Triplement des exportations de sucre de l’Union européenne vers l’Afrique en 2017/18

 Triplement des exportations de sucre de l’Union européenne vers l’Afrique en 2017/18
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Vis-à-vis de l’Union européenne (UE), le secteur du sucre en Afrique, et plus généralement des pays Afrique-Caraïbes- Pacifique (ACP), est confronté à un double défi. D’une part, la suppression des quotas de production de sucre de l’UE affecte les exportateurs ACP  tant en termes de prix que de volume. D’autre part, la tendance à long terme est à la diminution de la consommation de sucre dans les aliments et les boisons dans l’UE. Des évolutions qui s’inscrivent dans un contexte où les exportations de sucre de l’UE vers l’Afrique sont croissantes, elles ont été multipliées par trois sur les neuf premiers mois de la campagne 2017/18. Analyse de Paul Goodison, de GDC-Partners dont nous reprenons ci-dessous les principaux éléments.

Une baisse de 900 000 tonnes de la demande européenne en sucre

« Alors que l’impact de la suppression des quotas de production de sucre de l’UE est la préoccupation la plus immédiate pour les exportateurs ACP, étant donné la chute spectaculaire des prix payés par l’UE pour le sucre ACP et la baisse de 60% des volumes d’exportation de sucre ACP vers l’UE, la tendance à long terme à remplacer le sucre et à réduire la consommation de sucre dans les aliments et les boissons est également une source de préoccupation majeure ». L’UE anticipe une baisse de 4,9% de la consommation de sucre  entre 2018 et 2030, soit environ 900 000 tonnes de moins. D’ores et déjà, pour la campagne 2017/18, les importations de l’UE ont été divisées par plus de deux à 1,253 million de tonnes (Mt) contre 2,968 MT en 2016/17 et pour les pays ACP respectivement à 521 000 tonnes contre 1,324 Mt.

Ainsi souligne Paul Goodison, les pays ACP devront se tourner vers d’autres marchés. Tandis que les pays du Pacifique s’adresseront à la demande croissante de l’Asie, l’Afrique se tournerait plutôt vers son marché intérieur. « À cet égard, l’évolution vers une intégration commerciale régionale et la création de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) pourraient avoir un rôle à jouer ».

Des exportations européennes de sucre croissantes vers l’Afrique

Les exportations de sucre de l’UE vers l’Afrique ont été multipliées par cinq entre 2013 et 2017 et par neuf pour les neuf premiers pays en Afrique (voir tableaux ci-dessous). L’Afrique de l’Ouest est la principale région de destination représentant plus de la moitié des exportations européennes vers l’Afrique sub-saharienne avec 280 913 tonnes en 2017 contre 63 853 tonnes en 2013.

Sur les neuf premiers mois de 2017/18, la tendance se poursuit l’UE ayant exporté trois fois plus de sucre vers l’Afrique subsaharienne par rapport à l’ensemble de campagne 2016/17.

« Ces exportations de sucre de l’UE en expansion ne sont pas uniquement liées à la suppression des quotas de production de sucre de l’UE et à la levée des contraintes de l’OMC en matière d’exportation mais aussi aux systèmes de soutien agricole de l’UE, à la fois les paiements d’aide directe découplés et les aides couplées volontaires » souligne Paul Goodison.

« Les gouvernements africains, individuellement et collectivement, devront explorer comment gérer les distorsions des échanges résultant des politiques de soutien à l’agriculture de l’UE dans le secteur du sucre, dans le but de promouvoir une intégration plus étroite des marchés intra-africains dans le cadre du processus de la ZLEC. Un problème majeur à cet égard est que ces distorsions sont si profondément ancrées dans le système de production agricole de l’UE qu’elles ne doivent pas être confondues avec un simple fonctionnement des forces du marché. Cela signifiera probablement que tous les efforts déployés par l’Afrique pour remédier aux distorsions des échanges dans le secteur du sucre rencontreront une forte résistance de la part de la Commission européenne et des États membres de l’UE, qui cherchent tous à utiliser les accords de partenariat économique et les accords post-Cotonou conclus entre l’UE et l’Afrique pour promouvoir plus efficacement les intérêts de l’UE en matière de commerce et d’investissement ».

« Cela va poser des défis complexes aux gouvernements africains, non seulement dans leurs relations avec l’UE, mais également dans leurs relations mutuelles alors qu’ils cherchent à concrétiser leurs engagements en faveur de la création d’une zone de libre-échange continentale africaine, non seulement dans le secteur du sucre mais dans une multitude de secteurs sensibles » conclut-il.

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