La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 septembre 2017

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 septembre 2017
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La livre sterling termine la semaine en fanfare, sa plus belle semaine en plus de 8 ans et au plus haut en 14 mois face au dollar. En effet, on s’attend à ce que la banque d’Angleterre augmente ses taux d’ici la fin de l’année, des taux qui sont actuellement à des niveaux historiquement faibles. Le dollar, quant à lui, n’a que brièvement réagi aux chiffres de l’inflation aux Etats-Unis et termine la semaien plutôt stable. Le nouveau tir de missile de la Corée du Nord a provoqué des réactions limitées vendredi sur les places boursières asiatiques. Sur le marché pétrolier, les cours du brut devraient afficher un nouveau gain hebdomadaire sur fond de signes de redressement de la demande.

CACAO

Par rapport à vendredi dernier, les prix du cacao ont grimpé tant sur le marché à terme de Londres que de New York. Parties de £ 1 477 la tonne à Londres il y a une semaine, les fèves ont clôturé hier soir à £ 1 484. Pourtant, la fermeté de la livre sterling, au plus haut depuis un an face au dollar, a pesé sur les transactions sur la place britannique en cette fin de semaine. A New York, la tonne est passée de $ 1 933 vendredi dernier à $ 1 973 hier soir, après avoir atteint jusqu’à $ 2 012 en cours de séance.

Ceci dit, les cours du cacao demeurent faibles, ayant perdu, rappelons-le, un tiers de leur valeur depuis le début de l’année face à un excédent que l’Organisation internationale du cacao (ICCO) estime à 371 000 t sur cette campagne 2016/17 qui s’achève.

Des prix faibles qui n’ont, cependant, guère suscité d’intérêt à l’achat pour du cacao spot sur septembre car, semble-t-il, le cacao disponible est d’origines moins prisées comme le Cameroun ou le Nigeria. Or, la plupart des chocolatiers préfèrent les origines Côte d’Ivoire et Ghana. Rappelons que les règles de la place boursière Intercontinental Exchange (ICE) ont changé en début d’année, autorisant davantage de cacao de pays de niche d’être gradé et certifié.

S’agissant du Nigeria, le président de l’Association du cacao (CAN), Sayina Riman, estime que la production atteindrait 300 000 à 320 000 t cette campagne 2017/18 qui s’ouvre le 1er octobre. Une estimation, toutefois, prise avec prudence par les opérateurs, l’ICCO avançant, pour sa part, le chiffre de 220 000 t. En outre, sur 2016/17, les estimations n’ont cessé d’être révisées à la baisse tout au long de la campagne : parties de 340 000 t attendues en début de campagne, les estimations avaient ensuite été révisées à 280 000 t pour, finalement, n’être que de 260 000 t, la sécheresse ayant impacté la récolte.

Quant au Ghana, n°2 mondial du cacao, le directeur général du Cocobod a annoncé jeudi que le prix minimum garanti au planteur demeurerait inchangé sur la campagne 2017/18, qui démarre début octobre. Ce prix était déjà resté inchangé lorsque la récolte intermédiaire avait démarré, alors que son voisin, la Côte d’Ivoire, l’avait abaissé de 36% à FCFA 700 le kilo, ce qui a alimenté les flux de fèves passés frauduleusement à travers les frontières. La Côte d’Ivoire, pour sa part, devrait légèrement l’augmenter, cette prochaine campagne,  à FCFA 750 (lire nos informations de ce jour).

En Côte d’Ivoire, les exportateurs estiment que les arrivages aux ports de San Pedro et Abidjan  ont atteint 1 978 Mt entre le 1er octobre et le 8 septembre, en hausse de 35% sur la campagne précédente.

Côté importation, les Etats-Unis ont rejeté des fèves d’Equateur car des lots contenaient la mauvaise herbe “queue de rat”, rottboellia cochinchinensis,  a annoncé mercredi un porte-parole du département de l’Agriculture (USDA), Willima Wepsala. Elle est interdite à l’importation voire aux mouvements entre états fédérés aux Etats-Unis. Des négociants, interrogé par Reuters, ont déclaré que c’était la première fois qu’ils entendaient d’un tel problème. Rappelons que l’Equateur est la quatrième producteur mondial de cacao, une origine reconnue pour la haute qualité de ses fèves.

CAFÉ

L’arabica a terminé la période sous revue, jeudi soir à New York, à $ 1,3765 la livre après avoir touché $ 1,3925 en cours de séance, son niveau le plus élevé depuis le 15 août ; vendredi dernier, il avait clôturé à $ 1,3065. Le Robusta a terminé à $ 1 993 la tonne, parti de $ 1 960 il y a une semaine.

