Le Mali recherche dans la région des variétés améliorées d’anacardiers

 Le Mali recherche dans la région des variétés améliorées d’anacardiers
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La production de noix de cajou au Mali est passée de 15 000 t à 70 000 t* en dix ans, a déclaré Kongo Baba, coordonnatrice nationale du Projet d’appui de la filière de l’anacarde au Mali (Pafam), à CommodAfrica. Un projet de € 14 millions, sur financement de l’Union européenne et de la  coopération espagnole, avec pour objectif, entre autres, de réduire les migrations. Une production que le Mali entend développer et entame très prochainement une tournée régionale à la recherche de variétés à haut rendements.

 

A combien s’élève aujourd’hui la production de noix de cajou au Mali ?

La production au Mali s’élève à 70 000 tonnes (t) de noix brutes de cajou pour cette campagne 2018. C’est en progression car au démarrage de la première phase du premier projet, en 2009, on était autour de 15 000 t seulement. On a même dépassé les objectifs.

Pouvez-vous nous restituer le projet anacarde ?

Le Projet d’appui de la filière de l’anacarde au Mali (Pafam) est un projet sur 4 ans, qui a démarré le 8 octobre 2016 et dont je suis la coordinatrice nationale. Il est cofinancé par l’Union européenne (UE) et la coopération espagnole et porte sur trois régions au Mali où il y a d’énormes potentialités : les régions de Kaye, de Koulikoro et de Sikasso. Il fait suite à un premier projet dit de commercialisation et transformation de l’anacarde dans la région de Sikasso (CTARS) qui s’étendait sur trois cercles seulement de la région de Sikasso. Au vu des résultats très positifs, il y a eu un engouement pour  la filière et une seconde étude a montré qu’on pouvait étendre le projet à d’autres zones.

Dès que nous avons organisé la filière à travers le projet du CTARS dans la région de Sikasso, nous avons eu rapidement une meilleure organisation du circuit commercial et des organisations paysannes. Cette sensibilisation a permis de conscientiser les acteurs, notamment les producteurs, les transformateurs et les commerçants, ce qui a boosté la production.

L’objectif global du projet est de lutter contre la pauvreté, d’œuvrer pour un développement durable au Mali, et de réduire les migrations par la mise en valeur de la filière de l’anacarde. Il s’agit de fixer les jeunes sur place.

Où va cette anacarde ?

99% de la noix brute est exportée vers l’Inde et aussi vers le Vietnam. Un pourcent seulement est transformé au niveau national.

Y a-t-il une volonté d’accroître la transformation locale ?

La politique du Mali est d’accroître la production à travers des variétés améliorées. C’est aussi un des objectifs du projet. Ces variétés améliorées peuvent donner 1 200 à 1 500 kg/ha contre les 350-400 kg/ha obtenus actuellement.

D’où viennent ces variétés améliorées ?

On va chercher des semences améliorées dans la sous-région, auprès des structures de recherche en Côte d’Ivoire, un peu au Burkina, pourquoi pas en Guinée-Bissau qui est très avancée, ainsi qu’au Ghana. Nous ferons alors des pépinières qui seront encadrées par les femmes et les jeunes ruraux, ce qui leur donnera du travail, notamment aux migrants retournés -car il y en a ! Cela peut les encourager à s’installer. Le projet est là pour les accueillir.

Vous voulez faire ceci dans quel délai ?

Nous avons déjà commencé. Car pour démarrer les pépinières chez nous, il faut les commencer en avril ou mai, au maximum en juin. Une bonne pépinière est celle dont les plants poussent durant  45 jours à deux mois. Donc on pourrait commencer les plantations vers juillet-août.

Er vous ne l’avez pas fait l’année dernière ?

En réalité, les activités réelles sur l’amélioration variétale ont commencé seulement en septembre. Donc ce n’était pas la bonne période. Actuellement, on y travaille, on prend des contacts, on approche les structures de recherche, on va faire les missions sur le terrain et élaborer un plan national de développement des variétés améliorées au Mali.

De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest produisent de l’anacarde. Ne craignez-vous pas leur concurrence ?

Le Mali est membre de l’Alliance africaine de cajou qui est pour toute l’Afrique. Le marché n’est pas saturé car les différents pays sont en train de mettre en place le Comité international consultatif du cajou (lire nos informations). Tous les ministres des pays producteurs sont signataires, dont le Mali. Ceci permettra de  mieux s’organiser pour trouver des solutions aux problèmes de la filière. Et d’un commun accord, ce sont les pays africains qui se sont mis ensemble pour le faire.

* Le spécialiste Rongead avait estimé à 40 000 t la production du Mali en 2017, est-il souligné dans son bulletin d’information n’kalo du 4 janvier 2018.

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