L’accord du Ghana avec le FMI ne pourra qu’impacter l’agriculture et le cacao

 L’accord du Ghana avec le FMI ne pourra qu’impacter l’agriculture et le cacao
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Il est encore trop tôt pour savoir si l’accord de prêt de $ 3 milliards conclu lundi entre le Ghana et le FMI aura des conséquences directes sur la filière du cacao, une filière publique totalement intégrée et grande pourvoyeuse de devises du pays, ainsi que sur le monde agricole ghanéen de façon générale. Mais cela ne fait aucun doute que direct ou indirect, l’impact se fera ressentir (lire nos informations : Les obligations cacao au secours des finances du Ghana). Ce qui nous conduit à examiner de plus près la situation de l’endettement ghanéen et l’accord signé.

Tout d’abord, il y avait urgence. La dette publique du Ghana était estimée à 467,4 milliards de cedis ($ 37,4 milliards) en septembre selon les chiffres du mois dernier de la Banque centrale, dont 58% de dette extérieure et 42 % de dette intérieure. Lundi, le ministre des Finances Ken Ofori-Atta a précisé qu’elle représentait désormais plus de 100% du PIB ; 70% à 100% des revenus gouvernements vont au paiement des intérêts de la dette. Selon l’agence de notation Fitch, le Ghana connait la pire situation mondiale d’endettement, juste après le Sri Lanka qui détient la triste palme d’or.

S’agissant de sa dette extérieure, le Ghana détient $ 13 milliards en euro-obligations, avec des détenteurs parmi lesquels de grands gestionnaires d’actifs mondiaux tels que BlackRock, Vontobel, AllianceBernstein, Neuberger Berman et PIMCO, rapporte Reuters. Il n’est pas clair si une euro-obligation 2030 de $ 1 milliard, qui bénéficie d’une garantie de $ 400 millions de la Banque mondiale et se négocie bien au-dessus des autres obligations non garanties, sera incluse dans la restructuration de la dette, précise l’agence. Fin 2021, le Ghana avait $ 3,2 milliards de dette bilatérale et $ 6,3 milliards auprès des institutions multilatérales, dont $ 4,6 milliards auprès de la Banque mondiale, selon les données de cette dernière.

Notons qu’en septembre, le FMI avait demandé au Ghana d’inclure le prêt syndiqué du Cocobod de $ 1,3 milliard contracté auprès d’un consortium de banques internationales pour financer la campagne cacaoyère 2022/23, tout comme le prêt de 2 milliards de Sinohydro en Chine afin d’avoir une idée précise de l’endettement public global.

Quant à la dette intérieure dont celle des entreprises publiques   et envers ces entreprises (dont le Cocobod), les banques commerciales en détiennent un tiers, selon le Central Securities Depository du pays. Les autres principaux détenteurs comprennent les investisseurs étrangers, les fonds de pension et la banque centrale. La création d’une bourse locale de la dette pour convertir les maturités, réduire les taux et geler le paiement des intérêts jusqu’en 2024, a été très bien accueilli par les investisseurs internationaux.

“C’est la bonne première étape dans ce processus (…) le service de la dette locale est bien trop élevé depuis trop longtemps“, a déclaré à Reuters Joe Delvaux, du plus grand gestionnaire d’actifs européen, Amundi. “Le résultat de l’accord (avec le FMI) est une autre étape positive, même si nous n’en sommes encore qu’aux premiers stades du processus de restructuration.

En outre, la création d’un fonds de stabilisation financière de $ 1,2 milliard est en cours, mais cela ne rassurerait pas tous les détenteurs d’obligations.

Quid du Cocobod ? Sa situation est d’autant plus délicate que la production de cacao au Ghana est en baisse.

Fin août, le Contrôleur général des finances du Ghana avait fait part de son inquiétude face à la dette croissante du Board  (lire nos informations : Très endetté, le Cocobod en road show financier pour lever $ 1,3 Md). Ainsi, à la fin de son exercice fiscal 2019/20, sa dette s’élevait à 12,3 milliards de cedis (environ $ 1 milliard) dont des prêts à court terme d’environ 8,49 milliards de cedis, un prêt à 10 ans de la Banque du Ghana de près de 1,4 milliard de cedis et un prêt à moyen terme d’un total de 1,28 milliard (lire nos informations : Très endetté, le Cocobod en road show financier pour lever $ 1,3 Md).

La direction du Cocobod avait alors annoncé mettre en place des contrôles plus stricts pour non seulement que sa dette ne s’aggrave pas mais que de l’épargne soit générée afin de rembourser toute sa dette. Une de ses mesures était l’émission d’obligations allant jusqu’à $ 3 milliards. D’autre part, la dette à long terme, relativement peu onéreuse, serait utilisée pour refinancer celle à plus court terme, plus coûteuse.

Selon le contrôleur général, le gouvernement serait redevable de $ 2,25 milliards de cedis au Cocobod à fin septembre 2020 lié, entre autres, à l’approvisionnement en fèves de Genertec International Corporation (GIC), au mécanisme de prix garanti au producteur et à des trop-versés par le Cocobod en taxes à l’exportation pour GIC.

Bref, un état financier de la filière à tirer au clair….

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