Marché du coton : « nous sommes descendus à la cave » !

 Marché du coton : « nous sommes descendus à la cave » !
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C’est un véritable plongeon auquel on assiste sur le marché du coton. « On est descendu à la cave » s’alarme un négociant. Ajoutant, « le marché n’a plus aucun soutien et les cours pourraient glisser jusqu’à 50 cents la livre ». En six séances, les cours du coton ont perdu 14% de leur valeur, à 65,45 cents la livre hier à la clôture sur le marché de New York – cédant 4,4% en une journée – il atteint ainsi son plus bas niveau depuis août 2016. Rappelons qu’il y a à peine une année les cours se situaient à 90 cents la livre.

Bien sur c’est le durcissement de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui a provoqué cet effondrement des cours avec l’éloignement d’un accord pourtant si proche il y a juste deux semaines.

Du côté des fondamentaux, « la récolte américaine s’annonce à nouveau bonne –en 2019/20 – avec des rendements élevés tandis que le Brésil monte fortement en puissance », les agriculteurs privilégiant le coton au maïs. Le gouvernement brésilien estime que la production actuelle devrait atteindre 2,64 millions de tonnes (Mt), contre 2 Mt la campagne précédente tandis que l’association des exportateurs brésiliens, l’Anea table sur des exportations de coton brésilien en hausse de 35% en 2019.

L’offre sera donc largement au rendez-vous tandis que du côté de la demande, elle pourrait pâtir du ralentissement économique consécutif notamment aux tensions commerciales. Une situation largement confirmée par le rapport sur l’offre et la demande (WASDE) publié vendredi dernier par le département américain de l’Agriculture (USDA) qui a revu à la hausse les stocks américains de coton à 6,4 millions de balles en 2019/20, soit 1,8 million de plus qu’en 2018/19.

Si les Etats-Unis ne vendent pas leur coton, les prix baisseront davantage, les prix internationaux du coton se fixant sur le marché de New York qui est un marché domestique. S’ajoute la crainte d’annulations des contrats sur le coton américain – plus d’un million de balles – de la Chine, ce qui pourrait si elles se réalisent pousser encore plus bas les cours.

C’est un mauvais signal pour les producteurs africains de coton, qui sont preneurs de prix. Avec des objectifs élevés de production sur 2019/20 et surtout des prix aux producteurs dans la majeure partie des pays fixés avant la dégringolade des cours et donc eux aussi élevés, les temps pourraient être difficiles pour les sociétés cotonnières. De plus, la concurrence devrait s’intensifier en particulier sur les marchés asiatiques, hors Chine. Si le Brésil, et sa force de production mais aussi la qualité de son coton très proche de celle du coton américain, devrait être le grand bénéficiaire de la baisse des ventes de coton américain en Chine, les pays Africains pourraient se retrouver en concurrence frontale avec les Américains sur les autres marchés. Les producteurs africains n’ont vendu qu’environ 20% de la future récolte 2019/20, estime le négociant.

Mais, le marché peut se retourner et repartir rapidement à la hausse pour se stabiliser autour de 70-75 cents la livre souligne le négociant. « Il suffirait d’un tweet ! », d’une accalmie dans l’escalade et d’un retour aux négociations avec une perspective d’accord. Une petite marge de manœuvre existe aujourd’hui les nouveaux tarifs douaniers décrétés par Donald Trump vendredi dernier ne s’appliquant pas aux contrats conclus avant cette date tandis que ceux annoncés hier par Pékin ne prendront effet que le 1er juin.

Un potentiel accord entre les Etats-Unis et la Chine pourrait intervenir début 2020 en phase avec les échéances électorales, estime le négociant. Le président américain qui prend dès aujourd’hui soin de ses électeurs en demandant à son secrétaire d’Etat à l’Agriculture, Sonny Perdue, d’élaborer un plan destiné à aider les agriculteurs américains à faire face au lourd impact de la guerre commerciale américano-chinoise sur l’agriculture. « Avec plus de $100 milliards de droits de douane, nous achèterons des produits agricoles à nos grands agriculteurs, en quantités plus importantes que celles de la Chine, et les acheminerons sous forme d’aide humanitaire vers les pays pauvres et affamés », déclare Donald Trump sur Twitter. Cela constituerait un deuxième plan d’aide après celui de $12 milliards mis en œuvre l’année dernière (voir Donald Trump débloque $12 milliards en faveur des agriculteurs américains).

Il ne faut pas aussi oublier la météo, par définition incertaine, et qui peut dans une certaine mesure si elle se déchaîne rebattre les cartes.

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