Des prises de position de couverture courte et les préoccupations à l’égard de la sécheresse au Brésil ont soutenu les prix de l’Arabica, la météo annonçant un niveau pluviométrique en dessous de la normale ces 6 à 10 prochains jours.

Au Brésil, 44% de la récolte 2017 a été vendue au 11 septembre , légèrement en baisse par rapport à la situation l’année dernière à pareille époque, qui était de 46%, mais au-dessus de la moyenne sur ces 5 dernières années, selon le consultant brésilien  Safras & Mercado. Ceci représente 22,25 millions de sacs de 60 kg (Ms) sur les 51,1 Ms attendus sur cette campagne. Les ventes ont démarré lentement cette saison mais commencent à gagner en rythme, a poursuivi le spécialiste. Ceci dit, les producteurs renâclent à vendre d’importants volumes, espérant une hausse à venir des prix.

Au Vietnam, le typhon Doksuri sévit actuellement, heurtant de plein fouet la centre du pays, détruisant des maisons et causant de très importantes inondations ; 80 000 personnes ont été évacuées. On ne sait pas encore comment el café sera impacté.

Au Kenya, la production devrait atteindre 50 000 t sur cette campagne 2016/17 qui s’achève le 30 septembre, a déclaré hier le patron intérimaire de la direction café de l’Autorité agricole et alimentaire du pays, Grenville Kiplimo. Une performance qui serait le fait d’une hausse de 1 000 ha des superficies consacrées au café cette année.

Côté entreprises, Nestlé a acheté 68% du capital du californien Blue Bottle Coffee, mettant ainsi un pied dans les établissements de torréfaction de haut de gamme, connus pour servir des cafés de spécialité, d’origine unique. Le prix de la transaction n’a pas été dévoilé mais est estimé par des connaisseurs du dossier à $ 425 millions.

C’est la quatrième transaction du groupe suisse depuis le début de l’année, fruit de la politique du nouveau directeur général Mark Schneider embauché l’année dernière pour faire prendre de nouvelles orientations au groupe. L’ensemble des acteurs dans cette filière est confronté au ralentissements des marchés émergents, à la concurrence de nouvelles marques et à des changements dans les comportements des consommateurs qui s’éloignent de plus en plus de l’alimentation transformée pour revenir à des produits plus authentiques, plus “nature” sans être pour autant bio. Blue Bottle, qui s’adresse à une clientèle ayant grandi avec Starbucks mais devenue plus exigeante, est basée à San Francisco et vise 55 établissements aux Etats-Unis et au Japon d’ici la fin de l’année, contre 29 fin 2016. Rappelons que Nestlé est en train de vendre ses opérations américaines dans la confiserie, notamment Baby Ruth et Butterfinger.

CAOUTCHOUC

Si les cours du caoutchouc ont terminé vendredi en baisse, mais avec un gain hebdomadaire de 3,5%, c’était pour repartir de plus belle dès lundi. Mercredi, après trois séances de hausse, les cours ont clôturé sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) à 231 yens le kilo ($2,09) pour le contrat de février. L’appréciation du dollar face au yen a soutenu les cours.

Les prix du caoutchouc devraient être haussiers jusqu’au 2018 estiment les analystes. « Les prix actuels semblent être au début d’une tendance haussière » a indiqué  hier Bénny Lee de Jupiter Securities lors de la Global Rubber Conference 2017  à Kula Lumpur en Malaisie. Même analyse pour Dar Wong de Singapour Dektos Investment Corp qui table sur une progression des prix du caoutchouc dès la semaine prochaine. Toutefois, il a ajouté qu’une forte augmentation des prix serait susceptible d’être suivie par une correction à la baisse aussi forte.

Lors de la conférence, la demande mondiale de caoutchouc naturel a été estimée à  12,38 millions de tonnes en 2017, en hausse de 1,2% par rapport à 2016, pour une consommation mondiale en progression de 5% à 12,88 Mt.  De son côté, l’Association of Natural Rubber Producing Countries (ANRPC) a indiqué que la production de caoutchouc naturel sur les huit premiers mois de l’année s’est élevée à 8,038 Mt pour une consommation mondiale estimée à 8,544 Mt.  L’ANRPC estime que les fondamentaux du marché, et en premier lieu le déficit de 504 000 tonnes en août, sont un facteur de reprise des prix.

