La Chronique Matières premières agricoles au 15 décembre 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 15 décembre 2022
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La semaine a été dominée, une fois de plus, par les interrogations sur les politiques monétaires. Les principaux indices de la zone euro ont fini hier à leurs plus bas niveaux depuis un mois après l’annonce par la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale (Fed) américaine de leur intention de poursuivre coûte que coûte le resserrement de leur politique monétaire pour tenter de faire durablement refluer l’inflation, indique Reuters. Après la Fed mercredi, dont les membres anticipent en moyenne une remontée des taux à plus de 5% en 2023, un niveau plus élevé que prévu, c’est au tour de la BCE d’avoir douché les espoirs des investisseurs d’un véritable “pivot” dans le cycle de remontée de taux. Certes la banque européenne a diminué l’ampleur de sa hausse de taux à 50 points de base mais ses nouvelles prévisions économiques montrent que la hausse des prix en zone euro pourrait rester au-dessus de 2% jusqu’en 2025.

Les investisseurs n’ont plus guère d’espoir de voir un “pivot” prochain dans le cycle de remontée de taux. “Le marché n’est plus inquiet de l’inflation mais d’une récession imminente ou de la possibilité que la Fed aille trop loin”, a écrit la banque d’investissement Baird dans une note.

L’euro a profité des annonces de la BCE pour inscrire un plus haut depuis six mois à plus de $ 1,07, avant de reculer autour de $ 1,0636 à la clôture.

Quant au pétrole, les cours reculent en cette fin de semaine, avec un baril de Brent qui a clôturé hier soir à $ 81,16 et le brut léger américain (WTI) à $ 75,6.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Belle hausse du cacao cette semaine avec un marché à Londres qui est passé de £ 1 942 vendredi dernier à £ 1 975 à la clôture hier soir sur l’échéance mars, tandis que New York suivait, la tonne passant de $ 2 504 à $ 2 517, tous deux sur l’échéance mars.

Évolution du cacao sur un an

Le numéro deux mondial du cacao, le Ghana, en pleine crise financière, voit la lumière au bout du tunnel après avoir conclu cette semaine un accord de prêt de $ 3 milliards sur 3 ans avec le Fonds monétaire international (Lire : L’accord du Ghana avec le FMI ne pourra qu’impacter l’agriculture et le cacao). Ceci dit, la situation financière mais aussi sociale sont très tendues avec une inflation annuelle qui a atteint 50,3% en novembre. Une situation d’autant plus délicate que, côté cacao, les volumes ghanéens sont en nette baisse.

En Côte d’Ivoire, les pluies la semaine dernière ont été en-deçà des moyennes de ces dernières années mais la terre demeure bien humide. Les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 954 000 tonnes (t) entre le 1er octobre et le 11 décembre, selon les exportateurs interrogés par Reuters, en hausse de 10% par rapport à la même période la campagne dernière. Les faibles arrivages du début de la campagne ne sont plus qu’un lointain souvenir…

CAFÉ

L’Arabica a pris des couleurs cette semaine, la livre (lb) passant de $ 1,5815 vendredi dernier à $ 1,7175 à la clôture hier soir sur l’échéance mars. En effet, le Brésil a révisé à la hausse ses prévisions de récolte 2022, ce qui a fait chuter les prix de l’Arabica, les rendant très attractifs et compétitifs et incitant à l’achat. D’où le rebond hier des cours. En revanche, s’agissant des Robusta sur la période sous revue, la tonnes a glissé de $ 1 884 à $ 1 878 la tonne.

Évolution sur café Arabica sur un an

Évolution sur café Robusta sur un an

Ainsi, hier, l’autorité caféière brésilienne -la Conab- a révisé à la hausse de 6,7% ses estimations de production sur 2022 qui atteindrait 50,9 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre 50,38 Ms en 2021 mais demeure 19,3% en deçà du volume record atteint en 2020. La production d’Arabica est estimée maintenant à 32,7 Ms contre les 32,4 Ms prévues précédemment tandis que le Robusta toucherait un record de 18,2 Ms contre les 18 Ms estimés auparavant.

