La Chronique Matières du Jeudi (15/12/2016)

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Enfin….Depuis des mois, les marchés sont sur le qui-vive quant à la décision ou non de la Reserve fédérale américaine d'augmenter ses taux directeurs. C'est chose faite. Mercredi, la "Fed" a relevé son taux d'intérêt, le dollar enregistrant de suite une hausse l'entrainant à son niveau le plus haut en 14 ans face aux autres devises et impactant de ce fait toutes les matières premières qui s'échangent avec le billet vert, soit quasiment toutes au monde.

CACAO

Le cacao a terminé la période sous revue, jeudi soir, en baisse après avoir augmenté durant quatre séances consécutives. A Londres, il termine à £ 1 823 la tonne contre £ 1 750 vendredi dernier et à New York, à $ 2 242 sur la position mars contre $ 2 170 vendredi 9 décembre. Ceci dit, les cours du cacao ont baissé durant dix des 11 dernières semaines.

Cette hausse des cours jeudi  serait liée à ce que la Côte d'Ivoire aurait achevé ses ventes par anticipation pour sa campagne principale 2016/17. Ainsi, selon un document du Conseil du café-cacao (CCC) publié mercredi, 1 308 000 tonnes (t) auraient été vendues aux enchères au 25 novembre. Ceci comprendrait les 220 000 t de contrats dits internationaux à des entreprises basées hors Côte d'Ivoire. Les prochaines ventes porteront sur la récolte intermédiaire et sur la campagne 2017/18. "Il ne reste rien à vendre de la récolte principale 2016/17", selon une source du CCC. Rappelons que le Conseil a suspendu les ventes par anticipation sur la récolte 2017/18 face à la baisse des cours mondiaux et ne devraient pas les redémarrer avant le mois de janvier.

Autre facteur, les statistiques officielles du CCC publiées mardi  témoignent d'arrivages de fèves aux ports plus bas que les estimations des exportateurs. Ainsi, entre le 1er octobre, démarrage de la campagne, et le 30 novembre, le pays aurait exporté 483 255 t, en baisse de près de 12% par rapport aux 548 494 t sur la même période la campagne précédente, et surtout en baisse par rapport aux 548 000 estimées par les exportateurs sur ces 2 premiers mois. Ceci dit, sur le seul mois de novembre, 272 096 t sont arrivées aux ports d'Abidjan et de San Pedro contre 246 420 t en novembre 2015.

A noter qu'entre le 1er octobre et fin novembre, les broyages en Côte d'Ivoire ont totalisé 85 000 t contre 83 000 t sur cette même période l'année dernière.

Au Ghana, les achats par le Cocobod ont totalisé 392 532 t entre le 1er octobre, démarrage aussi de la campagne 2016/17, et le 28 novembre, soit une légère hausse par rapport aux 380 662 t enregistrées sur la même période l'année dernière. Le Cocobod a toujours dit que sa récolte serait tardive cette année, estimant qu'il achèterait les 850 000 à 900 000 t attendues d'ici le mois de juin. Habituellement, le Ghana a acheté 70% de sa récolte au mois de janvier. Rappelons que la récolte en 2015/16 avait totalisé 778 043 t.

Côté entreprises, le broyeur allemand Euromar Commodities a déclaré son insolvabilité mais a souligné qu'il devrait prochainement reprendre ses activités.

CAFE

C'est le Robusta qui a fait le buzz cette semaine sur le marché international du café,  car le Brésil devrait importer du café pour la première fois depuis plusieurs décennies car sa récolte est mauvaise. Mais certains n'y croient pas, soulignant que cela prendra tellement de temps pour obtenir les importations d'importer que cela ne se fera, tout simplement, pas. Face à cela, les pluies torrentielles chez le N°1 du Robusta, le Vietnam, freinent la récolte et font craindre pour la qualité des grains.

Le Robusta a terminé à $ 2 056 la tonne sur le marché à terme de Londres contre $ 1989 vendredi dernier, et à $ 1,422 la livre pour l'Arabica sur le marché à terme de New York contre $ 1,3935 il y a une semaine. La diminution de l'écart de prix entre l'Arabica et le Robusta devrait entrainer une hausse de la demande pour l'Arabica et devrait donc soutenir son prix.

