La Côte d’Ivoire détaille ses mesures de soutien à l’agriculture

 La Côte d’Ivoire détaille ses mesures de soutien à l’agriculture
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Vendredi, le ministre ivoirien de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, a donné des précisions quant à l’utilisation des FCFA 300 milliards (€ 456,8 millions) annoncés le 31 mars par le Premier ivoirien Amadou Gon Coulibaly en soutien à l’agriculture (lire nos informations : Covid-19 : la riposte économique de l’Afrique de l’Ouest avec des mesures agricoles en Côte d’Ivoire et au Togo ).

“Les autorités ivoiriennes prévoient un soutien aux principales filières de l’économie nationale, notamment l’anacarde, le coton, l’hévéa, le palmier à huile et le cacao, le café, pour un montant de 250 milliards de FCFA”, avait-il déclaré.”Un soutien est annoncé également pour la production vivrière, maraîchère et fruitière, pour un montant de 50 milliards de FCFA, dont 20 milliards au titre des intrants.”

Vendredi 10 avril, le ministre de l’Agriculture a précisé les modalités. Il a rappelé que l’appui ira tant aux cultures vivrières (FCFA 50 milliards) qu’aux cultures de rente (FCFA 250 milliards).

L’appui au secteur vivrier comprend des mesures urgentes et des mesures post-COVID-19 à exécuter entre avril et juin 2020. Les mesures urgentes sont l’acquisition de kits agricoles et leur distribution aux groupements de producteurs, le recensement des sites de production propices et l’encadrement de tous les producteurs“, a précisé le ministre. Quant aux mesures post-Covid-19, elles prévoient l’aménagement des sites de production non pris en compte par les mesures urgentes, la construction d’infrastructures de stockage et la constitution d’une réserve alimentaire nationale et la vulgarisation du labour et des récoltes mécanisées.

Les cultures de rente visées sont bien les filières anacarde, cacao, café, coton, hévéa et palmier à huile impactées par le gel des exportations qui bénéficieront de l’appui des FCFA 250 milliards. Kobenan Kouassi Adjoumani a ajouté que “Des mesures d’accompagnement sont aussi prévues pour maintenir la compétitivité de ce secteur” mais sans autres précisions, selon le communiqué officiel.

Mais  lors du point de presse quotidien du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, le ministre de l’Agriculture a donné des précisions sur les différentes filières, rapporte l’AIP.

L’Etat se mobilise pour les noix de cajou

S’agissant de l’anacarde, suite à l’impact de la pandémie sur l’économie mondiale, les prix internationaux se situent actuellement entre $ 900 et 1 100 la tonne (t), soit en dessous du prix de référence de $ 1 300 sur lequel les autorités ivoiriennes se sont basées pour calculer le prix minimum bord champ de FCFA 400 le kilo payé au planteur. “Actuellement, le prix d’achat se négocierait entre FCFA 100 et 200 dans des zones de production et la commercialisation est même arrêtée dans des endroits“, rapporte notre confrère.

Face à cela, et avant que ne démarre la saison des pluies ce mois-ci, le ministre a annoncé que le Conseil du coton et de l’anacarde et le Groupement d’intérêt économique (GEPPA) achèteront 200 000 t aux producteurs au prix minimum garanti de FCFA 400 le kilo fixé lors de l’ouverture de la campagne le 6 février dernier. En outre, un mécanisme de subvention aux exportateurs sera mis en place “afin d’inciter tous les exportateurs à reprendre les achats malgré la conjoncture”. ” Notons que le succès de ces mesures est conditionné par leur mise en œuvre rapide et la surveillance stricte des frontières terrestres”, aurait-il été précisé.

La crainte des annulations de contrat

Quant à la production de coton graine, elle pourrait atteindre un nouveau record de 510 000 t. “Au stade actuel, un volume de plus 450 000 t est enregistré dans les usines de coton“, précise l’AIP. “ Bien qu’environ 60% de la production de fibre soient déjà vendues par anticipation, la difficulté réside dans les reports de livraison demandés par les clients internationaux en raison des effets du COVID-19. Les risques portent désormais sur la possibilité d’annulation des contrats par les clients si la situation ne s’améliore pas”, selon notre confrère. Rappelons qu’il faut remonter au 26 juin 2009 pour retrouver le même cours qu’aujourd’hui sur le marché à terme de New York, à 52,54 cents la livre (lb), selon Reuters.

Dans la filière hévéa dont la production était de 689 000 t en 2010 entièrement exportées vers l’Europe (52%), l’Asie (30%) et l’Amérique (11%), on craint aussi les reports de contrats ou d’embarquements, ce qui impactera “la trésorerie des entreprises et les revenus des producteurs“.

Le cacao et café regardent après juin

Pour l’instant, les filières cacao et café se portent plutôt bien. Il n’y a pas de rupture dans leur commercialisation. Le prix garanti d’achat bord champ à FCFA 825 francs le kilo est maintenu, ce qui représente, selon le ministre, un effort supplémentaire de FCFA 200 le kilo pour soutenir les producteurs. Sans autre précision. Mais ce qui inquiète la filière, c’est l’après juin. A cet égard, elle souhaite qu’une provision soit faite par le gouvernement et que la filière complètera sur ressources propres, note l’AIP.

La filière palmiers déjà en mauvaise posture

Dans le palmier à huile, l’inquiétude apparait plus nettement avec, d’ores et déjà, en avril une baisse du prix au planteur à FCFA 44,32 le kilo contre FCFA 54,20 en mars, ceci se conjuguant avec une baisse des rendements. L’endettement des planteurs et de la filière est, là encore, une réelle préoccupation.

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