Les beaux cafés Arabica de spécialité d’Ethiopie rattrapés par le climat

 Les beaux cafés Arabica de spécialité d’Ethiopie rattrapés par le climat
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Le légendaire café d’Ethiopie n’échappera pas aux fourches caudines du changement climatique. Selon la récente étude de la Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) “Climate change and specialty coffee potential in Ethiopia” dirigée par Abel Chemura, d’ici 2090, les superficies bonnes à la culture de café de qualité moyenne augmenteront progressivement, tandis qu’à l’inverse, celles aptes à la culture de cafés de spécialités se contracteront.

« Ceci est un vrai sujet non seulement pour les amoureux du café mais aussi pour la création de valeur dans les chaines agricoles locales », est-il souligné.

A noter que pour l’instant, 27% du territoire éthiopien est adapté à la culture du café et sur ces 27%, 30% sont propices à la caféiculture de spécialités. De cela, c’est le café Nekemte qui peut être cultivé sur la plus grande superficie (11,8%) suivi du Sidamo (9,6%). A l’inverse, seulement 1,2% de ces 30% peut accueillir la culture du Yirgachefe. A noter que 65% des terres propices à la culture du Sidamo le sont aussi pour le Yirgachefe.

Dans le cadre de plusieurs scénarios, les chercheurs ont examiné quels impacts auraient 19 facteurs climatiques sur l’avenir de la culture de cinq variétés distinctes de café de spécialité. Parmi ces facteurs se trouvent la température moyenne, les niveaux de pluviométrie annuels et la saisonnalité. Par exemple, s’il fait plus chaud, la cerise de café murit plus rapidement que le grain ce qui impacte la qualité, souligne l’étude. Autre exemple, s’il pleut davantage, ceci favorise la production de café en général mais pas nécessairement les différents types de café de spécialité.

En Ethiopie, ce sont les facteurs climatiques, la densité des sols et la pluviométrie qui impactent le plus tel ou tel autre café de spécialité. Par exemple, pour le café Harar, ses qualités intrinsèques dépendent à 67% du niveau de pluviométrie durant son trimestre le plus chaud ; pour le Sidamo les pluies durant son mois le plus sec impacte cette caféiculture à hauteur de 79%, tandis que 57% des qualités du Yirgachefe dépendent de la saisonnalité des températures. En revanche, souligne l’étude, le pH du sol fait 34% de la qualité et de la spécificité du Limu et 29% du pH du sol mais aussi de la saisonnalité des températures pour le Nekemte.

Par conséquent, selon les chercheurs, les superficies adaptées aux cafés de spécialité diminueront pour quatre des cinq variétés étudiées. Certaines seront plus impactées que d’autres. Par exemple, le type Yirgacheffe, un des plus anciens cafés au renom mondial, cultivé dans le sud-ouest du pays, pourrait perdre jusqu’à 40% des superficies qui sont actuellement adaptées et favorables à sa culture. Et ce, d’ici la fin du siècle.

Les petits caféiculteurs de spécialités ne feront pas face à la concurrence

Outre l’impact sur le consommateur gourmet, ceci impactera aussi gravement les petits caféiculteurs qui se sont spécialisés sur ces variétés de renom.

« Si une ou plusieurs régions caféières perdent leur statut de cafés de spécialité en raison des changements climatiques, ceci peut avoir potentiellement de graves ramifications pour les petits producteurs de la région », souligne un autre co-auteur de l’étude, Christoph Gornott de PIK et de l’Université de Kassel en Allemagne. « S’ils étaient obligés de se tourner vers la culture de types de cafés plus conventionnels, moins savoureux et amers, ils entreraient soudainement en concurrence avec des systèmes de production industrielle situés ailleurs plus efficaces. Pour le pays, où les exportations de café représentent environ un tiers des exportations agricoles, ceci pourrait se révéler fatal. »

Pour éviter ce scénario catastrophe, il faut recourir à des actions taillées sur mesure. Et le rapport de souligner l’importance d’élaborer des réponses et stratégies adaptées localement.

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