En Asie, la météorologie très défavorable au Vietnam alors que la récolte est en cours, abîme la qualité des grains. Son café se vend d'ailleurs avec une décote de $ 50 à 60 la tonne par rapport au prix de référence du marché à terme de Londres pour le Grade 2, 5% grains noirs et cassés. En novembre, les volumes exportés ont baissé de 2,3% par rapport au mois d'octobre chez le leader mondial du Robusta, à 114 700 t. Ceci dit, on s'attend à une belle hausse en décembre, à 150 000 t.

En Indonésie, la récolte est achevée et, par conséquent, l'offre demeure faible face à un niveau de demande normal. Le Grade 4, 80 défauts, se vend à prime de $ 40 à $ 60 sur Londres, soit un différentiel plus élevé que la semaine dernière.

Au Kenya, le gouvernement a annoncé la guerre ouverte contre des cartels qui voleraient du café dans les zones de production au centre du pays.  Selon le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, 467 sacs d'une valeur de $ 50 000 auraient ainsi été dérobés, sapant le moral et les finances des producteurs et impactant les recettes à l'exportation du pays.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc poursuivent leur envolée, enregistrant cinq séances consécutives de gains.  Ils ont atteint mercredi un niveau proche d’un plus haut de trois ans à Tokyo après une poussée sur le marché de Shanghai, les investisseurs multipliant leurs achats.  « Les marchés de Shanghai et de Tokyo ont été stimulés par des achats spéculatifs massifs », a déclaré Jiong Gu, analyste chez Yutaka Shoji Co. Et jeudi à la mi-journée, le rally se poursuivait les cours grimpant de près de 4%. Depuis la fin août, les cours ont gagné 70% sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) sous l’effet d’une anticipation d’une amélioration de la demande chinoise et des achats spéculatifs.

Mercredi, les cours sur le Tocom ont clôturé à 272,3 yens ($2,37) le kilo pour le contrat de mai. Sur le Shanghai futures exchange, ils ont grimpé de 700 yuans à 20 210 yuans ($2 943,78) la tonne.  En soutien, les achats spéculatifs mais aussi, dans une moindre mesure,  des stocks locaux plus faibles. Les stocks de caoutchouc brut dans les ports japonais s'élevaient à 5 969 tonnes au 30 novembre, en baisse de 7,2% par rapport à la dernière date d'inventaire, selon Rubber Trade Association of Japan. Au début de la semaine, les cours ont progressé aussi suite au premier accord depuis 2001 entre l’OPEP et d’autres pays producteurs pour réduite conjointement leur production de pétrole,  ce qui a entrainé la hausse du prix du baril.

La production de caoutchouc naturel (NR) de la Malaisie a augmenté de 3,3% pour atteindre 62 010 tonnes en octobre 2016 contre 60 058 tonnes en septembre, a annoncé le Département de la statistique (DoS). Les exportations de NR ont augmenté de 7,9% pour s'établir à 59 379 tonnes en octobre par rapport au mois précédent. La consommation intérieure de NR, principalement l’industrie des gants en caoutchouc,  a augmenté de 4,1% pour s'établir à 40 206 tonnes au cours de la même période.

L’action de la Société internationale de plantations d’hévéas (SIPH) a grimpé mercredi de 6% pour se  hisser à proximité des 51 euros, un niveau inédit depuis trois ans. Une envolée qui s’explique par la flambée des prix du caoutchouc et un relèvement de l’analyste Midcap Partners Louis Capital Markets (MPLCM).

Les actions des constructeurs américains General Motors et Ford Motor ont dérapé mercredi après qu'un officiel chinois ait averti que le gouvernement pourrait infliger une pénalité à un constructeur américain anonyme pour son comportement monopolistique.