COTON

Le coton a suivi le chemin exactement inverse de la semaine dernière. Mardi, les cours atteignaient la limite basse autorisée perdant plus de 4%. De 74,59 cents la livre pour le contrat de décembre à la clôture vendredi dernier, les cours du coton ont terminé jeudi à 69,15 cents la livre.

Evolution des cours du coton du 15 août au 15 septembre 2017

Source : Nasdaq

Les tensions sur la météo se sont dissipées. Mais surtout, l’USDA dans son rapport World Agricultural Supply and Demand  Estimates (WASDE) publié mardi a revu son estimation de la production mondiale de coton à un sommet de 5 ans. Conséquence ses prévisions de stocks mondiaux en 2017/18 sont de 92,5 millions de balles, soit 3 millions de balles au dessus de leur niveau de 2016/17 alors même que les stocks en Chine sont abaissés suite aux ventes aux enchères de la Réserve.

En dépit des ouragans, dont l’estimation des dégâts sur les champs de coton reste encore à évaluer précisément,  la production américaine de coton a été revue à la hausse ce mois-ci à 21,76 millions de balles, soit la plus élevées en 12 ans.  Toutefois, plusieurs analystes doutent de la validité de la taille de la récolte américaine, une grande incertitude pesant sur  les pertes causées sur les dégâts occasionnés notamment par Irma. Au delà des ouragans, la question du rendement est posé tandis que Rabobank estime que les primes pour les fibres de qualité devraient augmenter.

En Chine, des prix plus élevés du coton en 2016/17 et le soutien continu du gouvernement à la production de coton ont conduit à une hausse de 5,9%  des superficies plantées à 3,2 millions d’hectares estime l’USDA. Grâce à un bon rendement anticipé, l’USDA table sur une production de 5,36 Mt en 2017/18, en hausse de 7,1% par rapport à la campagne précédente. L’utilisation du coton devrait également se redresser à 8,38 Mt principalement en raison de l’écart croissant entre les prix du coton domestique et celui international. Les importations de fils devraient être réduites. Les stocks de coton en Chine devraient fortement baisser à 8,64 Mt à la fin de 2017/18, contre 10,6 Mt en 2016/17. Du côté des importations, elles devraient être stables à 1,09 Mt.

En Inde, le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que les agriculteurs continuent de privilégier cette année  le coton  très compétitif par rapport aux autres cultures concurrentes. Ainsi, la superficie plantée serait de 12,8 millions d’hectares en 2017/18 pour une production de 30,1 millions de balles avec des perspectives de rendements inférieures à l’année dernière  à 536 kilos par hectare. Côté consommation, l’USDA table sur 24 millions de balles et à 4,2 millions de balles pour les exportations.

En Tanzanie, le Premier ministre Kassim Majaliwa  a déclaré  que le gouvernement envisageait de relancer lors de la campagne agricole à venir  la culture  de cinq grandes cultures commerciales à savoir le coton, le café, le thé, la noix de cajou et le tabac. Il a ajouté qu’il souhaitait que le coton redevienne la première culture d’exportation, comme il l’avait été par le passé.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme se sont véritablement envolés cette semaine touchant jeudi un plus haut de six mois à 2 893 ringgits la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange.

L’huile de palme a gagné près de 5% en ce début de semaine.  Une hausse imputable à l’oléine de palme sur le Dalian Commodity Exchange, qui  a enchaîné quatre séances de hausse. Mais aussi, la publication lundi des statistiques  du  Malaysian Palm Oil Board (MPOB) a montré que la hausse des stocks au mois d’août était moins importante qu’anticipée en grande partie en raison d’exportations plus élevées. Ils ont progressé de 8,79% à 1,94 millions de tonnes (Mt), restant sous la barre psychologique des 2 Mt.   

Enfin, sur le 10 premiers jours de septembre, les exportations d’huile de palme de Malaisie ont progressé de 6,9% selon Intertek Testing Services. Une tendance qui devrait se poursuive avec l’approche des festivals en Inde et en  Chine.

Côté entreprise, le négociant  américain en matières premières agricoles Bunge a annoncé mardi qu’il allait acquérir 70% du capital de l’entreprise malaisienne de  production d’huile de palme et produits dérivés  IOI Loders Croklaan pour un montant de $946 millions.

RIZ

La demande continue du Bangladesh a poussé les prix du riz en Inde  vers le haut cette semaine. Toutefois,  le pays ravagé par les inondations est peu susceptible d’aller au-delà de ses objectifs d’exportation initiaux pour l’année afin de renforcer ses stocks épuisés.

