retracté pour clôturer hier soir à New York bien en-dessous, à 18,64 cents. Le sucre blanc a également perdu : partie de $ 531,30 vendredi dernier, la tonne à Londres sur l’échéance août a terminé hier soir à $ 520,90.

Une contraction du marché qui découlerait de l’attitude prudente des investisseurs sur les marchés de façon générale mais qui serait partiellement compensée par ce qui pourrait être un resserrement de l’offre sur le marché du sucre car les raffineries au Brésil produiraient davantage d’éthanol que de sucre à partir de la canne actuellement. Selon le directeur sucre de la maison de négoce Louis Dreyfus, Enrico Biancheri, les raffineries dans le centre-sud du Brésil ne produirait que 29 Mt de sucre cette campagne qui a démarré en avril, un chiffre qui est dans la partie baisse de la fourchette d’estimations faites jusqu’à maintenant par différents analystes ; à titre de comparaison, le courtier américain StoneX projette cette production brésilienne à 33,9 Mt. A noter que la production de sucre sur la deuxième moitié du mois d’avril a totalisé 934 000 t, en chute de 38,7% par rapport à fin avril 2021, selon le groupe industrie Unica.

Cette tendance conduirait à un manque de sucre au plan mondial. D’ailleurs, il faudrait que son prix soit beaucoup plus attractif par rapport celui de l’éthanol pour que la filière se tourne résolument vers la production de l’édulcorant plutôt que du combustible. Selon Enrico Biancheri, à 20,18 cents la livre, le prix du sucre deviendrait plus attrayant que l’éthanol pour les broyeurs de canne. Rappelons que New York a clôturé hier soir à 18,64 cents…

En outre, la production nord-américaine de sucre est aussi attendue en baisse, ce qui stimulerait les importations, selon le dernier rapport du Département américain de l’Agriculture (USDA). Ainsi, hier, l’USDA a réduit ses prévisions de ratio stock/consommation à 10,1% pour la campagne à venir 2022/23  (octobre/septembre) contre 14,4% la dernière. La production américaine de sucre n’est attendue qu’à 9,04 tonnes courtes en 2022/23 contre 9,23 millions cette campagne. Ce glissement serait le fait de la baisse de la production de betterave sucrière qui a été affectée par la sécheresse et non pas la canne à sucre. En outre, certains agriculteurs ont délaissé la betterave pour planter des céréales dont le prix a fortement augmenté.

Côté entreprises, au Zimbabwe, le producteur sud-africain Tongaat Hulett a suspendu ses avances de paiement sur les cannes à sucre livrées après que le gouvernement ait dit aux banques de suspendre leurs prêts à la filière dans une volonté politique de freiner la spéculation contre le dollar zimbabwéen.

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