La Chronique Matières du Jeudi (13/04/2017)

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El Niño serait de retour d'ici la fin de l'année dans l'hémisphère nord, selon les prévisions publiées hier par le Climate Prediction Center (CPC). Rappelons qu'El Niño n'a disparu qu'en 2016 après avoir occasionné beaucoup de dégâts dans les cultures, des feux et des inondations.

Sur les marchés, notons que le Sicom à Singapour est fermé aujourd'hui et la Thaïlande l'était hier. Le dollar termine la semaine à un plus bas en cinq mois face au yen, la fermeté du ringitt en Malaisie,  mais aussi de la roupie en Inde, impactant les cours de plusieurs matières premières, dont le caoutchouc naturel et le riz.

Les marchés occidentaux seront fermés lundi pour les fêtes de Pâques.

 

CACAO

A Londres, la tonne de cacao a terminé à £ 1 544 la tonne après avoir touché en cours de séance un plus bas à £ 1 537 sur l'échéance juillet. A New York, la période sous revue a également terminé en baisse, à $ 1 915 la tonne.

La faiblesse de la demande mondiale en chocolats et confiseries, soulignée par diverses statistiques mercredi, souligne que la baisse des cours du cacao ne stimule pas la consommation de chocolat comme on aurait pu le penser. Et pour cause. L'offre de cacao s'annonce pléthorique et pèse sur les marchés.

En effet, les broyages européens ont progressé de 1,09% au premier trimestre, à 339 485 t, par rapport au premier trimestre 2016, a annoncé mercredi l'Association européenne du cacao. DE son côté,  annonçant mardi ses résultats financiers semestriels, Barry Callebaut a fait état d'un marché mondial de confiserie et chocolat en baisse de 2,1% par rapport aux 6 mois à février 2016 (lire nos informations).

Côté production, la Côte d'Ivoire et le Ghana, respectivement n°1 et n°2 mondiaux du cacao, ont déclaré vouloir accroitre leur coopération afin de coordonner leurs stratégies pour réduire l'impact de la volatilité des cours internationaux.

En Côte d'Ivoire, les arrivages aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1 411 000 t entre le 1er octobre, démarrage de la campagne 2016/17, et le 9 avril. Ceci représente une hausse de 15% par rapport à la même période la campagne dernière. Les broyages ivoiriens ont totalisé 259 000 t du 1er octobre à fin mars, contre 240 000 t sur la même période la campagne dernière, selon l'association des exportateurs Gepex.

Le Ghana, pour sa part, entend introduire la pollinisation à la main de semences de cacao et devrait commencer à irriguer ses plantations, a annoncé mardi le gouvernement. Ceci fait partie de l'objectif d'attendre le million de tonnes d'ici 2020.Quelque 5 000 personnes seraient embauchées par le gouvernement pour piloter ces opérations de pollinisation artificielle dans une trentaine de districts cette année et fournira des pompes solaires pour irriguer les fermes en périodes sèches.

CAFE

L'Arabica a terminé à New York en hausse, à $ 1,4125 la livre, tandis que le Robusta baissait à $ 2 145 la tonne sur le marché à terme de Londres.

En Asie, les prix du Robusta ont perdu en Indonésie qui est en pleine récolte, tandis qu'au Vietnam, les transactions étaient peu nombreuses et les cours à la hausse. Le Grade 4, 80 défauts de Sumatra, la principale région de production d'Indonésie, a subi une décote de $ 35 à 50 par rapport au terme de Londres contre -$30-40 la semaine dernière. Au Vietnam, la décote était de $ 20-30 contre $ 25-40  pour du Grade 2, 5% grains noirs et brisures.

Le Vietnam -où les conditions météorologiques cette année s'annoncent plus clémentes, sans sécheresse à l'horizon et avec de bonnes pluies- a exporté 168 000 t (2,8 millions de sacs de 60 kg) en mars, en hausse de 14,8% sur février, légèrement au-dessus des attentes du marché. Le négoce estime que les expéditions ce mois-ci seraient de l'ordre de 100 000 à 130 000 t.

Le Vietnam qui, rappelons-le, a subi de très fortes pluies, dévastatrices, l'année dernière , les grands acheteurs européens, comme Nestlé se plaignant d'ailleurs de la difficulté à trouver du café vietnamien de qualité. Des livraisons de Robusta du Vietnam seraient actuellement rejetées, les exigences de qualité de Nestlé étant particulièrement élevées puisque le groupe suisse a adhéré au 4C, la Common Code for the Coffee Community. Rappelons qu'en 2016/17, la production vietnamienne a été en baisse de 20% environ, comme celle de Robusta au Brésil. Au début de cette année, Nestlé a soumissionné pour environ 3 Ms de Robusta vietnamien pour livraison entre mars 2017 et mars 2018, le groupe achetant par an 5 à 6 Ms de Robusta du Vietnam, estime un trader, ce qui représente environ le quart de la production nationale, celle pour 2016/17 étant estimée à 24,5 Ms.

