Massogbé Touré Diabate « Le goulot d’étranglement de la transformation de la noix de cajou, c’est la trésorerie »

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Massogbe Touré Diabate, PDG de la Société ivoirienne de traitement d’anacarde (SITA SA), est intervenue le 13 avril dans les journées femmes de la diaspora lors de la sixième édition des Journées nationales des diasporas africaines (JNDA) à Bordeaux.

Massogbe Touré Diabate est née dans la région du Kabadougou au nord-est de la Côte d’Ivoire dans une zone de savane où l’agriculture est l’activité principale. Une agriculture surtout basée sur la culture du riz sur les plateaux et soumise à tous les aléas. « Une des régions les plus pauvres de Côte d’Ivoire» souligne-t-elle. Après ses études, elle part à Abidjan et commence à travailler dans une société internationale qui lui permet voyager. C’est lors de l’un de ses voyages, en Inde à Madras que Massogbé Touré Diabate découvre la transformation de la noix de cajou. Elle retourne alors dans son village à Odienné pour cultiver la noix de cajou. En 2000, elle ouvre la première unité de transformation industrielle de la noix de cajou en Côte d’Ivoire. Femme d’affaires accomplie, membre de plusieurs conseils d’administration et présidente notamment de la Fédération des femmes entrepreneurs et Femmes d’affaires de Côte d’Ivoire, elle ambitionne de fédérer les 11 pays producteurs de noix de cajou en Afrique de l’Ouest pour créer une norme africaine de la noix de cajou sur le marché des consommateurs.

Elle répond aux questions de CommodAfrica.

Comment donner une véritable impulsion à la transformation ?

Nous demandons aux décideurs de faire confiance à l’expertise nationale car nous l’avons déjà. Nous n’avons aucun complexe à l’égard des multinationales qui vendent déjà nos produits sur les marchés américains. Donc, l’Afrique est en mesure de transformer, particulièrement la Côte d’Ivoire.

En ce qui me concerne, je continue de coacher et de permettre aux gros producteurs d’être semi-industriels parce que c’est au bout de la transformation que nous pourrons pérenniser ce que nous faisons. Il faut une volonté politique et je peux dire qu’aujourd’hui le gouvernent, que ce soit le Président, le 1er Ministre et les ministères techniques tous sont dédiés à la transformation.

Jusqu’où allez-vous dans la transformation?

Je fais déjà la production puis la transformation complète jusqu’au salé/grillé, prêt à manger, au niveau des noix. Nous avons une capacité de transformation de 10 000 tonnes. Nous avons le projet de la porter à 20 000 tonnes. J’ai aussi un défi à relever : transformer la pomme. Aujourd’hui, la pomme est jetée alors qu’elle peut être valorisée.

Mais pour l’instant, nous ne travaillons que la noix. Nous employons plus de 800 personnes. Si nous nous nous plaçons sur toute la chaine de valeur, c’est une opportunité de générer des revenus, de créer des emplois et de la valeur ajoutée. Nous sollicitons le PPP gagnant-gagnant sachant que c’est dans l’intérêt des gouvernements de nous accompagner.

Travaillez-vous aussi avec des coopératives ?

Oui, j’ai contribué à l’installation de plusieurs coopératives. Elles produisent près de 60 000 tonnes dans la région.

En dépit de la volonté politique affichée, le taux de transformation est faible, environ 7%. Quels sont les freins ?

Ce sont les moyens financiers aujourd’hui qui manquent. Nous avons l’expertise au niveau régional et national et nous essayons aujourd’hui d’expliquer à l’ensemble des partenaires que nous sommes en mesure de transformer la totalité, soit 700 000 tonnes au niveau de la Côte d’Ivoire. Donc nous voulons aujourd’hui des partenaires techniques, financiers, pour nous aider à transformer.

Voulez-vous dire que vous qui avez toutes ces étiquettes économiques, quand vous allez auprès d’une banque en disant je veux transformer 80 ou 100% % de l’anacarde qui est dans ma région, ils ne vous suivent pas ?

Cela ne suffit pas de porter plusieurs casquettes. Mais, je peux dire que j’ai la confiance des banques, c’est pourquoi je continue. Le goulot d’étranglement de la transformation, c’est la trésorerie. Il faut acheter les noix pendant la période de la récolte, puis les stocker pendant trois mois et les usiner pendant 9 mois.

Et vous n’arrivez pas à avoir cette trésorerie ?

Pour ce qui me concerne, je l’ai. Mais, je veux avoir plusieurs Massogbé, je veux avoir plusieurs industriels. C’est à ce prix que l’on parviendra à notre émergence.

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