Chronique Énergies renouvelables & Agriculture

 Chronique Énergies renouvelables & Agriculture
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CommodAfrica démarre aujourd’hui une chronique hebdomadaire dédiée à l’actualité sur les énergies renouvelables et l’agriculture en Afrique de l’Ouest. 

Cette chronique sera tenue par Jean Gecit qui vient de soutenir sa thèse en histoire à Paris Sorbonne sur Les énergies nouvelles en Afrique de l’Ouest : des recherches scientifiques aux défis industriels (1960-1987), avec le soutien du Comité d’histoire de l’énergie de la Fondation EDF. D’autre part, Jean Gecit collabore à CommodAfrica depuis près de trois ans.

Pays couverts cette semaine : Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo

La Côte d’Ivoire est mise à l’honneur cette semaine. Le nouveau ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, Thomas Camara, a annoncé jeudi dernier -lors de sa prise de fonction- que le lancement des travaux de construction de la première centrale solaire du pays débutera cette année, en 2021. Le taux de couverture d’électrification du pays s’élève à 80 % en 2020, l’objectif à terme est de parvenir à un taux de 100 % à la fin 2025 et un mix énergétique dans lequel les énergies renouvelables occupent 42 % à la fin 2030.

Par ailleurs, le changement climatique menace de plus en plus la sécurité hydrique du pays. La région Auvergne-Rhône-Alpes (France) et l’ONG française Corail veulent accompagner la gestion durable des ressources en eau dans la région du Bélier, en prévenant des inondations et des sécheresses, grâce à la construction de trois stations à télémétrie d’une valeur de € 410 435. Les stations seront équipées de « sondes radar, d’échelles limnométriques, de pluviomètres, d’intégrateurs, de panneaux solaires, de centre de supervision et d’appareils de jaugeage de type ADCP », souligne Afrik21.

Le fournisseur français de système solaires domestiques Baobab+ a effectué deux levées de fonds d’une valeur totale de € 4 millions auprès d’Energy Entrepreneurs Growth Fund (EEGF) et un mécanisme de la Banque africaine de développement (FEI-OGEF), pour étendre ses activées en Côte d’Ivoire et au Sénégal. La société opère généralement dans le monde rural afin de fournir de l’électricité aux petites entreprises à partir de systèmes solaires domestiques sous la forme de payement à l’usage (pay-as-you-go). Baobab+ est déjà présent au Sénégal (2015) et en Côte d’Ivoire (2016) où il a déjà distribué près de 150 000 systèmes solaires.

Notons également que le pays a débuté la construction de la plus grande centrale de biomasse d’Afrique de l’Ouest à Aboisso (Sud-Est). Cette centrale -d’une puissance de 46 MW- fonctionnera à base de palmier à huile.

Au Burkina Faso, la nouvelle gare de Ouagadougou « Ouaga Inter » est en construction grâce au financement de l’Agence française de développement de FCFA 4,362 milliards (€6,7 millions), afin de désengorger la capitale qui a accumulé l’installation anarchique de différentes compagnies de transports dans plusieurs quartiers de la ville, souligne RFI. Cette gare centralise le transport de petits et de grands bus et disposera de quais appropriés. L’aménagement ne s’arrête pas là : « De l’éclairage public jusqu’à l’éclairage des bâtiments et les climatiseurs, tout est assuré par de l’énergie solaire », peut-on lire. L’éclairage participe à assurer le fonctionnement et la sécurité des lieux, qui est également assurer par la mise en œuvre d’un nouveau commissariat de police. Notons qu’en terme d’emplois, la nouvelle gare génèrera près de 350 emplois directs et des milliers d’emplois indirects.

Au Mali, le gouvernement a adopté deux décrets sur les projets de constructions de centrales solaire à Ségou (33 MW) et Fana (50 MW).  Concernant le premier décret, le contrat de concession de la centrale de Ségou avec la compagnie d’électricité Ségou Solaire -gérée par le producteur norvégien d’électricité Scatec- a fait l’objet d’un avenant pour réduire le coût du projet grâce à la baisse des coûts des équipement solaires ces dernières années. Rappelons que le projet est approuvé depuis 2015.

Concernant la centrale de Fana, le gouvernement a accordé à la société française Legendre Energie la mise en œuvre d’une centrale solaire d’une puissance de 50 MW. Pendant 30 ans, la société sera responsable du financement, de la conception, de la construction et l’exploitation du projet. L’électricité produite devra ensuite être achetée par Energie du Mali (EDM-SA) et Fana Solar Power, une entité ad hoc mise en place par l’Etat malien. Le coût de la construction est estimé à $ 108 millions.

