La Chronique Matières premières agricoles au 16 mai 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 16 mai 2019
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La publication de bons résultats trimestriels aux Etats-Unis et des données conjoncturelles encourageantes ont relégué, hier soir -pour un temps- au deuxième rang les effets négatifs de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Les bourses financières ont grimpé. Le dollar est reparti à la hausse face à un panier de monnaies, l’euro passant sous les $ 1,12. Quant aux pétroles de référence, le Brent et le WTI, ils ont été en hausse (+2%) hier pour la troisième séance consécutive, les tensions au Proche-Orient faisant craindre un impact sur l’approvisionnement. Ainsi, l’annonce par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) d’une hausse inattendue des stocks de brut n’a guère fait de traces sur le marché.

 

CACAO

La tonne de cacao à Londres a clôturé hier soir à £ 1 734 la tonne, après avoir touché la veille un plus bas en six semaines. Toutefois, elle est en hausse sur la semaine, ayant terminé vendredi dernier à £ 1 710. A New York, le contrat juillet a terminé à $ 2 372 la tonne parti de $ 2 312 en fin de semaine dernière.

Le Ghana ne devrait pas produire les 900 000 t initialement annoncées sur cette campagne 2018/19 qui s’achève en octobre mais 850 000 t, a indiqué mercredi le Cocobod. En cause la maladie du swollen shoot et le manque de pluies depuis le mois de novembre. En janvier, les compteurs de cabosse avaient souligné que la bonne récolte principale compenserait toute baisse de l’intermédiaire. Mais au vu de la situation actuelle dans les régions notamment de Brong Ahafo, Ashantio et Western, le Cocobod estime maintenant que la récolte intermédiaire tomberait à 140 000 -160 000 t contre les 250 000 t la campagne dernière sur cette même période.

Ceci dit, cette annonce n’a pas remis en cause les prévisions de l’Organisation internationale du cacao : malgré cette situation ghanéenne, la production mondiale cette campagne devrait être de 4,8 Mt, a affirmé mercredi à Reuters, le patron de l’ICCO, Michel Arrion. En effet, la production ivoirienne est attendue à 2,2 Mt, ce qui compensera les 50 000 t manquantes éventuellement à l’appel au Ghana. Michel Arrion qui se frotte les mains face à la hausse de la consommation mondiale, avec les bons chiffres de broyages au premier trimestre à travers le monde (lire La Chronique Matières premières agricoles au 18 avril 2019), ce qui, rappelle-t-il, non seulement absorbe l’importante récolte mais permet aussi de piocher dans les stocks. En février, l’ICCO avait estimé à 39 000 t l’excédent sur 2018/19, une situation donc quasiment à l’équilibre. “Les stocks continueront à baisser progressivement“, a-t-il souligné, confiant.

Quant au Ghana, a indiqué le directeur exécutif, ce n’est qu’une question de temps. En effet, si le n°2 mondial voit sa production impacter en raison de la maladie du swollen shoot, il s’est lancé dans un vaste programme d’arrachage des cacaoyers malades et replante 400 000 ha.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 1,9 Mt entre le 1er octobre et le 12 mai, estiment les exportateurs, en hausse de 14% sur la même période durant la campagne dernière. Selon les chiffres officiels du Conseil du café-cacao (CCC), la récolte principale, close le 31 mars, a totalisé 1,66 Mt. Depuis le démarrage de la campagne intermédiaire, soit le 1er avril, au 12 mai, les arrivages ont été de 247 000 t contre 167 000 t sur la même période en 2017/18.

Côté entreprises, mardi, Barry Callebaut a officiellement lancé son chocolat ruby sur les marchés des Etats-Unis et au Canada. Rappelons que ce chocolat, soit la quatrième variété de chocolat existant actuellement à travers le monde, est travaillé à partir de fèves de cacao ruby et a été mis sur les marchés d’Asie, d’Australie, Nouvelle Zélande et d’Europe depuis septembre 2017 par le n°1 mondial du chocolat.  Le succès remporté, souligne le géant suisse, l’a conduit à poursuivre sa commercialisation sur l’Amérique du Nord. “Ruby est fabriqué à partir de fèves de cacao pures ; grâce à un processus unique, sans aucun colorant ni arôme de baie ajouté, Barry Callebaut libère les saveurs et la couleur naturelles de ces fèves de cacao spéciales“, précise le communiqué.

