Yves Brahima Koné : Tout le cacao ivoirien sera traçable en 2023/24
L’objectif est atteint ! En obligeant, de par la loi, les entreprises à s’assurer (‘‘devoir de vigilance’’) que les biens vendus dans toute l’Union européenne (UE) ne sont pas issus de terres déboisées ou dégradées, notamment des forêts tropicales, l’UE siffle la fin de la récréation (lire nos informations : Le Parlement européen s’engage pour bannir la déforestation importée).
Certes, gouvernements et entreprises, notamment impliquées dans la cacaoculteur et dans toutes les productions agricoles visées (bétail, cacao, café, huile de palme, soja, bois, viande de porc, ovins, caprins, volaille, maïs, caoutchouc, charbon de bois, produits en papier imprimé), n’ont pas attendues le vote mardi du Parlement européen pour s’atteler au dossier de la durabilité et traçabilité. Mais là, le calendrier se resserre. La loi obligera les entreprises de l’UE à collecter des coordonnées géographiques indiquant où les produits qu’elles achètent ont été produits et à surveiller ces emplacements pour la perte de forêts via des images satellites.
Ce coup d’accélérateur s’est très nettement ressenti à la 8ème édition du Forum européen du cacao qui s’est achevée hier à Rome, en Italie. Organisé par l’Association européenne du cacao (European Cocoa Association – ECA), quelque 350 représentants de l’industrie européenne du cacao et du chocolat et des pays producteurs de cacao d’Afrique et des Amériques y étaient attendus.
A cette occasion, l’industrie européenne du cacao et du chocolat a proposé de partager des données sur les emplacements des plantations de cacao avec les principaux producteurs de Côte d’Ivoire et du Ghana. L’ECA et l’Association des industries du chocolat, des biscuits et de la confiserie d’Europe (Caobisco) ont déclaré que les données agricoles de la chaîne d’approvisionnement directe de leurs membres aideraient la Côte d’Ivoire et le Ghana à compiler une base de données nationale couvrant tout le cacao cultivé dans les pays.
« Les industries européennes du cacao et du chocolat sont pleinement attachées à la traçabilité des plantations de cacao qui (aidera à garantir) que les produits sont exempts de déforestation lors de leur entrée sur le marché unique de l’UE », ont déclaré le président de la CEA, Paul Davis, et le président de la Caobisco, Aldo Cristiano.
En effet, entreprises et gouvernement doivent travailler main dans la main. Car les entreprises de cacao s’approvisionnent souvent auprès d’une chaîne d’approvisionnement indirecte qui comprend des agriculteurs, des coopératives, des commerçants locaux, des exportateurs et sur laquelle elles ont peu de visibilité. En conséquence, les pays producteurs sont sous pression pour tracer le cacao dans cette partie de la chaîne afin que leurs exportations de l’UE ne soient pas compromises. Selon la World Cocoa Foundation (WCF), un groupe industriel, environ la moitié de l’approvisionnement mondial en fèves est d’origine indirecte.
Deuxième signe de ce coup d’accélérateur, Yves Brahima Koné, président du Conseil du cacao et du café (CCC) de Côte d’Ivoire, a indiqué à Reuters que la date butoir pour le leader mondial des fèves serait la campagne 2023/24 : “La mise en place du système de traçabilité de tout le cacao depuis le champ jusqu’à l’usine des exportateurs (interviendra au cours de la) campagne 2023/2024″.
Troisième signe de cette accélération, Barry Callebaut, le plus grand chocolatier du monde, a déclaré lundi dans un communiqué qu’il était sur la bonne voie pour atteindre son objectif de retracer la source de tout le cacao dans sa chaîne d’approvisionnement directe d’ici 2025. Il a déclaré avoir atteint jusqu’à présent 60% de traçabilité au niveau de la ferme de cacao individuelle dans sa chaîne d’approvisionnement directe, et travaille également sur un plan pour améliorer la traçabilité dans sa chaîne d’approvisionnement indirecte. La chaîne indirecte comprend des agriculteurs, des coopératives, des commerçants locaux et des exportateurs qui ne travaillent pas directement pour Barry Callebaut.