Une nouvelle centrale solaire d’une puissance de 30 MW entre en service à Fekola dans le but de réduire l’empreinte carbone de la mine d’or. Conçue par BayWa r.e et Suntrace GmbH, partenaires de B2Gold Corp., « il s’agit du plus important système hybride solaire PV-batteries hors réseau au monde pour l’industrie minière » peut-on lire dans le communiqué de BayWa r.e. La centrale solaire permet l’arrêt de 3 des 6 générateurs de mazout lourd et d’économiser 13,1 millions de litre de combustible chaque année. La centrale solaire entrera pleinement en service en juin 2021.

Par ailleurs, l’ONG World Vision a annoncé au cours de la journée internationale de l’eau 2021, le 25 mars dernier, avoir délivrer l’eau à 2 millions de personnes au Mali entre 2016 et 2020, cela représente 8 % de la population urbaine et périurbaine du pays. L’ONG intervient de manière signification dans le programme d’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement (EPHA) qui couvre 33 aires de développement répartis sur 5 régions « notamment Kayes, Koulikoro, Mopti, Ségou et Sikasso ainsi que le District de Bamako. Cela totalise 8 cercles et 74 communes d’intervention », souligne Bamako News. En 2020, on compte dans les communautés rurales, 89 pompes manuelles installées, 3 forages, 21092 ménages éduqués au traitement de l’eau à domicile, 258 artisans réparateurs formés, et 9 systèmes d’adduction d’eau solaire en faveur des centres de santé de Kolokani et Koro. La nouvelle phase du programme couvre la période 2021-2025, dispose d’un budget $ 40 millions pour atteindre 20 millions de personnes.

Au Nigeria, dans le cadre du plan de relance économique post-Covid, le gouvernement fédéral a débloqué $ 5,6 milliards dont 10 % sont alloués au projet Solar Power Naija. Ce programme est déjà mis en œuvre par l’Agence d’électrification rurale du Nigeria (REA) et a pour objectif d’installer 5 millions de systèmes solaires domestiques dans les zones rurales du pays et à destination de 25 millions de personnes. Le gouvernement a prévu une facilité de la Banque centrale du Nigeria qui offrira des prêts à long terme et à faible taux d’intérêt aux entreprises (distributeurs de systèmes solaires et développeurs de mini-réseaux). On compte 8 banques partenaires de ce projet : Access Bank, FCMB, Fidelity Bank, FSDH Merchant Bank, GTBank, Stanbic IBTC, Sterling Bank, Wema Bank. Ce projet devrait augmenter les recettes fiscales de $ 17,13 millions par an et contribuer à créer 250 000 nouveaux emplois. Rappelons que 36 % des populations rurales au Nigeria ont accès à l’électricité.

Au Sénégal, un projet d’irrigation solaire dans la Vallée du fleuve Sénégal d’une valeur de $ 3,2 millions a été lancé jeudi dernier à Dakar à l’initiative de l’Institut mondial pour la croissance verte au Sénégal, selon l’APS. Le financement est réalisé par le Fonds du Qatar pour le développement. Le projet sera mis en œuvre sur une période 3 ans afin d’équiper les stations de pompages d’appareils solaires pour développer la production rizicole, et équiper les ouvrages d’irrigations. En d’autres termes, il s’agit diffuser les pratiques d’agriculture intelligence sur 1800 hectares, toucher 5000 riziculteurs de la Vallée et diminuer l’émission de plus de 20 000 tonnes de carbone.

En Sierra Leone, la société ghanéenne Sunon Asogli va construire une centrale solaire dans la capitale Freetown d’ici un an. La puissance de l’installation devrait être comprise entre 20 et 50 MW. Rappelons que la capacité électrique installée dans le pays est de 200 MW et le taux d’électrification national s’élève à 26,1 %.

Au Togo, suite à la visite du président Faure Essozimna Gnassingbé en France où il a rencontré son homologue Emmanuel Macron, un contrat avec la société française Sunna Design a été signé selon les termes d’un accord PPP pour déployer 50 000 lampadaires solaires au Togo. Notons que ce contrat bénéficie d’un financement français de € 40 millions (Togo First).

Par ailleurs, la cheffe du gouvernement Victoire Tomégah-Dogbé s’est rendue jeudi dernier sur la Plateforme d’Adédikopé pour constater les avancements des travaux du site. Le parc industriel est développé par le singapourien Olam et sa filiale Arise IIP pour un montant de FCFA 130 milliards (€ 198 millions) et devrait créer 35 000 emplois grâce à la création d’unités industrielles de coton, bois, d’un parking pour 700 camions, un parc de stockage de 12 500 conteneurs, etc. Le Togo pourra ainsi transformer localement ses produits agricoles (soja et autres produits), ce qui représente 40 % de son PIB. A l’heure actuelle 65 % des travaux ont été réalisés. Le directeur de la plateforme M. Jesse Damsky affirme que la première phase des travaux industriels devrait être terminé en juin, avant la seconde phase qui concerne exclusivement le développement solaire… affaire à suivre.

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