CAFÉ

Le café Robusta a terminé hier soir sur la place de New York à $ 1 335 la tonne, effaçant ses gains de la semaine ; il était à $ 1 364 vendredi dernier et a touché $ 1 267 mercredi. L’Arabica, quant à lui, a clôturé à la hausse hier soir à New York, à 91,65 cents la livre (lb), soutenu par des couvertures courtes spéculatives et des statistiques de production allégeant la chape de plomb qui est sur ce marché. La livre d’Arabica avait terminé vendredi dernier à   90,80 cents.

La nouvelle haussière de la semaine a été la publication, hier, des dernières estimations de l’agence gouvernementale brésilienne, Conab, sur cette récolte 2019 : elle est maintenant attendue à 50,9 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit 17% de moins que la récolte record de l’année dernière qui avait atteint 61,6 Ms. Element haussier, ce chiffre est dans le bas de la fourchette de la dernière estimation publiée par Conab fin janvier et qui était à 50,5-54,5 Ms. Une chute de production liée essentiellement au caractère biennal du cycle végétal du cafier, cette année étant son année basse.

De ce total de 50,9 Ms, l’Arabica représenterait 36,9 Ms soit une chute de 22% par rapport aux 47,4 Ms l’année dernière ; en janvier, Conab estimait qu’elle serait entre 36,1 à 38,1 Ms. Le Robusta, quant à lui, est attendu maintenant à 13,9 Ms, soit une baisse nettement moindre par rapport à 2018 lorsque la production avait atteint 14,2 Ms. Les chiffres estimés de Conab en début d’année étaient de 14,3 à 16,3 Ms.

Une filière brésilienne dont les producteurs se désintéressent en raison de sa très faible rémunération : cette année, les superficies consacrées à la caféiculture ont baissé de 1,1% pour totaliser 1,842 million d’hectares, sa plus faible superficie depuis 2007.

Cette semaine, les marchés asiatiques ont quelque peu rebondi. Les planteurs dans la ceinture cacaoyère des Central Highlands ont vendu leur kilo de café à 31000-31700 dongs ($ 1,33-1,36) contre 29000-29800 la semaine précédente. “Les prix sur le marché local ont augmenté par rapport à la semaine dernière suite au redressement des cours mondiaux, mais la hausse est limitée par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que par l’offre brésilienne très abondante,” explique un opérateur à Reuters. Les traders ont vendu le café à l’export avec une décote de $ 45 la tonne par rapport à la cotation de Londres, inchangée par rapport à la semaine précédente.

En Indonésie, la prime sur Londres pour un Grade4, 80 défauts, a fait un bond à $ 300 par rapport au contrat juillet, contre $ 200 à 240 la semaine dernière. “La demande est assez forte alors que l’offre est étroite car la récolte ne bat pas encore son plein“, explique un trader qui estime que ce ne sera le cas seulement qu’en juillet.

Alourdissant encore un peu plus le marché, les stocks verts de café entreposés aux Etats-Unis à fin avril ont gonflé de 235 239 sacs et atteignent 6,3 Ms.

CAOUTCHOUC

La Thaïlande a dopé le marché du caoutchouc, malmené par les tensions commerciales sino-américaines.  En effet, l’agence gouvernementale du caoutchouc a annoncé jeudi qu’elle réduira  la semaine prochaine ses exportations de caoutchouc de  126 240 tonnes, décidé dans le cadre de l’accord de réduction de l’offre acté par le Conseil international tripartite du caoutchouc (voir notre Chronique Matières Premières Agricoles du 28 février). La mise en œuvre devait intervenir le 1er avril mais elle avait été retardée par les élections. Les investisseurs ont alors intensifié leur achat avant la mise en œuvre de la décision de la Thaïlande qui devrait conduire à un resserrement de l’offre pendant quatre mois.

Sur le Tokyo Commodity Exchange (TOCOM), les cours ont gagné  jeudi 7,1 yens pour clôturer à 193,1 yens ($1,76) le kilo contre 186,7 yens vendredi dernier. Même tendance à Shanghai avec une hausse  jeudi  de 605 yuans à 12 259 yuans ($1 781) la tonne contre 11 775 yuans vendredi dernier. Une hausse aussi soutenue par l’appréciation des cours du pétrole.