Le marché mondial du café serait déficitaire de 4,3 millions de sacs de 60 kg (Ms) en 2017/18, a déclaré mardi le spécialiste Marex Spectron qui l'avait estimé jusqu'alors à 3 Ms. Ceci serait dû à une production en baisse au Brésil mais aussi en Indonésie (estimée maintenant à 10,5 Ms contre 10,9 Ms avancé antérieurement) , en Côte d'Ivoire avec 1,4 Ms et non 1,8 Ms comme anticipé, mais bien au-delà du million de sacs prévus en 2016/17, et à des stocks très faibles au Brésil. Ce serait la quatrième campagne déficitaire consécutive, et le squeeze se ferait ressentir tant sur le Robusta que l'Arabica, sans que le spécialiste ne donne davantage de précision. Ceci dit, la production au Vietnam devrait se ressaisir en 2017/18, à 28 Ms contre 24,5 Ms en 2016/17.  

Selon Marex Spectron, l'offre mondiale de café serait de 151,8 Ms en 2017/18, en baisse par rapport aux 154 Ms de la campagne précédente, face à une demande mondiale estimée à 156,1 Ms contre 154,1 Ms.

Contrairement à d'autres années, il sera difficile de faire face à ce nouveau déficit cette campagne, car les stocks du Brésil sont à sec ou presque (lire nos informations). Le Brésil qui a exporté 2,36 millions de sacs de 60 kg (Ms) de café vert en mars, soit bien en-deçà des 2,77 Ms répertoriés en mars 2016 et ce, malgré une récolte annoncée pléthorique.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc naturel a perdu 8,2% cette semaine sur le marché à terme de Tokyo (Tocom), tandis qu'à Shanghai, il tombait à son plus bas depuis 6 mois. Il avait déjà perdu 2,9%  la semaine dernière.

Parti de 237,9 yens ($ 2,15) vendredi dernier, le kilo a terminé hier soir, jeudi, à  223 yens ($ 2,05) et malgré un rebond en cours de séance, les acteurs sur le marché rachetant après deux jours consécutifs de forte baisse des prix sur le Tocom. La fermeté du yen et la faiblesse générale sur les marchés à terme de Shanghai en seraient en partie responsables, mais aussi la baisse du prix du pétrole sur un marché bien  approvisionné : rappelons que le grand concurrent du caoutchouc naturel est le synthétique, un dérivé du pétrole.

Pourtant, le marché s'inquiète de la faiblesse des stocks au Japon, à 4 424 t au 31 mars, soit en baisse de 1,7% par rapport au 20 mars.

En Chine, la consommation de caoutchouc  naturel et synthétique atteindrait 9,6 Mt, en hausse de 4% sur l'année dernière. La production chinoise progresserait également de 4,1%, à 635 millions d'unités, selon la China Rubber Industry Association qui précise que la production mondiale de caoutchouc naturel a été de 11,6 Mt en 2016 face à une consommation mondiale de 12,5 Mt. En 2017, elles seraient, respectivement, de 12 Mt et 12,6 Mt.

COTON

Le coton a terminé en hausse, à 76,54 cents la livre (lb) à la clôture hier soir sur l'ICE, soutenu en cela par de bons chiffres américains à l'exportation de la fibre blanche, en hausse de 14% à 307 200 balles cette semaine par rapport à la précédente. "Ils auraient encore plus augmenté si ce n'était la semaine précédent le long week-end de Pâques", a expliqué à Reuters  Jim Lambert, directeur des ventes chez FCStone Merchant Services.

Vendredi dernier, le coton avait terminé sa pire semaine en 8 mois, à 73,46 cents .

Le Département américain de l'Agriculture (USDA) a annoncé aujourd'hui un quota spécial d'importation #25 pour du coton upland, d'un volume représentant une semaine de consommation. Le quota sera créé le 20 avril et autorisera donc l'importation de 13 588 518 kg (62 411 balles de 480 lb). Les achats devront se faire entre le 18 juillet et le 16 octobre.

Mardi, l'USDA a révisé à la hausse de 800 000 balles ses prévisions d'exportation sur 2016/17, à 14 millions de balles contre 9,15 millions en 2015/16 et 11,25 millions en 2014/15. Les stocks de fin de campagne 2016/17 sont maintenant estimés à 3,7 millions alors qu'en mars l'USDA pensait encore qu'ils seraient de l'ordre de 4,5 millions. Notons qu'en 2015/16, ils étaient de 3,8 millions et de 3,65 millions en 2014/15.

De son côté, la Chine aurait vendu 23 900 t aux enchères jeudi, du coton puisé des réserves stratégiques nationales. Ses ventes représentent 79,66% des volumes proposés à la vente ; le prix moyen a été de $ 2 151 la tonne.