Quant aux exportations de café, le Brésil explose ses records de recettes ! En novembre, elles ont atteint $ 885 millions, dont la vente de café transformé comme le café soluble. On n’a jamais enregistré un tel niveau. S’agissant des volumes, ils auraient totalisé 3,4 Ms au mois de novembre, en hausse de 19% par rapport à novembre 2021, selon l’association des exportateurs Cecafé. Les ventes à l’international d’Arabica ont bondi de 25% à 3,39 Ms mais celles de Robusta ont dégringolé de 55% pour totaliser seulement 98 995 sacs. A noter que les volumes de ventes de café soluble ont chuté de 24,4% entre novembre 2021 et 2022. Ceci dit, globalement, la demande à l’étranger demeure bonne, souligne le président de Cecafe, Günter Häusler, tandis que la situation logistique continue de s’améliorer avec une baisse du coût du fret et une disponibilité accrue de conteneurs.

Chez le leader mondial du Robusta, le Vietnam, l’activité a été décevante cette semaine car d’importants volumes sont toujours dans la phase de séchage et certains traders estiment que cette opération pourrait prendre un mois. Or, les opérateurs auraient bien aimé vendre davantage avant les fêtes de fin d’année pour générer des recettes. Quant aux producteurs dans les Central Highlands, la déception a aussi été de mise cette semaine avec un kilo de Robusta dont le prix n’a guère évolué depuis la semaine dernière, trouvant preneur entre 40 000 et 41 700 dongs ($ 1,70-$ 1,77) contre 40 100-42 000 dongs. A noter que les producteurs ont récolté quasiment 90% de leur production. A l’export, la décote du Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a été un peu plus importante cette semaine, entre $ 80 et $ 90 la tonne par rapport au contrat sur mai, contre $ 70 à $ 80 la semaine dernière.

Depuis janvier à fin novembre, le Vietnam a exporté 1,58 Mt de café, en hausse de 12,9% par rapport à la même période l’année dernière, ses recettes atteignant $ 3,6 milliards, selon les services des douanes.

Côté consommateurs, aux Etats-Unis, les stocks certifiés de café vert aux ports ont augmenté de 70 267 sacs de 60 kg à fin novembre pour totaliser 6,39 Ms, a annoncé hier la Green Coffee Association. Il s’agit de la première hausse en trois mois. Rappelons qu’en mars, ils avaient touché leur plus bas en un an, à 5,76 Ms.

CAOUTCHOUC

Après la remontée des cours observée la semaine dernière dans le sillage de la levée, tant attendue, des restrictions liées à la Covid-19 en Chine, les espoirs d’une reprise de la demande du premier acheteur mondial ont été un peu douchés par les craintes d’une recrudescence des cas de coronavirus. Les cours sur le marché de Shanghai sont en recul avec une clôture hier à 13 020 yuans ($1 870) la tonne contre 13 215 yuans vendredi dernier. En revanche, sur l’Osaka Exchange, les cours sont quasi stables à 230,1 yens ($1,70) le kilo contre 230 yens vendredi dernier.

Alors que l’économie chinoise a perdu de la vigueur en novembre avec le ralentissement de la production industrielle et une nouvelle chute des ventes au détail, les autorités chinoises seraient en train de mettre en place des plans pour relancer la consommation intérieure et les investissements, selon l’agence de presse officielle Xinhua.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a chuté de 10,3% au mois d’octobre pour s’établir à 31 795 tonnes contre 35 460 tonnes en septembre, selon le Département malaisien des statistiques (Dosm). Par rapport au mois d’octobre 2021, la baisse est plus substantielle de 26,3% (43 127 tonnes).  Quant aux exportations, elles se sont élevées à 41 548 tonnes en octobre, en baisse de 23,8% par rapport au mois de  septembre. La Chine demeure la principale destination (56,2%), suivie de l’Allemagne (8,2 %), du Brésil (3,3 %), de la Finlande (3,2 %) et de l’Iran (3 %).

Selon le DOSM, les gants sont les principaux produits à base de caoutchouc à l’exportation avec une valeur de 1,1 milliard de ringgits ($249 millions) en octobre, en recul de 13,2%. Les stocks totaux de caoutchouc naturel en octobre ont, en revanche, baissé de 0,3% à 198 122 tonnes.

En Chine, les ventes de véhicules en novembre ont chuté de 7,9 % en glissement annuel contre un gain de 6,9 % le mois précédent, a annoncé vendredi l’Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM). Toutefois, le CAAM estime que les ventes d’automobiles en Chine devraient augmenter de 3 % pour atteindre 27,6 millions en 2023.