Dans le feuilleton de la guerre sino-américaine, une bonne nouvelle pour le marché du caoutchouc, le président Donlad Trump devrait retarder de six mois la décision d’imposer des droits de douane sur les voitures et pièces importées, selon trois responsables de l’administration.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel de la Malaisie en mars 2019 a diminué de 16,2% à  49 465 tonnes en mars par rapport à février (59 017 tonnes) selon le Département de la statistique de Malaisie. Elle progresse toutefois de 6,6% par rapport à mars 2018. Au niveau des exportations, elles sont en hausse de 29,6% à 53 265 tonnes. Quant à la consommation intérieure, elle s’est établie à 43 770 tonnes. Les prix sont globalement en hausse. «Le prix moyen du concentré de latex en mars 2019 était de 474,19 sén par kilogramme (kg) contre 410,50 sén par kg le mois précédent, alors que le prix moyen du Standard Malaysian Rubber 20 est passé à 592,62 sén par kg contre 558,09 sen par kg en février 2019 » a indique le chef statisticien  Datuk Seri Dr Mohd Uzir Mahidin.

COTON

L’aggravation des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et les ventes massives des fonds ont fait plonger lundi les cours du coton, qui ont depuis ont repris un peu de couleur (voir Marché du coton : « nous sommes descendus à la cave » !). De 68,45 cents vendredi dernier, les cours ont clôturé jeudi à 66 ,80 cents.  Depuis le plus bas atteint lundi à 65,45 cents la livre, les cours ont reçu un soutien de la reprise des marchés boursiers et des céréales ainsi que du retard dans les semis aux Etats –Unis (26%  en dessous de la moyenne quinquennale à 32%)  mais les marchés demeurent préoccupés par le différent commercial.

Le Ghana a fixé le cadre de la campagne cotonnière 2019/20 (voir nos informations). 

HUILE DE PALME

Petite reprise des cours de l’huile de palme avec des fondamentaux qui se sont un peu améliorés. Les cours ont clôturé jeudi, après quatre séances consécutives de hausse, à 2 096 ringgits ($503,48) la tonne contre 1983 ringgits vendredi dernier.

La semaine dernière, les cours avaient perdu 1,3%, troisième chute hebdomadaire, le conflit commercial américano-chinois l’avait emporté sur les données publiées par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) montrant que les stocks d’huile de palme en Malaisie avaient chuté de 6,6% à 2,73 millions de tonnes (Mt) en avril, soit son plus bas niveau depuis 6 mois. La production a baissé de 1,4% par rapport à mars à 1,65 Mt tandis que les exportations ont progressé de 2% à 1,65 Mt. En outre, sur les quinze premiers jours du mois de mai, les exportations d’huile de palme augmentent entre 4 et 15% selon les trois Amspec Agri Malaysia, ITS et SGS.

L’huile de palme est donc soutenue par la poursuite de la hausse de exportations mais aussi par les gains des huiles concurrentes, en particulier l’huile de soja et la faiblesse du ringgit.

En Inde, les importations d’huiles végétales en avril 2019 ont baissé de 11%, à 1,232 million de tonne (Mt) contre 1, 386 Mt en avril 2018, selon la Solvent Extractors Association (SEA). De novembre à avril, elles progressent de 3% à 7, 541 Mt. Les importations d’huile de palme en avril ont chuté de 12% à 707 450 tonnes, celles de soja de 15% à  248 851 tonnes et celle de tournesol de 19% à 242 462 tonnes. 

RIZ

Un marché globalement baissier en Asie cette semaine avec une chute des prix à l’exportation du riz en Inde et au Vietnam tandis que le marché est stable en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont accusé une sixième baisse hebdomadaire à $362-$365 la tonne contre $371-$374  sous la pression de la dépréciation de la roupie et d’une demande terne, en particulier en Afrique de l’Ouest. “La demande s’est tarie sur le marché ouest-africain, car ils ont des stocks élevés“, a déclaré Nitin Gupta, vice-président pour le secteur du riz d’Olam India. De plus, la Chine est toujours très présente sur les marchés africaines avec les ventes agressives de ses anciens stocks aux acheteurs africains.

En outre, pour le riz basmati, qui a perdu 5% de sa valeur depuis le 22 avril,  les négociants et les entreprises attendent que le gouvernement clarifie le mécanisme de paiement à l’exportation vers l’Iran, qui est le plus gros importateur de riz basmati indien en achetant plus de 30% du riz  basmati exporté par l’Inde. L’industrie a demandé au gouvernement de publier des directives afin de garantir que les paiements des exportations de riz vers l’Iran soient garantis, les États-Unis supprimant les dérogations prévues par l’Inde pour importer du pétrole brut d’Iran. Selon les entreprises, si l’Inde n’est pas en mesure d’exporter son riz vers l’Iran faute d’un mécanisme de paiement à l’exportation, cela pourrait provoquer une baisse des prix et par ricochet de moindres superficies plantées lors de la prochaine campagne notamment dans les Etats d’ Haryana, du Pendjab, de l’Uttar Pradesh, l’Himachal Pradesh et au Jammu et Cachemire. Rappelons qu’en novembre 2018, les gouvernements indien et iranien ont signé un accord selon lequel l’Inde importerait du pétrole brut iranien en utilisant un mécanisme de paiement basé sur la roupie par l’intermédiaire de la banque UCO. En vertu de ce mécanisme bilatéral, la banque UCO transfère les paiements aux exportateurs indiens contre les exportations vers l’Iran. Un accord qui a fait bondir les exportations de riz basmati d’Inde à 14,80 lakh (1,48 million de tonnes) en 29018/19 contre 6,8 lakh en 2011/12.