COTON

Les contrats à terme du coton  sur L’ ICE ont plongé mercredi, après avoir touché un sommet de trois semaines à la session précédente, suite à la montée en flèche du dollar consécutive à la décision de la Réserve fédérale américaine de relever ses taux d'intérêt pour la première fois cette année. Le contrat de mars a perdu 0,57 cents pour clôturer mercredi à 71,47 cents la livre. Les positions  longues des fonds se poursuivent avec 1 623 contrats en plus dans la semaine du 6 décembre,  soit un montant quasi-record de 103 015 contrats, selon la   Commodity Futures Trading Commission (CFTC).

En Afrique de l’Ouest, la production de coton grimperait de 19% en 2016/17 pour atteindre 1,9 million de tonnes selon l’estimation du département américain de l’Agriculture (cf. nos informations ).

Au Zimbabwe, la production de coton lors de la prochaine campagne  pourrait progresser de 400 % à environ 150 000 tonnes. Il faut dire qu’elle avait dégringolé à 30 000 tonnes en 2015/16. La production serait stimulée par la nouvelle politique du gouvernement qui a fourni, via la Reserve Bank of Zimbabwe, gratuitement des intrants à plus de 150 000 agriculteurs couvrant 300 000 hectares pour un montant de $43 millions. La météorologie est également plus favorable.

A Lusaka en  Zambie se déroule du 12 au 16 décembre la première exposition sur les secteurs du cuir et du textile sous le thème « Renforcer la compétitivité des secteurs du cuir et des textiles par l'ajout de valeur ». Une exposition destinée à relancer ces secteurs, qui ont généré 13,08 millions de recettes d’exportation en 2015, en baisse de 76% par rapport à 2014 ($55,2 millions).

En Chine, l’USDA estime qu’un dépit d’une hausse attendue du rendement dans le Xinjiang, la production de coton devrait atteindre 4,65 millions de tonnes  (Mt) en 2016/17, soit en dessous du niveau de 2015/16 (4,83 Mt), soulignant le déclin continu des superficies dédiées au coton. La consommation devrait progresser à 7,8 Mt. en raison de la baisse des importations de fils et d’une croissance soutenue de la demande domestique pour le textile et les vêtements. Toutefois, les importations de coton de la Chine devraient demeurer faibles à 980 000 tonnes, compte tenu du démarrage des ventes de la réserve d’État en mars 2017 et de la faible probabilité que la Chine  ajoute des contingents d’importation supplémentaires.

HUILE DE PALME

Après avoir chuté durant trois séances consécutives dans le sillage d’une faible demande d’exportation, les cours de l’huile de palme se sont redressés depuis mardi soutenus par la faiblesse du ringgit et dans l’attente des statistiques du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). La production d’huile de palme brute en Malaisie a baissé de 6,1% à 1,57 Mt en novembre par rapport à octobre a annoncé le MPOB le 14 décembre. Les stocks ont progressé de 5,2% à 1,66 Mt et les exportations ont chuté de 4,2% à 1,37 Mt.  Sur les 10 premiers jours de décembre, les exportations reculent de 9,8%, selon Intertek Testing Services et de 12% selon SGS.

La production d’huile de palme de l’Indonésie, premier producteur mondial, devrait croître  d’environ 10% avec une expansion des superficies, selon une enquête réalisée par Reuters auprès de 7 producteurs et analystes. La production, qui augmentera à partir du second semestre 2017, atteindrait entre 33 et 35 millions de tonnes  (Mt) contre 30 à 32 Mt en 2016 et 35,5 Mt en 2015. Toutefois, les conséquences météorologiques d’El Nino l’année dernière pourraient affecter les rendements. Une augmentation qui pourrait faire pression sur les prix de l’huile de palme qui ont progressé d’environ 25% cette année.

Les exportations d'huile de palme de l'Indonésie ont augmenté de 6,5 % à 3,55 Mt en octobre contre 3,33 Mt  en septembre, selon Indonesian Palm Oil Producers Association (Gapki). Les stocks s’élevaient à 2,18 Mt, en hausse de 0,4% par rapport à septembre.

RIZ

Les prix à l'exportation de riz en Inde et en Thaïlande ont baissé cette semaine avec une faible demande tandis que les prix ont légèrement augmenté au Vietnam.