Côté entreprise, le géant malaisien des gants en caoutchouc,Top Glove, fait face à des vents contraires avec une perte nette de  168,2 millions de ringgits au 1er trimestre 2023 clos le 30 novembre 2022 contre un bénéfice net de 185,72 millions au 1er trimestre 2022. Une baisse consécutive à une chute d’environ 48% de son volume des ventes sur une année. Le chiffre d’affaires a diminué à 632,53 millions de ringgits contre 1,61 milliard auparavant. Le groupe anticipe que l’environnement restera difficile jusqu’en 2023 mais estime que les perspectives à long terme de l’industrie des gants restent positives, car la demande de gants continue de croître de 10 % par an, stimulée par une utilisation accrue des gants et une sensibilisation à l’hygiène après la pandémie.

COTON

Peu de changement sur le marché du coton toujours dicté par la demande, en berne,  et par la conjoncture macroéconomique. Les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 81,03 cents la livre contre 80,95 cents vendredi dernier.

Évolution du coton sur un an

Dans son dernier bulletin mensuel, le Comité international consultatif du coton (ICAC) estime qu’en dépit des événements météorologiques extrêmes, qui ont touché en particulier les Etats-Unis (sécheresse) et le Pakistan (inondation),   et des infestations de ravageurs en Afrique de l’Ouest, la production mondiale de coton en 2022/23 à 24,27 millions de tonnes (Mt) sera supérieure à la consommation anticipée  à 23 Mt.

Le dernier rapport WASDE du département américain de l’Agriculture (USDA) publié vendredi dernier prévoyait pour la campagne mondiale de coton 2022/23 une baisse simultanée de la production, de la consommation et des échanges, mais avec des stocks de clôture plus élevés. La production mondiale a été affectée par la baisse de la récolte du Pakistan mais aussi de l’Australie et du Mali tandis la production turque a été revue à la hausse. Du côté de la consommation mondiale, elle a été révisée à la baisse de 3,3 millions de balles avec sur une base annuelle une diminution de 4,9% similaire à celle enregistrée en 2021/22. Les réductions les plus significatives sont en Chine et en Inde, et dans une moindre mesure au Pakistan, en Turquie et au Vietnam. Le commerce mondial prévu est réduit de 950 000 balles ce mois-ci, avec des importations réduites pour la Chine, la Turquie et le Vietnam. Les exportations sont réduites pour l’Australie, le Mali, la Malaisie, l’Inde et le Brésil. Les stocks de clôture mondiaux devraient augmenter de 2,3 millions de balles ce mois-ci, et à 89,6 millions de balles, ils sont 4,1 millions plus élevés qu’en 2021/22.

Au Bangladesh, deuxième exportateur mondial de vêtement, la consommation intérieure de coton sera en recul en 2022/23. Elle devrait baisser de 11% par rapport à la précédente estimation de 8,3 millions faite par le département américain de l’Agriculture (USDA) avec une baisse des commandes de 20 à 30% entre juin et juillet 2022 tandis que  de nombreuses marques américaines et européennes ont également reporté leurs expéditions. Ainsi, le Bangladesh devrait importer moins de coton. Les importations pourraient chuter d’environ 10% à 8 millions de balles en 2022/23. En 2022, l’Inde est le premier fournisseur de coton du pays avec une part de marché de 24%, puis se placent le Bénin (16%), le Brésil  (14%), le Burkina Faso (10%), les Etats-Unis (8%), le Cameroun (7%), le Mali et la Côte d’Ivoire (chacun 5%).

Le Brésil, qui se classe au quatrième rang des producteurs mondiaux de coton, pourrait devenir le plus grand exportateur mondial de la fibre naturelle en 2023, une augmentation de la superficie plantée l’aidant à dépasser les États-Unis, selon le président de l’association brésilienne Abrapa (Lire : Le Brésil pourrait se hisser au 1er rang des exportateurs de coton).

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme était plutôt sur la défensive cette semaine même si la baisse des stocks d’huile de palme en Malaisie pour la première fois en six mois (voir ci-dessous)  a apporté un soutien au marché. Partis de 3 987 ringgits vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours se sont élevés hier à 3 874 ringgits ($877,46). La faiblesse des huiles concurrentes  et du pétrole ainsi que des exportations d’huile de palme de Malaisie en baisse de 4 à 9,1%  sur la période du 1er au 15 décembre ont pesé sur les cours.

Évolution de l’huile de palme sur un an

En Malaisie, les stocks d’huile de palme de la Malaisie à la fin du mois de novembre ont chuté pour la première fois en six mois, la production s’effondrant dans un contexte de légère reprise des exportations, ont révélé mardi les données du  Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Les stocks du deuxième producteur mondial ont diminué de 4,98 % par rapport à un sommet de trois ans en octobre à 2,29 millions de tonnes (Mt). La production d’huile de palme brute, entravée par de fortes pluies et des inondations, a diminué de 7,33 % à 1,68 Mt. Les exportations ont légèrement augmenté de 0,92% à 1,52 Mt tandis que les importations ont chuté de 31,88%.