Côté météo, selon le prévisionniste privé Skymet estime que  la péninsule méridionale rizicole de l’Inde pourrait recevoir 95% de précipitations durant la prochaine mousson, qui démarre début juin.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont tombés à $355 la tonne contre $365 la semaine précédente avec la hausse anticipée des stocks avec les premières récoltes d’été-automne, qui vont démarrer à la fin du mois.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont stables à $385-$400 la tonne. Un prix supérieur à celui de l’Inde et du Vietnam en raison principalement de force de la monnaie nationale, le bath.

L’Association des exportateurs de riz thaïlandais a confirmé ses prévisions de janvier pour la Thaïlande d’exporter 9,5 millions de tonnes (Mt) cette année, contre 11 Mt l’an dernier. Sur les quatre premiers mois de l’année, la Thaïlande a exporté 3,2 Mt de tonne de riz selon  le vice-ministre thaïlandais du Commerce, Chutima Bunyapraphasara.

Le Bangladesh envisage d’exporter le riz excédentaire afin de soutenir ses agriculteurs, a déclaré le ministre de l’Alimentation, Sadhan Chandra Majumdar. Ces derniers, alors que la récolte du riz d’été bat son plein, travaillent en dessous de leur coût de production. Ainsi, les agriculteurs affirment qu’un sac de 40 kilos de riz de paddy est vendu à environ 500 taka ($5,90) alors que le coût de production moyen est de 700 taka.

SUCRE

La dégringolade des cours a plombé la New York Sugar Week, avec un sucre roux qui a terminé hier soir à New York encore en baisse, à 11,78 cents la livre (lb) contre  11,72 cents vendredi dernier. En revanche, le sucre blanc a fait une belle remontée, clôturant à Londres à $ 352,60 la tonne contre  $ 323,60  en fin de semaine dernière.

Les avis demeurent unanimes : la prochaine campagne 2019/20 sera déficitaire. Mais elle le sera plus ou moins, selon les prévisions des uns et des autres : Louis Dreyfus l’estime à 6,7 Mt alors que S&P Global Platts avance le chiffre de 2,1 Mt. Face à cela, l’excédent de 401 000 t enregistré la campagne dernière ne semble qu’une goutte d’eau, et surtout face aux imposants stocks mondiaux de sucre. Les conditions de trading demeureront très difficiles durant la première moitié de l’exercice fiscal 2019/20 pour Suedzucker mais la situation pourrait s’améliorer à partir du mois d’octobre.

Quant au Brésil, Luca Meierhofer, qui dirige le cash trading chez Louis Dreyfus, estime que sa production n’augmentera que marginalement, à 26,7 Mt contre les 26,5 Mt sur 2018/19. La part de la canne allant à la production de sucre plutôt qu’à l’éthanol demeurerait, elle aussi, assez stable, attendue à 35,3% contre 35,2 % car la demande nationale en éthanol demeure soutenue ; S&P Global Platts estime ce ratio à 37,5%. “Le marché brésilien de l’essence a plus besoin d’éthanol que le monde n’a besoi nde sucre brésilien“, a résumé Patricia Luis-Manso de S&P Global Platts. Une situation éthanol/sucre qui est surtout vécue au Brésil pour l’instant mais l’Inde commence à monter en puissance sur la production d’éthanol.

L’ Inde où S&P Global Platts voit la production à 28,4 Mt contre 32,86 Mt la campagne dernière, et celle en Thaïlande à 12,9 Mt contre 14,6 Mt en 2018/19.

Mais, estime toujours S&P, cette baisse de production soutiendra à peine les cours mondiaux, pourtant si bas, car d’une part  le sucre est en concurrence avec l’éthanol dont le niveau de parité est à 13-14 c/lb, d’autre part, car la consommation mondiale est sur un trend baissier pour des raisons de santé. Le spécialiste voit une demande en hausse de seulement 0,9% en 2019/20 contre 1,2% actuellement.

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