Les prix du Viet 5% se sont établis  à  $338-$ 340  la tonne contre $335-$340  il y a une semaine. « Les prix se sont un peu  appréciés après l’annonce des Philippines d'acheter du riz du Vietnam. Tandis que le mauvais temps a ralenti la récolte, ce qui a légèrement resserré l'offre », a déclaré un trader à Ho Chi Minh. L'agence philippine des céréales a autorisé les négociants locaux à importer 294 020 tonnes de riz du Vietnam et 347 060 tonnes de la Thaïlande, du Pakistan et de l'Inde.

En Inde, le  5%  riz étuvé a baissé de $3 la tonne à $34’- $348. « Les approvisionnements de la récolte semée en été ont augmenté, mais la demande est encore faible », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l’État de l'Andhra Pradesh. Il a ajouté que les prix locaux pourraient se corriger davantage au cours des prochaines semaines avec la hausse des approvisionnements tout en soulignant que les prix doivent  Ãªtre compétitifs pour obtenir de nouvelles commandes à l’exportation.  Les effets de la démonétisation semblent s’amoindrir.  La production de riz est estimée à 93,88 millions de tonnes en juin 2017, soit 2,81% de plus que l'an dernier, les pluies abondantes de la mousson contribuant à augmenter les rendements après des années de sécheresse.

Le Thaï 5% ont également baissé à $355- $360 la tonne contre  $360- $365 la semaine. « Il n'y a pas d'acheteurs, donc les prix baissent un peu », a déclaré un trader à Bangkok ajoutant « Mais quand un ordre viendra,  les prix sauteront de nouveau ». Dans le même temps, la Thaïlande devrait commencer la nouvelle récolte de la région centrale dans un mois, ce qui pourrait affecter les prix, mais  les importations annoncées des Philippines à hauteur de  284 780 tonnes de riz pour la  Thaïlande devraient aussi stopper les prix.

Le Nigeria a émis une alerte sur la contrebande de «riz périmé» dans le pays introduit  par les postes frontières de Idiroko, Seme, Jibia et autres postes et a exhorté les citoyens à se méfier de ses effets nocifs.

SUCRE

Le sucre roux a terminé la période sous revue, jeudi soir, en forte hausse, après être tombé à son plus faible prix en 6 mois et demi sur le marché à terme de New York. Sur l'échéance mars, le roux a terminé à 18,56 cents la livre, après être tombé à 17,84 cents, son plus faible sur le contrat spot depuis le 2 juin ; vendredi dernier, il était à 19,24 cents.

Car pendant trois jours consécutifs, le prix du sucre roux a baissé, perdant 6% au total, car les fonds d'investissement ont liquidé leurs positions longues. En effet, on s'attend à une demande en baisse et les perspectives de production s'améliorent, notamment au Brésil, le premier producteur mondial. Ceci dit, en cette fin d'année, on constate qu'on est aux alentours des 18 cents alors qu'on était à 24 début octobre : une chute de 6 cents en deux mois et demi…

Le sucre blanc a suivi les mêmes tendances, se ressaisissant jeudi, à $ 498,20 la tonne, mais après être tombé ces derniers jours à $ 484, son plus faible prix, là encore, depuis le 2 juin. Vendredi dernier, le blanc sur le marché à terme de Londres cotait $ 512 la tonne.

Après deux campagnes déficitaires, la production de sucre pourrait grimper à un niveau record en 2017/18, ce qui créerait une situation de léger excédent, selon une analyse du groupe de négoce Sucre et Denrées. Il est encore trop tôt et très incertain de parler déjà de la campagne 2017/18, convient le spécialiste, mais il semblerait que dans de nombreuses régions de production, à l'exception du Centre-Sud du Brésil, les cultures évoluent très favorablement. Sucden estime que la récolte 2017/18 (octobre/septembre) pourrait être de 9 Mt au-dessus de 2016/17, à 134,5 Mt contre 125,3 Mt en 2016/17, dégageant un excédent de 1 Mt après avoir enregistré un déficit de 5 Mt en 2015/16 et 2016/17. Les plus fortes hausses de production en 2017/18 sont attendues en Inde (27,5 Mt contre 22,5 Mt) et dans l'UE (17,7 Mt contre 15,5 Mt), campagne de la fin des quotas sucriers.

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