Le Bangladesh a renouvelé son intention d’importer jusqu’à 1,5 million de tonnes (Mt) de riz jusqu’en juin 2018.  Le quatrième producteur de riz au monde a multiplié cette année ses achats de riz pour reconstituer ses stocks. En août, il a réduit le droit sur les importations de céréales pour la deuxième fois en deux mois. Cependant, la mesure ne s’inscrit pas dans une politique à long terme. La ministre du Commerce, Tofael Ahmed, a déclaré mardi au Parlement que le droit à l’importation et les importations de riz en vrac étaient temporaires. « Le gouvernement protégera les intérêts des agriculteurs », a déclaré le ministre. Jusqu’à présent, la baise des droits à l’importation a suscité les achats de négociants privés, la majorité des transactions se faisant avec l’Inde.

Demande du Bangladesh et  approvisionnements locaux limités ont permis un gain de  $3 pour le riz  indien étuvé 5%  à $413-$416  la tonne. Des prix qui devraient demeurer ferme jusqu’à l’arrivée de la prochaine récolte.

En Thaïlande, le Thaï 5% est aussi orienté à la hausse à $380 -$390  la tonne contre  $380-$385 la tonne avec le renforcement du bath.

Au Vietnam, le Viet 5% a chuté à $378-$385 la tonne contre $385-$390 la tonne la semaine dernière dans un contexte de faible demande des principaux importateurs.

En Côte d’Ivoire, après le ciment et l’immobilier, le groupe marocain Addoha-Cimaf se lance dans la riziculture et la sacherie (cf. nos informations).

Les chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) en Suisse ont mis au point une nouvelle variété de riz contenant pour la première fois plusieurs micronutriments essentiels : le fer, le zinc et la béta-carotène. Ce « super » riz devrait contribuer à lutter contre la malnutrition (cf. nos informations).

SUCRE

Le sucre roux a terminé la période sous revue, hier soir à la clôture sur le marché à terme de New York, à 14,27 cents la livre contre 14,09 cents vendredi dernier, tandis que le sucre blanc, à Londres, cotait $ 373,90 la tonne, en baisse par rapport aux $ 375,30 il y a une semaine. L’échéance octobre arrive à expiration et les opérations de report sur mars sont en cours.

L’écart entre les prix du sucre blanc et roux continue à se réduire, un écart qui est tombé mardi à $ 55 la tonne, son plus faible niveau depuis février 2015. Rappelons qu’en début d’année, cet écart était de l’ordre de $ 115. En effet, le marché s’attend à une forte hausse des approvisionnement en blanc de l’Union européenne (UE), avec la fin des quotas le 1er octobre, mais aussi d’Inde, de  Thaïlande et du Pakistan.

S’agissant de l’UE, les producteurs de betterave ont mis les bouchées doubles en terme d’investissement et donc de rendements, ainsi qu’en terme de superficies. Résultat, on attend à ce que l’Allemagne enregistre une hausse de 23% de sa production et le Royaume Uni 55%. En France, Tereos s’attend à raffiner 30% de plus de betterave par rapport à l’année dernière, les rendements devant être de 8% supérieurs.

En Inde, la météorologie chez le deuxième producteur mondial de sucre est plutôt favorable, avec des pluies régulières dans les régions productrices du Centre du pays, selon Peter Mooses de RJO Futures à Chicago.

On s’attend à ce que la production en Thaïlande progresse de 10%, à 11 Mt sur la campagne 2017/18, nombre d’agriculteurs ayant délaissé la riziculture pour se consacrer à la canne à sucre. Le pays exporterait 8 Mt en 2017/18 contre 7 à 7,3 Mt cette campagne. Sa consommation intérieure demeurerait stable, à 2,65 Mt, estime Pattarapong Pongsawasdi, directeur général adjoint de Buriram Sugar.

Quant au Pakistan, il envisage une subvention à l’exportation, ce qui ajouterait encore davantage de sucre blanc sur le marché mondial.

La conséquence première de cette baisse du prix du sucre blanc face au roux est de réduire la marge bénéficiaire de certaines raffineries, ce qui aura un impact majeur sur els unités dont els coûts d’opération sot élevés. Toutefois, souligne Reuters, certains ont anticipé le problème et ont acheté du sucre roux bon marché, sur le marché spot d’octobre, lorsque son prix avait fortement chuté par rapport au prix des contrats de sucre blanc sur l’échéance mars. “Ceci a essentiellement subventionné leurs opérations pour un temps”, explique John Stansfield du groupe Sopex.

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