HUILE DE PALME

L'huile de palme a ouvert aujourd'hui, sur le marché à terme de Kuala Lumpur, à son plus bas en 6 mois, bien partie pour enregistrer sa troisième séance consécutive à la baisse.  Ce serait essentiellement la force du ringgit face aux autres monnaies qui pèserait sur le marché : il est à 4,3960 pour un dollar, son plus haut en cinq mois. Mais ce serait aussi en réaction aux autres oléagineux, notamment à l'huile de soja.

Ainsi, l'huile de palme a perdu 3,8% de sa valeur cette semaine, sa troisième en recul, face à une offre mondiale abondante. Depuis le début de l'année,  cette baisse est de 15%.

La Malaisie, n°2 mondial de l'huile de palme derrière l'Indonésie, a décidé de baisser à 7% sa taxe à l'exportation en mai par rapport à 7,5% en avril, selon une circulaire du Malaysian Palm Oil Board publiée hier. En effet, les autorités se fondent sur un prix estimatif de 3 008,08 ringgits ($ 680,41) la tonne sur le mois de mai. Rappelons que c'est lorsque le prix dépasse les 2 500 ringgits qu'une taxe est appliquée, ce taux pouvant aller de 4,5% à 8,5%. Rappelons que cette taxe était de 8% en mars.

En Inde, les importations d'huile végétales ont baissé de 7%, à 1,1 Mt par rapport à mars 2016, dont 680 065 t d'huile de palme et 229 853 t d'huile de soja, a annoncé hier la Solvent Extractor's Association of India.

Un marché qui bruisse encore des réactions et analyses suite à la décision la semaine dernière par le Parlement européen de totalement interdire les biocarburants à partir d'huile de palme d'ici 2020. Une décision qui n'est pas légalement contraignante, les juristes européens travaillant actuellement sur des amendements à la législation européenne qui, là, aura force de loi si la Commission européenne l'approuve.

RIZ

Les prix du riz indien ont été en hausse sur les marchés asiatiques hier, tirés par une roupie plus forte face aux autres devises, tandis que les prix au Vietnam étaient plutôt stables par rapport à la semaine dernière.

Ainsi, les brisures 5% parboiled d'Inde ont pris $ 7, se positionnant entre $ 382 et 387 la tonne uniquement, ou presque, en raison de facteurs monétaires car la demande en produis physiques, quant à elle, était plutôt faible. Notons que la roupie a gagné 5,6% depuis le début de l'année et se négocie à son plus haut en 20 mois.

Rappelons que l'Inde exporte son riz autre que basmati essentiellement vers l'Afrique, avec une production attendue en hausse de 4,3% à 108,86 Mt en 2016/17.

Quant au Vietnam, troisième exportateur mondial, le marché était très calme, ses 5% brisures demeurant inchangées à $ 350-355 la tonne FOB Saïgon, un riz moins compétitif que le riz thaïlandais.  Les exportations vietnamiennes devraient chuter de 23,9%, à 1,19 Mt, au premier trimestre par rapport au début de 2016. Sur l'ensemble de l'année 2016, les expéditions ont chuté de 26,5% pour des raisons climatiques.

Enfin, le riz thaïlandais, les brisures 5% ont coté $ 350-365 la tonne FOB cette semaine, le marché thaïlandais était fermé hier.

SUCRE

Alors que l'échéance mai expire, le sucre roux a terminé sur le marché à terme de New York à 16,6 cents la livre, tandis que le sucre blanc était aussi en baisse à $ 478,30 la tonne. Un marché qui réagit à la situation actuelle de surabondance mais qui est dans l'expectative. Selon des prévisions météorologiques américaines du Climate Prediction Center (CPC), le phénomène météorologique El Niño pourrait se développer à nouveau à la fin de l'été ou à l'automne dans l'hémisphère nord.

Après avoir retiré, le mois dernier,  un droit à l'importation de sucre jusqu'à fin 2017, l'Egypte a annoncé jeudi imposer un droit de douane à l'exportation de 3 000 livres égyptiennes ($ 165,47) la tonne. Le pays prévoit produire environ 2,4 Mt cette année, alors que la consommation nationale est de 3 Mt. Une décision à l'export qui ne devrait guère avoir d'incidence puisque, hormis le sucre produit dans la zone franche de Savola 2050, aucun sucre ne serait exporté actuellement d'Egypte, souligne un négociant interrogé par Reuters.

En Chine, le ministère de l'Agriculture estime à 2,32 Mt le déficit sucrier cette campagne contre 1,87 Mt prévue initialement. La production chinoise 2016/17 serait de 9,25 Mt contre une estimation antérieure de l'ordre de 9,7 Mt. Ainsi, le nouveau déficit estimé serait de 2,32 MT contre 1,87 Mt estimé précédemment.

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