L‘Indonésie s‘apprête à porter le mélange obligatoire de biodiesel à 35% à compter du 1er janvier 2023, afin de réduire les importations de carburant dans un contexte de prix mondiaux élevés de l’énergie et de passer à une énergie plus propre, a déclaré vendredi le ministère de l’Énergie. Le plus grand producteur d’huile de palme au monde a mis en œuvre depuis 2020 le programme B30 et prévoit d’augmenter l’utilisation de carburant à base de palme. “La demande estimée de biodiesel pour soutenir la mise en œuvre du B35 est de 13,15 millions de kilolitres, soit une augmentation d’environ 19% par rapport à l’allocation de 2022 de 11,03 millions de kilolitres”, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère de l’Énergie, Agung Pribadi, dans un communiqué.  On estime que l’Indonésie consommera 37,58 millions de kilolitres de diesel l’année prochaine, dont 35 % seront fournis par du biodiesel à base de palmier.

L’Indonésie a exporté 3,65 millions de tonnes (Mt) de produits à base d’huile de palme en octobre, contre 3,21 Mt  le même mois l’an dernier, ont révélé les données de l’Association indonésienne de l’huile de palme (Gapki). Les stocks d’huile de palme s’élevaient à 3,38 Mt fin octobre, contre 4,03 Mt fin septembre.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz du Vietnam et de la Thaïlande sont en hausse tandis que ceux de l’Inde ne bougent pas cette semaine.

Évolution du riz sur un an

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont progressé à $425-$ 457 la tonne contre $444 de la semaine dernière. Des prix soutenus par la demande en provenance de l’Indonésie et du Japon. Ce dernier a commandé environ 20 000 tonnes de riz à livrer d’ici mars 2023. La force du baht soutient également les prix, tandis que la situation de l’offre reste inchangée.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  ont aussi grimpé à  $448 -$453 la tonne contre  $445-$450 la semaine dernière. La aussi la demande est dynamique alors que l’offre se fait plus rare.

En Inde, les prix du riz étuvée 5 % sont inchangés à $373-$ 378 la tonne. Les approvisionnements augmentent avec la récolte en cours de la nouvelle saison mais les achats intensifs du gouvernement soutiennent le marché.

SUCRE

On a dépassé les 20 cents ! Si, hier soir, le sucre roux coté à New York a clôturé à 19,98 cents la livre (lb) sur l’échéance mars, il a touché en cours de séance les 20,73 cents, soit son niveau de prix le plus élevé depuis… février 2017 !  Vendredi dernier, le marché a clôturé à 19,60 cents la livre (lb). Quant au sucre blanc, il poursuit son ascension aussi, passant de $ 541,40 la tonne en fin de semaine dernière, à $ 545 hier soir sur l’échéance mars. Un marché boosté par l’étroitesse des disponibilités à court terme et une réticence des fonds d’investissements de liquider leurs positions longues.

Évolution du sucre roux sur un an

Évolution du sucre blanc sur un an

Et c’est bien le sucre blanc qui a fait le buzz cette semaine et, comme toujours, l’Inde, premier producteur mondial. En effet, les raffineries chez le géant asiatique préfèrent actuellement travailler le sucre blanc car il est plus lucratif que le roux. Ils préfèrent d’ailleurs importer ce dernier, notamment du Brésil qui, lui, est entre deux saisons et ne peut donc pas approvisionner le marché mondial en sucre blanc. L’Inde se positionne donc. A noter qu’hier, le secrétaire d’Etat indien à l’alimentation, Sanjeev Chopra, a déclaré envisager des exportations additionnelles de sucre en janvier après avoir évalué la production locale.

Toujours en Asie, la Thaïlande augmente ses exportations tandis que le Pakistan a levé son interdiction d’exporter du sucre, a annoncé hier le ministère des Finances, avec pour objectif d’autoriser jusqu’à 100 000 t sur son exercice fiscal 2022/23.

Côté entreprises, le géant allemand Suedzucker s’attend à de nouvelles hausses de ses revenus financiers sur 2023/24 qui pourraient atteindre € 9,7 à 10,1 milliards contre € 7,6 milliards en 2021/22.

 

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